Dans un entretien à l’AFP, le secrétaire d’Etat irlandais aux Affaires européennes déclare à propos du référendum sur le traité de Lisbonne dans son pays : « Mon intention est de rendre absolument certaine une adoption par au moins deux fois plus de oui que de non. Ce n’est pas de la suffisance, je l’ai fait la dernière fois. » Et pour montrer qu’il est très fort, il ajoute que « le défi à relever est de taille », tant le traité de Lisbonne est « infiniment » moins lisible que la défunte Constitution européenne.
« Je l’ai fait. » J’ai fait voter les Irlandais comme je l’ai voulu. On a l’impression d’entendre : « Je les ai eus. »
C’est en effet Dick Roche qui avait mené la campagne pour le second référendum sur le traité de Nice. Mais ce n’était pas seulement sa force de persuasion qui avait joué. C’est surtout le fait que l’Irlande avait obtenu que soit ajoutée au traité une déclaration garantissant la politique de neutralité militaire de l’Irlande. Or la question ressurgit avec le traité de Lisbonne, et c’est l’un des grands arguments de ceux qui font campagne pour le non. Car si la politique étrangère continue d’être régie par la règle de l’unanimité, la majorité suffit pour des mesures exécutant une décision prise à l’unanimité. C’est la perversion générale de ce traité (qui reprend là encore ce qui était dans la Constitution ), que de continuer à parler de domaines régis par l’unanimité alors que diverses dispositions permettent en réalité de décider à la majorité. En outre, la présence d’un président de l’Union et d’un ministre des Affaires étrangères (même si on ne lui a pas laissé ce titre) implique à l’évidence une orientation vers la centralisation des décisions. Et il y a la « clause de solidarité » qui autorise une intervention militaire pour prévenir une attaque terroriste sur le territoire d’un Etat membre. Or les Irlandais, qui ne veulent faire la guerre nulle part, veulent encore moins être contraints de participer à une opération militaire au Proche Orient pour prévenir une attaque terroriste en... Angleterre...
Selon Dick Roche, ce raisonnement est « insensé ». Car, dit-il, il y a deux garde-fous : la Constitution stipule que tout engagement militaire doit faire l’objet d’un référendum, et toute implication de l’armée est soumise à un triple verrouillage : être approuvée par le gouvernement, les députés et les Nations-Unies. Mais ce triple verrouillage ne verrouille évidemment rien du tout, et je ne vois nulle part dans la Constitution cette exigence d’un référendum (il est dit au contraire, à l'article 15, que le droit de lever ou de maintenir une armée relève exclusivement du Parlement).
Dick Roche explique qu’il va mener sa campagne sur « deux messages simples » : « L’Union européenne ne peut pas continuer à fonctionner avec des institutions qui ont été établies il y a cinquante ans », et « il s’agit du traité le plus démocratique ». Voilà deux assertions que les opposants n’auront pas de peine à démonter. On peut lui rappeler que c’est lui qui a obtenu la ratification par les Irlandais du magnifique traité de Nice (« je l’ai fait ») : c’était un traité de fonctionnement de l’Union européenne, il y a sept ans...
Commentaires
si l'on reste dans la logique de l'Europe telle qu'on nous l'impose, on peut se demander a quoi servent président et ministres....un simple gouverneur suffit !
quand au sénat et à l'assemblée...totalement inutiles, le parlement européen suffit!!
avantage: faites le calcul du fric que nous allons économiser!!
il est permis de rever.
Eh bien Yves, le lundi prochain il y aura une réunion pour ma classe avec Dick Roche sur la traité de Lisbonne. Nous sommes presque huit dans ma classe (on fait un diplome sur les Études Européennes) et on va discuter la traité avec ce ministre. Si possible, je vais prendre une ou deux photos de la réunion et faire un compte-rendu.
J'espere que j'aurai la permission de débattre avec Monsieur Roche ;)
@graig, oui espérons que vous aurez la permission de débattre. Au vu de ce qui se passe au Parlement Européen, on entre doucement en dictature douce.
Bonne chance dans ce débat.
Les français avec l'Irlande.