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Liturgie - Page 497

  • Saint Martin

    Loin de moi que je méconnaisse tout ce que la religion de Jésus-Christ possédait déjà de vitalité et de puissance dans nos diverses provinces, grâce à la prédication des premiers apôtres, des premiers martyrs, des premiers évêques, dont la série remonte aux temps les plus rapprochés du Calvaire. Toutefois, je ne crains pas de le dire, l’apôtre populaire de la Gaule, le convertisseur des campagnes restées en grande partie païennes jusque-là, le fondateur du christianisme national, c’a été principalement saint Martin. Et d’où vint à Martin, sur tant d’autres grands évêques et serviteurs de Dieu, cette prééminence d’apostolat ? Placerons-nous Martin au-dessus de son maître Hilaire ? S’il s’agit de la doctrine, non pas assurément ; s’il s’agit du zèle, du courage, de la sainteté, il ne m’appartient pas de dire qui fut plus grand du maître ou du disciple ; mais ce que je puis dire, c’est qu’Hilaire fut surtout un docteur, et que Martin fut surtout un thaumaturge. Or, pour la conversion des peuples, le thaumaturge a plus de puissance que le docteur ; et, par suite, dans le souvenir et dans le culte des peuples, le docteur est éclipsé, il est effacé par le thaumaturge.

    On parle beaucoup aujourd’hui de raisonnement pour persuader les choses divines : c’est oublier l’Écriture et l’histoire ; et, de plus, c’est déroger. Dieu n’a pas jugé qu’il lui convînt de raisonner avec nous. Il a affirmé, il a dit ce qui est et ce qui n’est pas ; et, comme il exigeait la foi à sa parole, il a autorisé sa parole. Mais comment l’a-t-il autorisée ? En Dieu, non point en homme ; par des œuvres, non par des raisons : non in sermone, sed in virtute ; non par les arguments d’une philosophie humainement persuasive : non in persuasibilibus humanae sapientiae verbis, mais par le déploiement d’une puissance toute divine : sed in ostensione spiritus et virtutis. Et pourquoi ? En voici la raison profonde : Ut fides non sit in sapientia hominum, sed in virtute Dei : afin que la foi soit fondée non sur la sagesse de l’homme, mais sur la force de Dieu. On ne le veut plus ainsi aujourd’hui ; on nous dit qu’en Jésus-Christ le théurge fait tort au moraliste, que le miracle est une tache dans ce sublime idéal. Mais on n’abolira point cet ordre, on n’abolira ni l’Évangile ni l’histoire. N’en déplaise aux lettrés de notre siècle, n’en déplaise aux pusillanimes qui se font leurs complaisants, non seulement le Christ a fait des miracles, mais il a fondé la foi sur des miracles ; et le même Christ, non pas pour confirmer ses propres miracles qui sont l’appui des autres, mais par pitié pour nous qui sommes prompts à l’oubli, et qui sommes plus impressionnés de ce que nous voyons que de ce que nous entendons, le même Jésus-Christ a mis dans l’Église, et pour jusqu’à la fin, la vertu des miracles. Notre siècle en a vu, il en verra encore ; le quatrième siècle eut principalement ceux de Martin.

    Opérer des prodiges semblait un jeu pour lui ; la nature entière pliait à son commandement. Les animaux lui étaient soumis : « Hélas ! s’écriait un jour le saint, les serpents m’écoutent, et les hommes refusent de m’entendre. » Cependant les hommes l’entendaient souvent. Pour sa part, la Gaule entière l’entendit ; non seulement l’Aquitaine, mais la Gaule Celtique, mais la Gaule Belgique. Comment résister à une parole autorisée par tant de prodiges ? Dans toutes ces provinces, il renversa l’une après l’autre toutes les idoles, il réduisit les statues en poudre, brûla et démolit tous les temples, détruisit tous les bois sacrés, tous les repaires de l’idolâtrie. Était-ce légal, me demandez-vous ? Si j’étudie la législation de Constantin et de Constance, cela l’était peut-être. Mais ce que je puis dire, c’est que Martin, dévoré du zèle de la maison du Seigneur, n’obéissait en cela qu’à l’Esprit de Dieu. Et ce que je dois dire, c’est que Martin, contre la fureur de la population païenne, n’avait d’autres armes que les miracles qu’il opérait, le concours visible des anges qui lui était parfois accordé, et enfin, et surtout, les prières et les larmes qu’il répandait devant Dieu lorsque l’endurcissement de la multitude résistait à la puissance de sa parole et de ses prodiges. Mais, avec ces moyens, Martin changea la face de notre pays. Là où il y avait à peine un chrétien avant son passage, à peine restait-il un infidèle après son départ. Les temples du Dieu vivant succédaient aussitôt aux temples des idoles ; car, dit Sulpice Sévère, aussitôt qu’il avait renversé les asiles de la superstition, il construisait des églises et des monastères. C’est ainsi que l’Europe entière est couverte de temples qui ont pris le nom de Martin.

    Cardinal Pie, sermon prêché dans la cathédrale de Tours le dimanche de la solennité patronale de saint Martin, 14 novembre 1858 (cité dans L’Année liturgique).

  • Saint André Avellin

    Ce célèbre missionnaire napolitain, gloire de la Congrégation des Clercs réguliers institués par saint Gaétan de Thienne, fait partie de ce groupe admirable de saints qui, comme saint Charles Borromée, le bienheureux Paul d’Arezzo, saint Gaétan lui-même, provoquèrent le salutaire mouvement de réforme catholique dont le résultat est représenté par le Concile de Trente.

    Saint André Avellin fut le directeur spirituel du séminaire épiscopal de Plaisance où on conserve toujours son souvenir. Il est invoqué par les fidèles comme céleste protecteur contre les attaques d’apoplexie et la mort subite ; car lui-même mourut d’une attaque d’apoplexie qui le surprit au pied de l’autel tandis qu’il répétait la parole du Psalmiste : Introibo ad altare Dei (+ 1608).

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Dédicace de l’Archibasilique du Très Saint Sauveur

    C’est la fête de la dédicace de la basilique du Latran, qui est la cathédrale du pape, évêque de Rome, l’église mère et maîtresse de toutes les églises de Rome et de l’univers « Omnium Ecclesiarum Urbis et Orbis Mater et Caput », comme dit l’inscription de sa façade, gravée par le pape Clément XIII.

    On pourrait croire qu’il s’agit d’une fête très ancienne. Il n’en est rien. Apparue vers la fin du moyen âge, elle fut inscrite au calendrier universel par saint Pie V. Mais au plus bas degré de la hiérarchie des fêtes. Il fallut attendre Léon XIII pour qu’elle monte en grade, et surtout saint Pie X qui en fit une fête qui primait le dimanche. Au fond c’est essentiellement une fête post-Vatican I.

  • Les Quatre Saints couronnés

    En tout, ils sont… 13. Et c’est l’une des histoires les plus embrouillées du martyrologe.

    Les Quatre Couronnés sont depuis la nuit des temps les saints patrons des tailleurs de pierre, donc des « maçons » des cathédrales, puis des compagnons du bâtiment. Parce qu’il s’agit de tailleurs de pierre de Pannonie qui furent martyrisés pour avoir refusé de sculpter une statue d’Esculape. Mais ces sculpteurs s’appelaient Claude, Castor, Simpronien, Nicostrate et Simplice : ils étaient cinq. Quant au nom de « Couronnés », cela vient de « cornicularii », le « corniculaire », soldat attaché à un officier. Et il s’agit alors de quatre corniculaires martyrisés à Rome pour avoir refusé de sacrifier aux dieux (à… Esculape). Ils s’appelaient, selon le Férial philocalien du IVe siècle, Clément, Sempronien, Claude, Nicostrate (on voit que ces noms sont en partie les mêmes que ceux des sculpteurs). Mais il y a aussi quatre martyrs d’Albano vénérés comme les « quatre couronnés » : Second, Carpofore, Victorin, Severin…

    En 1912 on a découvert dans le cimetière Ad duas lauros le premier tombeau des Quatre Couronnés (leurs reliques avaient été transférées dans l’église qui porte leur nom sur le mont Coelius). Il s’agissait de Clément et de ses compagnons : les corniculaires. On ne sait pas comment ils ont été supplantés par les sculpteurs au point d’être remplacés par eux…

  • Misit Dominus Angelum suum

    R. Misit Dominus Angelum suum, et conclusit ora leonum: * Et non contaminaverunt: quia coram eo iniustitia inventa non est in me.
    V. Misit Deus misericordiam suam, et veritatem suam: animam meam eripuit de medio catulorum leonum.
    R. Et non contaminaverunt: quia coram eo iniustitia inventa non est in me.
    V. Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    R. Et non contaminaverunt: quia coram eo iniustitia inventa non est in me.

    Le Seigneur a envoyé son ange et a fermé la gueule des lions. Et ils ne (m’) ont pas souillé. Parce qu'on n’a pas trouvé d’injustice en moi devant lui. Dieu a envoyé sa miséricorde et sa vérité, il a arraché mon âme des petits des lions.

    Répons des matines, formé de Daniel 6, 22 et du psaume 56, 4-5. On remarque le curieux « contaminaverunt » (les lions ne m’ont pas contaminé, souillé), quand la Vulgate dit « nocuerunt » : les lions ne m’ont fait aucun mal. Cela est dû au fait que le verbe grec de la Septante veut d’abord dire souiller ; mais il veut dire aussi maltraiter. Le fait d’avoir traduit par « contaminaverunt » veut sans doute dire que les lions païens impurs « contaminaient » les juifs quand ils les mangeaient, et que c’était plus grave que le fait de les dévorer…

  • 21e dimanche après la Pentecôte

    On lit dans L’Année liturgique de Dom Guéranger : « L'approche du jugement final, l'état lamentable du monde dans les années qui précéderont immédiatement ce dénouement de l'histoire humaine, inspire et remplit maintenant la Liturgie. Aujourd'hui, la partie de la Messe qui frappait surtout nos pères était l'Offertoire tiré de Job, avec ses Versets aux exclamations si expressives, aux répétitions si instantes ; et l'on peut dire, en effet, que cet Offertoire donne bien le vrai sens qu'il convient d'attribuer au 21e Dimanche après la Pentecôte. »

    De cet offertoire il ne reste que le répons dans le missel, alors que ce sont les quatre versets qui sont véritablement extraordinaires, qui anticipent les effets baroques par leurs répétitions haletantes qui culminent à la fin par les 9 (neuf) « ut videam bona » (que je voie le bonheur), et leurs variations musicales…

  • De la Sainte Vierge le samedi

    « Je m'approchai de la prophétesse, et elle conçut et enfanta un fils » (Isaïe, 8,3). Que Marie fût la prophétesse, dont s’est approché Isaïe par une prédiction de l’esprit, personne ne dira le contraire, si l’on se souvient des paroles de Marie, qui a parlé sous l’inspiration de l’Esprit. Car que dit-elle ? « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu mon sauveur. Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante, voici en effet que désormais toutes les générations me diront bienheureuse. » Si tu appliques ton attention à toutes ces paroles, tu ne peux absolument pas nier qu’elle fût la prophétesse, car l’Esprit du Seigneur vint sur elle, et la puissance du Très-Haut la prit sous son ombre.

    Saint Basile, traité sur Isaïe (aux matines de l’Office de la sainte Vierge en novembre).

  • Saint Charles Borromée

    Secrétaire d’État de Pie IV, saint Charles se trouva aux côtés du Pontife à l’une des époques les plus décisives pour l’histoire de la papauté. Il s’agissait de savoir si le Saint-Siège s’engagerait enfin d’une manière résolue dans la voie de la réforme ecclésiastique, si longtemps et si universellement réclamée ; ou bien s’il ajournerait encore cette difficile entreprise, se contentant, comme malheureusement quelques-uns des Pontifes de ce siècle, de demi-mesures.

    Ce fut sous l’influence personnelle de saint Charles que Pie IV se décida pour la réforme ; et de ce jour le Saint, au nom et avec l’autorité de son oncle, marcha hardiment dans la voie ouverte, sans considérations humaines. On peut donc dire que, de Rome, il dirigea la dernière période du Concile de Trente, et ce qui est encore plus important, lorsque le Concile eut été approuvé par le Pape, saint Charles s’appliqua avec toute son énergie à en réaliser effectivement le plan de réforme.

    Ici commence la seconde partie de la vie de saint Charles. Pie IV étant mort, il se fixa définitivement dans son Église de Milan, où étaient à relever les ruines accumulées par de longues années de mauvais gouvernement, en l’absence des pasteurs légitimes.

    Saint Charles, pour sanctifier son troupeau, commença par se sanctifier lui-même. Comme Jésus avait voulu racheter le monde moins par sa prédication et ses miracles que par sa passion, ainsi saint Charles s’offrit-il comme une victime à Dieu pour son peuple par une vie très austère. Les âmes, disait-il, se gagnent à genoux, faisant ainsi allusion à ses longues prières au pied du Crucifix ou dans la crypte de l’église du Saint-Sépulcre à Milan.

    L’activité déployée par saint Charles en toute sorte de labeur pastoral est incroyable. Son champ d’action, à titre de métropolitain de Milan et de légat du Saint-Siège, était immense. Et pourtant il n’y eut pas de village des Alpes ou de pays perdu où saint Charles ne se rendît pour y faire la visite pastorale. Ses biographes nous disent qu’en moins de trois semaines il lui arriva de consacrer quinze églises.

    L’archevêque de Milan avait alors à résoudre d’importants et difficiles problèmes. L’hérésie, qui avait infecté les cantons suisses confinant au diocèse, menaçait de contaminer aussi celui-ci. Il fallait tout au moins en paralyser l’influence et saint Charles le fit. Il fallait en outre former des évêques et des prêtres inspirés par l’idéal le plus élevé : le Saint érige des collèges et des séminaires, rassemble des conciles, promulgue des canons, favorise l’ouverture de maisons religieuses pour l’éducation de la jeunesse.

    L’affaiblissement de l’esprit ecclésiastique dans le clergé est presque toujours favorisé par le pouvoir civil qui avilit en effet le prêtre pour pouvoir ensuite se l’assujettir plus aisément. Saint Charles fut le vengeur intrépide de l’autorité épiscopale ; aussi non seulement il eut à lutter contre les chanoines, les religieuses et les religieux qui s’étaient écartés de leur route primitive — par exemple les Humiliés qui allèrent jusqu’à tenter d’assassiner le Saint ! — mais il trouva des adversaires beaucoup plus redoutables dans les gouverneurs de Milan, trop jaloux des prétendues prérogatives de la couronne d’Espagne.

    Ainsi vécut, agit et combattit le grand saint Charles Borromée, qui se montra le digne champion de la lutte sacrée pour laquelle il s’immola. Usé avant le temps par les dures fatigues de sa vie pastorale, il mourut sur la brèche le 3 novembre 1584, âgé seulement de quarante-six ans.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • L’image de l’exil

    En ce jour de férie on peut célébrer la messe du 20e dimanche après la Pentecôte, qui a été remplacée dimanche par la fête du Christ Roi. Voici l’introduction de l’analyse qu’en fait dom Pius Parsch :

    La liturgie continue de développer le thème de l’espérance ; toutefois c’est plutôt ici le côté négatif sous l’image de l’exil : La vie terrestre est l’exil de la patrie céleste. L’homme doit se considérer comme un étranger sur terre (Offert.), il doit supporter l’exil terrestre en esprit de pénitence (Intr.), il doit bien employer le temps de cet exil (« rachetez le temps », Épître) par l’anéantissement du péché (Or., Secr.) , par la conduite d’une vie sainte (Intr., Ep., Comm.). Il doit en particulier entretenir une sainte nostalgie de l’éternelle patrie (Ev., Grad., Off., Comm.). Le point culminant de toute la messe est le chant de l’Offertoire ; nous y trouvons l’expression de toute notre nostalgie céleste (espérance) : « Nous étions assis sur les bords des fleuves de Babylone et nous pleurions tandis que nous évoquions ton souvenir, Sion. »

  • Commémoraison de tous les fidèles défunts

    Fidelium Deus, omnium Conditor et Redemptor : animabus famulorum, famularumque tuarum remissionem cunctorum tribue peccatorum ; ut indulgentiam quam semper optaverunt, piis supplicationibus consequantur : Qui vivis…

    O Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leurs péchés, afin qu’elles obtiennent, par nos humbles prières, le pardon qu’elles ont toujours désiré. Vous qui vivez…