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Liturgie - Page 481

  • 4e dimanche après Pâques

    L’épître de ce dimanche est un extrait de la lettre de saint Jacques, qui commence par la phrase fameuse : « Omne datum optimum, et omne donum perfectum desursum est… » : « Toute grâce excellente et tout don parfait descend d’en haut, et vient du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. »

    Si l’on reste admirer cette phrase admirable, on ne fait guère attention à celle qui suit, et qui est pourtant au moins aussi remarquable : « De sa propre volonté il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. »

    Le Père des lumières nous a engendrés par la parole de vérité. Il nous a engendrés, dit saint Jacques. Or c’est le Fils que le Père a engendré. Il nous a engendrés par la parole de vérité : verbo veritatis, logo aletheias. Le Père qui engendre le Fils nous a engendrés dans le Fils par le Fils.

    Ce n’est pas sans rapport avec l’évangile, où Jésus annonce la venue du Saint-Esprit : « Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu ». De la part du Père par le Verbe.

    Enfin, on notera le rapport avec la secrète : « O Dieu, qui, par les échanges admirables de ce sacrifice, nous avez rendus participants de votre divinité une et souveraine : faites, nous vous en supplions, que comme nous connaissons votre vérité, de même nous la suivions par une conduite digne d’elle. » Par le sacrifice eucharistique le Père nous rend participants de sa divinité en nous engendrant dans le Fils, il nous fait donc connaître la Vérité par le Logos qui s’est fait chair, la parole de vérité, qu’il faut suivre en la mettant en pratique.

  • Saint Pie V

    Le nom de Frère Michel Ghislieri — Pie V — orne le frontispice du Missel et du Bréviaire romains, parce que c’est sous son autorité que s’acheva la révision des livres liturgiques expressément réservée au Saint-Siège par le Concile de Trente. Outre ces mérites dans le domaine de la liturgie, saint Pie V a la gloire d’avoir été le Pape de la réforme que depuis deux siècles déjà, appelaient en vain les Pontifes ses prédécesseurs, les conciles, un grand nombre d’évêques et de saints de cette époque si complexe qu’on appelle communément la Renaissance.

    Saint Pie V est donc le Pape de la réforme ecclésiastique ; non pas en ce sens qu’il fût le premier à la vouloir et à l’inaugurer, puisque, quand il monta sur le trône de saint Pierre, le Concile de Trente était déjà terminé depuis un certain temps. Mais il fut le Pape de la réforme en tant que, par son autorité et par son exemple, il mit définitivement la Curie romaine et l’épiscopat tout entier sur la voie de ce réveil salutaire de l’esprit ecclésiastique, que plusieurs de ses prédécesseurs, tout en le désirant dans leur cœur, n’avaient pas su soutenir, faute de courage et de constance.

    On s’étonne que saint Pie V, de famille modeste, et pauvre religieux dominicain, ait pu s’élever si haut pour le bien de l’Église. Mais c’était un saint, et les instruments de sa puissance étaient la recherche de la seule gloire de Dieu et la prière assidue. Par celle-ci surtout il triompha de l’insolence des Turcs, et il sanctifia le peuple confié à ses soins.

    Le saint Pontife sortit pour la dernière fois du Vatican le 21 avril 1572, huit jours avant sa mort, et ce fut une scène admirable.

    Quoique malade, il voulut en ce jour visiter pour la dernière fois les sept basiliques principales de Rome, dans l’espérance, disait-il, d’en revoir sous peu les martyrs au ciel. De la basilique de Saint-Paul, il parcourut à pied presque tout le long et mauvais chemin qui conduit à Saint-Sébastien. Arrivé enfin, à bout de forces, à Saint-Jean, ses familiers le supplièrent de monter en litière, ou de remettre le reste du pèlerinage au lendemain. Il répondit en latin : Qui fecit totum, Ipse perficiat opus, et continua sa route.

    Il arriva le soir seulement au Vatican, où, s’étant reposé quelque peu, il se fit lire les sept psaumes de la pénitence et le récit de la Passion du Seigneur, n’ayant même plus la force d’enlever son camauro quand il entendait prononcer le saint Nom de Jésus.

    Le 28 avril, il essaya de célébrer la messe mais n’y parvint pas. Muni des sacrements, il rendit sa sainte âme à. Dieu le soir du Ier mai, et ses dernières paroles furent une invocation liturgique du Bréviaire :

    Quaesumus, Auctor omnium,
    In hoc Paschali gaudio,
    Ab omni mortis impetu
    Tuum defende populum.

    Sixte-Quint transporta son corps dans une chapelle de Sainte-Marie-Majeure, où on le vénère encore aujourd’hui. Le rochet dont il est revêtu fut donné à Pie VII par Napoléon Ier.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Sainte Monique

    Aujourd’hui, le cœur guéri de cette blessure que l’affection charnelle rendait peut être trop vive, je répands devant vous, mon Dieu, pour cette femme, votre servante, de bien autres pleurs; pleurs de l’esprit frappé des périls de toute âme qui meurt en Adam. Il est vrai que, vivifié en Jésus-Christ ( I Cor. XV, 22), elle a vécu dans les liens de la chair de manière à glorifier votre nom par sa foi et ses mœurs ; mais toutefois je n’oserais dire que, depuis que vous l’eûtes régénérée par le baptême, il ne soit sorti de sa bouche aucune parole contraire à vos préceptes. Et n’a-t-il pas été dit par la Vérité, votre Fils : « Celui, qui appelle son frère insensé est passible du feu ( Matth. V, 22)? » Et malheur à la vie même exemplaire, si vous la scrutez dans l’absence de la miséricorde. Mais comme vous ne recherchez pas nos fautes à la rigueur, nous avons le confiant espoir de trouver quelque place dans votre indulgence. Et d’autre part, quel homme, en comptant ses mérites véritables, fait autre chose que de compter vos dons? Oh! si les hommes se connaissaient, comme celui qui se glorifie se glorifierait dans le Seigneur ( II Cor. X, 17)!

    Ainsi donc, ô ma gloire! ô ma vie! O Dieu de mon coeur! mettant à part ses bonnes oeuvres, dont je vous rends grâces avec joie, je vous prie à cette heure pour les péchés de ma mère; exaucez-moi, au nom du Médecin suspendu au bois infâme, qui aujourd’hui, assis à votre droite, sans cesse intercède pour nous  ( Rom. VIII, 34). Je sais qu’elle a fait miséricorde, et de toute son âme remis la dette aux débiteurs. Remettez-lui donc la sienne (Matth. VI, 12); et s’il en est qu’elle ait contractée, tant d’années durant qu’elle a vécu après avoir reçu l’eau salutaire, remettez-lui, Seigneur, remettez-lui, je vous en conjure; n’entrez pas avec elle en jugement ( Ps. CXLII, 2). Que votre miséricorde s’élève au-dessus de votre justice ( Jacq. II, 13)! Vos paroles sont véritables, et vous avez promis aux miséricordieux miséricorde (Matth. 5,7) Et vous leur avez donné de l’être, vous qui avez pitié de qui il vous plaît d’avoir pitié, et faites grâce à qui il vous plaît de faire grâce ( Exod. XXXIII, 19).

    Et n’auriez-vous pas déjà fait ce que je vous demande? je le crois; mais encore, agréez, Seigneur, cette offrande de mon désir ( Ps. CXVIII, 108). Car aux approches du jour de sa dissolution elle ne songea pas à faire somptueusement ensevelir, embaumer son corps; elle ne souhaita point un monument choisi; elle se soucia peu de reposer au pays de ses pères; non, ce n’est pas là ce qu’elle nous recommanda; elle exprima ce seul voeu que l’on fit mémoire d’elle à votre autel : elle n’avait laissé passer aucun jour de sa vie sans assister à ses mystères. Elle savait bien que là se dispensait la sainte Victime par qui a été effacée la cédule qui nous était contraire j, et vaincu, l’ennemi qui, dans l’exacte vérification de nos fautes, cherche partout une erreur, et ne trouve rien à redire en l’Auteur de notre victoire. Qui lui rendra son sang innocent? Qui lui rendra le prix dont il a payé notre délivrance? C’est au sacrement de cette Rédemption que votre servante a attaché son âme  ( Coloss. II, 14) par le lien de la foi.

    Que personne ne l’arrache à votre protection; que, ni par force, ni par ruse, le lion-dragon ne se dresse entre elle et vous. Elle ne dira pas qu’elle ne doit rien, de peur d’être convaincue par la malice de l’accusateur, et de lui être adjugée; mais elle répondra que sa dette lui est remise par Celui à qui personne ne peut rendre ce qu’il a acquitté pour nous sans devoir.

    Qu’elle repose donc en paix avec l’homme qui fut son unique mari, qu’elle servit avec une patience dont elle vous destinait les fruits, voulant le gagner à vous. Inspirez aussi, Seigneur mon Dieu, inspirez à vos serviteurs, mes frères, à vos enfants, mes maîtres, que je veux servir de mon coeur, de ma voix et de ma plume; tous tant qu’ils soient qui liront ces pages, inspirez-leur de se souvenir, à votre autel, de Monique, votre servante, et de Patricius, dans le temps son époux, dont la chair, grâce à vous, m’a introduit dans cette vie; comment? je l’ignore : qu’ils se souviennent, avec une affection pieuse, de ceux qui ont été mes parents à cette lumière défaillante; mes frères en vous, notre Père, et en notre mère universelle; mes futurs concitoyens dans l’éternelle Jérusalem, après laquelle le pèlerinage de votre peuple soupire depuis le départ jusqu’au retour; et que sollicitées par ces Confessions, les prières de plusieurs lui obtiennent plus abondamment que mes seules prières, cette grâce qu’elle me demandait à son heure suprême.

    Saint Augustin, Confessions, Livre 9, ch. 13.

  • Saint Alexandre Ier

    En ce jour on fait aussi mémoire de deux autres martyrs, compagnons du pape Alexandre : Eventius et Théodule, ainsi que de Juvénal, évêque de Narni au IVe siècle.

    Selon la tradition, Alexandre est le pape qui ajouta au canon de la messe les mots « qui pridie quam pateretur ». Dom Guéranger poursuit :

    « Une autre institution chère à la piété catholique est due au même Pontife. C’est par lui que l’Église a été mise en possession de cette eau sainte que les démons redoutent, et qui sanctifie tous les objets qu’elle touche. Le fidèle renouvellera donc aujourd’hui sa foi envers ce puissant élément de bénédiction que l’hérésie et l’impiété ont si souvent blasphémé, et dont l’usage pieux sert à discerner les enfants de l’Église de ceux qui ne le sont pas. L’eau, instrument de notre régénération, le sel, symbole d’immortalité, s’unissent sous la bénédiction de l’Église pour former ce Sacramental envers lequel notre confiance ne saurait être trop grande. La vertu des Sacramentaux, comme celle des Sacrements, procède du sang de la Rédemption, dont les mérites sont appliqués à certains objets physiques par l’action du sacerdoce de la loi nouvelle. L’indifférence à l’endroit de ces moyens secondaires du salut serait aussi coupable qu’imprudente ; et cependant, à cette époque d’affaiblissement de la foi, rien n’est plus commun que cette indifférence. Il est des catholiques pour qui l’eau bénite est comme si elle n’existait pas ; ils ne réfléchissent jamais sur l’usage continuel qu’en fait l’Église, et se privent, de gaieté de cœur, du secours que Dieu a daigné mettre à leur portée pour fortifier leur faiblesse et purifier leurs âmes. Daigne le saint pontife Alexandre ranimer leur foi, et rendre à ces chrétiens dégénérés l’estime des choses surnaturelles que la bonté de Dieu avait prodiguées à leur intention ! »

    On ne peut pas ne pas mentionner que ce jour était, depuis au moins le début du IVe siècle, celui de l’Invention de la Sainte Croix, fête supprimée en 1960 par Jean XXIII. C’est-à-dire par les néo-liturges de la destruction de la liturgie qui sévissaient déjà depuis plusieurs années et qui avaient décidé que cette fête faisait double emploi avec celle du 14 septembre. Ce qui, premièrement n’est pas vrai (le 3 mai c’était la célébration de la découverte de la vraie Croix par sainte Hélène, le 14 septembre la célébration du recouvrement de la Sainte Croix qui avait été prise par les Perses), deuxièmement supprime la très pertinente célébration triomphale de la Croix au milieu du temps pascal, troisièmement supprime du lectionnaire l’extraordinaire évangile de Nicodème.

  • Saint Athanase

    Athanase, qui avait su exposer avec tant de clarté et de magnificence dans ses sublimes écrits le dogme fondamental du christianisme, la divinité de Jésus-Christ, a célébré le mystère de la Pâque avec une éloquente majesté dans les Lettres festales qu’il adressait chaque année aux Églises de son patriarcat d’Alexandrie. La collection de ces lettres, que l’on regardait comme perdues sans retour, et qui n’étaient connues que par quelques courts fragments, a été retrouvée presque tout entière, dans le monastère de Sainte-Marie de Scété, en Égypte. La première, qui se rapporte à l’année 329, débute par ces paroles qui expriment admirablement les sentiments que doit réveiller chez tous les chrétiens l’arrivée de la Pâque : « Venez, mes bien-aimés, dit Athanase aux fidèles soumis à son autorité pastorale, venez célébrer la fête ; l’heure présente vous y invite. En dirigeant sur nous ses divins rayons, le Soleil de justice nous annonce que l’époque de la solennité est arrivée. A cette nouvelle, faisons fête, et ne laissons pas l’allégresse s’enfuir avec le temps qui nous l’apporte, sans l’avoir goûtée. » Durant ses exils, Athanase continua d’adresser à ses peuples la Lettre pascale ; quelques années seulement en furent privées. Voici le commencement de celle par laquelle il annonçait la Pâque de l’année 338 ; elle fut envoyée de Trêves à Alexandrie. « Bien qu’éloigné de vous, mes Frères, je n’ai garde de manquer à la coutume que j’ai toujours observée à votre égard, coutume que j’ai reçue de la tradition des Pères. Je ne resterai pas dans le silence, et je ne manquerai pas de vous annoncer l’époque de la sainte Fête annuelle, et le jour auquel vous en devez célébrer la solennité. En proie aux tribulations dont vous avez sans doute entendu parler, accablé des plus graves épreuves, placé sous la surveillance des ennemis de la vérité qui épient tout ce que j’écris, afin d’en faire une matière d’accusation et d’accroître par là mes maux, je sens néanmoins que le Seigneur me donne de la force et me console dans mes angoisses. J’ose donc vous adresser la proclamation annuelle, et c’est au milieu de mes chagrins, à travers les embûches qui m’environnent, que je vous envoie des extrémités de la terre l’annonce de la Pâque qui est notre salut. Remettant mon sort entre les mains du Seigneur, j’ai voulu célébrer avec vous cette fête : la distance des lieux nous sépare, mais je ne suis pas absent de vous. Le Seigneur qui accorde les fêtes, qui est lui-même notre fête, qui nous fait don de son Esprit, nous réunit spirituellement par le lien de la concorde et de la paix. »

    Dom Guéranger

     

  • Saint Joseph artisan

    Le monde du travail s’est adjugé le 1er mai comme sa fête propre, avec l’intention que tous reconnaissent la dignité du travail et que celle-ci inspire la vie sociale et les lois fondées sur la juste répartition des droits et des devoirs.

    Accueilli de la sorte par les travailleurs chrétiens et recevant pour ainsi dire la consécration chrétienne, le 1er mai, bien loin de réveiller les discordes, la haine et la violence, est et sera une invitation périodique adressée à la société moderne pour achever ce qui manque encore à la paix sociale. Fête donc, c’est-à-dire jour de jubilation pour le triomphe concret et progressif des idéaux chrétiens de la grande famille du travail.

    Aussi nous fixons la fête de saint Joseph ce jour-là parce que l’humble artisan de Nazareth, non seulement incarne auprès de Dieu et de la Sainte Église la dignité du travailleur manuel, mais reste toujours votre vigilant gardien et celui de vos familles.

    Par votre fidèle adhésion à la doctrine de l’Évangile et aux directives de la Sainte Hiérarchie vous ne collaborerez pas seulement, dans le camp du travail, au triomphe du règne de Dieu dans une société qui souvent oublie sa présence, sa volonté et ses droits sacrés, mais vous vous inscrirez parmi les premières troupes de ces forces saines du corps social engagées dans la pacifique bataille pour le salut commun des peuples- Prenez pleine conscience de l’honneur que comporte cette double collaboration et Dieu ne manquera pas de vous faire goûter les fruits de la justice, de l’ordre et de la paix que vous aurez puissamment contribué à mûrir.

    Pie XII, 1er mai 1956

  • Sainte Catherine de Sienne

    Mes serviteurs qui sont encore dans l’amour imparfait me cherchent et m’aiment à cause de la  consolation et du bonheur qu’ils trouvent en moi. Et comme je récompense tout le bien qui se fait, petit ou grand, selon la mesure de l’amour qui agit, je donne des consolations spirituelles, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, dans le temps de la prière. Je ne le fais pas pour que l’âme reçoive mal la consolation, c’est-à-dire quelle s’arrête plus à la consolation que je lui donne qu’à moi-même, mais bien pour qu’elle regarde plus l’ardeur de ma charité à donner et son indignité à recevoir, que le plaisir qu’elle trouve dans ces consolations. Mais si dans son ignorance elle s’arrête à la seule jouissance, sans faire attention à mon amour envers elle, alors elle tombe dans un malheur et un égarement que je vais te faire connaître.

    Elle est trompée d’abord par cette consolation qu’elle cherche et dans laquelle elle se complaît. Car quelquefois je la console et je la visite plus qu’à l’ordinaire ; et quand je me retire, elle revient sur ses pas pour retrouver les jouissances dans la route qu’elle avait suivie. Je ne donne pas toujours de la même manière, afin qu’elle sache que je distribue ma grâce comme il plaît à ma bonté et comme le demandent ses besoins. Mais l’âme ignorante recherche la consolation dans les mêmes choses, comme si elle voulait imposer une règle à l’Esprit Saint.

    Elle ne doit pas agir ainsi, mais elle doit passer avec courage par ce pont de la doctrine de Jésus crucifié, et recevoir en la manière, au lieu et au moment choisis par ma bonté pour lui donner. Si je ne lui donne pas, je le fais par amour et non par haine, pour qu’elle me cherche en vérité et qu’elle ne m’aime pas seulement pour son plaisir, mais qu’elle s’attache plutôt à ma charité qu’à la consolation. Si elle ne le fait pas, et si elle cherche, la jouissance selon sa volonté et non selon la mienne, elle trouvera la peine et la honte, parce qu’elle se verra privée de ce plaisir où elle avait fixé le regard de son intelligence.

    Tels sont ceux qui s’arrêtent aux consolations : ils ont goûté ma visite d’une certaine manière, et ils veulent toujours y revenir. Leur ignorance est telle, que, si je les visite d’une autre façon, ils résistent et ne veulent me recevoir que comme ils le désirent. Cette erreur vient de leur attachement à la jouissance spirituelle qu’ils ont trouvée en moi.

    L’âme se trompe, parce qu’il est impossible qu’elle soit visitée toujours de la même manière. Elle ne peut rester stationnaire, elle avance ou elle recule dans la vertu, et alors elle ne peut recevoir de ma bonté les mêmes grâces ; je les varie au contraire, je lui donne tantôt la grâce spirituelle, tantôt une contrition et un regret qui semblent la bouleverser. Quelquefois je serai dans l’âme, et elle ne me sentira pas ; quelquefois je manifesterai ma volonté, c’est-à-dire mon Verbe incarné, de différentes manières aux yeux de son intelligence, et cependant il semblera que l’âme ne goûte pas l’ardeur et la joie que cette vision devrait lui donner. D’autres fois, au contraire, elle ne verra rien, et goûtera un grand bonheur.

    Je fais tout cela par amour, pour la sauver, pour la faire croître dans l’humilité et la persévérance, pour lui apprendre à ne pas vouloir me donner de règle, et à ne pas mettre sa fin dans la consolation, mais seulement dans la vertu, dont je suis le fondement. Qu’elle reçoive humblement les différents états où elle se trouve, qu’elle reconnaisse avec amour l’amour avec lequel je donne. Qu’elle croie fermement que j’agis toujours uniquement pour la sauver ou la faire parvenir à une plus grande perfection. Elle doit être toujours humble et placer son principe et sa fin dans la fidélité à ma charité, et recevoir dans cette charité le plaisir et la privation, selon ma volonté et non selon la sienne. Le moyen d’éviter les pièges de l’ennemi est de recevoir tout de moi par amour, parce que je suis la fin suprême de l’homme et que, toute chose doit être basée sur ma douce volonté.

    Sainte Catherine de Sienne, Dialogues, 68.

  • 3e dimanche après Pâques

    Dom Pius Parsch (Guide dans l’année liturgique) fait remarquer que le temps pascal peut se diviser en deux parties. La première partie vient de se terminer. Elle insistait sur la Résurrection, le baptême, et l’eucharistie. Voici que commence la deuxième partie, axée sur la préparation à l’Ascension et à la Pentecôte, quand le Christ ressuscité quittera cette terre et enverra le Saint-Esprit pour le remplacer. Cette préparation est une spiritualisation, dont le point culminant sera la Pentecôte, et cette réception du Saint-Esprit a pour but de nous rendre forts dans les combats qui nous attendent.

    Tous les évangiles de ces dimanches sont empruntés au discours d’adieu du Christ à ses apôtres après la Cène. Il voulait les consoler de son départ, « ancrer leur cœur auprès de lui dans le ciel et les rendre capables de supporter la souffrance sur la terre ». « L’Église applique ces passages au temps qui suit Pâques. » Et nous les applique, à nous, aujourd’hui.

    « Jusqu’ici, nous fêtions Pâques. Nous nous sentions pour ainsi dire au ciel. Volontiers nous aurions dit comme saint Pierre : “Il fait bon ici, dressons-y nos tentes !” Nous allions oublier que nous sommes encore sur la terre. L’Église nous ramène aux âpres réalités de la vie quotidienne. Elle ne nous les peint pas en rose ; elle ne nous présente pas un Éden où ne fleurissent que des roses sans épines. Elle le dit clairement aux nouveaux chrétiens comme à nous : la vie chrétienne est une vie dure, difficile, une vie remplie de souffrances, de combats, d’épreuves ; la vie chrétienne est un pèlerinage vers la patrie céleste. »

    Mais la jubilation pascale ne diminue pas pour autant, elle augmente plutôt. « Jubilate », insiste l’Introït, qui fait chanter cinq alléluias.

  • Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

    Saint Louis-Marie contemple tous les mystères à partir de l'Incarnation qui s'est accomplie au moment de l'Annonciation. Ainsi, dans le Traité de la vraie dévotion, Marie apparaît comme le "vrai paradis terrestre du Nouvel Adam", la "terre vierge et immaculée" dont Il a été formé (n. 261). Elle est également la Nouvelle Eve, associée au Nouvel Adam dans l'obéissance qui répare la désobéissance originelle de l'homme  et  de  la  femme  (cf.   ibid., n. 53; saint Irénée, Adversus haereses, III, 21, 10-22, 4). A travers cette obéissance, le Fils de Dieu entre dans le monde. La Croix elle-même est déjà mystérieusement présente à l'instant de l'Incarnation, au moment de la conception de Jésus dans le sein de Marie. En effet, l'ecce venio de la Lettre aux Hébreux (cf. 10, 5-9) est l'acte d'obéissance primordial du Fils au Père, c'est déjà  l'acceptation  de son Sacrifice rédempteur "lorsqu'il entre dans le monde".

    "Toute notre perfection - écrit saint Louis-Marie Grignion de Montfort - consistant à être conformes, unis et consacrés à Jésus Christ, la plus parfaite de toutes les dévotions est sans difficulté celle qui nous conforme, unit et consacre le plus parfaitement à Jésus Christ. Or, Marie étant la plus conforme à Jésus Christ de toutes ses créatures, il s'ensuit que, de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus Christ" (Traité de la vraie dévotion, n. 120). En s'adressant à Jésus, saint Louis-Marie exprime combien est merveilleuse l'union entre le Fils et la Mère:  "elle est tellement transformée en vous par la grâce qu'elle ne vit plus, qu'elle n'est plus; c'est vous seul, mon Jésus, qui vivez et régnez en elle... Ah! si on connaissait la gloire et l'amour que vous recevez en cette admirable créature... Elle vous est si intimement unie.... elle vous aime plus ardemment et vous glorifie plus parfaitement que toutes vos autres créatures ensemble" (n. 63).

    Jean-Paul II, lettre aux Montfortains, 8 décembre 2003

    (N.B. – On célèbre la fête de saint Louis-Marie Grignion de Montfort le 28 avril dans les diocèses bretons.)

     

  • Saint Pierre Canisius

    L’Église loue, en saint Pierre Canisius, non seulement la sagesse, mais aussi la force héroïque pour soutenu le dogme catholique contre les violences et les embûches des protestants. A cet égard, Canisius peut être comparé à saint Jean Chrysostome, à saint Jean Damascène, à ceux des anciens Docteurs qui non seulement ont enseigné, mais aussi beaucoup souffert pour la foi. En effet, les fatigues et les épreuves supportées par notre saint apôtre pour conserver à l’Allemagne ce trésor de foi catholique que saint Boniface avait jadis consacré de son sang, sont incroyables. Que le laurier du docteur ceigne donc le front de saint Pierre Canisius ; mais qu’à ce laurier la liturgie ajoute aussi le mérite, le martyre, d’une vie missionnaire de près de huit lustres dans un pays hostile à la foi catholique, action missionnaire qui justifie pour Canisius le glorieux surnom de marteau du Luthéranisme.

    Bienheureux cardinal Schuster

    Le témoignage de Benoît XVI, le 9 février 2011, sur le catéchisme de saint Pierre Canisius :

    Rien que de son vivant, on dénombrait déjà 200 éditions de ce Catéchisme ! Et des centaines d'éditions se sont succédé jusqu'au XXe siècle. Ainsi en Allemagne, les personnes de la génération de mon père appelaient encore le Catéchisme simplement le Canisius : il est réellement le catéchiste de l’Allemagne, il a formé la foi des personnes pendant des siècles.