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4e dimanche après Pâques

La liturgie de ce dimanche est très proche de celle de dimanche dernier : l’évangile évoque la tristesse des apôtres, il y a une semaine parce que Jésus leur annonce son Ascension, aujourd’hui parce qu’il annonce la Pentecôte, quand il ne sera plus là. Or tout cela baigne dans les chants de la joie pascale, joie de la Résurrection qui est début et prémices des joies éternelles.

La collecte, qui est une des plus belles de l’année par le rythme de son parallélisme final et de ses assonances, nous fait demander qu’au milieu des mundanas varietates, de tout ce qui change tout le temps en ce monde (dont parle aussi saint Jacques au début de l'épître), nos cœurs soient fixés là où sont les vraies joies :

ibi nostra fixa sint corda
ubi vera sunt gaudia.

La joie s’installe dès l’introït : Cantate Domino canticum novum alleluia. Et l’on peut mettre deux points après canticum novum : ce chant nouveau que nous chantons au Seigneur, c’est « Alleluia ».

Ce dimanche, la joie culmine dans l’offertoire. Avec un enthousiasme littéralement inouï, puisque, après avoir chanté la première phrase : Jubilate Deo universa terra, il la répète, n’ayant pas assez jubilé, et alors, sur ce mot « jubilate », se déploie une vocalise qui descend d’abord du do aigu au do grave, pour remonter ensuite par paliers, et en s'élargissant, du do grave au fa aigu, autrement dit sur une octave et demie, ce qui est unique. L’idée de joie, écrit dom Baron, « se développe en une acclamation splendide, ordonnée, mesurée et, en même temps, pénétrée d’une ardeur qui monte, s’enfle, éclate, enthousiaste comme le cri d’une foule qui chante son héros. C’est toute l’Eglise, toute la terre, qui s’excite elle-même à clamer son admiration, sa reconnaissance, son amour au Dieu si bon qui nous a donné son Fils et qui nous incorpore à lui pour être des fils nous-mêmes. »

Cette vocalise conduit à cette curiosité, dans le Graduel d’Albi, que son sommet dépasse l’espace attribué à la notation du chant et a obligé le scribe à faire une hernie sur la ligne supérieure (cliquer sur l'image pour l'agrandir, bien sûr).

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On remarquera aussi que ce manuscrit du XIe siècle donne un verset : Reddam tibi vota mea, qui comporte une autre vocalise, moins spectaculaire et plus contemplative, mais beaucoup plus longue, puisqu’elle occupe plus d’une ligne (ce qui fait deux lignes dans une édition moderne).

On remerciera au passage la Bibliothèque nationale de France, non seulement de permettre de reproduire gratuitement le codex, mais de fournir en un clic la meilleure résolution de l’extrait voulu…

Et l’on écoutera cet offertoire par les moines de Solesmes, qui ont magnifiquement architecturé la montée d’enthousiasme :
podcast

Commentaires

  • Merci de cette leçon de grégorien. Pour nous maintenant, c'est presque un rêve et nous voici transportés dans un autre temps.

  • Un autre temps ? Mais c'est l'offertoire actuel, et c'est celui que j'ai entendu à la messe. (Actuel même dans la messe de Paul VI, puisque c'est me semble-t-il - pas envie de vérifier - celui de dimanche prochain, selon le principe de la réforme liturgique: on touille et on remet tout dans le désordre, enfin, pas tout, bien sûr....)

  • Merci. Intéressante, cette édition moderne. Elle diffère de celle de l'Offertoriale Triplex, et en corrige d'ailleurs les nombreuses erreurs.

    En revanche, il faudrait que tout le monde soit d'accord sur l'interprétation des neumes médiévaux. Les signes rythmiques de Solesmes auraient peut-être leur utilité.

  • Expliquez-nous ce que voulez dire, Quaerere, nous sommes des béotiens. Nous ignorons le traître mot de la controverse à laquelle vous faites allusion.

  • Le propos de Quaerere Deum est clair pour quiconque connaît un peu la technique du chant grégorien. Il est sans intérêt pour quiconque n'y connaît rien.

    Pour ma part je ne suis pas sûr de l'intérêt des "signes rythmiques" de Solesmes. Mais je ne suis pas chef de choeur...

  • En théorie, je suis d'accord avec vous en ce qui est de « signes rythmiques » car cette tâche revient au chef de chœur.

    Mais en pratique les choses sont plutôt différentes. Beaucoup de choristes s'appuient sur les enregistrements existants pour le travail des pièces. Ces enregistrements sont calés sur les notations rythmiques. En définitive, cette notation est pratique.

    J'irai même plus loin : ils sont une transposition incomplète des neumes médiévaux. D'ailleurs, cette édition moderne montre la volonté de distinguer les stropha des notes carrées classiques.

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