Rex sempiterne, Domine,
Rerum Creator omnium,
Qui eras ante sæcula
Semper cum Patre Filius :
Grand roi dont le pouvoir à tout être adorable
Du monde qu'il forma règle les mouvements,
Qui, naissant Dieu de Dieu, Fils du Père ineffable,
Règne avant le temps.
Qui mundi in primordio
Adam plasmasti hominem :
Cui tuæ imagini
Vultum dedisti similem :
Ta main par ton chef-d'œuvre achevant ton ouvrage
Fit cet homme enrichi de tes trésors divers,
Le rendant de toi-même une vivante image,
Et Roi de l'univers.
Quem diabolus deceperat,
Hostis humani generis :
Cujus tu formam corporis
Assumere dignatus es :
Le démon vit sa gloire, et, transporté d'envie,
Le blessa de ce dard qui nous blesse aujourd'hui;
Mais ton amour, Jésus, pour lui rendre la vie,
Te rend semblable à lui.
Ut hominem redimeres
Quem ante jam plasmaveras :
Et nos Deo conjungeres
Per carnis contubernium.
Tu veux par ta bonté rompre son joug funeste
Pour sauver du débris l'œuvre qui t'est si cher
Et tu réunis l'homme à ton Père céleste
T'unifiant à sa chair.
Quem editum ex Virgine
Pavescit omnis anima :
Per quem et nos resurgere
Devota mente credimus :
Jésus, fils d'une Vierge et monarque suprême,
Dont la terre et les cieux craignent la majesté,
Ton peuple espère un jour de vaincre la mort même
Par toi ressuscité.
Qui nobis in baptismate
Donasti indulgentiam,
qui tenebamur vinculis
Ligati conscientiæ :
Notre âme renaissante en l'onde salutaire
Reçut un gage saint d'un si rare bonheur,
Quand ta grâce brisa la chaîne volontaire,
Qui liait notre cœur.
Qui crucem propter hominem
Suscipere dignatus es :
Dedisti tuum Sanguinem,
Nostræ salutis pretium.
Ta croix de Dieu, ton Père, arrêtant les vengeances
Nous ravit à l'enfer par un aimable effort;
Garde en nous, doux Sauveur, le fruit de tes souffrances,
Et le prix de ta mort.
Quæsumus, Auctor omnium,
In hoc Paschali gaudio,
Ab omni mortis impetu
Tuum defende populum.
En ce bienheureux temps d'une céleste joie,
Seigneur, soutiens ton peuple à ta grâce soumis,
Et n'abandonne pas tes fidèles en proie
À leurs fiers ennemis.
Gloria tibi, Domine,
Qui surrexisti a mortuis,
Cum Patre et Sancto Spiritu,
In sempiterna sæcula. Amen.
Qu'on t'aime en t'adorant, ô Trinité suprême,
Et toi, Jésus vainqueur, qui, libre entre les morts,
As rappelé ta vie, et rejoint par toi-même
Ton âme avec ton corps. Ainsi soit-il.
Hymne des matines du temps pascal. Traduction d’Isaac Lemaistre de Sacy pour Port-Royal. Dans la quatrième strophe on cherchera en vain le « joug funeste » et le « débris ». Le texte dit seulement que le Christ a racheté l’homme qu’il avait modelé. De même dans l’avant-dernière strophe avant la doxologie on cherchera en vain la mention explicite des « vengeances » et de « l’enfer » : « Toi qui a daigné subir la croix pour l’homme, tu a donné ton sang comme prix de notre salut. »
Par les moniales de l’abbaye d’Ozon (1960) :