Le pape saint Damase avait composé de nombreuses épigraphes en l’honneur des martyrs romains, gravées par le célèbre lapicide Dionysius Filocalus dans des plaques de marbre scellées près de leurs tombes. Celle de sainte Agnès avait disparu. On la retrouva en 1728 dans la basilique Sainte Agnès hors les murs édifiée sur son tombeau dès l’époque de Constantin et refaite plusieurs fois : elle était devenue, sens dessus-dessous, un élément du pavement… Demeurée en parfait état, elle a été scellée dans l’escalier monumental qui descend au narthex.
FAMA REFERT SANCTOS DUDUM RETULISSE PARENTES
AGNEN CUM LUGUBRES CANTUS TUBA CONCREPUISSET
NUTRICIS GREMIUM SUBITO LIQUISSE PUELLAM
SPONTE TRUCIS CALCASSE MINAS RABIEMQUE TYRANNI
URERE CUM FLAMMIS VOLUISSET NOBILE CORPUS
VIRIBUS INMENSUM PARVIS SUPERASSE TIMOREM
NUDAQUE PROFUSUM CRINEM PER MEMBRA DEDISSE
NE DOMINI TEMPLUM FACIES PERITURA VIDERET
O VENERANDA MIHI SANCTUM DECUS ALMA PUDORIS
UT DAMASI PRECIBUS FAVEAS PRECOR INCLYTA MARTYR
« La renommée rapporte ce que les pieux parents d’Agnès ont narré, c’est-à-dire comment celle-ci, encore enfant, dès que la trompette du héraut eut annoncé le funeste édit de persécution, tout de suite s’arrache aux bras de sa nourrice pour affronter, intrépide, la fureur du féroce tyran et en mépriser les menaces. Alors que celui-ci tenta de livrer aux flammes son corps délicat, Agnès, avec ses forces débiles d’enfant, réussit à vaincre l’horrible crainte qu’inspirait ce supplice. Découverte, pour qu’un œil humain ne se posât pas sur le temple consacré au Seigneur, elle couvrit son corps de sa chevelure. O magnanime, ô digne de toute ma vénération, ô splendeur de la pudeur chrétienne, je te supplie, illustre martyre, d’accueillir avec bienveillance les prières de Damase. »
Photo : mosaïque de l’abside de la basilique Sainte-Agnès hors les murs. Sainte Agnès est en compagnie des papes saint Symmaque (498-514) et Honorius Ier (625-638). La mosaïque date du pontificat de ce dernier, qui construisit la basilique actuelle.