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Saint Anselme

Dans mon bréviaire il y a deux offices de saint Anselme, un qui renvoie au commun des pontifes docteurs de l’Eglise, et un autre qui contient des textes propres, notamment cette hymne. Comme dom Guéranger la cite dans son Année liturgique et qu’il dit qu’elle a été « approuvée par le Saint-Siège », il est probable qu’elle soit de dom Le Bannier.

Ici telle qu’elle se trouve dans le Liber sacramentorum du cardinal bénédictin Alfredo Ildefonso Schuster :

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N.B. Ayant mis dans ma petite tête qu’il y avait une « théologie monastique » et une « théologie scolastique », et étant imperméable à la seconde, je me réjouissais d’avoir trouvé un livre de saint Anselme : « Pourquoi Dieu s’est fait homme », aux Sources chrétiennes, dans la collection « Textes monastiques d’Occident ». Stupéfaction : c’est un livre d’un rationalisme à faire pâlir d’envie saint Thomas d’Aquin lui-même. Une caricature de rationalisme : chapitre après chapitre, il part d’un élément de la foi et prétend y aboutir au terme d’un raisonnement purement rationnel. Pas un mot de mystique, pas un mot de prière, pas un mot d’admiration du mystère, et d’ailleurs pas un mot du mystère, puisque tout est soi-disant démontré… (A vrai dire j'aurais dû faire attention au fait que saint Anselme est partout présenté comme un précurseur des scolastiques, et aussi au fait que dans l'office propre il y a pas moins de sept fois le mot "ratio" dans la lecture du troisième nocturne, un texte sans doute choisi par dom Guéranger comme une discrète mise en garde...)

Commentaires

  • Merci pour cette grande et originale lumière sur St Anselme.!! Décidément, en exégèse notamment, vous dites des choses auparavant lues nulle part....

  • Le "Liber Hymnarius" de Solesmes (1983) donne effectivement "Franciscus Le Bannier, + 1867" comme auteur de cette hymne.

    Ce livre en comporte d'autres, toutes dans la partie intitulée "Proprium monasticum O.S.B." :
    - Ss. Maur et Placide (15 janv.) : Puéllus Plácidus quem pater óbtulit ;
    - S. Anselme (21 avril) : Fortis en præsul mónachus fidélis (vigiles) et Lætus hic noster veneránde doctor (vêpres) ;
    - Ss. Abbés de Cluny (11 mai) : Vócibus lætis tua festa pangat ;
    - S. Grégoire VII (25 mai) : Póntifex magnus celebráris hymnis ;
    - S. Augustin de Cantorbéry (27 mai) : Fecúnda sanctis ínsula ;
    - Ste Clotilde (4 juin) : O regum súboles quæ Clodovǽo (vigiles), Quæ nunc bella strepunt ? Quis furit æstus ? (laudes), Ad quas orba viro trístior ædes (vêpres) ;
    - Ste Cécile (22 nov.) : Terréna cessent órgana (vigiles), Nunc ad corónas pérgite (laudes), Salvéto corpus mártyris (vêpres).

    L'Hymnaire latin-français publié en 1988 donne la traduction de ces hymnes.

  • Merci pour ces précisions, même si je n'en attendais pas tant... (J'espérais seulement la confirmation ou l'infirmation de mon "intuition".)

    J'avoue que je ne suis pas du tout un amateur de ces hymnes. Je préfère Iste confessor, et de loin...

  • De mémoire, ces hymnes ne sont pas forcément très faciles à chanter... Donc, l'attention est polarisée par la mélodie et le texte, d'un latin XIX° déjà souvent alambiqué, passe à la trappe !

  • Il est vrai que saint Anselme est imbuvable pour la plupart de ses écrits, c'est bien pour cela que des jésuites complètement abstraits et incompréhensibles comme Michel Corbin (qui s'est occupé des oeuvres complètes de l'auteur aux éditions du Cerf) s'y intéressent.

    Il s'occupe d'ailleurs aussi de certaines éditions sur saint Hilaire de Poitiers, ce type a l'art de rendre Hilaire totalement inaccessible... un jésuite en somme (même si Hilaire peut-être obscur, il ne faut pas non plus exagérer).

    Si je parle de lui c'est pour souligner le fait qu'un auteur comme Anselme ne peut intéresser qu'une minorité de la minorité des chrétiens, comme un Duns Dcot. Aucune utilité pour l'évangélisation.

    Il n'empèche, dans l'oeuvre d'Anselme il y a de très belles prières et de très belles lettres. Il avait aussi une grande sensibilité de foi, mais ce n'est pas ce qui est passé à la postérité.

  • Cette théologie scolastique déjà très affirmée à l'époque de saint Anselme puise ses racines assez loin malheureusement. Certains auteurs orthodoxes la voient déjà en germe chez les théologiens carolingiens. Elle pourrait même, toujours selon ces mêmes auteurs, en définitive être rattachée à l'œuvre singulière de saint Augustin. Ils s'appuient sur les travaux d'Olivier du Roy notamment qui écrit : "la manière d'utiliser la philosophie dans l'intelligence de la foi remonte finalement à saint Augustin" (L'intelligence de la foi en la trinité selon saint Augustin, Paris 1966, p. 461). L'ancienneté de l'œuvre ne nous prémunit donc pas contre le risque de scolastique ; elle nous offre simplement la chance de pouvoir encore tomber sur de la "théologie monastique" (je dirai plutôt "patristique").

  • Le pauvre saint Augustin a bon dos. On peut dire la même chose de beaucoup de Pères de l'Église de langue grecque.

    Il était nécessaire de se confronter à la philosophie pour défendre la foi, Et même des antiphilosophes comme Tertullien (que j'aime tellement) utilisent des formulations philosophiques.
    D'une certaine matière c'est ce qui peut manquer à l'orthodoxie d'Orient sur certaines points.

    Je pense que saint Augustin a bien maintenu non seulement un équilibre mais aussi une distance avec la philosophie. Il n'est en aucun cas le père du rationalisme. Un Boèce, un Jean Scot Érigène ou un saint Anselme cela paraît plus probable.

    Le problèmes qui est pointé ici c'est que la philosophie a pris le pas sur la théologie et la révélation en général en Occident. La philosophie est devenue l'Alpha et l'Omega, et la théologie une simple lettre entre les deux.

    Il n'y a qu'à voir quasiment toutes les publications dans la sphère chrétienne, c'est de la philosophie matin, midi et soir...
    Overdose.
    Faut pas s'étonner si les musulmans les évangéliques progressent, quand nous, nous nous évaporons.

  • Merci de me rappeler le problème qui est pointé ici. Je précisais juste que ce problème du rationalisme dans la théologie occidentale remontait à assez loin dans l’histoire, ce en quoi vous êtes d’accord puisque vous acceptez de le faire remonter à Boèce. Je ne peux que vous inviter à lire l’étude qui ne fait pas d’Augustin le Père du rationalisme, mais constate seulement que son utilisation de la philosophie diffère de celle des autres Pères de son époque, qu’ils soient de langue latine ou de langue grecque d’ailleurs.

  • Saint Anselme, auquel mon grand-père inspecteur général en lettres classiques vouait un intérêt passionné dans ses dernières années, est surtout connu pour avoir produit ou mis sur le papier la preuve dite ontologique de l'existence de Dieu. C'est à peu près ce à quoi notre intelligence peut parvenir, et sa réfutation n'est pas plus convaincante que sa formulation.
    Pas grand chose à voir avec Duns Scot, et encore moins avec Ockham.

  • EAU BENITE !

  • Un échange de commentaires de la plus haute tenue, et revoici le même qui vient lever la patte.
    Affligeant.

  • Citation
    « je te supplie, Seigneur, ne me laisse pas désespérer en soupirant, mais fais-moi respirer en espérant […]. Apprends-moi à te chercher et montre-toi à celui qui te cherche. Car je ne puis ni te chercher si tu ne me l’apprends, ni te trouver si tu ne te montres. Que je te cherche en te désirant, et te désire en te cherchant, te trouve en t’aimant et t’aime en te trouvant […]. Je ne cherche pas à comprendre pour croire (neque quaero intelligere ut credam), mais je crois pour comprendre (sed credo ut intelligam). Car je crois aussi que ne pourrais comprendre si je ne croyais pas » (Prosologion., chapitre I). (1078)
    Je crois pour comprendre, ce n'est pas une définition du rationalisme. La scolastique a une connotation négative qui vient des critiques infondées de la Renaissance et du protestantisme et plus tard des matérialistes positivistes.

  • Lire "Proslogion" chapitre I

  • Très beau texte, d'une parfaite orthodoxie, sur le mystère de la grâce. La raison sans la foi est incomplète, ce qui est une des leçons de saint Anselme, sûrement pas comprise par Descartes..

  • Je ne comprends pas pourquoi on attribue cet adage à saint Anselme alors qu'il est de saint Augustin, qui l'a écrit une vingtaine de fois, et qu'il a été repris par d'autres, notamment par saint Bernard.

  • Dans le Proslogion, il y a ça :
    "Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, je crois afin de comprendre; je ne puis avoir l'intelligence qu'à condition d'avoir d'abord la foi."

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