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  • "Cynique"…

    En Allemagne, où il y a plus d’un million de « réfugiés » ukrainiens, les plus aidés au monde, il y a un débat dans la classe politique, mais aussi au sein même de la CDU, sur ce qu’il faudrait faire. Certains sont d’avis d’aider les Ukrainiens à travailler, d’autres veulent diminuer les allocations, d’autres souhaitent que soient expulsés ceux qui ne veulent pas travailler… In fine, Die Welt, qui a enquêté sur la question, donne la parole à Johannes Winkel, président fédéral de l’Union de la Jeunesse de la CDU, membre du Comité central des catholiques allemands :

    « Il est normal que nous soutenions les femmes ukrainiennes et leurs enfants avec des prestations sociales. Les hommes ukrainiens en âge de se battre ne devraient pas avoir droit à une protection en Allemagne, mais devraient plutôt défendre leur pays. Fournir des armes à l'Ukraine d'un côté, tout en la privant de ses propres soldats, c'est carrément cynique. »

    Ce n’est pas tout de donner les canons. Il faut fournir aussi la chair à canon.

  • La guerre c’est pour les filles…

    Rouslan Khanoumak, une des stars de Kvartal 95 (la société de production télévisée de Zelensky), vient de partir pour les Etats-Unis, afin d’y retrouver son fils (où vit également la mère de l’enfant, dont il est divorcé) :

    « Aucune éducation, aucune condition de vie, et même l'amour et l'éducation d’une mère, ne remplaceront une enfance sans père. Je suis peut-être un traître aux yeux de beaucoup, mais mon fils grandira avec son père. Nous sommes à nouveau réunis. »

    L’an dernier, il avait participé à un clip (c’est le barbu chauve) sobrement intitulé « Fille », incitant les jeunes Ukrainiennes à s’engager dans l’armée, parce que l’armée c’est super-fun…

    La première réaction sur YouTube avait été :

    Je voudrais seulement que cette chanson disparaisse. Vous ne filmez pas du tout l'état des choses dans l'armée et sur la ligne de front. C'est l'enfer là-bas, il y a des corps déchiquetés, du sang et de la sueur. Ces chansons donnent l'impression au public que tout est facile, que l'on danse, que l'on s'amuse - mais non, il y a une guerre là-bas. Chaque semaine, j'apprends la mort de mes amis. Vous avez touché le fond.

    Comme son départ aux Etats-Unis a été pour le moins critiqué, Rouslan Khanoumak a cru bon de répondre qu’il avait de l’asthme depuis deux ans et qu’en raison de sa maladie il bénéficie d’un sursis jusqu’au 3 novembre 2024. Il croit malin d’ajouter qu’il a été « libéré grâce à Porochenko » qui a fait avancer son dossier, et comme il ne peut pas s’empêcher de plaisanter il a ajouté : « Le grand-père de ma mère est à l'origine de cette maladie dans notre famille, et celui à qui nous devons dire 'merci' pour ce départ n'est pas le Président, avec qui nous n'avons travaillé que lors de la campagne électorale, mais mon défunt grand-père Arto. »

  • Ah ah ah !


    Viktor Orban est à Moscou. Et les pions de la dictature de l’UE sont furieux. Car Orban n’est pas seulement le dirigeant d’un pays de l’UE qui a rompu les contacts avec la Russie, il est le dirigeant du pays qui occupe la présidence tournante de l’UE…

    Borrell est très en colère : c’est lui et Charles Michel qui représentent l’UE sur la scène internationale, le fait que la Hongrie préside actuellement l’UE ne lui donne pas ce droit, Orban « n'a reçu aucun mandat du Conseil de l'UE pour se rendre à Moscou », d’ailleurs la position de l'UE sur l'opération militaire de la Russie en Ukraine « exclut les contacts officiels entre l'UE et le président Poutine », etc.

    Et dès la visite d’Orban à Zelensky Charles Michel avait déjà dit, dans l’hypothèse où Orban envisagerait d’aller ensuite à Moscou, que la Hongrie n'avait pas de mandat de l'UE pour organiser des pourparlers avec l'Ukraine et la Russie.

    Puisqu’il n’a pas donné de permission de sortie au petit Viktor, le surveillant général Borrell a cru pouvoir souligner que « la visite du premier ministre Viktor Orban à Moscou s'inscrit exclusivement dans le cadre des relations bilatérales entre la Hongrie et la Russie ».

    Relations qui n’auraient donc aucun rapport avec l’UE…

    Avant de partir à Moscou, Orban a reconnu qu’il n’avait « pas de mandat » : « Toutefois, je n'ai pas besoin d'un mandat : je me rends simplement dans des endroits où se déroule une guerre qui pourrait affecter la Hongrie, et je pose des questions. C'est ce que j'ai fait lors de la réunion avec Zelensky, en lui demandant où se trouve sa ligne rouge. Il est impossible de faire cela depuis Bruxelles. Or des mesures doivent être prises pour parvenir à la paix. La Hongrie peut être un outil dans les mains de ceux qui cherchent la paix… La Hongrie connaît sa place et son poids : ce sont les grands pays qui mèneront les grandes discussions, mais la Hongrie aimerait encourager les parties à entamer des pourparlers… »

    Addendum

    L'échange entre Poutine et Orban, qui étaient accompagnés chacun de son ministre des Affaires étrangères, a duré plus de deux heures et demi.

    Viktor Orban est le premier dirigeant à se rendre à Moscou pour rencontrer Poutine depuis le chancelier autrichien le 11 avril 2022.

  • L’Eglise Titanic

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    Ceci est une statue de la Sainte Vierge en train d’accoucher, intitulée « Crowning » (tête « couronnée », mot indiquant le moment où la tête du bébé à naître se place à l'entrée du vagin). C’est une œuvre de l’artiste Esther Strauss, exposée dans la… cathédrale de Linz. En fait elles s’y sont mis à trois pour faire cette horreur : le concept est d’Esther Strauß (les grands artistes d’aujourd’hui émettent un concept, mais ne font rien de leurs dix doigts), la statue a été réalisée par Theresa Limberger, puis « patinée » (?) par Klara Kohler.

    Esther Strauß explique dans un dépliant que la Vierge est la femme la plus peinte au monde, mais que le moment de la naissance du Christ ne figure dans aucune peinture ou sculpture : « Dans le christianisme, les déesses mères de l’Antiquité ont été transformées en déesses mères asexuées. » Son but est donc de lutter contre ces nativités qui « ont été si longtemps dominées par les fantasmes et les intérêts des hommes ».

    Une « théologienne », Martina Resch, professeur à l’université « catholique » de Linz, précise :

    « La sculpture d'Esther Strauß est une œuvre très poétique qui montre la naissance naturelle de Jésus. Marie est montrée dans son exposition mais aussi dans sa force. D'un point de vue théologique, l'œuvre est une affirmation forte de l'incarnation de Dieu. L'histoire du salut ne commence pas seulement avec Jésus, mais avec l'Annonciation et devient 'tangible' au moment où une nouvelle vie naît. »

    Cette « théologienne » « catholique » ignore donc tout de ce qu’enseigne l’Eglise catholique sur la naissance virginale de Jésus, qui ne pouvait pas être une « naissance naturelle » selon la nature déchue.

    Un fidèle qui jugeait l’œuvre en catholique et qui était excédé par le fait que le diocèse ne réponde pas aux critiques a carrément décapité la statue, car, dit-il, sans la tête avec l’auréole on est sûr que ça ne représente pas la Sainte Vierge.

    Réaction d’Esther Strauß :

    « La plupart des effigies de Marie ont été réalisées par des hommes et ont par conséquent souvent servi des intérêts patriarcaux. La théologienne Martina Resch a bien résumé la situation : Dans 'Crowning', Marie récupère son corps. Celui qui a enlevé la tête de la sculpture a agi de manière très brutale. Cette violence est pour moi l'expression du fait qu'il y a encore des gens qui remettent en question le droit des femmes sur leur propre corps. Nous devons nous opposer à cela de manière très ferme. »

    Johann Hintermaier, vicaire épiscopal pour l'éducation, l'art et la culture « condamne avec la plus grande fermeté cet acte violent de destruction et le refus du dialogue, ainsi que l'atteinte à la liberté de l'art ».

    Mais le refus du dialogue, c’est lui, et la liberté de l’art, ce n’est pas celle de déposer des immondices hérétiques dans une cathédrale.

  • Saint Antoine Marie Zaccaria

    À mes Angéliques et divines Filles dans le Christ (…)
    qui sont aussi filles de saint Paul Apôtre,
    demeurant au Monastère de Saint-Paul Apôtre à Milan.

    Mes très douces et bien chères filles, qui êtes un unique esprit avec moi et mon réconfort, j'éprouve une grande consolation rien qu'à la pensée de pouvoir rencontrer brièvement le groupe si noble et si généreux de mes aimables Filles, ma couronne et ma gloire, au point de susciter la jalousie du divin Paul.

    Mes filles, en effet, n'ont pas moins d'amour pour le Christ que les siennes ni moins de désir de souffrir pour Lui. Elles ne le cèdent pas aux siennes pour le mépris de toute chose et même d'elles-mêmes. Elles n'ont pas moins que les siennes la volonté bien arrêtée d'entraîner le prochain à acquérir le véritable esprit du Christ, méprisé et crucifié. Que dis-je ? Mes filles, non seulement l'une ou l'autre, mais toutes, bannissant toute recherche d'amour-propre et toute consolation intérieure – dont les filles de saint Paul étaient pour la plupart avides – voudraient être des apôtres non seulement pour écarter des âmes l'idolâtrie et les autres gros défauts, mais pour détruire en elles la pire ennemie de Jésus Crucifié, cette peste qui règne aujourd'hui : je parle de « madame » la tiédeur.

    Très chères filles, déployez vos bannières car bientôt le Crucifié va vous envoyer répandre partout la ferveur et l'élan spirituel. Seigneur, je te remercie vivement de m'avoir donné une descendance si généreuse.

    En attendant, mes très chères filles, appliquez-vous à me contenter encore davantage pour qu'à mon arrivée parmi vous je puisse constater que vous avez progressé à l'envi. Je voudrais constater que l'une a acquis une telle fermeté et une ferveur si constante dans la vie spirituelle qu'elle ne soit plus jamais sujette à des variations d'humeur, tantôt pleine d'élan, tantôt n'ayant goût à rien, mais qu'elle soit animée d'une ferveur sainte et stable qui est comme une source d'eau fraîche d'où elle tire une vigueur toujours nouvelle.

    Qu'une autre, ayant reçu le don d'une foi puissante, trouve aisées les choses les plus difficiles, sûre qu'elle ne se laissera pas tenter par la présomption ou la vaine gloire.

    Qu'une troisième apporte toute la perfection possible dans les travaux manuels, même les plus insignifiants, qu'elle y mette avec constance le plus grand soin sans se laisser abattre par la fatigue ou se croire avilie parce qu'il s'agit d'humbles travaux.

    Qu'une autre encore s'oublie complètement elle-même, n'ayant plus en vue que le service du prochain. Qu'elle méprise son propre intérêt, convaincue qu'elle a tout à gagner à ne pas se soucier d'elle-même pourvu qu'elle aide les autres à faire des progrès. Mais qu'elle ne s'écarte pas de la discrétion et de la maturité dans tout ce qu'elle fait.

    Que d'autres enfin s'appliquent, qui à dompter une mélancolie dénuée de fondement, qui à réprimer sa susceptibilité, qui la peur de ne pas faire de progrès, qui à ne pas perdre courage devant la difficulté à se vaincre, qui à triompher de l'entêtement, qui à chasser les distractions, et ainsi de suite, chacune pour ses difficultés personnelles.

    Qu'il me soit donné ainsi de reconnaître que vous avez reçu le Maître de la justice, de la sainteté, de la perfection, je veux dire l'Esprit consolateur qui vous préservera de toute erreur et vous enseignera toute chose. Il ne vous laissera pas céder au découragement car il sera toujours avec vous. Vous n'éprouverez aucun besoin car il pourvoira à tout, vous donnant surtout une continuelle paix du cœur, tout en vous laissant sur la croix humiliante. Il vous fera mener une vie conforme à celle du Christ, à l'exemple des grands Saints. Alors vous pourrez dire, comme osait le dire votre Père : « Imitatores nostri estote, sicut et nos Christi – Soyez nos imitateurs comme nous le sommes du Christ » (1 Co, 4, 15 ; 11, 1).

    Souvenez-vous que l'un et l'autre de nos bienheureux Pères, [l'Apôtre Paul] et fra Battista ont témoigné une telle grandeur d'âme et une telle générosité envers le Crucifié, devant les difficultés et le mépris d'eux-mêmes, un tel désir de conquérir les âmes et de les mener à la perfection que, si nous n'avions pas un désir sans borne de ces choses, nous ne mériterions plus d'être appelés ses Fils et ses Filles mais des bâtardes et des mules.

    Cela, je suis sûr que vous ne le voudrez pas, surtout à cause de votre grand désir d'être à Jésus Christ et de me contenter, moi votre père que vous aimez et qui ne laisse pas passer une heure sans penser à vous avec tendresse, en attendant l'heureux moment de venir vous rejoindre.

    Je vous recommande au Christ Crucifié ainsi qu'à vos dignes supérieurs. Qu'ils ne cessent pas d'avoir bien soin de vous, selon leur habitude, car ils sont désireux de votre perfectionnement.

    Pour ma part, je m'unis à eux dans la prière, comme il convient à un fidèle ministre du Christ. À tout moment, je vous recommande à Lui. Je vous prie de nouveau de leur dire de contenter mon grand désir de vous voir faire des progrès, et que j'en fasse moi aussi.

    Que le Christ réalise cela. Qu'il vous accorde, à toutes, ses bénédictions les plus larges et les plus parfaites pour vous unir à Lui. Amen.

    Ma Mère ainsi que Cornelia et notre cher Battista vous saluent. Un bonjour tout spécial de ma chère Isabella et de Giuditta.

    Encore une fois, que le Seigneur vous bénisse.

    Crémone, le 26 mai 1537.

    Votre Père dans le Christ
    et même votre Esprit dans le Christ
    Antoine-Marie Zaccaria
    Prêtre

  • Fin de règne

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  • Un curieux arrêté

    Publié ce matin au Journal Officiel :

    Article 1

    Il est créé une zone protégée comprenant les locaux occupés par la présidence de la République et constituant la « Maison Elysée », répartis sur trois niveaux et situés au 88, rue du Faubourg-Saint-Honoré (75008). La zone protégée est délimitée par un trait de couleur rouge sur les plans annexés au présent arrêté et non publiés.

    Article 2

    Pour l'accès à la zone protégée, le commandant militaire de la présidence de la République met en place le dispositif ci-après :

    1° Un filtrage approprié et un contrôle permanent aux accès extérieurs de l'emprise décrite à l'article 1er ;

    2° Une signalétique placée à l'extérieur de la zone portant la mention : « Zone protégée, interdiction d'y pénétrer sans autorisation sous peine de poursuites.

    Hier, Macron a reçu Gérard Larcher, lequel a précisé que c’était uniquement dans le cadre institutionnel en tant que président du Sénat et non dans le cadre de la préparation du futur gouvernement. Le président du Sénat assure l’intérim de la présidence de la République quand le président est mort ou empêché…

  • Un petit tour en Biélorussie

    La divine liturgie retransmise aujourd’hui par TV Soyouz était celle qui a été célébrée à Maryina Gorka, en Biélorussie, ce jour étant celui de la fête de l’icône de la Mère de Dieu de Maryina Gorka. C’est l’une de ces nombreuses histoires d’icône qui illustrent toutes les régions du monde russe.

    On raconte qu’au début du XIXe un paysan nommé Isidore était très gravement malade. Il vit en songe une belle dame qui venait le guérir. Une fois rétabli, il peignit une icône de la Dame, et il construisit une modeste chapelle pour y mettre son icône. En 1812 la chapelle fut incendiée par les soldats de Napoléon, mais l’icône resta intacte. A l’époque soviétique elle trouva refuge dans l’église de Blon (le village voisin). Peu à peu on oublia son histoire. Au début des années 60, un étudiant du collège agricole et technique de Maryina Gorka, Igor, se rendait secrètement à l’église de Blon et priait devant l’icône. En 2004, alors qu’il était devenu évêque de Pinsk sous le nom d’Etienne, l’ancien étudiant avait été invité à l’anniversaire du collège. Il retourna à l’église de Blon et retrouva l’icône, dont il avait aussi retrouvé l’histoire. Et il fit construire une église, où elle fut transférée en 2010. Et l’église est devenue cocathédrale. C’est l’évêque Ambroise de Borissov et Maryina Gorka qui présidait la liturgie de ce jour, en compagnie d’autres évêques et de nombreux prêtres et diacres. (Avec un mégalynaire - l'hymne à la Vierge après la consécration - particulièrement festif, à 1h38.)

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  • De la férie

    Dans le martyrologe de ce jour on lit notamment :

    A Madaure, en Afrique, saint Namphamon martyr, et ses compagnons, qu'il encouragea au combat et conduisit au triomphe.

    Madaure est aujourd’hui Mdaourouche, et il n’y a plus que quelques ruines. A l’époque de saint Augustin c’était une ville, où vivait notamment un philosophe païen du nom de Maxime. Dans une lettre à saint Augustin (XVI), il expliquait :

    Quand la Grèce nous conte que le mont Olympe est la demeure des dieux, on n'est pas obligé de l'en croire. Mais nous voyons et nous croyons que la place publique de notre ville est habitée par des divinités bienfaisantes. Qui serait assez insensé, assez dépourvu d'esprit pour nier l'existence d'un Dieu unique, d'un Dieu sans commencement et sans lignée, père puissant et magnifique de tous ? Nous adorons sous des noms différents ses perfections répandues dans le monde qui est son ouvrage, car son nom véritable nous est inconnu, à tous tant que nous sommes ; car Dieu est un nom commun à toutes les religions; et tandis que la diversité de nos prières s'adresse en quelque sorte à chacun de ses membres en particulier, il semble que notre adoration le comprend tout entier.

    Mais je ne vous cacherai pas qu’il est de grandes erreurs que je ne saurais supporter. Comment tolérer qu'on préfère un Mygdon à Jupiter qui lance le tonnerre, une Sanaë à Junon, à Minerve, à Vénus, à Vesta, et l'Archimartyr Namphamon (ô crime !) à tous les dieux immortels ? Parmi ces nouveaux et étranges personnages, Lucitas n'est pas en petit bonheur. Que d'autres dont on ne pourrait pas dire le nombre, et qui, portant des noms en horreur aux dieux et aux hommes, chargés de crimes et voulant en ajouter encore sur leurs têtes, ont trouvé une mort digne de leur vie avec les apparences d'une mort glorieuse ! Des fous, si tant est qu'on daigne le rappeler, visitent leurs tombeaux, en délaissant les temples, en négligeant les mânes de leurs ancêtres : ainsi s'accomplit le vers prophétique du poète indigné : « Rome, invoquant Dieu dans ses temples, a juré par des ombres. » Et quant à moi, il me semble retrouver cette bataille d'Actium où les monstres d'Égypte osaient lancer contre les dieux des Romains des traits peu redoutables. (…)

    Saint Augustin lui répondit (lettre XVII) :

    Faisons-nous quelque chose de sérieux ou bien voulons-nous nous amuser ? Votre lettre, soit par la faiblesse même de la cause qu'elle soutient, soit par les habitudes d'un esprit enclin au badinage, me fait douter si vous avez voulu rire ou chercher sincèrement la vérité. Vous avez commencé par comparer le mont Olympe à votre place publique, je ne sais pourquoi, à moins que ce ne soit pour me rappeler que Jupiter établit jadis son camp sur cette montagne, quand il était en guerre avec son père, comme l'enseigne cette histoire que les vôtres même appellent une histoire sacrée ; et pour me rappeler aussi qu'il y a sur votre place publique deux statues, l'une de Mars, tout nu, l'autre de Mars armé, dont le génie, ennemi des citoyens, est conjuré par une statue d'homme qui avance trois doigts vers les deux funestes images. Croirai-je jamais que vous m'ayez fait ressouvenir de cette place et de pareilles divinités autrement que pour vous moquer ? Quant à ce que vous dites de ces divinités qui seraient comme les membres d'un seul grand dieu, je vous avertis, puisque vous le permettez, qu'il faut se garder de ces plaisanteries sacrilèges. Ce Dieu unique sur lequel les savants et les ignorants s'accordent, comme l'ont dit les anciens, aura-t-il pour membres des divinités dont l'image d'un homme mort arrête la férocité, ou, si vous aimez mieux, la puissance ? Je pourrais dire ici bien des choses ; vous voyez vous-même combien cet endroit de votre lettre prête au blâme ; mais je me retiens, de peur d'avoir l'air de donner plus à la rhétorique qu'à la vérité.

    Et ces gracieuses railleries adressées à notre religion, à l'occasion de certains noms puniques portés par des hommes qui maintenant sont morts, dois-je les relever ou les passer sous silence ? Si ces choses paraissent à votre gravité aussi légères qu'elles le sont, je n'ai pas assez de loisir pour en rire avec vous. Si, au contraire, elles vous semblent sérieuses, je m'étonne que, occupé comme vous l'êtes de la bizarrerie des noms, vous n'ayez pas songé que vous avez des Eucaddires parmi vos prêtres, et des Abbadires parmi vos divinités. Vous y songiez certainement quand vous m'avez écrit, et vous avez voulu me le remettre en mémoire avec l'aimable enjouement de votre esprit, afin de donner quelque relâche à la pensée en l'égayant aux dépens de tout ce qu'il y a de risible dans votre superstition. Vous avez pu vous oublier vous-même jusqu'à attaquer les noms puniques, vous, homme d'Afrique écrivant à des Africains, et lorsque l'un et l'autre nous sommes en Afrique. Si on recherche le sens de ces noms, on trouvera que Namphamon signifie un homme qui vient d'un bon pied, c'est-à-dire dont la venue apporte quelque chose d'heureux : c'est ainsi que nous avons coutume de dire en latin qu'un homme est entré d'un pied favorable lorsque son entrée a été suivie de quelque bonheur. Si vous condamnez le punique, il faut nier ce qui est dit par de très-savants hommes, que les livres puniques renferment beaucoup de bonnes choses dont on se souvient ; il faut regretter d'être né ici au berceau de cette langue. S'il n'est pas raisonnable que le son du mot nous déplaise et si vous reconnaissez que j'en ai bien marqué le sens, fâchez-vous contre votre Virgile qui invite en ces termes votre Hercule au sacrifice offert par Evandre : « Sois-nous propice, viens avec nous et vers tes autels d'un pied favorable. »

    Il souhaite qu'Hercule vienne d'un pied favorable, comme Namphamon, au sujet duquel vous croyez devoir nous insulter. Pourtant, si vous aimez à rire, vous avez chez vous ample matière de facétie: le dieu Sterculius, la déesse Cloacine, la Vénus chauve, la déesse de la peur, la déesse de la pâleur, la déesse de la fièvre et une foule d'autres de cette sorte que les anciens Romains ont honorés par des temples et des sacrifices ; si vous ne les tenez pas tous en estime, vous manquez aux dieux de Rome ; vous passerez pour n'être pas initié aux mystères des Romains, et cependant vous méprisez et vous dédaignez les noms puniques, comme si vous étiez dévoué aux autels des divinités romaines. (…)

  • Ubukraine

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