Cette fête s’est répandue au XIXe siècle, semble-t-il. Elle était le plus souvent célébrée le vendredi après le 4e dimanche de carême, et on la trouve même dans un propre de Rome de 1843. En 1849, Pie IX en faisait une fête de première classe célébrée le premier dimanche de juillet (en mémoire de son retour à Rome – je ne vois toujours pas le rapport), et saint Pie X la fixa au 1er juillet.
Voici l’hymne des matines, d’un auteur anonyme et d’une date inconnue. Mais on trouve déjà l’office dans un bréviaire de 1735, et les hymnes seraient du XVIIe siècle, si l’on en croit la New Catholic Encyclopedia. (Traduction de l’Année liturgique.)
Ira justa Conditóris,
Imbre aquárum víndice,
Criminósum mersit orbem
Noë in arca sóspite :
Mira tandem vis amóris
Lavit orbem sánguine.
La juste colère du Créateur
dans les eaux vengeresses du déluge
submergea le monde coupable
Noé seul était sauvé dans l’arche :
puis l’admirable puissance de l’amour
a lavé l’univers dans le sang.
Tam salúbri terra felix
Irrigáta plúvia,
Ante spinas quæ scatébat,
Germinávit flósculos ;
Inque néctaris sapórem
Transiére absynthia.
Par cette pluie si salutaire,
l’heureuse terre arrosée,
jadis couverte d’épines,
fait germer des fleurs ;
et l’absinthe a pris
la saveur du nectar.
Triste prótinus venénum
Dirus anguis pósuit,
Et cruénta belluárum
Désiit ferócia :
Mitis Agni vulneráti
Hæc fuit victória.
Soudain le serpent redoutable
a perdu son funeste venin,
et des bêtes féroces
est tombée la fureur :
telle fut la victoire
du doux Agneau blessé.
O sciéntiæ supérnæ
Altitúdo impérvia !
O suávitas benígni
Prædicánda péctoris !
Servus erat morte dignus,
Rex luit pœnam óptimus.
O profondeur insondable
de la science divine !
O suavité jamais assez louée
d’un cœur plein d’amour !
L’esclave était digne de mort,
le Roi infiniment bon subit sa peine.
Quando culpis provocámus
Ultiónem Júdicis,
Tunc loquéntis protegámur
Sánguinis præséntia ;
Ingruéntium malórum
Tunc recédant ágmina.
Lorsque nous provoquons
par nos fautes la vengeance du Juge,
alors un sang est là
dont la voix nous protège,
l’armée des maux qui se ruait
sur nos têtes alors se dissipera.
Te redémptus laudet orbis
Grata servans múnera,
O salútis sempitérnæ
Dux et Auctor ínclyte,
Qui tenes beáta regna
Cum Parénte et Spíritu.
Amen.
Que l’univers racheté vous loue,
conservant les précieux bienfaits,
ô Chef, ô illustre auteur
du salut éternel,
qui possédez les royaumes bienheureux,
avec le Père et l’Esprit.
Amen.