[Les lectures et les oraisons sont celles du 4e dimanche après l’Epiphanie, qui a été omis cette année. Les chants sont ceux du 23e dimanche après la Pentecôte (qui a laissé la place au Christ Roi).]
A la vérité, les deux dimanches, aussi bien le dimanche après l’Épiphanie que le dimanche après la Pentecôte, se rejoignent dans la pensée de Pâques, car chaque dimanche est une fête pascale. La scène de la tempête sur la mer est l’image du combat et de la victoire pascale du Christ. Chaque dimanche, nous célébrons la mort et la résurrection du Christ à Jérusalem, mais aussi la mort et la résurrection du Christ en nous-mêmes. Et, si, pendant toute la semaine, nous avons été agités par la tempête et par les vagues, à la messe du dimanche, le Seigneur monte dans la barque, il commande à la tempête et réalise la paix de la résurrection. Chaque dimanche nous procure une part de cette paix pascale de l’âme. Ainsi chaque dimanche est un anneau de la grande chaîne qui va du baptême au dernier combat et à la victoire.
Les chants psalmodiques sont ceux du XXIIIe dimanche. Il importe de prêter grande attention à ces chants, car ils sont caractéristiques et nous indiquent l’esprit des dernières semaines de l’année liturgique. Aujourd’hui, en pénétrant dans le sanctuaire, nous sommes surpris de voir le Seigneur sur son trône avec le message de l’amitié : l’exil touche à sa fin ; il ne veut pas être un juge, mais un sauveur, un porteur de « paix ». Qu’ils sont charmants les accents du psaume 84 ! Le clergé, faisant son entrée en ornements de fête, est le symbole du retour des enfants de Dieu dans la patrie. Quel contraste entre l’Évangile de la tempête sur la mer et l’oraison s’accordant à cette pensée : ainsi en est-il de la vie de l’homme ; ainsi de l’Église sur terre, « menacée de toute part de si grands dangers ». Qu’il est saisissant le De profundis qui s’élève, à l’Alléluia et à l’Offertoire, de la barque engloutie par la tempête et les flots : « Du fond de l’abîme je crie vers toi ! » L’Église réussit vraiment aujourd’hui à mettre dans nos âmes le désir du ciel et à nous faire considérer la vie terrestre comme un exil, bien plus, comme l’abîme d’une mer démontée. Entre ces deux sentiments pénibles : la nostalgie de la patrie et la douleur de l’exil, se placent encore deux calmes leçons pour le temps présent : l’amour du prochain (Ép.) et la prière confiante (Comm.).