Potum meum cum fletu temperábam : quia élevans allisísti me : et ego sicut fænum árui : tu autem, Dómine, in ætérnum pérmanes : tu exsúrgens miseréberis Sion, quia venit tempus miseréndi ejus.
Je mélangeais ma boisson avec mes larmes, car tu m’as soulevé et brisé. Et moi comme du foin je me suis desséché. Mais toi, Seigneur, tu demeures à jamais. Toi, dresse-toi, prends en pitié Sion, car le temps est venu de lui faire grâce.
L’antienne de communion de la messe de ce jour est longue par rapport à beaucoup d’autres. La composition du texte est étonnante. Il s’agit du psaume 101, qu’on a déjà vu à l’introït, au trait et à l’offertoire, mais dans un curieux découpage : on a là la deuxième moitié des versets 10, 11 et 12, la première moitié du verset 13, et tout le verset 14. La pièce étant très ancienne, le texte est celui du psautier romain, avec « temperabam » au lieu de « miscebam ». Saint Jérôme a eu raison de changer le verbe. Tempero veut dire d’abord mélanger, ou plutôt combiner, et il a beaucoup d’autres sens, alors que misceo est plus immédiatement clair. C’est aussi le mot que choisira saint Jérôme quand il retraduira les psaumes depuis l’hébreu.
La mélodie commence un peu comme celle d’un trait. Elle n’a guère de relief, en dehors du geste de secouer en l’air (elevans allisisti). Mais exactement au milieu (d’où le découpage du texte) il y a l’exclamation, l’appel, « Mais toi Seigneur », qui va se poursuivre en vagues (aeternum, exsurgens, tempus) jusqu’à la fin qui reprend le thème du début.
Voici cette antienne dans une interprétation quelque peu atone et aplatie, comme c’est hélas la mode, par le Chœur grégorien de Paris (mais assurément il y a pire).