Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson était hier à Bruxelles. Avec ses gros sabots de chef balourd de la Commission européenne, José Manuel Barroso lui a dit que la décision d’ouvrir avec l’Islande des négociations d’adhésion à l’UE était toujours « valable », mais que « le temps presse » et qu’il est « de l’intérêt de tous que la décision soit prise sans nouveaux délais ».
Or chacun sait depuis les dernières élections, qui ont mis au pouvoir en Islande deux partis eurosceptiques, que les négociations sont « suspendues », comme l’avait dit à Barroso le nouveau président islandais en visite à Bruxelles ; c’est-à-dire abandonnées. Mais pour ne pas insulter l’avenir, et parce que c’est cela la démocratie, avait souligné le président, il avait dit « suspendues ». La démocratie, c’est que le Parlement islandais, a expliqué Gunnlaugsson à Barroso, va débattre d’un rapport, cet automne, sur les discussions qui ont eu lieu jusqu’à présent avec l’UE, et sur le développement de l’UE elle-même. « Après ce débat nous verrons comment les choses se présentent. » (Etant entendu que de toute façon les négociations ne pourraient reprendre qu’après le référendum promis, alors que qu’il n’y a pas plus de 25% des citoyens islandais en faveur d’une adhésion à l’UE.)
Bref, nous agissons comme nous l’entendons, et ce n’est pas Bruxelles qui va nous dicter notre comportement…
Le propos de Barroso était d’autant plus déplacé que la veille, la Commission, via le commissaire à la pêche Maria Damanaki, avait menacé l’Islande de sanctions pour avoir augmenté ses quotas de maquereau. Et Barroso lui-même de le signifier à Gunnlaugsson lors de leur conférence de presse commune : « Nous ne pouvons admettre d’action unilatérale de la part de nos partenaires. »
Ce à quoi Gunnlaugsson a répondu du tac au tac que l’UE ferait mieux de s’occuper de reconstituer ses stocks qui s’épuisent, et que l’Islande pourrait l’y aider… Et d’ajouter que ce serait bien aussi si les Etats membres de l’UE basaient leurs décisions sur des arguments scientifiques…
Addendum
Réaction du ministre islandais de la pêche, Sigurdur Ingi Johannsson : « Tenter d'intimider l'Islande en proposant des sanctions illégales ne règlera pas cette question importante et sensible. »