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religion - Page 2

  • Prière pour le pape

    Voici la prière que je récite tous les jours pour le pape. Elle est plus que jamais d'actualité.

    Oremus pro Pontifice nostro Benedicto.

    Dominus conservet eum, et vivificet eum, et beatum faciat eum in terra, et non tradat eum in animam inimicorum ejus.

    Pater noster. Ave Maria. 

  • Le Saint-Siège et l’islam

    « Nous avons subi une lourde manipulation du texte qui a été transformé en quelque chose d’autre par rapport aux intentions du Saint Père », a déclaré le cardinal Bertone, le nouveau Secrétaire d’Etat du Saint-Siège. C’est le moins que l’on puisse dire, en effet. Le pape a subi le même traitement que celui dont Jean-Marie Le Pen est habituellement victime sur le plan politique dans notre pays. Dans un discours, les journalistes vont chercher une petite phrase, ils la sortent de son contexte, et en font un sujet de polémique contre l’homme à abattre.

    La conférence de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne était dans le droit fil de sa longue réflexion, entamée il y a bien longtemps, sur les rapports entre la foi et la raison. Les deux derniers jalons importants de cette réflexion ont été son discours à Caen, lors des cérémonies du 60e anniversaire du débarquement, le 5 juin 2004, alors qu’il était encore préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, et son discours à l’université catholique du Sacré-Cœur, le 25 novembre 2005.

    Cette réflexion conduit Benoît XVI à formuler une critique radicale, non d’abord de l’islam, mais du rationalisme occidental contemporain, qu’il appelle une « pathologie de la raison », qui produit une « pathologie de la religion ». A Ratisbonne, il a fait un long développement sur la rencontre entre le message biblique et la pensée grecque, autour du Logos, qui est à la fois la raison, et Dieu (comme le proclame le premier verset de l’évangile de saint Jean). Déconnecter la raison de la religion, et la science de la théologie, conduit à mutiler l’homme. Et c’est seulement si nous unissons de nouveau la foi et la raison que nous pouvons devenir aptes à un véritable dialogue des cultures et des religions, car « les cultures profondément religieuses du monde » voient dans cette exclusion du divin « une attaque à leurs convictions les plus intimes ».

    On voit que cette conclusion de Benoît XVI dit exactement le contraire de ce qu’on lui reproche.

    Il est nécessaire de rétablir ainsi (de façon terriblement schématique), ce qu’a dit le pape, avant d’examiner ce qu’il a dit en rapport avec l’islam. Il avait choisi, comme « point de départ » de sa réflexion, une controverse entre l’empereur de Constantinople et un Persan musulman. Il cite un propos de l’empereur : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait. » Telle est la phrase qui a mis le feu aux poudres. Non seulement elle n’est pas de Benoît XVI, mais le pape soulignait lourdement que l’empereur s’exprimait « avec une rudesse surprenante qui nous étonne ». Ce qui l’intéressait n’est pas cette phrase, mais la façon dont l’empereur explique que la violence dans la diffusion de la foi est déraisonnable : « Dieu n’apprécie pas le sang, ne pas agir selon la raison – sun logo – est contraire à la nature de Dieu. »

    On remarque que les réactions des musulmans dans le monde entier, qui ont « vivement attristé » le pape, se concentrent sur la question de la violence de l’islam. Les voilà qui protestent que l’islam est une religion d’amour, de paix et de tolérance, et ils le font avec la plus extrême virulence, déclenchant une multitude de violences antichrétiennes. On ne se refait pas. La violence est bien évidemment consubstantielle à l’islam. Si l’on voulait l’expurger, il faudrait supprimer du Coran les innombrables versets d’appels à la violence qui s’y trouvent, dont les versets qui insultent les chrétiens et appellent à les tuer.

    Le tohu-bohu sur le point de la violence islamique a quasiment occulté l’autre point abordé par le pape, et qui est véritablement le nœud de la question. Le problème, dit Benoît XVI, est que si l’empereur de Constantinople, grec et chrétien, fait tout naturellement le lien entre foi et raison (par le Logos), « pour la doctrine musulmane Dieu est absolument transcendant, sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison ». Et de citer Ibn Hazm qui allait jusqu’à expliquer que Dieu n’est même pas lié par sa propre parole, et que s’il le souhaitait, l’homme devrait même se livrer à l’idolâtrie.

    En effet, selon toute la tradition musulmane, Dieu est « impénétrable », il décide ce qu’il veut, l’homme doit se contenter d’obéir. C’est ce qui explique que ce qui pour nous est incompréhensible dans le Coran est accepté sans problème par les musulmans, à savoir que Dieu commande des choses parfaitement contradictoires, son nouveau commandement abrogeant simplement le précédent.

    Vendredi, alors que la polémique était à son comble, Benoît XVI nommait le nouveau secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats : le Français Dominique Mamberti. Ce Corse né à Marrakech était nonce apostolique au Soudan depuis 2002. Auparavant, il a notamment travaillé au sein des représentations pontificales en Algérie et au Liban. On constate donc que le pape choisit un « ministre des Affaires étrangères » qui connaît l’islam de près. Interrogé par téléphone à Khartoum, Mgr Mamberti a bien évidemment refusé de se prononcer sur l’objet de la polémique, mais il a souligné, après avoir déclaré que le dialogue entre les différentes civilisations, cultures et religions sera une des grandes questions qu’il aura à traiter, que ce dialogue devait être « mené dans la vérité et sur des fondements intellectuels valides ». Ajoutant, au cas où l’on n’aurait pas compris : « Les réflexions du Saint-Père doivent être insérées dans ce contexte. »

    Pour être complet, rappelons que Benoît XVI a dissous le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (et avec lui sa commission pour les relations avec l’islam) dans le conseil pontifical pour la culture. On remarquera que l’expression devenue habituelle est « dialogue entre les cultures et les religions », les deux mots culture et religion étant désormais inséparables. A Ratisbonne, il a évoqué « les cultures profondément religieuses du monde » qui sont choquées par le rationalisme occidental.

    Il y a en effet quelque chose de nouveau dans l’approche de l’islam par le Saint Siège. Ce n’est pas la citation de l’empereur  du XIVe siècle. Certains chefs musulmans en sont certainement conscients. La violence des réactions à la petite phrase doit aussi être appréciée à l’aune de ce contexte.

     

  • Saint Joseph de Cupertino

    medium_image004.gifLa vie de saint Joseph de Copertino (1603-1663) est un gag divin, qui ne le fit pas vraiment rire. Tout petit déjà, on l’appelait « bouche-bée », parce que tout lui était l’occasion de tomber en extase. De ce fait il était incapable de faire quoi que ce soit, puisque lorsqu’il tombait en extase tout lui tombait des mains, et en outre il était quasiment analphabète et avait un air parfaitement ahuri.

    Après plusieurs tentatives infructueuses, sa famille réussit à le faire admettre dans un couvent de capucins, comme simple oblat, avec pour tâche de s’occuper de la mule. Mais il voulait devenir frère franciscain, et prêtre. Et il y réussit. Il passa par miracle l’examen du sacerdoce. L’évêque commença par interroger les premiers candidats, qui étaient si forts en théologie qu’il décida d’admettre tout le groupe, dont Joseph. Du coup, saint Joseph de Copertino est le patron des étudiants qui passent des examens…

    A partir de ce moment-là, il se mit à léviter, et de façon très impressionnante. Avec décollage vertical et atterrissage, accompagné d’un cri rauque, au pied de l’image ou de la statue qui avait provoqué son extase. Un jour il se prit dans les branches d’un olivier et il fallut une échelle pour le faire redescendre. On voulut le présenter au pape, et il lévita aussitôt, ce qui fit peur au souverain pontife. Ses lévitations finirent par le faire soupçonner de diablerie ou d’imposture par l’Inquisition, qui le convoqua. Dès qu’il entra dans la salle d’audience, il se colla au plafond. On l’envoya vivre en reclus dans un couvent. On le dit saint patron des aviateurs. Je ne sais pas si cela est officiel dans l’Eglise, ou provient seulement de la blague de Blaise Cendrars (dans Le lotissement du ciel).

    Joseph de Copertino n’est pas saint parce qu’il lévitait mais parce qu’il fut d’une patience et d’une obéissance héroïques, d’une charité sans bornes et d’une piété exceptionnelle. Lors de son procès en béatification, un témoin dira qu’il en avait davantage appris dans ses quelques conversations avec Joseph que dans tous les livres de théologie.

    Néanmoins l’Eglise n’a pas laissé passer l’occasion de se servir de ce don intempestif pour en donner, cum grano salis, la signification spirituelle, dans la collecte de sa messe : « Dieu, qui avez voulu que votre Fils unique, élevé de terre, attirât tout à lui, faites, dans votre bonté, qu’à l’exemple et par les mérites de votre séraphique confesseur Joseph, nous élevant au-dessus de tous les désirs terrestres, nous méritions de parvenir jusqu’à celui qui, étant Dieu, vit et règne dans les siècles des siècles. Amen. »

  • Piétisme et contemplation

    Les textes des cantates composées par Bach pour le dimanche qui correspond au XVe dimanche après la Pentecôte (les N° 8, 27, 95 et 161, pour le 16e dimanche après la Trinité) sont assez caractéristiques de la différence fondamentale qu’il y a entre le piétisme luthérien et la spiritualité catholique.

    L’évangile de ce jour est celui de la résurrection du fils de la veuve de Naïm (Luc 7, 11-16). Les textes des cantates sont centrés sur la mort de celui qui chante, donc sur la mort de celui qui écoute et participe par son audition à ce chant. Sur ma mort. Sur ce qu’implique la mort pour mon corps et pour mon âme.

    Le commentaire que propose l’Eglise catholique, tiré de saint Augustin, est exactement en sens inverse. Il ne s’agit pas de contempler mon nombril promis au tombeau, mais le Christ et son action dans son Eglise.

    Tout miracle du Christ est un signe, une parabole en acte. Par la résurrection corporelle du fils de la veuve de Naïm, le Christ veut attirer notre attention sur la résurrection des âmes, qui est sa mission terrestre, et qui sera la mission de l’Eglise jusqu’à ce qu’il revienne et ressuscite tous les corps dans l’éternité. Les évangiles rapportent trois résurrections corporelles effectuées par le Christ. Mais dans le même temps il a ressuscité des milliers d’âmes. Nous ne devons pas être devant l’Evangile comme devant un grimoire dont nous admirons la calligraphie sans comprendre le texte, dit saint Augustin. On peut admirer le fait si étonnant de la résurrection d’un corps, mais l’important est de discerner ce que le fait signifie. C’est toujours l’annonce du Royaume, dont l’Eglise est sur terre la messagère et la porte d’entrée. La résurrection du fils de la veuve de Naïm et admirable, mais la résurrection d’innombrables âmes dans l’Eglise, par le baptême et la pénitence, est infiniment plus admirable.

    Ce n’est donc pas moi qui importe, mais le Christ qui me ressuscite dans son Eglise. Ce n’est pas ma mort que je dois regarder, mais le Christ, car il est la voie, la vérité et la vie. Dès ici-bas, le chrétien a pour vocation de dire comme saint Paul : ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.

  • Sainte Euphémie

    medium_24_euphemie.jpgSainte Euphémie n’est plus qu’un nom enfoui dans le martyrologe romain. Avant la réforme liturgique, elle était commémorée dans le calendrier monastique bénédictin. En Orient, elle a pourtant reçu le titre rare de « mégalomartyre » (grande martyre), et elle a deux fêtes dans l’année : le jour de son martyre, le 16 septembre, et le 11 juillet. Dans La légende dorée, Jacques de Voragine raconte par le menu comment elle fut martyrisée sous Dioclétien. Mais son destin posthume mérite de ne pas être oublié, particulièrement en France.
    Sainte Euphémie était de Chalcédoine, et sur son tombeau on édifia une grande basilique. C’est cette basilique qui fut choisie pour accueillir le IVe concile œcuménique. Ainsi, comme le dit Dom Guéranger dans L’Année liturgique, « c'est sur sa tombe que fut promulguée la condamnation de l'impie Eutychès, et vengée l'intégralité de la double nature de l'Epoux, homme et Dieu ».
    Selon l’historien Nicéphore, les pères du concile, après des jours de discussions sans fin, décidèrent de demander à Dieu de trancher sur la question de la personne du Christ. Chacun des deux camps déposa dans la tombe d’Euphémie l’exposé de sa doctrine, et les pères se mirent en prière. Quand ils ouvrirent le tombeau, la thèse orthodoxe se trouvait sur la poitrine de la sainte (ou dans sa main droite selon les sources), et la thèse hérétique à ses pieds. C’était le 11 juillet 451, et la deuxième fête de sainte Euphémie commémore donc ce miracle.
    « La grande martyre sembla conserver d'un si auguste souvenir une prédilection pour les hautes études concernant la doctrine sacrée », dit Dom Guéranger. La mégalomartyre était devenue, post mortem, une grande théologienne. Et la faculté de théologie de l’Université de Paris l’honorait comme sa patronne principale. En 1617, le grand maître de l’Ordre de Malte, Aloph de Vignacourt, apporta à la Sorbonne des reliques de la sainte, dont le corps avait été transféré à Rhodes, puis à Malte dans l'église Saint-Jean.
    Que sont devenues les reliques de sainte Euphémie ? La Révolution est passée par là, effaçant le souvenir des anciens martyrs et en faisant de nouveaux.

  • Le pape au cœur de la question

    Des voix nombreuses (dont certaines menaçantes) se sont élevées dans tout le monde musulman, pour dénoncer (de façon le plus souvent virulente) les propos du pape sur l’islam. Ces réactions mériteraient d’être reprises et commentées une à une, tant elles sont importantes, et montrent par contraste l’importance du propos de Benoît XVI. Mais il y faudrait un long article, que je me propose de rédiger pour Reconquête.

    C’est la première fois qu’un pape, dans l’histoire moderne, s’exprime sur l’islam. Même s’il s’agissait plutôt d’une conférence du professeur Ratzinger devant ses collègues de Ratisbonne, sur le thème foi et raison, et non d’un acte du magistère pontifical, le professeur Ratzinger est le pape, il a prononcé ces propos dans le cadre de sa visite pontificale en Allemagne, et il sait pertinemment que tout ce qu’il dit engage sa fonction.

    C’est donc en effet Benoît XVI qui, en substance, a dit ceci : l’utilisation de la violence pour convertir les gens à sa foi, que le Coran prône sous le nom de jihad, est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l’âme, parce que contraire à la raison. Mais pour l’islam Dieu est absolument transcendant, sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, pas même celle de la raison. Ibn Hazm allait jusqu’à expliquer que Dieu n’est même pas lié par sa propre parole, et que s’il le souhaitait, l’homme devrait même se livrer à l’idolâtrie.

    Tel est en effet le nœud de la question islamique, tel qu’on peut le voir de façon évidente dans le Coran et dans toute la tradition musulmane. Dieu est impénétrable, il décide ce qu’il veut, l’homme n’a qu’à obéir. (C’est ce qui explique que ce qui pour nous est incompréhensible dans le Coran est accepté sans problème par les musulmans, à savoir que Dieu commande des choses parfaitement contradictoires, son nouveau commandement abolissant simplement le précédent.) La foi musulmane est ainsi totalement déconnectée de la raison (alors que pour nous Dieu est Logos), et il est légitime d’utiliser la violence contre les infidèles puisque Dieu le dit.

    Les réactions à ces propos sont de deux ordres.

    Il y a ceux qui prétendent, jusqu’au ridicule, que ce que dit le pape du jihad est faux, que l’islam est une religion de paix et de tolérance et n’a jamais usé de violence, contrairement au christianisme avec ses croisades, son inquisition, etc. Le secrétaire général du conseil central des musulmans d’Allemagne va jusqu’à dire que l’expression guerre sainte a été utilisée pour la première fois par le pape Urbain II, alors que guerre sainte se traduit par jihad et que ce mot est un terme fondamental du Coran. On est ici dans le fantasme religieux et historique le plus… déraisonnable.

    Et il y a ceux qui poursuivent leur attaque sur la question de fond. Ainsi Dalil Boubakeur, le président du CFCM. Après avoir lui aussi affirmé que « l’islam est d’abord tolérance et fraternité », il conteste la référence à Ibn Hazm en déclarant que ce théologien n’a pas fait école, et qu’il vaudrait mieux se référer à Averroès, qui a inspiré saint Thomas d’Aquin, au mutazilisme, ou à la Nahda qui a « marqué une demande de retour à l’avènement de la raison ».

    Répondre ici à Dalil Boubakeur permet en même temps de répondre à tous ceux qui hurlent que le pape ne connaît rien de l’islam.

    La vérité historique est tout simplement le contraire de ce qu’avance Boubakeur.

    Ibn Hazm, gloire de l’Andalousie musulmane de l’an mil, considéré par certains comme le créateur de l’histoire religieuse comparée, est la principale référence du courant théologique zahirite : il est toujours une référence chez les juristes musulmans.

    En revanche, non seulement Averroès, lui aussi andalou, n’eut aucune postérité doctrinale, mais il fut persécuté et exilé au Maroc où il mourut.

    Quant au mutazilisme (qui affirmait notamment que le Coran était créé), il eut son heure de gloire au IXe siècle, avant d’être supplanté par le sunnisme. Tous les livres de ce courant de pensée furent brûlés, au point qu’on ne put le connaître qu’à travers les livres qui le réfutaient.

    Enfin, la Nahda ne fut pas un mouvement musulman, mais un mouvement culturel et politique de renaissance (ou réveil) arabe (contre l’oppression turque), lancé par des catholiques maronites au XIXe siècle. Des théologiens musulmans, notamment en Egypte, en firent aussi un mouvement de renaissance, ou plutôt de réforme, de l’islam, plus ou moins inspiré par les Lumières. Sur le plan religieux, la Nahda a bientôt disparu, réduite à néant par les chefs musulmans, notamment d’Al-Azhar.

    Ainsi le pape a-t-il parfaitement raison de se référer à Ibn Hazm et non à des personnages ou des courants qui ne représentent rien dans l’islam actuel.

    La violence des réactions, qui va sans doute s’accentuer et se déplacer sur le plan politique (le Parlement pakistanais a déjà voté une motion, et le chef des Frères musulmans demande aux gouvernements des pays musulmans de rompre leurs relations diplomatiques avec le Vatican), montre à l’évidence que le pape a visé juste, et que son propos est irréfutable. Puisse-t-il ouvrir les yeux de certains musulmans, et aussi des très nombreux catholiques auxquels a été donnée une vision fausse, absurdement christianisée, de l’islam.

  • Notre Dame des sept douleurs

    Ferrum lanceae militaris, latus quidem Salvatoris, animam vero transivit Viriginis.

    (Si le fer de la lance du soldat transperça, certes, le côté du Sauveur, c’est l’âme de la Vierge qu’il transperça vraiment.)

    La fête (?) de ce jour est moderne, et typique d’une certaine religiosité.  Apparue en 1668 dans la liturgie des Servites de Marie (au troisième dimanche de septembre), elle est ensuite insérée au calendrier universel, et fixée au 15 septembre, donc au lendemain de l’Exaltation de la Sainte Croix, par saint Pie X.

    Le contraste entre les deux fêtes est saisissant, et rude.

    La première est, comme son nom l’indique, et comme il l’indique encore davantage dans le nouveau calendrier, une glorification de la Croix, une célébration de la Croix de gloire. L’instrument du supplice le plus misérable est devenu la porte de la résurrection éternelle. La liturgie insiste sur le parallèle entre l’arbre du paradis terrestre, le bois qui a apporté la mort au monde, et l’arbre de la Croix, le bois par lequel la vraie vie est donnée aux hommes. Cette glorification de la Croix, après la Résurrection du Christ, est le pendant de la liturgie du Vendredi Saint, où le fidèle est invité à contempler la souffrance et la mort du Sauveur.

    La seconde est tout entière centrée sur les douleurs de Marie, au point que tous les psaumes des matines (je parle de la liturgie d’avant la réforme, la seule que je connaisse) sont des psaumes de persécution (alors que normalement, dans les fêtes, les psaumes du deuxième nocturne sont des psaumes de gloire). La liturgie échappe au dolorisme parce qu’il s’agit d’une liturgie catholique et que le dolorisme n’est pas catholique, et elle permet de savourer les sublimes versets du Cantique des cantiques, mais elle fait parfaitement double emploi avec la célébration de… Notre Dame des sept douleurs, le vendredi après le dimanche de la Passion. Et cela est encore souligné par le fait que la messe est la même.

    Ce qui est proprement incompréhensible est le fait, pour un saint pape, d’avoir élevé la fête de Notre Dame des sept douleurs au rang de fête de deuxième classe, alors que l’Exaltation de la Sainte Croix n’était que « double majeure » : cela impliquait que les deuxièmes vêpres de l’Exaltation de la Sainte Croix disparaissent au profit des premières vêpres de Notre Dame des sept douleurs, et que si l’une ou l’autre tombe un dimanche, la liturgie du dimanche prime celle de l’Exaltation de la Sainte Croix, alors que celle de Notre Dame des sept douleurs prime le dimanche. (Aujourd’hui ce n’est plus le cas, parce qu’il n’y a quasiment plus de fêtes qui puissent primer le dimanche, ce qui est un excès inverse.)

    Addendum. Dans le "missel de 1962", les deux fêtes sont de deuxième classe. Celle des sept douleurs ne peut donc pas primer le dimanche, tandis que celle de l'Exatation de la Sainte Croix le peut, car il s'agit d'une fête du Seigneur.

  • Vivifiante Croix

    La fête de ce jour est dans le calendrier romain d’avant la réforme liturgique celle de l’Exaltation de la sainte Croix. On dit aujourd’hui fête de la Croix glorieuse, ce qui est légitime et précise son sens : célébrant le triomphe de la Croix qui est le triomphe de la Vie sur la mort, elle fait le pendant du Vendredi Saint, où l’on médite les souffrances du Christ sur la Croix.

    Dans le calendrier byzantin, elle est celle de l’Exaltation universelle de la vénérable et vivifiante Croix. C’est une fête très importante, au point qu’elle est dotée non seulement d’une vigile, mais que le dimanche précédent est le dimanche « avant la Croix », et le dimanche suivant est le dimanche « après la Croix ».

    Faisant allusion à la victoire d’Héraclius sur les Perses, qui permit de récupérer la sainte Croix qu’ils avaient prise à Jérusalem (c’est l’origine de cette fête), mais lui donnant une portée universelle, le tropaire de la fête chante ceci : « Sauve, Seigneur, ton peuple, bénis ton héritage. Accorde à nos chefs victoire sur les ennemis. Garde par ta Croix ce pays qui est tien. »

    La divine liturgie de la sainte et vivifiante Croix sera célébrée ce jour en l’église Saint-Julien-le-Pauvre, à Paris, exceptionnellement à 18 h 30, en raison de la présence exceptionnelle du patriarche grec-catholique S.B. Grégoire III et de l’archevêque grec-catholique de Tyr, qui font une tournée pour attirer l’attention sur le sort du Liban et des chrétiens du Sud Liban.

    Pourquoi est-ce que j’évoque la liturgie byzantine et Saint-Julien-le-Pauvre ? Parce que c’est ma « paroisse » (d’élection) depuis plus de vingt ans. Puisque de nombreuses Eglises orientales ont un lieu de culte à Paris, j’avais décidé de faire un peu de « tourisme liturgique ». La première église que je visitai fut Saint-Julien-le-Pauvre, parce que c’est une des plus anciennes de Paris et qu’elle est spécialement chargée d’histoire (elle fut la chapelle de la Sorbonne, et l’on y vit saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure, saint Yves, Dante, etc.) Je découvris là une liturgie d’une si intense beauté que j’y suis resté. C’est mon paradis de chaque dimanche, et un peu plus si possible (notamment la semaine sainte). Le chantre, qui a une voix superbe et a constitué une remarquable chorale, est un des meilleurs spécialistes du chant byzantin, et le curé actuel fait des homélies d’une grande profondeur spirituelle, truffées de citations de pères de l’Eglise. A Saint-Julien-le-Pauvre, on est porté tout naturellement à la contemplation, en se laissant porter dans le grand fleuve de la tradition orientale. C’était aussi une façon d’échapper aux tensions, polémiques, crispations qui à tort ou à raison secouaient le mouvement « traditionaliste » (et ça ne s’est pas arrangé par la suite).

  • Lire Benoît XVI

    Les propos tenus par Benoît XVI en Allemagne ne passent pas inaperçus, et l’on ne peut que s’en féliciter. Sans doute cela incitera-t-il certains à aller voir de plus près ce que dit le pape. Et aller voir tout ce qu’il dit (cela se trouve sur Zenit ou sur le site du Vatican). Avec Jean-Paul II c’était impossible, à moins de n’avoir rien à faire de ses journées, tant il multipliait les discours, qu’il n’avait manifestement pas le temps, de son côté, d’écrire lui-même. Ce constat ne vise en rien à diminuer l’importance de l’apport de Jean-Paul II à plusieurs générations de catholiques et à l’Eglise en général, et à moi en particulier. Je veux simplement souligner qu’il est possible de lire tout ce que dit ou écrit Benoît XVI, car il parle beaucoup moins, et de façon beaucoup plus brève, que Jean-Paul II ; et souligner que ce léger effort est très richement récompensé. Qu’il s’agisse de ses homélies, de ses messages, de ses allocutions, et même des plus brèves introductions à l’Angelus dominical, il y a toujours dans ses propos un trésor spirituel, patristique, liturgique, exégétique, philosophique, ou au moins une pépite qui éclaire l’esprit et réjouit l’âme.
    Benoît XVI a semble-t-il inauguré une nouvelle forme de communication, en se livrant à des séances de questions-réponses. Il l’avait fait il y a quelques mois avec des prêtres du diocèse de Rome, il l’a fait récemment avec des prêtres du diocèse d’Albano. Ce qui est frappant est que ses réponses improvisées ont la même densité et la même profondeur que ses textes. Je voudrais donner ici un seul exemple, c’est sa réponse sur la crise de la famille (telle qu’elle a été publiée sur le site Zenit le 11 septembre). Il me semble que ces propos devraient être distribués à tous les jeunes mariés.
    « La présence, le témoignage de ces familles [à Valence] a été vraiment plus fort que toutes les paroles. Elles ont présenté avant tout la richesse de leur expérience familiale (…). Mais le témoignage des crises qu'elles ont traversées a également été important. L'un de ces couples en était presque arrivé au divorce. Ils ont expliqué comment ils ont ensuite appris à vivre cette crise, cette souffrance de la différence de l'autre et à s'accepter à nouveau. C'est précisément en surmontant le moment de la crise, du désir de se séparer, que s'est développée une nouvelle dimension de l'amour et que s'est ouverte une porte sur une nouvelle dimension de la vie, qui ne pouvait s'ouvrir qu'en supportant la souffrance de la crise.
    « Cela me semble très important. Aujourd'hui, on arrive à la crise au moment où l'on s'aperçoit de la différence des caractères, de la difficulté de se supporter chaque jour, pour toute la vie. A la fin, on décide alors de se séparer. Nous avons compris précisément à travers ces témoignages que c'est dans la crise, en traversant le moment où il semble que l'on n'en puisse plus, que s'ouvrent réellement de nouvelles portes et une nouvelle beauté de l'amour. Une beauté faite de seule harmonie n'est pas une véritable beauté. Il manque quelque chose, elle devient insuffisante. La véritable beauté a besoin également du contraste. L'obscurité et la lumière se complètent. Même le raisin a besoin pour mûrir non seulement de soleil, mais aussi de la pluie, non seulement du jour, mais aussi de la nuit.
    « Nous-mêmes, prêtres, tant les jeunes que les adultes, devront apprendre la nécessité de la souffrance, de la crise. Nous devons supporter, transcender cette souffrance. Ce n'est qu'ainsi que la vie s'enrichit. Pour moi, le fait que le Seigneur porte éternellement les stigmates revêt une valeur symbolique. Expression de l'atrocité de la souffrance et de la mort, elles représentent à présent le sceau de la victoire du Christ, de toute la beauté de sa victoire et de son amour pour nous. Nous devons accepter, en tant que prêtres ou en tant qu'époux, la nécessité de supporter la crise de la différence, de l'autre, la crise dans laquelle il semble que l'on ne puisse plus demeurer ensemble. Les époux doivent apprendre ensemble à aller de l'avant, également par amour pour leurs enfants, et ainsi se connaître à nouveau, s'aimer à nouveau, d'un amour beaucoup plus profond, beaucoup plus vrai. C'est ainsi, en parcourant un long chemin, avec ses souffrances, que mûrit réellement l'amour. »
    Ces propos éclairent d’autre part ce qu’il disait en réponse à une autre question, sur le rôle du prêtre et la célébration des sacrements. Je reproduis aussi ce passage parce qu’il répond d’avance à d’éventuelles nouvelles révélations sur une prétendue intention du Saint-Père d’assouplir la position de l’Eglise sur les divorcés remariés.
    « Nous pouvons maintenant mentionner à nouveau le mariage: celui-ci aussi se présente comme une grande occasion missionnaire, parce qu'aujourd'hui — grâce à Dieu — beaucoup de personnes veulent encore se marier à l'église, même si elles ne fréquentent pas beaucoup l'église. C'est une occasion pour amener ces jeunes à se confronter avec la réalité du mariage chrétien, le mariage sacramentel. Cela me semble également une grande responsabilité. Nous le voyons lors des procès en nullité et nous le voyons surtout dans le grand problème des divorcés remariés, qui veulent participer à la Communion et qui ne comprennent pas pourquoi cela n'est pas possible. Ils n’ont probablement pas compris, au moment du « oui » devant le Seigneur, en quoi consiste ce « oui ». C'est une manière de faire alliance avec le « oui » du Christ avec nous. Une manière d'entrer dans la fidélité du Christ, c'est-à-dire dans le Sacrement qu'est l'Eglise et ainsi dans le Sacrement du mariage. C'est pourquoi je pense que la préparation au mariage est une occasion de très grande importance, une occasion d'engagement missionnaire, pour annoncer à nouveau dans le Sacrement du mariage le Sacrement du Christ, pour comprendre cette fidélité et ainsi faire comprendre ensuite le problème des divorcés remariés. »
    Ce qui est vraiment impressionnant avec Benoît XVI, c’est sa façon d’aller à l’essentiel, au cœur spirituel — surnaturel — de la question, quelle que soit cette question, en zappant d’office l’échelon « moral » et toutes les considérations annexes. On a vu aussi l’autre jour comment, en quelques mots, il a défini l’islam dans ce qui est sa spécificité propre, radicalement contraire au christianisme. Il en est ainsi pour tous les sujets qu’il aborde. Deo gratias.

  • 12 septembre

    Et le nom de la Vierge était Marie.

    La fête du saint nom de Marie a été instituée par le pape Innocent XI après la victoire de Vienne contre les Turcs (1683). Le roi de Pologne Jean Sobieski, principal artisan de cette victoire, avait rapporté la tente du grand vizir à Czestochowa, où l'on peut toujours la voir. Cette fête a été supprimée du nouveau calendrier...