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Notre Dame des sept douleurs

Ferrum lanceae militaris, latus quidem Salvatoris, animam vero transivit Viriginis.

(Si le fer de la lance du soldat transperça, certes, le côté du Sauveur, c’est l’âme de la Vierge qu’il transperça vraiment.)

La fête (?) de ce jour est moderne, et typique d’une certaine religiosité.  Apparue en 1668 dans la liturgie des Servites de Marie (au troisième dimanche de septembre), elle est ensuite insérée au calendrier universel, et fixée au 15 septembre, donc au lendemain de l’Exaltation de la Sainte Croix, par saint Pie X.

Le contraste entre les deux fêtes est saisissant, et rude.

La première est, comme son nom l’indique, et comme il l’indique encore davantage dans le nouveau calendrier, une glorification de la Croix, une célébration de la Croix de gloire. L’instrument du supplice le plus misérable est devenu la porte de la résurrection éternelle. La liturgie insiste sur le parallèle entre l’arbre du paradis terrestre, le bois qui a apporté la mort au monde, et l’arbre de la Croix, le bois par lequel la vraie vie est donnée aux hommes. Cette glorification de la Croix, après la Résurrection du Christ, est le pendant de la liturgie du Vendredi Saint, où le fidèle est invité à contempler la souffrance et la mort du Sauveur.

La seconde est tout entière centrée sur les douleurs de Marie, au point que tous les psaumes des matines (je parle de la liturgie d’avant la réforme, la seule que je connaisse) sont des psaumes de persécution (alors que normalement, dans les fêtes, les psaumes du deuxième nocturne sont des psaumes de gloire). La liturgie échappe au dolorisme parce qu’il s’agit d’une liturgie catholique et que le dolorisme n’est pas catholique, et elle permet de savourer les sublimes versets du Cantique des cantiques, mais elle fait parfaitement double emploi avec la célébration de… Notre Dame des sept douleurs, le vendredi après le dimanche de la Passion. Et cela est encore souligné par le fait que la messe est la même.

Ce qui est proprement incompréhensible est le fait, pour un saint pape, d’avoir élevé la fête de Notre Dame des sept douleurs au rang de fête de deuxième classe, alors que l’Exaltation de la Sainte Croix n’était que « double majeure » : cela impliquait que les deuxièmes vêpres de l’Exaltation de la Sainte Croix disparaissent au profit des premières vêpres de Notre Dame des sept douleurs, et que si l’une ou l’autre tombe un dimanche, la liturgie du dimanche prime celle de l’Exaltation de la Sainte Croix, alors que celle de Notre Dame des sept douleurs prime le dimanche. (Aujourd’hui ce n’est plus le cas, parce qu’il n’y a quasiment plus de fêtes qui puissent primer le dimanche, ce qui est un excès inverse.)

Addendum. Dans le "missel de 1962", les deux fêtes sont de deuxième classe. Celle des sept douleurs ne peut donc pas primer le dimanche, tandis que celle de l'Exatation de la Sainte Croix le peut, car il s'agit d'une fête du Seigneur.

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