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Lire Benoît XVI

Les propos tenus par Benoît XVI en Allemagne ne passent pas inaperçus, et l’on ne peut que s’en féliciter. Sans doute cela incitera-t-il certains à aller voir de plus près ce que dit le pape. Et aller voir tout ce qu’il dit (cela se trouve sur Zenit ou sur le site du Vatican). Avec Jean-Paul II c’était impossible, à moins de n’avoir rien à faire de ses journées, tant il multipliait les discours, qu’il n’avait manifestement pas le temps, de son côté, d’écrire lui-même. Ce constat ne vise en rien à diminuer l’importance de l’apport de Jean-Paul II à plusieurs générations de catholiques et à l’Eglise en général, et à moi en particulier. Je veux simplement souligner qu’il est possible de lire tout ce que dit ou écrit Benoît XVI, car il parle beaucoup moins, et de façon beaucoup plus brève, que Jean-Paul II ; et souligner que ce léger effort est très richement récompensé. Qu’il s’agisse de ses homélies, de ses messages, de ses allocutions, et même des plus brèves introductions à l’Angelus dominical, il y a toujours dans ses propos un trésor spirituel, patristique, liturgique, exégétique, philosophique, ou au moins une pépite qui éclaire l’esprit et réjouit l’âme.
Benoît XVI a semble-t-il inauguré une nouvelle forme de communication, en se livrant à des séances de questions-réponses. Il l’avait fait il y a quelques mois avec des prêtres du diocèse de Rome, il l’a fait récemment avec des prêtres du diocèse d’Albano. Ce qui est frappant est que ses réponses improvisées ont la même densité et la même profondeur que ses textes. Je voudrais donner ici un seul exemple, c’est sa réponse sur la crise de la famille (telle qu’elle a été publiée sur le site Zenit le 11 septembre). Il me semble que ces propos devraient être distribués à tous les jeunes mariés.
« La présence, le témoignage de ces familles [à Valence] a été vraiment plus fort que toutes les paroles. Elles ont présenté avant tout la richesse de leur expérience familiale (…). Mais le témoignage des crises qu'elles ont traversées a également été important. L'un de ces couples en était presque arrivé au divorce. Ils ont expliqué comment ils ont ensuite appris à vivre cette crise, cette souffrance de la différence de l'autre et à s'accepter à nouveau. C'est précisément en surmontant le moment de la crise, du désir de se séparer, que s'est développée une nouvelle dimension de l'amour et que s'est ouverte une porte sur une nouvelle dimension de la vie, qui ne pouvait s'ouvrir qu'en supportant la souffrance de la crise.
« Cela me semble très important. Aujourd'hui, on arrive à la crise au moment où l'on s'aperçoit de la différence des caractères, de la difficulté de se supporter chaque jour, pour toute la vie. A la fin, on décide alors de se séparer. Nous avons compris précisément à travers ces témoignages que c'est dans la crise, en traversant le moment où il semble que l'on n'en puisse plus, que s'ouvrent réellement de nouvelles portes et une nouvelle beauté de l'amour. Une beauté faite de seule harmonie n'est pas une véritable beauté. Il manque quelque chose, elle devient insuffisante. La véritable beauté a besoin également du contraste. L'obscurité et la lumière se complètent. Même le raisin a besoin pour mûrir non seulement de soleil, mais aussi de la pluie, non seulement du jour, mais aussi de la nuit.
« Nous-mêmes, prêtres, tant les jeunes que les adultes, devront apprendre la nécessité de la souffrance, de la crise. Nous devons supporter, transcender cette souffrance. Ce n'est qu'ainsi que la vie s'enrichit. Pour moi, le fait que le Seigneur porte éternellement les stigmates revêt une valeur symbolique. Expression de l'atrocité de la souffrance et de la mort, elles représentent à présent le sceau de la victoire du Christ, de toute la beauté de sa victoire et de son amour pour nous. Nous devons accepter, en tant que prêtres ou en tant qu'époux, la nécessité de supporter la crise de la différence, de l'autre, la crise dans laquelle il semble que l'on ne puisse plus demeurer ensemble. Les époux doivent apprendre ensemble à aller de l'avant, également par amour pour leurs enfants, et ainsi se connaître à nouveau, s'aimer à nouveau, d'un amour beaucoup plus profond, beaucoup plus vrai. C'est ainsi, en parcourant un long chemin, avec ses souffrances, que mûrit réellement l'amour. »
Ces propos éclairent d’autre part ce qu’il disait en réponse à une autre question, sur le rôle du prêtre et la célébration des sacrements. Je reproduis aussi ce passage parce qu’il répond d’avance à d’éventuelles nouvelles révélations sur une prétendue intention du Saint-Père d’assouplir la position de l’Eglise sur les divorcés remariés.
« Nous pouvons maintenant mentionner à nouveau le mariage: celui-ci aussi se présente comme une grande occasion missionnaire, parce qu'aujourd'hui — grâce à Dieu — beaucoup de personnes veulent encore se marier à l'église, même si elles ne fréquentent pas beaucoup l'église. C'est une occasion pour amener ces jeunes à se confronter avec la réalité du mariage chrétien, le mariage sacramentel. Cela me semble également une grande responsabilité. Nous le voyons lors des procès en nullité et nous le voyons surtout dans le grand problème des divorcés remariés, qui veulent participer à la Communion et qui ne comprennent pas pourquoi cela n'est pas possible. Ils n’ont probablement pas compris, au moment du « oui » devant le Seigneur, en quoi consiste ce « oui ». C'est une manière de faire alliance avec le « oui » du Christ avec nous. Une manière d'entrer dans la fidélité du Christ, c'est-à-dire dans le Sacrement qu'est l'Eglise et ainsi dans le Sacrement du mariage. C'est pourquoi je pense que la préparation au mariage est une occasion de très grande importance, une occasion d'engagement missionnaire, pour annoncer à nouveau dans le Sacrement du mariage le Sacrement du Christ, pour comprendre cette fidélité et ainsi faire comprendre ensuite le problème des divorcés remariés. »
Ce qui est vraiment impressionnant avec Benoît XVI, c’est sa façon d’aller à l’essentiel, au cœur spirituel — surnaturel — de la question, quelle que soit cette question, en zappant d’office l’échelon « moral » et toutes les considérations annexes. On a vu aussi l’autre jour comment, en quelques mots, il a défini l’islam dans ce qui est sa spécificité propre, radicalement contraire au christianisme. Il en est ainsi pour tous les sujets qu’il aborde. Deo gratias.

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