François Bayrou a déclaré que s’il était élu son Premier ministre pourrait être de gauche, et qu’il a même « quelques noms à l’esprit ». En revanche, s’il s’agit de donner le nom d’un éventuel Premier ministre de droite, il « n’en aperçoit pas aujourd’hui ». Bayrou chasse ouvertement sur les terres socialistes, essayant de profiter des déboires de Marie-Ségolène. Au point de souhaiter une majorité de gauche à l’Assemblée nationale. Car il faut une majorité de gauche pour que le Premier ministre soit de gauche…
présidentielle - Page 18
-
Le Premier ministre de Bayrou
-
Une assistante sociale à l’Elysée ?
Pendant la majeure partie de l’émission « J’ai une question à vous poser », hier soir sur TF1, Ségolène Royal est apparue comme une assistante sociale, qui allait régler tous les problèmes personnels et sociaux des Français grâce à son accession à l‘Elysée.
Car il est facile de résoudre tous les problèmes : il suffit de mettre des moyens financiers, et de créer des emplois pour aider les gens. Et quand c’est un problème plus vaste, on crée un « service public ».
Parfois la réponse est même plus directe : « Cette question-là sera réglée », répond-elle à une « personne en situation de handicap », comme elle dit dans sa langue de bois (l’homme se disait tout simplement handicapé), à propos de la prise en charge des maladies évolutives. Et elle n’ajoutera pas un mot. La question sera réglée, point final. Toutes les questions seront « réglées ». Car « je ferai » ceci et cela, répond-elle en permanence, en espérant que les auditeurs ne remarqueront pas qu’un président de la République, et même une Présidente, ne peut tout simplement pas faire ceci ou cela, qui relève dans le meilleur des cas du gouvernement et du Parlement, et plus souvent de règlements ou d’efforts d’organisation qui n’ont rien à voir avec le gouvernement.
Marie-Ségolène a réponse à tout, sauf quand on finit par lui demander où elle va trouver l’argent pour « faire » tout ce qu’elle a « décidé » de faire. L’assistante sociale ne se préoccupe pas des moyens. Elle vient en aide aux gens…
Même en se voyant à l’Elysée, l’assistante sociale ne se préoccupe pas non plus de ce qui est le rôle spécifique du président de la République. Malgré son nom, elle ne sait pas ce que sont les fonctions régaliennes. Quand par hasard une question aborde ces sujets, elle répond par une formule consensuelle (avec l’Afrique, une politique de codéveloppement, l’immigration sera maîtrisée, etc.) qui lui permet d’éviter le débat et de passer à autre chose, de revenir aux malheurs des gens dont elle va s’occuper… Et l’on recommence à créer des emplois d’Etat, et à faire fonctionner l’invisible tiroir-caisse.
On ne croyait plus possible une telle démagogie, à si gros bouillons, et débouchant si évidemment sur un totalitarisme socialiste. C’était un festival d’impudeur et d’impudence. La dame est prête à tout pour arriver à l’Elysée. Jusqu’à l’obscénité démagogique.
-
Un appel de Le Pen aux maires… et aux journalistes
Jean-Marie Le Pen a tenu une conférence de presse (devant de très nombreux journalistes) en fin de matinée, « avouant son inquiétude, à l’heure qu’il est », quant aux parrainages d’élus pour sa candidature. A quelques jours de l’envoi des formulaires officiels par le Conseil constitutionnel, il n’a toujours pas 500 promesses de parrainages, alors que 30.000 maires ont été contactés, et que tous ceux qui ne donnaient pas une réponse carrément négative ont été visités.
« Jamais cette formalité, voulue par le législateur dans le but exclusif d’écarter les candidats fantaisistes, n’a été aussi difficile à remplir. » D’une part parce que la plupart des élus sont « rattachés aux formations politique du système PS-PC-UMP-UDF » ; d’autre part parce que les élus indépendants « craignent, à tort ou à raison, d’être victimes de représailles et le sont parfois, de pressions même imaginaires, parfois réelles sous la forme de ce que Cambadelis appelait, en le recommandant, le harcèlement démocratique ».
On constate aujourd’hui que de nombreux maires se concertent pour refuser tout parrainage, alors que le législateur les a « mis en charge de cette fonction, absurde et contraire à la Constitution mais exigée par l’élection présidentielle », et qu’ils doivent remplir. Condamnant ces accords illégitimes et illégaux, Le Pen demande aussi aux maires qui lui ont déjà promis leur parrainage de demander aux autres élus qu’ils connaissent de les inciter à faire de même.
La presse, a souligné Jean-Marie Le Pen, et notamment la presse de province, « participe nolens volens » à cette désaffection en publiant les noms de maires ayant signé pour lui en 2002 ou qui auraient l’intention de le faire cette fois-ci. Jean-Marie Le Pen demande aux journalistes de « ne pas harceler les maires », de ne pas « participer à l’opération d’intoxication des maires » en publiant des reportages inquisiteurs sur les élus.
Le pays est dans un état très grave, et « les Français ont droit à un grand et vrai débat démocratique », a ajouté Jean-Marie Le Pen. Pour l’heure, le débat « se limite pratiquement à l’alternance de deux candidats qui mobilisent l’espace médiatique », et qui sont « les porte-parole des deux partis qui se sont partagé les responsabilités du pouvoir depuis vingt ans ». Et « ils ont l’un et l’autre, ainsi que M. Bayrou, étant partisans de la Constitution européenne, été largement désavoués à 55% par le corps électoral du référendum ».
La clef du nécessaire débat est entre les mains des maires de France, a insisté Jean-Marie Le Pen. Et c’est leur devoir de parrainer les candidats. « Tout le monde ou presque s’accorde à dire qu’il serait scandaleux et dommageable pour la démocratie et pour la République que je puisse, par défaut de parrainages, être candidat. C’est pourquoi je lance aux élus, sénateurs, députés, conseillers régionaux, conseillers généraux et maires un appel solennel à me donner dans les meilleurs délais les parrainages qui me manquent. Ce sont mes millions d’électeurs qui le demandent. Merci d’avance. »
-
Le Pen et l’avortement (RTL)
Au cours du Grand Jury RTL Le Monde d’hier, Jean-Marie Le Pen a été interrogé à nouveau sur l'avortement. Voici ses propos, selon la retranscription qu’en a faite Philippe Carhon du Salon Beige (merci à lui - et on lira avec intérêt son commentaire).
Jean-Michel Aphatie : Concernant l'IVG, (...) je voulais savoir si vous y étiez toujours hostile ?
Jean-Marie Le Pen : Oui j'y suis hostile. Pour y être hostile, je ne suis pas pour autant de ceux qui pensent qu'il faut modifier la loi Chirac-Veil tout de suite. C'est une loi qui a tout à fait raté son objectif parce que la loi avait pour but avoué de diminuer le nombre des avortements en France qui était de 70 000 par an et il est maintenant de 220 000 par an. Je dis que dans ce domaine là, il faut se garder de faire du moralisme. Il faut essayer d'être efficace. Mon objectif est de diminuer le nombre des avortements en permettant aux femmes qui souhaitent garder leur enfant [de le faire] car il y en a beaucoup qui ne le gardent pas pour des raisons sociales, parce qu'elles n'ont pas le logement ou les ressources nécessaires. Je dis que l'Etat doit faire ce qu'il faut pour encourager les jeunes filles ou les jeunes femmes [à garder leur enfant] car ce sont souvent des mères de famille quelques fois de 2 ou 3 enfants qui procèdent à des avortements. Je considère l'avortement toujours comme un drame personnel et un drame national. Je m'efforce d'apporter à ce grand problème une solution qui soit à la fois humaine et politique.
Jean-Michel Aphatie : C'est une question importante parce qu'elle dit le regard qu'a le pouvoir sur des femmes et donc leur égalité dans la société et aussi le libre-arbitre qui est le (leur).
Jean-Marie Le Pen : Si vous étendez le libre-arbitre comme cela, vous pouvez l'étendre aux assassins. L'Etat corrige le libre-arbitre et cela s'appelle la Loi.
-
Le Pen en Picardie
Jean-Marie Le Pen s’est rendu aujourd’hui en Picardie. Il a commencé sa journée par un « clin d’œil » insolite à la Chine , en allant se recueillir au cimetière chinois de Noyelles-sur-Mer. Là sont enterrés 849 coolies venus en soutien des troupes britanniques pendant la Première Guerre mondiale. « Dans ce petit coin de Chine en Picardie, j’ai tenu à rendre hommage à ces célestes qui ne seront pas des oubliés de l’histoire », a-t-il dit, soulignant qu’au Front national « nous sommes des gens de mémoire ».
Il a ensuite tenu une petite réunion au café-dancing de Noyelles, où il a plaidé en faveur des chasseurs, nombreux sur cette terre où CPNT concurrençait jusqu’ici le FN (sans pour autant l’empêcher de faire des scores importants) : « La première mesure à prendre sera de modifier la directive européenne de 1979 pour que chaque Etat puisse fixer les dates de chasse comme il l’entend ». Et il faut aussi qu’il soit possible de chasser dans les zones protégées par le label européen Natura 2000.
A la mi-journée, il a déjeuné avec des élus picards, et dans l’après-midi il devait tenir une conférence de presse à Senlis avec deux maires qui ont promis leur signature et devaient expliquer les raisons de leur parrainage.
-
Curieuse démission
Eric Besson, secrétaire national à l’économie et la fiscalité du parti socialiste, annonce qu’il démissionne de ses fonctions dans le parti. Pour « raisons personnelles », dit-il, refusant d’en dire davantage, sinon, tout de même, qu’il veut « se mettre en retrait de la campagne électorale et se consacrer à sa circonscription et sa mairie » de Donzère. Il dément que sa démission ait pour motif « des désaccords sur le chiffrage du pacte présidentiel » de Ségolène Royal. Selon des proches, sa démission serait liée à l’organisation générale de la campagne socialiste…
Eric Besson, proche de Lionel Jospin, n’avait pas seulement le titre de secrétaire national à l’économie, il était réellement l’une des principales autorités du parti socialiste en matière économique, et la voix du parti, en ces matières, à l’Assemblée nationale.
Ce n'est pas de bon augure pour Marie-Ségolène...
-
L’inflation Bové
L’équipe de campagne de José Bové évalue le coût des 125 mesures présentées par le candidat à 160 milliards d’euros. Tant Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal évaluent le coût de leurs projets à 30 ou 35 milliards, et des experts indépendants à 50 milliards. Ce qui est déjà absurde dans le contexte actuel. Bové, c’est donc au moins trois fois plus. Trois fois plus absurde. On mesure ici le sérieux du personnage. Son modèle, ce n’est décidément pas Antigone, c’est une caricature de Robin des Bois aux couleurs de l’archéo-communisme : il s’agit tout simplement de prendre l’argent des riches pour le donner aux pauvres...
-
Bové : 20 porte-parole et… Antigone
José Bové a présenté ses porte-parole de campagne qui sont au nombre de 20, dix femmes et dix hommes (Patrick Braouezec, Francine Bavay, Claire Villiers, Yves Salesse, etc.) et son directeur de campagne le communiste Jacques Perreux.
Il a affirmé qu'il disposait de 232 promesses de parrainages et s'est montré inquiet à un mois de la date butoir de la remise des signatures.
Il a également annoncé qu’il avait choisi pour « symbole » de sa campagne Antigone, figure de « résistance au pouvoir absolu », « symbole de quelqu'un qui a osé lutter et a préféré ses valeurs à la logique du pouvoir » et « a préféré mourir en prison que d'accepter le diktat du roi ».
C’est évidemment une usurpation. Bové n’a rien à voir avec Antigone. L’héroïne de Sophocle oppose aux décrets du roi la loi non écrite des dieux, autrement dit la loi morale naturelle. Et elle témoigne, en martyre, qu’il y a une loi supérieure aux lois civiles, une morale qui prime la loi civile, pour reprendre l’expression utilisée par Chirac pour le nier. Antigone s’exprimait avant-hier par la bouche de Benoît XVI lors du congrès sur la loi morale naturelle. Elle ne s’exprime certainement pas par la bouche de José Bové, qui ne croit pas une seconde à la loi non écrite des dieux, et la bafoue par de nombreux points de son « programme ».
-
Sarkozy et la banlieue
La porte-parole beur de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, a assuré lors d’un point de presse que le ministre-candidat « retournera » dans la banlieue. Mais on ne sait pas quand… Elle a affirmé que contrairement à ce que certains avaient avancé, il n’était pas prévu que Sarkozy aille hier à Nanterre. C’est elle qui devait y aller, ce qu’elle a fait. Pourtant, le président de l’association « Zy va » avait indiqué que Sarkozy avait « annulé son déplacement au dernier moment »…
On attendait aussi Sarkozy samedi dernier sur la dalle d’Argenteuil. Il avait été « invité » par l’association « Bleu Blanc Rouge », pour un débat public. Mais « la journée a été reportée, faute de préparation et de locaux disponibles », selon un membre de l’association. Il est vrai que la police venait de découvrir dans une tour de cette « dalle » huit cocktails Molotov. Dans la soirée, une voiture fut incendiée et une école touchée par un engin incendiaire…
Les jeunes socialistes avaient saisi l’occasion pour s’étonner du fait que l’association « Bleu Blanc Rouge » bénéficie de locaux flambant neuf, qu’elle est subventionnée à hauteur de 40.000 euros par la préfecture, alors qu’une telle association reçoit habituellement 200 euros… Le MJS voyait là une « manipulation sarkoziste ».
Le président de « BBR » se dit outré par ces « allégations calomnieuses ». Mais il confirme que « Sarkozy nous a ouvert son carnet d’adresses et son ministère » et a entendu ses propositions place Beauvau, et aussi que l’association bénéficie bien de 40.000 euros de subvention, la moitié étant une « aide au démarrage de l’association accordée par la politique de la ville », l’autre moitié finançant le salaire du « coach ».
-
Le troisième homme
Interrogé sur Canal Plus sur la percée de François Bayrou dans les sondages, François Hollande a répondu : « Le seul troisième homme possible, on le connaît, c’est Le Pen. François Bayrou ne peut pas être au niveau de Jean-Marie Le Pen. Arrêtez de créer d’autres effets. »