Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

libye - Page 4

  • Protéger les civils, qu’ils disent

    Il fallait intervenir en Libye pour protéger les civils massacrés par les forces de Kadhafi, paraît-il. Pourquoi en Libye, et pas au Yemen, au Bahrein, en Syrie, en Côte d’Ivoire, etc., etc., etc. Mystère.

    Quoi qu’il en soit, les frappes font évidemment des victimes civiles en Libye comme c’est le cas en Afghanistan chaque semaine depuis dix ans.

    L’évêque de Tripoli Mgr Martinelli ayant remarqué que des frappes avaient notamment fait 40 morts dans la capitale, le commandant de l’opération anti-Kadhafi de l’OTAN, Charles Bouchard, a déclaré hier : « Je prends au sérieux toute information de ce genre, mais notre mission commence aujourd’hui. » Bref, ce n’était pas nous, c’était les Américains. Avec leurs avions basés à Naples. Naples où est basée depuis hier, donc, la force de l’OTAN…

    Charles Bouchard (c’est un Canadien) a ajouté que l’OTAN a des règles très strictes et que les cibles sont choisies avec le plus grand soin…

    Le quartier général de l’OTAN à Bruxelles a fait savoir de son côté qu’il voulait vérifier l’assertion de Mgr Martinelli. Réponse de celui-ci : « Qu’ils viennent vérifier. La population libyenne ne peut plus vivre dans cette situation. Selon les dernières informations que j’ai recueillies, la peur des bombardements et des combats a conduit quelques 400.000 libyens à trouver refuge en Tunisie et en Egypte. » Et d’ajouter : « Hier, 1er avril, à Syrte, 8 civils, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués sous les bombardements des forces internationales. »

    Mais ce qui arrive aussi à l’OTAN, ce sont des informations selon lesquelles les rebelles massacrent des civils… L’ineffable Bouchard en parle aussi, en ces termes : « Je tiens à dire à ceux qui agissent contre les populations civiles dans des centres civils : vous seriez mal avisés de continuer de telles activités. Je vous recommande de mettre fin à ces activités. » Sic.

    Des témoignages font état d’attaques de rebelles particulièrement contre des Noirs, accusés d’être des « mercenaires de Kadhafi ». La BBC a diffusé le témoignage du responsable d’une entreprise de construction turque qui disait : « Nous avions 70 à 80 personnes du Tchad qui travaillaient pour notre société. Ils ont été tués à la machette et à la hache, et les assaillants disaient : “Vous fournissez des troupes à Kadhafi.” les Soudanais aussi ont été massacrés. Nous l’avons vu nous-mêmes. »

  • Libye : le témoignage du vicaire apostolique

    Une interview de Mgr Giovanni Innocenzo Martinelli, vicaire apostolique de Tripoli.

  • Les Américains, depuis Stuttgart…

    Depuis le début, l’opération contre Kadhafi est dirigée par les Américains. Plus précisément par le « United States Africa Command », ou Africom, C’est le commandement militaire américain qui s’occupe de l’Afrique… Africom est basé à… Stuttgart. Ses troupes terrestres et navales sont en Italie. Ses forces aériennes en Allemagne. Le nouveau commandant, Carter F. Ham, a été nommé le 9 mars dernier.

    Les chefs des rebelles de Benghazi ont affirmé qu’il y avait une coordination entre eux et Africom. Le général Ham a sèchement démenti : "Notre mission n'est pas de soutenir une quelconque force d'opposition. Il n'y a aucune communication officielle ou formelle avec les gens de cette soi-disant opposition qui affrontent les forces terrestres du régime."

    Les Américains ont appelé l’opération "Odyssey Dawn" : Aube d’une Odyssée. L’Odyssée d’Ulysse a duré dix ans…

    Le Pentagone ne voulait pas de cette guerre, et Obama veut refiler le bébé à l’OTAN. Mais plusieurs pays de la coalition anti-Kadhafi, dont la France, ne veulent pas…

  • L’ONU autorise la France et le Royaume-Uni à frapper Kadhafi

    Tel est le titre de l’article de EUobserver, qui commence ainsi : « Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné à la France et au Royaume-Uni un large mandat pour des frappes militaires contre le colonel Kadhafi, malgré les avertissements allemands de “grands risques” et d’un “conflit de longue durée”. »

    Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le Haut Représentant Catherine Ashton, qui avaient été muets jusque-là, ont approuvé la résolution au nom de l’Union. Une Union passablement divisée puisque l’Allemagne est contre, que l’Italie et la Suède sont pour le moins réticentes, que la Pologne n’a rien contre mais ne fera rien, etc.

    Quant aux Etats-Unis ils ont voté la résolution mais restent d’une absolue discrétion : le Pentagone ne veut pas aller faire la guerre en Libye.

    Cette résolution est d’abord une grande victoire de Nicolas Sarkozy, qui voulait à tout prix cette résolution. Et ce matin François Baroin tout feu tout flamme annonçait que la France allait immédiatement participer aux opérations. Alors que François Fillon, hier soir, disait que si la résolution était adoptée la France prendrait contact avec la Ligue arabe « pour organiser une rencontre entre l'Union européenne et la Ligue arabe, parce que nous pensons que ce sont les pays de la région qui ont vocation à intervenir ».

    Quoi qu’il en soit, à Benghazi, Sarkozy est acclamé. Il était le seul chef d’Etat à avoir reconnu le pouvoir rebelle local comme le représentant du peuple libyen, le voilà qui fait adopter une résolution pour le sauver à l’approche de l’armée libyenne. En bref la France, et désormais l’ONU, prennent position pour une alliance tribale de Cyrénaïque contre une alliance tribale de Tripolitaine. Au nom de la démocratie et des droits de l’homme. C’est de plus en plus délirant.

  • Eh oui

    Réaction du ministre suédois des Affaires étrangères à la « reconnaissance » par « la France » du « Conseil national de transition » des rebelles libyens comme seul représentant du peuple libyen :

    « La Suède reconnaît des Etats, pas des régimes. Et la plupart des pays de l’UE font de même. Il y a quelque chose qui n’est pas clair dans ce que fait la France. »

  • La France reconnaît les rebelles libyens…

    La France reconnaît l’opposition armée à Kadhafi comme le seul représentant légitime du peuple libyen.

    C’est vraiment n’importe quoi. Du Sarkozy grand guignol qui déconsidère la France sur la scène internationale. Sarkozy a voulu être le premier, et en effet il est le premier au monde à reconnaître… un régime qui n’existe pas. Avec échange d’ambassadeurs entre Paris et… Benghazi…

    Ce n’est même pas l’Elysée qui l’a annoncé, mais la délégation de représentants du « Conseil national de transition » reçue par Sarkozy. Et cela a été confirmé par l’entourage du président…

    Or si personne n’a vu venir ce qui se passe dans les pays arabes, à plus forte raison personne ne sait ce que représente le « Conseil national de transition », dans un pays éclaté en trois régions très différentes et en multiples tribus…

    Enfin, et ce serait une bonne nouvelle si cette décision n’était pas si aberrante, on voit à quoi sert la politique extérieure commune de l’UE…

  • D’un fils l’autre

    En Egypte, le fils Moubarak, Gamal, était assuré de prendre la succession de son père à l’automne. On ne l’a pas entendu pendant les événements. Il a purement et simplement disparu…

    En Libye, au contraire, le fils Khadafi, Seif al-Islam (le sabre de l’islam) donne de la voix :

    «La Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts, mais des milliers, et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye… Je m'adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes… Notre moral est au plus haut et le leader Mouammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le soutenons ainsi que nos forces armées (...) Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle.»

    Les manifestations ont atteint un degré insurrectionnel. Il y a déjà eu plus de 200 morts. La ville de Benghazi serait aux mains des insurgés. Des rumeurs disent que Khadafi aurait quitté le pays.

  • La dernière de Kadhafi

    Mouammar Kadhafi a annoncé la nuit dernière, dans un discours devant le « Congrès populaire » (qui fait office de parlement), à l’occasion du 39e anniversaire de la révolution, que tous les « comité populaires » (à savoir les ministères) allaient être supprimés, en dehors des ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense, Sécurité, Justice), et que désormais les revenus du pétrole seraient distribués directement à la population…

    Citation : « Vous accusez à chaque fois les comités populaires de corruption et de mauvaise gestion. Nous n'allons pas en finir avec ces plaintes. Donc que chacun ait sa part dans sa poche et qu'il se débrouille. »

    Kadhafi a averti qu'il y aurait du « chaos » durant les deux premières années, mais il a ajouté que la société s'organisera petit à petit pour gérer ses affaires elle-même. Les Libyens pourront ainsi mettre en place une véritable administration populaire, former une société de masses et mettre en place une véritable démocratie directe…

    Cela est à rapprocher des dernières déclarations de son fils Seif al Islam.

    En mars dernier, le guide de la révolution avait déjà appelé à la suppression des ministères en dénonçant la corruption qui règne dans ces départements « transformés en une pieuvre où règnent la corruption et la mauvaise gestion » et qui coûtent selon lui « 37 milliards de dollars par an ».

  • Une repentance de 5 milliards de dollars

    L'Italie va verser à la Libye cinq milliards de dollars sur les 25 prochaines années au titre de… dédommagements pour la période coloniale.

    « L'accord portera sur un montant de 200 millions de dollars par an durant les 25 prochaines années sous forme d'investissements dans des projets d'infrastructure en Libye », a indiqué Silvio Berlusconi à son arrivée à Benghazi où il doit rencontrer Mouammar Kadhafi. « L'accord doit mettre fin à 40 ans de désaccord. C'est une reconnaissance concrète (bien concrète) et morale des dommages infligés à la Libye par l'Italie pendant la période coloniale. »

    Parmi les projets figure la construction d'une autoroute traversant la Libye d'ouest en est, de la Tunisie à l'Egypte, que Khadafi réclame mais qu’il pouvait parfaitement financer avec les gigantesques revenus du pétrole. L'accord prévoit également la construction « d'un très grand nombre » de logements, l'installation d'entreprises italiennes en Libye, des bourses à des étudiants libyens en Italie et des pensions pour des mutilés victimes de mines anti-personnel posées par l'Italie pendant la période coloniale.

    En contrepartie, si l’on peut dire, il prévoit aussi une coopération dans la lutte contre l'émigration clandestine, qualifiée par Berlusconi de « lutte contre les commerçants de l'esclavage ». Mais le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelrahman Chalgham a indiqué qu'un accord avait été déjà signé en 2007 entre les deux pays…

    Berlusconi avait été précédé à Benghazi par l'arrivée par avion militaire de la "Vénus de Cyrène", magnifique statue sans tête du IIe siècle après Jésus-Christ découverte en 1913 par des archéologues italiens. La justice italienne avait décidé qu’elle devait être restituée à la Libye.

    Elle a été accueillie par des youyous et des applaudissements à l'aéroport. Abdelrahman Chalgham a estimé qu'avec sa restitution « la Libye récupère son identité et une partie de son histoire ». « C'est une victoire mais la bataille ne fait que commencer pour récupérer notre identité répartie des tous les musées du monde », a-t-il ajouté. Mais la Vénus de Cyrène est une sculpture grecque, et Cyrène, quoique sur le territoire actuel de la Libye, était une ville grecque…

    La visite de Berlusconi en Libye coïncide avec les festivités marquant le 39e anniversaire de la révolution libyenne, le 1er septembre 1969, qui a porté au pouvoir le colonel Kadhafi…

  • Seif Al-Islam annonce son retrait de la vie politique…

    Le fils aîné de la seconde femme de Kadhafi, qui porte le doux nom de Seif Al Islam, c’est-à-dire de Sabre de l’Islam (ce sabre de la paix et de la tolérance qui orne si joliment le drapeau saoudien), a annoncé hier soir son retrait de la vie politique : « J'ai décidé de ne plus intervenir dans les affaires de l'Etat », a-t-il déclaré devant des milliers de jeunes sympathisants dans la ville de Sebha, à 800 km au sud de Tripoli, au cours d’un discours retransmis par la télévision libyenne (ce qui lui donne un sceau officiel).

    Il a indiqué « qu'en l'absence d'institutions et d'un cadre administratif » en Libye, il avait été « obligé d'intervenir ». Et de souligner : « Oui, je suis intervenu dans tous les dossiers, dans les affaires extérieures comme en ce qui concerne le développement en Libye, l'habitat, la planification urbaine, etc. » Il a même affirmé avoir réglé tous les problèmes de la Libye sur le plan national et avec l'extérieur, évoquant notamment les affaires de Lockerbie et des infirmières bulgares.
    Il a ajouté : « J'ai réalisé mon programme. Le train est actuellement sur les rails. Je n'ai plus de grandes batailles à mener et ma situation devient embarrassante… Le plan a changé. Si cela continue il y aura problème… »

    Et après ces propos, aussi sibyllins que peuvent l’être ceux de son père, il a appelé à la construction d'une « société civile forte » capable de participer à la prise de décision.

    Dans une interview au journal russe Kommersant publiée par la presse libyenne, Seif al-Islam affirmait récemment « qu'il se consacrerait désormais au développement de la société civile et de l'activité économique en Libye ainsi qu'à l'action caritative ».

    Pour l’heure, il n’y a en Libye (où il n’y a ni partis politiques, ni syndicats, ni ONG, ni presse libre, pas même de président puisque le dictateur est « guide de la révolution ») aucune autre institution de la société civile que la Fondation internationale Kadhafi de… Seif Al-Islam.

    Le jeune homme ne se vante pas outre mesure quand il dit qu’il a réglé tous les problèmes de la Libye avec l’extérieur. Alors qu’il n’occupe officiellement aucune fonction, c’est lui en effet qui a réglé toutes les affaires, comme une sorte d’ambassadeur-ministre plénipotentiaire de son père, et a réussi à rétablir les relations entre la Libye et les pays occidentaux.

    Il est apparu sur la scène internationale en 2000, lorsqu’il avait réglé le problème des otages occidentaux du groupe islamiste Abou Sayyaf à Jolo aux Philippines. Sa fondation « caritative » avait versé une rançon de 25 millions de dollars…

    Plus récemment, c’est lui qui a négocié les contrats français en réglant l’affaire des infirmières bulgares. « Je n’ai pas lié la libération des infirmières et l’achat par la Libye de missiles Milan », affirmera-t-il pour authentifier les affirmations de son « ami » Nicolas Sarkozy…

    Seif Al Islam est un de ces personnages qui savent séduire les Occidentaux. Il est dans le même genre que le prince Al-Walid bin Talal bin Abdoul Aziz Al Saoud. Chez lui en Libye, c’est un sultan d’anthologie, qui chasse au faucon dans le désert et élève des tigres. A Paris ou à Londres, à Vienne ou à Berlin, c’est un charmant jeune homme occidentalisé, affable et souriant.

    La nouvelle du retrait de Seif Al Islam, alors qu’il était à l’évidence le successeur de son père et qu’il est depuis huit ans l’homme clef du régime, est assez curieuse.

    On rappellera qu’en novembre 2006, l’agence Reuters avait annoncé que Seif al-Islam, « connu pour avoir critiqué le système politique de son pays, a l'intention de quitter la Libye et de travailler à l'étranger ». On nous donnait même le nom de la firme dans laquelle il allait travailler…