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avortement - Page 2

  • Avortement et référendum

    Voici une réaction que m’envoie Yann Baly sur la question du Front national et de l’avortement :

    Après lecture de vos dernières réflexions sur votre blog, je continue de penser que l'idée de soumettre la vie au suffrage universel n'est pas acceptable. « Car le meurtre légal des enfants à naître est un progrès, et devient une action louable quand la moitié des votants décide que ce n’est pas un crime », écrivait ironiquement un certain Daoudal le 17 octobre 2006 sur son blog ou encore le 20 octobre 2006 : « A l’issue du vote du Parlement, la conférence épiscopale a publié une longue déclaration où, à la vérité, on retrouve tout cela. Dès le début il est spécifié que la vie humaine est une “valeur absolue“ qui ne peut pas être “sujette à référendum“.  C'est avec cela que je suis d'accord même si JMLP ne pense pas de même !

    Yann Baly ajoute : « J'avais préparé ce texte pour le mettre en commentaire après votre propos sur le blog et sur le Salon Beige mais je pense qu'il n'est pas utile que les "gros malins" puissent imaginer quelques guerres intestines au Centre Charlier...  Dans le même sens et pour couper court à ce genre de rumeurs, peut-être pourriez-vous renvoyer sur votre blog à la loi pour la Vie du CHACH comme pièce au débat. »

    Il se trouve en effet que Yann Baly est le secrétaire général du Centre Henri et André Charlier, et que j’en suis un des vice-présidents. Mais cela n’implique pas que nous devions être d’accord sur tout, et n’implique pas davantage qu’un désaccord soit l’indice d’une guerre intestine. Disputatio ne se traduit pas par dispute. Coupons court à toute éventuelle rumeur : je suis dans les meilleurs termes avec Yann Baly, et ce débat n’y changera rien.

    Yann Baly cite des phrases de moi qui paraissent me mettre en contradiction avec moi-même. Je dois dire que ces citations me rappelaient seulement vaguement quelque chose, et que j’ai dû me référer, sur mon propre blog, à ce que j’avais bien pu écrire les 17 et 20 octobre.

    Il s’agissait du référendum portugais. Mais les conditions de ce référendum font que c’est tout différent de la proposition de Jean-Marie Le Pen. Le processus portugais est l’inverse de cette proposition.

    Le gouvernement portugais a décidé, dès qu’il en a eu la possibilité, d’organiser un référendum sur l’avortement, et avant même que le parlement ratifie le texte, il a commencé à faire campagne pour la libéralisation de l’avortement, présentée comme un progrès. C’est pourquoi j’ai écrit ironiquement : « Car le meurtre légal des enfants à naître est un progrès, et devient une action louable quand la moitié des votants décide que ce n’est pas un crime »,

    La proposition de Jean-Marie Le Pen est au contraire de préparer l’opinion, par des mesures concrètes, et d’organiser ensuite un référendum contre l’avortement. On ne peut pas faire le même commentaire.

    Il reste en effet que la vie humaine est une valeur absolue qui ne peut être sujette à référendum, comme disent les évêques portugais, et que l’interdiction de l’avortement ne serait pas louable par le seul fait que la moitié des votants l’aurait décidé.

    Cela est parfaitement vrai dans le principe. Comme il est vrai, de façon analogue, que la souveraineté nationale ne peut être sujette à référendum. Pourtant le Front national et tous les gens de notre famille au sens large étaient partisans d’un référendum sur la Constitution européenne, afin de pouvoir dire non.

    Si Jean-Marie Le Pen est élu à la présidence de la République, il est probable, sauf miracle, qu’il n’ait pas une majorité acquise à toutes ses idées. Et il est plus que probable qu’il n’ait pas au Parlement, dans les cinq années qui viennent, une majorité pour voter l’interdiction de l’avortement.

    Le référendum n’est pas ici une question de principe, mais une tactique. C’est la tactique générale de la « République référendaire » sur laquelle Jean-Marie Le Pen axe sa campagne. Je comprends parfaitement qu’on rejette cette tactique en ce qui concerne des questions qui en effet ne doivent pas dépendre du vote, mais on doit aussi se poser la question de l’efficacité. Si un référendum abrogeait la loi Veil dans cinq ans, est-ce que ce ne serait pas mieux que d’attendre une hypothétique majorité parlementaire susceptible de le faire dans vingt ou trente ans ? Qui est alors, concrètement, celui qui applique les principes ?

    En ce qui concerne la proposition de loi d'orientation pour la Vie élaborée par le Centre Charlier et l'Agrif (et à laquelle j’ai un tout petit peu participé, à la marge), j’y avais déjà renvoyé précisément dans mes textes sur le référendum portugais. Il s’agit en effet d’une pièce importante du débat, qui mérite plus que jamais d’être diffusée. On la trouvera ici.

  • Une action concrète contre l’avortement

    Certains ne comprennent pas ce que je veux dire quand je parle d’une politique efficace d’accueil de la vie. Le mieux est de donner un exemple précis, que certains connaissent, et d’autres manifestement pas. Il s’agit de la toute petite association SOS Mamans de Winfried Wuermeling. Voici l’interview que nous avions publiée dans Reconquête (n° 228). Si l’Etat donnait des moyens à des associations comme celle-là, il y aurait déjà une chute des avortements, et la publicité faite à de telles actions aurait d’autre part un fort impact sur le public. Comme préparation à un changement législatif, dont je répète, tant qu’on ne m’aura pas donné le moindre indice du contraire, qu’il est tout simplement impossible à court terme.

    SOS Mamans : une association qui lutte concrètement contre l'avortement

    Winfried Wuermeling est un homme de multiples initiatives. Fondateur de l'UNEC (Union des nations de l'Europe chrétienne) et de sa "mini agence de presse RU" qui diffuse un bulletin hebdomadaire, et de Radio Silence (www.radio-silence.tv), organisateur de colloques sur la Sainte Tunique d'Argenteuil, militant de tous les combats pro-vie, il a constitué une structure intitulée SOS Mamans qui vient en aide, concrètement, aux futures mères en détresse. L'action de cette association (où le nom de Wuermeling n'apparaît jamais) est particulièrement admirable, car animée par le plus pur esprit évangélique : c'est l'amour de Dieu au service de la vie sans aucune autre considération.

    — Comment est née l'idée de SOS Mamans ?
    — Pendant six ans nous avons été une association pro-vie "standard" : manifestations et tractages contre l'avortement, lettres aux députés, articles dans les journaux amis, pèlerinages, collectes de signatures... Jusqu'au jour où nous nous sommes rendu compte que nous tournions autour de notre petit nombril. Que tout cela ne faisait pas baisser d'un seul le nombre des avortements, ce désastre pour la France, cette offense majeure contre le Créateur, ce suicide  collectif "remboursé". Et nous  avons décidé d'oublier "le haut" (les députés, les lois, les autorités de toute sorte, y compris religieuses), et de travailler comme le Bon Samaritain de l'Evangile, qui est descendu de son âne et est venu au secours du pauvre diable jeté dans le ravin. Il fallait s'occuper directement des mamans en détresse, les secourir, les sauver : n'est-ce pas le message de l'Evangile ?
    — Depuis combien de temps existez-vous ?
    — Notre association-mère l'UNEC existe depuis 1989, et nous étions un groupe pro-vie à l'intérieur de l'UNEC depuis le début. Notre "conversion" stratégique, pour ainsi dire, a eu lieu en 1995. Depuis, notre groupe s'appelle SOS Mamans, toujours à l'intérieur de l'UNEC qui seule est déclarée en association selon la loi de 1901.
    — Quel est le profil des jeunes filles dont on dit qu'elles sont "contraintes" d'avorter ?
    — Eh bien, on peut franchement dire que nous n'avons jamais rencontré une maman qui voulait avorter sans s'y sentir contrainte. Par les circonstances, par le manque de ressources, de place, mais surtout par l'attitude de refus de l'entourage. Combien de fois n'avons-nous pas entendu : « Vous êtes les seuls à me soutenir, à m'encourager, à m'aider ; tous les autres, y compris ma meilleure copine, me poussent à avorter ; pire, mes parents m'ont chassée, et mon copain, géniteur du bébé, m'a donné des coups violents quand je lui ai annoncé la bonne nouvelle... » Voici donc le profil : le ventre légèrement bombé, le visage tuméfié, les larmes à peine cachées. Voilà la réalité que nous autres chrétiens ne voulons pas voir, en évitant la rencontre, comme Jésus l'a dit du prêtre et du diacre qui ont simplement "évité" le pauvre diable laissé pour mort dans le ravin.
    — Y a-t-il des différences de comportement entre ces jeunes filles selon leur origine ?
    — Non. Toutes ont besoin d'aide. Parfois morale, presque toujours financière. En plus, certaines sont à reloger le soir même, pour sauver leur bébé. Cela pose naturellement plus de problèmes avec des mamans vivant illégalement en France, les immigrées, les colorées, les mineures... Mais, même si l'on a tous des préférences — comme le Bon Dieu en a en abondance Lui-même, il reste vrai que face à la VIE nous ne faisons aucune différence. Un bébé est toujours à sauver, au risque de notre propre vie, n'importe sa couleur ou condition.  Est-ce qu'un pompier, du haut de son échelle et face aux flammes, prêt à déclencher le jet de sa lance, demande d'abord s'il y a des noirs ou des clandestins dans l'immeuble ? Non, il éteint le feu. C'est ce que nous faisons. Nous sauvons la vie, la vie des enfants de Dieu en danger, en un mot : la vie de nos petits frères et sœurs. Sans parler de la vie des mamans que nous sauvons parfois en même temps, surtout dans le cas des prostituées, esclaves, suicidaires, comme cela nous est arrivé des dizaines de fois. Là on peut dire que grâce au bébé la vie de la maman a été sauvée. C'est d'ailleurs la règle générale : ce n'est pas le bébé qui pose problème, non, ce sont les problèmes des adultes que le bébé résout. Combien de mamans, surtout jeunes, ont grâce au bébé changé de vie, renoncé à leurs mauvais copains, structuré leur vie, abandonné la drogue, l'alcool, appris un métier, retrouvé Dieu ? Le vrai missionnaire envoyé par Dieu, c'est le bébé lui-même. Nous avons d'ailleurs pu amener au baptême une douzaine des bébés sauvés ; c'est chaque fois une grande fête. Il faut bien se mettre d'abord dans la tête que le bébé n'est pas un problème, mais une JOIE, un cadeau tombé du Ciel. Pour bien marquer le coup — devons-nous le dire ? — nous buvons dans le café le plus proche une coupe de Champagne pour célébrer l'arrivée d'une nouvelle maman, c'est-à-dire d'un nouveau bébé. Cela met les pendules à l'heure. C'est un petit luxe de 6 euros que nous payons de nos propres deniers. Après cela seulement, on commence à réfléchir avec la maman sur la façon de résoudre les problèmes parfois terribles qui surgissent, de faire face aux dangers immédiats. Toutes nos mamans sont, à ce moment-là, nos meilleures alliées, partenaires, avocates, amies, en parfaite connivence. Il n'y a pas à argumenter, elles s'envolent et sont d'accord dès qu'on leur parle de la VIE.
    — Combien de personnes participent-elles aux sauvetages ?
    — Nos groupes — il en existe déjà sept en France et deux à l'étranger — comprennent normalement trois personnes, parfois quatre. Pas plus. Une « fourmi de quartier » (ou « avion renifleur ») qui n'a peur de rien et qui dans sa vie "en a vu d'autres". Un ou une comptable qui, patiemment, construit un réseau de donateurs autour du groupe — nous en avons 700. Ensuite un responsable qui supervise, juge les problèmes à froid, garde le lien avec les donateurs et reste en liaison avec notre groupe à Paris pour s'en sortir ensemble quand des cas extrêmes, voire dangereux, se présentent. La quatrième personne peut arriver plus tard, c'est "Monsieur SOS", généralement un retraité disposant d'une voiture pour aider lors du déménagement d'une maman, ce qui arrive souvent, et surtout d'un coin dans son garage pour stocker quelques vêtements de bébé, landaus, lits d'enfant, etc.  La première  personne — la fourmi de quartier — est nécessairement une femme. Une femme peut trouver, comprendre, consoler et sauver une nouvelle maman en profonde détresse. Les hommes ont quitté la scène depuis des lustres — la révolution industrielle ? — et l'arène de  la VIE.  Y font front aujourd'hui seules les femmes, surtout quand ça va mal. C'est normal quand on pense que Dieu les a choisies comme co-créatrices : à chaque conception et naissance la Création continue, Dieu ne délaisse pas l'humanité, Il recommence chaque fois à zéro, et cela chez la maman. Sans les femmes, il n'y aurait pas d'humanité : cela en dit long.
    — Combien de sauvetages faites-vous ?
    — Au début nous n'en réalisions que deux ou trois par an. Nous avions plus d'argent que de mamans à aider. Nos yeux étaient encore fermés. Il fallait,  petit à petit, les ouvrir, sortir de notre tour d'ivoire, de nos cages d'ivoire  bien protégées. Aujourd'hui c'est le contraire : il y a plus de bébés à sauver que d'argent pour aider. Nous vivons ainsi une catastrophe financière presque chaque fin du mois. Mais quand rien ne va plus, Dieu nous envoie de l'aide. Par exemple la semaine dernière un homme voulait nous parler « d'une question administrative ». Nous avons fixé, non sans difficultés, un rendez-vous avec lui. Il a sorti un chèque de 3000 euros. Cadeau de Dieu ! Au total nous avons sauvé jusqu'ici 275 bébés, dont 48 encore à naître. La plupart par notre groupe à Paris, mais aussi 22 par notre groupe en Normandie, 10 par celui de Lituanie, 28 par celui de Géorgie-Caucase où nous avons acquis en 2005 une maison d'accueil, la « Maison Verte » à Zougdidi. D'autres groupes en France, notamment en Auvergne, Paca, Toulouse, Lyon, Dijon, quoique existant pour certains déjà depuis plus d'un an, n'ont pas encore trouvé une seule maman à sauver. Ils s'y préparent, en essayant d'enlever les poutres de leurs yeux dont parle Jésus dans l'Evangile, et aussi en utilisant ce temps "vide" pour établir leurs réseaux de bienfaiteurs et de donateurs.
    — Peut-on évoquer un “taux de réussite” ?
    — Mais oui ! Et il est de près de 100 % ! Il y a un avortement à signaler en Géorgie où notre groupe avoue qu'une femme est revenue pour dire qu'elle a avorté. Et en France nous en avons eu deux. Imaginez la raison ? « Des   charismatiques m'ont harcelée de façon insupportable par des coups de téléphone répétés disant qu'elles sont à genoux pour moi, etc. C'était  trop ! » Triste témoignage. Agir avec amour ne veut pas dire faire  n'importe quoi. Le sauvetage est un métier chrétien qui s'apprend, avec beaucoup de désintéressement, de patience et surtout de délicatesse. N'intervenons-nous pas dans l'un des domaines les plus intimes de la femme ? Un seul mot, un seul geste déplacé, et tout est perdu. Un peu comme chez les pompiers !
    — Est-ce que vous suivez les mamans après la naissance ?
    — Oui, normalement nous les suivons au total pendant 10 à 12 mois, surtout financièrement : la période avant la naissance de leur bébé, jusque trois mois après. Mais parfois nous les logeons aussi : les majeures en les plaçant dans un des quatre studios que notre association loue en région  parisienne, les mineures chez des familles d'accueil dans toute la France. Ainsi nous logeons en permanence 15 à 20 mamans. Plus les futures pensionnaires de notre Maison Verte en Géorgie actuellement en réfection. En un cas nous avons suivi une maman pendant trois ans, logée dans un de nos studios parisiens, jusqu'à ce qu'elle ait trouvé un appartement HLM.
    — Quel est le budget de votre association ?
    — N'en parlons pas : c'est un peu la trésorerie du Bon Dieu. Juste pour vous donner une idée : en moyenne un bébé sauvé nous coûte 1000 euros. C'est peu par rapport à la valeur inestimable de la vie humaine. « Une âme vaut l'univers », dit sainte Thérèse  d'Avila. Et l'argent est fort répandu sur terre. Il suffit de le redistribuer un peu.
    — Comment repérez-vous les jeunes filles en difficulté ?
    — Surtout pas en attendant derrière le téléphone ou l'ordinateur. Non !  Mais en sortant, c'est-à-dire en allant sur les trottoirs, dans les cafés, pharmacies, métros, et surtout vers les bancs dans les parcs publics. Nous n'attendons pas les mamans, nous allons vers elles. Comme le Bon Samaritain dans l'Evangile.
    — Avez-vous des détracteurs ?
    — Personne pour l'instant. Car nous travaillons sans bruit, sans publicité, sans affiches, sans revue, sans bureau, sans salaires. Bref, d'homme à homme, ou plutôt de femme à femme. Par contre nous avons des  ennemis : les députés qui maintiennent l'avortement, les autorités de  l'Etat qui le gère et le rembourse, les médecins qui le pratiquent, les pharmaciens qui vendent les pilules abortives, voire les autorités  religieuses qui laissent passer ce crime des crimes comme si c'était un problème parmi d'autres. Ce sont les femmes qui aboliront l'avortement, pas les hommes. Nous n'attendons surtout rien des gens haut placés. Nous travaillons seuls, en partant du bas vers le haut. S'il y avait 1000 groupes de ce genre en France, il y aurait peut-être encore des lois d'avortement, mais plus d'avortements. Que les païens fassent des lois païennes, rien d'étonnant. Mais que les chrétiens ne se réveillent pas pour sauver les vies, stopper le génocide, arrêter l'horreur, ce n'est pas normal. C'est donc un problème entre catholiques. Oui, l'avortement est un problème catholique ! Il nous provoque et nous défie. Ou nous venons au secours, ou ce sera fini pour tous, y compris nous-mêmes. Quel enjeu !
    — Comment vous aider?
    — Faites partie de nos sauveteurs par vos prières, vos colis postaux avec des layettes modernes, c'est-à-dire au goût du jour. Nous ne pouvons plus accepter les lainages tricotés à la main, bleus pour les garçons, roses pour les filles… Les mamans sont souvent très jeunes et considèrent qu'elles ne peuvent pas habiller leur bébé avec des vêtements qu'elles jugent ringards. Et comme elles savent que cela a été fait avec amour, elles en sont très gênées. Nous ne sommes là ni pour compliquer leur vie, ni pour leur imposer quelque goût que ce soit. Vous pouvez surtout nous aider par vos dons, soit ponctuels soit par virement bancaire mensuel (entre 10 et 50 euros par mois, formulaire disponible). Nos coordonnées :  SOS Mamans (UNEC), BP 70114, 95210 Saint-Gratien, T/F 01 34 12 02 68, unec@wanadoo.fr, www.radio-silence.tv (rubrique SOS MAMANS).

  • Les gros malins

    Parmi ceux qui tempêtent ou se désolent à propos des déclarations des Le Pen père et fille sur l’avortement, il y a ceux qui sont sincères et ceux qui cherchent tous les prétextes pour critiquer Le Pen (notamment des nostalgiques de 1999 qui sont aujourd’hui à rebours de l’histoire), et il y a tous ceux qui combinent à des degrés divers les deux motivations.

    Presque tous font d’autre part un amalgame entre ce que Marine aurait déclaré à Reuters, et ce que Jean-Marie a déclaré à l’AFP.

    Il y a deux sujets très différents. Le premier est ce que compte faire, ou devrait faire, le candidat Jean-Marie Le Pen s’il est élu président de la République.

    Selon certains, il devrait dire qu’il va abroger la loi Veil : ça a toujours été dans le programme du Front national.

    Ce serait d’une insigne maladresse, vis-à-vis de l’opinion publique manipulée par les médias de la culture de mort. Et une très mauvaise politique. Le pape Benoît XVI ne cesse de répéter qu’il faut présenter la morale chrétienne comme un oui à l’amour, un oui à la vie, un oui au bonheur et à la véritable liberté, et non comme une liste d’interdits. La bonne politique est de dire oui à la vie, de favoriser l’accueil de la vie, et une telle politique, qui peut être extrêmement efficace (et qui doit s’accompagner d’une véritable pédagogie), peut permettre de montrer que l’avortement n’est pas une solution, et qu’il n’est définitivement pas légitime que les enfants non désirés soient « mis à mort » (selon l’expression de Jean-Marie Le Pen). D’où la légitimité, en revanche, d’un référendum en fin de mandature.

    Il est illégitime de faire un référendum sur un tel sujet, qui ne peut pas dépendre du suffrage, rétorque-t-on, car il s’agit des valeurs supérieures à la démocratie et qui doivent s’imposer à elle. Certes. Mais la souveraineté du pays aussi est une valeur non négociable. Or nous sommes tous allés voter contre la Constitution européenne.

    Sinon, que faut-il faire ?

    Il faut abroger la loi Veil, il n’y a pas à sortir de là, répondent-ils.

    Et comment ? Je ne vois nulle part la réponse. Comment abrogez-vous la loi Veil, gros malins ? Comment le président de la République peut-il abroger une loi ?

    Il ne le peut pas. Il ne peut que demander à son gouvernement de présenter un projet de loi. Ou… organiser un référendum.

    Admettons que le projet de loi soit élaboré. Qui va le voter ? Même si les législatives suivant la présidentielle donnent au Front national un groupe relativement important, il n’y aura pas de majorité pour voter une telle loi. C’est une évidence dont il est important de tenir compte.

    Nous sommes ici dans la politique. Pas dans le fantasme vertueux. Le Pen ne se présente pas pour témoigner de ceci ou de cela, éventuellement de l’opposition à l’avortement, mais pour devenir président de la République et tenter d’agir contre la disparition de la France. Or il n’y a pas d’autre candidat vers qui se tourner. C’est la réalité toute nue.

    S’en prendre à Le Pen, sur ce sujet, dans les circonstances actuelles, c’est irresponsable. Ou alors, que les gros malins m’expliquent comment ne pas voter Le Pen c’est lutter contre l’avortement.

    L’autre sujet est le programme du Front national. C’est très différent. Car ici il ne s’agit plus de combat électoral immédiat, mais du document exprimant la doctrine du mouvement, quelles que soient les vicissitudes électorales, quels que soient aussi les éventuels compromis dans des alliances de gouvernement. Et là, il serait désastreux que le Front national abandonne son opposition résolue à l’avortement. La formulation peut être modifiée, dans le sens, là aussi, d’un accent mis d’abord sur l’accueil de la vie, et tout ce que l’on peut faire pour favoriser la vie. Mais les lois qui ont fait du massacre des enfants un droit de la femme doivent rester ensuite clairement condamnées. Si le Front national devait devenir sur ce sujet un parti comme les autres, il ne serait plus le Front national : il renierait l’une de ses plus importantes valeurs, et aussi son histoire.

    Et quand on pense que l’avortement est interdit dans le Venezuela de Chavez et dans le Nicaragua d’Ortega…

  • Le Pen et l’avortement

    Jean-Marie Le Pen a précisé hier à l’AFP ce qu’il pense à propos de l’avortement, et ce qu’il ferait s’il était élu président de la République.

    « Nous conservons notre position de principe de défense de la vie », a-t-il dit, mais « on est bien obligé de faire une hiérarchie dans le projet », or l'avortement « n’est pas un sujet mobilisateur pour l’instant ».

    S’il est élu, Jean-Marie Le Pen envisage d’appliquer « pendant trois ou quatre ans des mesures incitatives » pour faire baisser le nombre des avortements, et ensuite de consulter le pays par voie de référendum : « Les Français diront eux-mêmes ce qu’ils pensent. »

    Les mesures incitatives sont notamment le salaire parental, qui permettra aux familles d’avoir un ou plusieurs enfants supplémentaires au lieu d’avoir recours à l’avortement, et l’instauration d’une « adoption prénatale » pour éviter que les enfants non désirés soient « mis à mort ».

    L’adoption prénatale est ainsi définie dans le programme du Front national : « La déclaration prénatale de consentement à l’adoption permettra à toute femme ne pouvant pas avoir d’enfant ou à tout couple stérile, d’adopter l’enfant à naître d’une autre femme qui ne désire pas le garder. Cette adoption conférera les droits de la naissance légitime à l’enfant adopté. Elle ne fera évidemment l’objet d’aucune contrepartie rémunérée. La future mère ayant consenti à l’adoption prénatale bénéficiera de l’ensemble des aides et droits attachés à sa condition, ainsi que de la possibilité de revenir sous un certain délai après l’accouchement sur son engagement si elle décidait en fin de compte d’élever elle-même son enfant. » En 1986, Michel de Rostolan avait déposé une proposition de loi en ce sens à l’Assemblée nationale.

    Parmi les mesures incitatives, on peut aussi suggérer que, à côté de l’adoption prénatale, soient aidées les futures mères en détresse, sur le modèle de ce que fait l’association SOS Mamans, à petite échelle mais avec une stupéfiante efficacité bien qu’elle n’ait que des moyens dérisoires. Son taux de réussite est très proche de 100% : c’est-à-dire que presque toutes les jeunes femmes aidées par SOS Mamans, alors qu’elles avaient réellement l’intention d’avorter, ont gardé leur bébé.

    On lira avec le plus grand intérêt les commentaires du Salon Beige, rédigés à partir de déclarations de Marine Le Pen rapportées par l’agence Reuters avant les propos de Jean-Marie Le Pen reproduits partiellement par l’AFP.

  • Propagande pour l’avortement

    Au Portugal paraît une « étude » sur les avortements clandestins, qui, souligne l’AFP, « a révélé l’ampleur d’une réalité mal connue jusqu’à présent et ouvert un débat à deux mois d’un référendum sur la dépénalisation de l’avortement ».

    Car c’est la première fois qu’une telle « étude » est réalisée, nous dit-on. Elle « révèle » que 18.000 Portugaises ont avorté en 2005, et que 350.000 ont déjà avorté une fois au moins dans leur vie. Cela est agrémenté de divers détails horrifiques, et a évidemment pour seul but de peser sur le vote.

    L’« étude » a été réalisée par le Planning familial, sur la base (unique) d’entretiens avec 2.000 femmes…

  • Chronique de la mère Ubu

    Ségolène Royal est capable, comme on l’a vu lors de son voyage en Israël, de proférer plusieurs propos ubuesques dans le même discours. A Porto, on a relevé sa charge ahurissante contre l’indépendance de la Banque centrale européenne, indépendance garantie par le traité de Maastricht dont elle est une fervente partisane. Dans le même discours, a révélé Jeanne Smits, elle a félicité le Premier ministre portugais d’avoir eu le « courage » d’organiser un référendum sur l’avortement. Elle a souligné qu’il était « bon » de dépénaliser l’avortement, car « le Portugal est le seul pays d'Europe qui ne l'a pas encore fait ».

    Ségolène Ubu ne sait pas que l’avortement est interdit en Irlande, en Pologne et à Malte.

  • L’offense à avorteur

    Se fondant sur une récente décision de la Cour constitutionnelle fédérale allemande, un tribunal de Nuremberg a donné raison à un médecin avorteur qui avait porté plainte pour « offense » contre une association pro-vie.

    L’affaire durait depuis 1997, quand l’association avait manifesté devant une clinique où opérait ce médecin, en distribuant des tracts qui le citaient nommément comme « spécialiste du meurtre des enfants non nés », pratiquant des « infanticides dans le ventre de la mère ». Le tract était titré : « Hier l’Holocauste, aujourd’hui le Bébécauste ».

    Débouté en première instance, le médecin s’était retourné vers la Cour constitutionnelle. Laquelle a décidé que le terme « infanticide », et la comparaison entre « l’acte médical » de l’avortement et les crimes nazis, sont « offensants ».

    Il est donc interdit d’écrire de tels propos, si blessants pour le si sensible médecin qui fait profession de tuer les enfants dans le sein de leurs mères.

  • Parole d’évêque

    A l’ouverture de l’assemblée plénière des évêques portugais à Fatima, le président de la conférence épiscopale, Mgr José Ortiga, s’est exprimé sur le référendum qui va être prochainement organisé sur l’avortement.  Il a déclaré que l’on ne peut pas justifier « le droit d’avorter pour une femme en invoquant le droit à disposer de son corps parce que celui qui est conçu n’est pas un appendice de la mère mais une réalité autonome et donc inviolable ». Il a ajouté : « On ne peut pas reconnaître au pouvoir constitué une quelconque compétence pour libéraliser ou dépénaliser ce qui, par nature est un crime. » Tout est dit en quelques mots.

    On lira d'autre part avec grand profit la réflexion de Jeanne Smits, sur son blog, à propos du référendum au Dakota du Sud, sur le thème de l'avortement et de la prudence politique.

  • Le premier député musulman des Etats-Unis

    Keith Ellison est l’un des élus démocrates de la nouvelle majorité au Congrès américain. Il est le premier parlementaire noir du Minnesota, et il est surtout le premier élu musulman au Congrès. Il est né dans une famille catholique, et il est devenu musulman à 19 ans. Il y a dix ans, il était un sympathisant de la Nation de l’Islam, le mouvement noir extrémiste de Louis Farrakan. Il se dit aujourd’hui modéré et prêt à travailler avec tout le monde. Il a même reçu le soutien du Conseil national juif démocrate alors que son adversaire républicain est juif… Il est pour la construction de mosquées… et le « droit à l’avortement »…

  • L’avortement au Portugal

    Le Parlement portugais a approuvé à une large majorité, sans surprise, l’organisation d’un nouveau référendum sur la dépénalisation de l’avortement. Avec une majorité d’autant plus forte que, comme ils l’avaient annoncé, les députés de droite se sont abstenus.

    Seuls les communistes ont voté contre. Au motif que les droits des femmes ne sauraient être soumis à référendum.

    Il n’y a donc plus que les communistes qui aient des principes au Portugal. Car ils ont raison. Les droits fondamentaux ne sauraient être soumis à référendum.

    Du point de vue de la loi naturelle, il ne s’agit évidemment pas de ce que les communistes appellent les « droits des femmes », il s’agit du droit à la vie. Et ce droit ne peut en aucune manière être l’objet d’un référendum. Il n’y a pas eu un seul député de droite (ou socialiste) pour le dire, et pour voter en conséquence.

    Des bribes de propos du cardinal patriarche de Lisbonne, Mgr Policarpo, avaient suscité une forte émotion chez des catholiques militant contre l’avortement. Il ne disait pourtant pas autre chose que ce que je viens d’exprimer, et qui ne me paraît pas susceptible d’être contesté. Il disait que ce n'est pas d’abord une question religieuse mais une question « d'éthique fondamentale ». Ce qui est indubitable. Il disait aussi, en réponse à une question, que si des indécis lui demandaient son avis, il ne leur ferait « évidemment aucune suggestion de vote », car « je pense que si j'avais des doutes sur un problème aussi fondamental, moi, je m'abstiendrais ». Moi aussi. Car si je ne sais même pas où est la vie et où est la mort, je suis disqualifié pour donner quelque avis que ce soit. Quelques jours plus tôt, Mgr Policarpo avait indiqué que ce n’était pas tant à l’Eglise de faire campagne pour le non, qu’aux pères de famille et aux médecins. En effet, dans un tel débat, c’est aux laïcs de se mobiliser, de se prendre en mains, de manifester leur foi en la vie.

    Mgr Policarpo n’a pas été compris parce qu’il s’est exprimé en théologien et non en pasteur. Et ce que l’on attend d’un évêque, en de telles circonstances, c’est qu’il dise aux fidèles, de façon claire, ce qu’ils doivent faire et pourquoi. Il semble qu’il l’ait compris, puisqu’il a appelé hier les catholiques et tous ceux qui défendent la vie « à participer au débat pour éclairer les consciences », ajoutant que « le rôle des pasteurs est d’appuyer et d’illuminer les consciences, et de proclamer la doctrine de l’Eglise en annonçant l’évangile de la vie ». Et il a tenu à clarifier ses propos contestés, démentant avoir fait « l’apologie de l’abstention », ou nié la dimension religieuse du débat, précisant à ce sujet que ce qui est en question est une valeur universelle, le droit à la vie, qui a acquis avec le message biblique la dimension d’un précepte moral religieux traduisant la volonté de Dieu.

    A l’issue du vote du Parlement, la conférence épiscopale a publié une longue déclaration où, à la vérité, on retrouve tout cela. Dès le début il est spécifié que la vie humaine est une « valeur absolue » qui ne peut pas être « sujette à référendum ». Pour les catholiques l’avortement est un grave péché qui viole le 5e commandement, « mais ce commandement se borne à exprimer une valeur de la loi naturelle, fondement d’une éthique universelle ». Les catholiques doivent donc voter non et éclairer d’autres personnes sur la dignité de la vie humaine dès son premier instant. « La période de débat et d’explication qui précède le référendum n’est pas une campagne politique quelconque, mais une période d’éclairage des consciences. » Et les évêques donnent ensuite cinq raisons de « voter non et choisir la Vie  ».

    On remarque que dans leur exposé, les évêques soulignent que l’alternative ne doit pas être entre pénaliser ou dépénaliser l’avortement, en ce qui concerne les femmes qui avortent. Car ces femmes ont davantage besoin d’un traitement social que pénal. C’est le problème de la loi portugaise actuelle, qui punit théoriquement de prison les femmes qui avortent.

    Il reste à inventer et promouvoir, au Portugal comme en France et partout, une véritable loi pour la vie, qui prenne en considération tous les aspects de la question, et qui dépasse le faux débat qu’il y a chez nous entre le retour à la législation d'avant la loi Veil et le « droit à l’avortement ». Le Centre Charlier s’honore d’avoir élaboré une proposition sérieuse, concrète, détaillée, en ce sens. Il faut la diffuser autant que possible.