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L’avortement au Portugal

Le Parlement portugais a approuvé à une large majorité, sans surprise, l’organisation d’un nouveau référendum sur la dépénalisation de l’avortement. Avec une majorité d’autant plus forte que, comme ils l’avaient annoncé, les députés de droite se sont abstenus.

Seuls les communistes ont voté contre. Au motif que les droits des femmes ne sauraient être soumis à référendum.

Il n’y a donc plus que les communistes qui aient des principes au Portugal. Car ils ont raison. Les droits fondamentaux ne sauraient être soumis à référendum.

Du point de vue de la loi naturelle, il ne s’agit évidemment pas de ce que les communistes appellent les « droits des femmes », il s’agit du droit à la vie. Et ce droit ne peut en aucune manière être l’objet d’un référendum. Il n’y a pas eu un seul député de droite (ou socialiste) pour le dire, et pour voter en conséquence.

Des bribes de propos du cardinal patriarche de Lisbonne, Mgr Policarpo, avaient suscité une forte émotion chez des catholiques militant contre l’avortement. Il ne disait pourtant pas autre chose que ce que je viens d’exprimer, et qui ne me paraît pas susceptible d’être contesté. Il disait que ce n'est pas d’abord une question religieuse mais une question « d'éthique fondamentale ». Ce qui est indubitable. Il disait aussi, en réponse à une question, que si des indécis lui demandaient son avis, il ne leur ferait « évidemment aucune suggestion de vote », car « je pense que si j'avais des doutes sur un problème aussi fondamental, moi, je m'abstiendrais ». Moi aussi. Car si je ne sais même pas où est la vie et où est la mort, je suis disqualifié pour donner quelque avis que ce soit. Quelques jours plus tôt, Mgr Policarpo avait indiqué que ce n’était pas tant à l’Eglise de faire campagne pour le non, qu’aux pères de famille et aux médecins. En effet, dans un tel débat, c’est aux laïcs de se mobiliser, de se prendre en mains, de manifester leur foi en la vie.

Mgr Policarpo n’a pas été compris parce qu’il s’est exprimé en théologien et non en pasteur. Et ce que l’on attend d’un évêque, en de telles circonstances, c’est qu’il dise aux fidèles, de façon claire, ce qu’ils doivent faire et pourquoi. Il semble qu’il l’ait compris, puisqu’il a appelé hier les catholiques et tous ceux qui défendent la vie « à participer au débat pour éclairer les consciences », ajoutant que « le rôle des pasteurs est d’appuyer et d’illuminer les consciences, et de proclamer la doctrine de l’Eglise en annonçant l’évangile de la vie ». Et il a tenu à clarifier ses propos contestés, démentant avoir fait « l’apologie de l’abstention », ou nié la dimension religieuse du débat, précisant à ce sujet que ce qui est en question est une valeur universelle, le droit à la vie, qui a acquis avec le message biblique la dimension d’un précepte moral religieux traduisant la volonté de Dieu.

A l’issue du vote du Parlement, la conférence épiscopale a publié une longue déclaration où, à la vérité, on retrouve tout cela. Dès le début il est spécifié que la vie humaine est une « valeur absolue » qui ne peut pas être « sujette à référendum ». Pour les catholiques l’avortement est un grave péché qui viole le 5e commandement, « mais ce commandement se borne à exprimer une valeur de la loi naturelle, fondement d’une éthique universelle ». Les catholiques doivent donc voter non et éclairer d’autres personnes sur la dignité de la vie humaine dès son premier instant. « La période de débat et d’explication qui précède le référendum n’est pas une campagne politique quelconque, mais une période d’éclairage des consciences. » Et les évêques donnent ensuite cinq raisons de « voter non et choisir la Vie  ».

On remarque que dans leur exposé, les évêques soulignent que l’alternative ne doit pas être entre pénaliser ou dépénaliser l’avortement, en ce qui concerne les femmes qui avortent. Car ces femmes ont davantage besoin d’un traitement social que pénal. C’est le problème de la loi portugaise actuelle, qui punit théoriquement de prison les femmes qui avortent.

Il reste à inventer et promouvoir, au Portugal comme en France et partout, une véritable loi pour la vie, qui prenne en considération tous les aspects de la question, et qui dépasse le faux débat qu’il y a chez nous entre le retour à la législation d'avant la loi Veil et le « droit à l’avortement ». Le Centre Charlier s’honore d’avoir élaboré une proposition sérieuse, concrète, détaillée, en ce sens. Il faut la diffuser autant que possible.

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