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Les gros malins

Parmi ceux qui tempêtent ou se désolent à propos des déclarations des Le Pen père et fille sur l’avortement, il y a ceux qui sont sincères et ceux qui cherchent tous les prétextes pour critiquer Le Pen (notamment des nostalgiques de 1999 qui sont aujourd’hui à rebours de l’histoire), et il y a tous ceux qui combinent à des degrés divers les deux motivations.

Presque tous font d’autre part un amalgame entre ce que Marine aurait déclaré à Reuters, et ce que Jean-Marie a déclaré à l’AFP.

Il y a deux sujets très différents. Le premier est ce que compte faire, ou devrait faire, le candidat Jean-Marie Le Pen s’il est élu président de la République.

Selon certains, il devrait dire qu’il va abroger la loi Veil : ça a toujours été dans le programme du Front national.

Ce serait d’une insigne maladresse, vis-à-vis de l’opinion publique manipulée par les médias de la culture de mort. Et une très mauvaise politique. Le pape Benoît XVI ne cesse de répéter qu’il faut présenter la morale chrétienne comme un oui à l’amour, un oui à la vie, un oui au bonheur et à la véritable liberté, et non comme une liste d’interdits. La bonne politique est de dire oui à la vie, de favoriser l’accueil de la vie, et une telle politique, qui peut être extrêmement efficace (et qui doit s’accompagner d’une véritable pédagogie), peut permettre de montrer que l’avortement n’est pas une solution, et qu’il n’est définitivement pas légitime que les enfants non désirés soient « mis à mort » (selon l’expression de Jean-Marie Le Pen). D’où la légitimité, en revanche, d’un référendum en fin de mandature.

Il est illégitime de faire un référendum sur un tel sujet, qui ne peut pas dépendre du suffrage, rétorque-t-on, car il s’agit des valeurs supérieures à la démocratie et qui doivent s’imposer à elle. Certes. Mais la souveraineté du pays aussi est une valeur non négociable. Or nous sommes tous allés voter contre la Constitution européenne.

Sinon, que faut-il faire ?

Il faut abroger la loi Veil, il n’y a pas à sortir de là, répondent-ils.

Et comment ? Je ne vois nulle part la réponse. Comment abrogez-vous la loi Veil, gros malins ? Comment le président de la République peut-il abroger une loi ?

Il ne le peut pas. Il ne peut que demander à son gouvernement de présenter un projet de loi. Ou… organiser un référendum.

Admettons que le projet de loi soit élaboré. Qui va le voter ? Même si les législatives suivant la présidentielle donnent au Front national un groupe relativement important, il n’y aura pas de majorité pour voter une telle loi. C’est une évidence dont il est important de tenir compte.

Nous sommes ici dans la politique. Pas dans le fantasme vertueux. Le Pen ne se présente pas pour témoigner de ceci ou de cela, éventuellement de l’opposition à l’avortement, mais pour devenir président de la République et tenter d’agir contre la disparition de la France. Or il n’y a pas d’autre candidat vers qui se tourner. C’est la réalité toute nue.

S’en prendre à Le Pen, sur ce sujet, dans les circonstances actuelles, c’est irresponsable. Ou alors, que les gros malins m’expliquent comment ne pas voter Le Pen c’est lutter contre l’avortement.

L’autre sujet est le programme du Front national. C’est très différent. Car ici il ne s’agit plus de combat électoral immédiat, mais du document exprimant la doctrine du mouvement, quelles que soient les vicissitudes électorales, quels que soient aussi les éventuels compromis dans des alliances de gouvernement. Et là, il serait désastreux que le Front national abandonne son opposition résolue à l’avortement. La formulation peut être modifiée, dans le sens, là aussi, d’un accent mis d’abord sur l’accueil de la vie, et tout ce que l’on peut faire pour favoriser la vie. Mais les lois qui ont fait du massacre des enfants un droit de la femme doivent rester ensuite clairement condamnées. Si le Front national devait devenir sur ce sujet un parti comme les autres, il ne serait plus le Front national : il renierait l’une de ses plus importantes valeurs, et aussi son histoire.

Et quand on pense que l’avortement est interdit dans le Venezuela de Chavez et dans le Nicaragua d’Ortega…

Commentaires

  • Bonne remarque.
    Deplus, cela ne suffit pas d'interdire l'avortement, même aprés l'avortement.
    Il faut ensuite mettre en place une politique de natalité afin d'éviter que les femmes aillent avorter à l'étranger.
    Comme je le disais sur un autre blog, je serais favorable à ce que les enfants non désirés soient , ou adopter (même par des couples homosexuels en derniers recours) ou placer dans des structures gérées, non par l'Etat, mais par des congrégations religieuses chrétiennes afin qu'ils recoivent une authentique éducation européenne.

  • "Impossible de mettre un commentaire sur votre texte", me dit Philippe Maxence, qui m’envoie sa réaction par courriel. La voici.

    Je ne suis pas un analyste politique et je me garderai bien d’avoir un jugement définitif sur la question. En tous les cas, le sujet me semble mériter le débat car il touche à un sujet primordial.
    Disons d’emblée ce que je n’aime pas dans ce texte. Je trouve un peu facile et rapide son titre et sa reprise à plusieurs endroits dans le texte. Il n’a rien d’un argument et laisse entendre que certains savent mieux et plus que d’autres. Mais ce travers est finalement secondaire.
    En fait, il me semble qu’Yves Daoudal pose indirectement la question de la « prudence » politique. La « prudence », en tant que vertu, est un juste milieu entre la précipitation et la couardise. Elle est, à la fois une vertu intellectuelle et une vertu pratique. Elle exige le jugement et l’imperium nécessaire pour passer à l’action. Dans ce sens, il ne me paraît pas aberrant qu’un parti politique et qu’un homme politique envisagent la question de l’avortement et de l’action à mener une fois arrivée à la tête de l’État avec un minimum de prudence politique. Si je comprends bien, c’est ce que Yves Daoudal appelle la politique. Ce sens politique ou cet exercice de la vertu de prudence est d’autant plus compréhensible que l’on reconstruit toujours plus difficilement, plus lentement, que l’on démolit. D’autant plus que l’avortement est une question morale et politique avec des incidences directement pratiques. Il s’agit de changer des comportements et, à la racine, il s’agit de modifier des réflexes psychologiques et les causes de ces comportements qui conduisent à l’avortement.
    À côté de ces raisons, nobles, politiquement et philosophiquement rationnelles, il y a une autre face du sujet qui nous concerne. De manière abrupt, il peut être poser de la façon suivante : le Front national ou son candidat change-t-il ou modifie-t-il son discours par souci électoraliste ? Répondre par l’affirmative ne condamne pas forcément ceux qui entreprennent cette démarche. Mais elle peut légitimement conduire à poser des questions dont il ne me semble pas suffisant ni même très efficace de répondre en parlant de « gros malins ».
    Ce qui peut poser problème, me semble-t-il, c’est de voir que ce changement prudentiel, politique ou électoraliste, se produit dans un certain climat, au terme (?) d’un processus, dans le cadre d’un changement global d’image. Est-ce le cas au Front national ? Encore une fois, je ne suis pas un analyste politique et je ne suis pas les choses d’assez près pour répondre avec assurance. Comme simple citoyen – celui qui va voter –, j’ai quand même l’impression que ce changement de discours intervient dans une ambiance plus générale de transformation au sein du Front national : montée en puissance de Marine Le Pen ; influence d’Alain Soral ; visite de Dieudonné ; etc. Et, comme par hasard, c’est à ce moment, comme pour une étape d’un processus, que la question de l’avortement se modifie. Il est étonnant de voir d’ailleurs que les propositions en débat sont assez proches de celles tenues naguère par Christine Boutin : pas de remise en cause immédiate de la Loi Veil et accent mis sur l’accueil et une politique positive en faveur de la vie plutôt que sur l’abrogation de la Loi Veil. Cette remarque ne signifie pas que Christine Boutin avait tort hier ou que Jean-Marie Le Pen à tort aujourd’hui sur ce sujet. Mais hier, sauf erreur toujours possible de ma part, c’était bien les reproches de personnalités du F.N. à l’égard de Christine Boutin.
    Enfin, la question peut s’envisager sous un dernier angle. Yves Daoudal nous répète qu’il n’y a pas d’autres candidats que Jean-Marie Le Pen. Pour les membres de son parti, peut-être. Mais pour un simple citoyen, la question se pose autrement. La démarche consiste à déterminer quel est le candidat le plus proche ou le moins éloigné de ses idées. Si l’on place la question de l’avortement en tête de ses préoccupations de citoyen, il est dommage de s’entendre dire que l’avortement n’est finalement pas une question si importante. Et même sans ce discours, il est légitime de manifester son inquiétude quand à une éventuelle modification de positions du candidat en question. Traiter les gens de gros malins ne me semble pas suffire pour les convaincre qu’ils se sont éventuellement tromper. Et, personnellement, une propagande de parti ne suffira jamais à m’assurer que tel ou tel candidat est opposé à l’avortement si je n’en ai pas l’intime conviction au regard de ses actes et de ses discours. Pardon d’avoir été si long.

    [J’appelle « gros malins » ceux qui prétendent qu’il faut tout de suite interdire l’avortement, mais qui se gardent bien de dire comment on fait, non pas en rêve, mais dans la réalité. Y.D.]

  • je fais partie de ceux qui, à dessin , ont multiplié symboliquement sur le Salon beige les appels à l'abrogation de la loi sur l'avortement , qui , j'en demeure parsuadé doit rester un objectif majeur de tout candidat non seulement à une élection présidentielle mais surtout au sauvetage de la France et plus, de l'humanité.
    Car à l'heure où la folie meurtière s'empare des techniques de la génétique il est primordial que le sens de la Vie et le respect de la Vie soit au coeur du débat politique.Les autres questions pour importantes qu'elles soient ne peuvent apparaître que comme contingentes au regard de la gravité de la situation et des considérations de plus en plus utilitaristes portées à l'homme lui-même.Je ne pense pas, d'ailleurs, que ce point de vue doive être réservé aux seuls chrétiens , mais à tous les sages conscients qu'il existe un ordre naturel favorable à l'épanouissement de l'homme et qu'il serait folie de vouloir le transgresser indéfiniement à ce point sans grave danger pour l'humanité.Qu'importerait-il par exemple de savoir que l'âge de la retraite suivrait, inéluctablement d'ailleurs, l'allongement de la vie, à plus forte raison si l'on tue les enfants en bas âges, alors que l'on s'apprêterait a transformer l'homme en matériau?
    Sans les rejeter par l'anathème ,mais au contraire en les considérant avec intérêt, je ne partage pas spontanément non plus tous vos arguments , Monsieur Daoudal.
    Je crois savoir que Monsieur Le Pen est un de nos plus fins connaisseur du droit politique français et du droit constitutionnel en particulier.S'il a pensé hier qu'il existait des moyens de proposer l'abrogation d'une loi, et que les conditions d'exercices des fonctions présidentielles n'ont pas changé entre temps , il n' y a aucune raison de penser que ces moyens se soient volatilisés entre temps, même si l'on sait qu'ils seraient soumis à des conditions de réalisation difficiles.
    Ce n'est d'ailleurs pas la raison invoquée par Monsieur Le Pen qui dit: "la question n'est pas mobilisatrice pour l'instant". "Phrase subtile qui peut signifier plusieurs choses.Essayons de les discerner.
    La première, un constat: ce n'est pas un sujet qui va mobiliser nombre de militants , ni de votants supplémentaires.C'est hélas assurémment vrai et la faute n'en incombe évidemment pas à Monsieur Le Pen.
    On pourrait dès lors être tenté d'y voir une dérive oportuniste un soupçon de raisonnement utilitariste.
    L'expression" pour l'instant " , à la réflexion me paraît
    réfuter ce risque et même suggérer assez habilement le lancement du débat , peu après, faut-il le remarquer, le tintamarre non négligeable déclenché par quelques rares responsables et courageux évêques à l'occasion du téléthon.Ce fait , nouveau, ne saurait avoir échappé à l'oeil avisé du grand résistant qu'est Monsieur Le Pen.
    En quelque sorte ce pourrait bien être une forme
    d'appel aux élécteurs, en particulier aux défenseurs de la vie et pourquoi pas aux autres candidats, qui suiveur , qui piégés, pour animer la campagne et élever le débat.
    Rien n'interdit d'ailleurs à ceux sensés défendre la Vie, nos évêques par exemple, ou , plus sûr, les organisations pro-vie d'intervenir opportunément pendant la campagne et de solliciter publiquement les réponses des candidats sur ce thème.Leur silence éventuel n'engagerait tout de même pas les candidats!
    Certes on peut envisager qu'à un moment où le Fn monte nécessairement en puissance dans l'opinion, de par la justesse des ses analyses de longue date et par l'effondrement des recettes des officines établies, il puisse succomber à la tentation de lâcher du lest pour gagner plus vite, d'autant qu'il y a urgence.
    Ce n'est pourtant pas l'esprit constant du "Patron", qui n'a jamais hésiter à sacrifier l'apparence du pouvoir à la pertinence des propositions.C'est d'ailleurs le reproche que lui fit en son temps le nouveau réconcilié Mégret.
    Ainsi n'est-il pas exclu de penser que loin d'être une esquive ou encore moins une "trahison"comme on a pu le lire ici et là sous des plumes qui jusqu'alors se présentaient comme objectives et posées, ce peut -être tout au contraire une dramatisation voulue de cette question fondamentale de la place même de l'homme dans la société .Que ce soit au sujet de l'avortement, de l'heuthanasie, ou des manipulations génétiques, l'homme doit -il être considéré irrémédiablement comme un simple matériau , ou bien comme l'épicentre intangible de l'organisation sociale ?
    N'est-il pas vrai que dans ce domaine vital notre pays avance allègrement sur la planche savonneuse sans que ne soit organisé le moindre débat, la moindre réflexion , seule la propagande officielle a le droit de matraquer l'opinion quasi quotidiennement.
    Si tel est bien le sens du changement tactique, voire stratégique, du FN sur l'avortement et de la Vie, alors en effet la bataille prendrait une autre tournure et parachèverait un très long combat pour notre libération .
    Si par malheur , ce que je ne suis pas enclin à croire , il s'agissait de la résultante d'une "nouvelle vague" pressée d'exister, cela tournerait vite sans gloire à la "toulonnade". Cependant le risque existe hélas, cela s'est dèjà vu , restons sereins mais attentifs, le déroulement de la campagne nous instruira sur la nature réelle des choses.

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