Kurt Masur est mort, à l’âge de 88 ans. Il souffrait de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années.
Kurt Masur était l’un des plus grands chefs d’orchestre de sa génération.
Bien qu’ayant été le chef du Philharmonique de New York, du Philharmonique de Londres, de l’Orchestre national de France après la chute du Mur, il restera le chef du Gewandhaus de Leipzig qu’il fut de 1970 à 1996. De ce fait il dirigeait chaque Semaine Sainte la Passion selon saint Matthieu de Bach. Et la seule fois que je l’ai vu, c’était à la basilique de Saint-Denis, précisément pour la Passion selon saint Matthieu, avec Peter Schreier en évangéliste. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas. D’autant que c’était l’année suivant la chute du Mur.
Kurt Masur était donc l’un des deux ou trois grands chefs d’orchestre d’Allemagne de l’Est. Il était muet sur le plan politique. Mais lorsque la contestation monta, avec les fameux « lundis de Leipzig » de l'automne 1989, qui commencèrent comme une réunion de prière en l’église Saint-Nicolas et devinrent peu à peu des manifestations du lundi dans toutes les grandes villes du pays, Kurt Masur accueillit les manifestants dans la grande salle du Gewandhaus, et il fut un artisan important de la chute pacifique du régime par son autorité naturelle qui imposait la modération sans rien abandonner de la détermination : un travail de chef d’orchestre…
Kurt Masur et sa femme Tomoko, l’an dernier à Leipzig.