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Musique - Page 2

  • ✝︎ Krzysztof Penderecki ✝︎

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    Krzysztof Penderecki est mort. Il avait 86 ans. Il restera comme l’un des compositeurs majeurs du XXe siècle et du début du XXIe. Profondément croyant, il a composé une bonne partie de son œuvre sur des textes liturgiques. Sa musique était d'essence tragique, et il est mort le dimanche de la Passion...

    Il fut l’une des têtes de file de l’avant-garde musicale d’après-guerre, avant d’évoluer peu à peu vers une musique plus compréhensible, volontairement plus accessible et plus sensible. Ce qui lui fut reproché par la mafia boulezienne qui régnait dictatorialement sur la vie musicale d’Europe occidentale. Il fut voué aux gémonies dès sa Passion selon saint Luc (1965), pourtant pleine encore d’éclats d’avant-garde, parce qu’il reprenait les codes traditionnels de la Passion et que la partition n’était pas uniment atonale.

    Parmi ses œuvres majeures il y a cette Passion, son Requiem (dont l’Agnus Dei fut écrit la nuit de la mort du cardinal Wyszynski et interprété lors de ses funérailles) et son Credo. Et aussi ses concertos pour violon, pour alto (ou clarinette) et pour violoncelle. Et plusieurs de ses Symphonies. Il avait composé un Te Deum pour l’élection de Jean-Paul II.

    C’est bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître.

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    Il était aussi passionné de dendrologie, et avait créé dans le parc de sa maison près de Cracovie un important arboretum. Sa très belle et quelque peu impressionniste 8e symphonie est une suite de lieder sur des textes de grands poètes chantant les arbres et les jardins.

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  • ✝︎ Peter Schreier ✝︎

    Il est mort le jour de Noël, lui qui avait si souvent chanté l’Oratorio de Noël de Bach.


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    Vous pouvez me menacer, fiers ennemis, comment pourriez-vous m’effrayer ? Mon trésor, mon bien-aimé est près de moi…

    Il avait été repéré par Rudolf Mauersberger au sein du Chœur d’enfants de la Sainte-Croix de Dresde, et un disque entier témoigne encore de l’exceptionnelle maîtrise vocale et musicale dont faisait preuve cet enfant. Et c’est pour lui que Mauersberger composa plusieurs pages, dont les solos de son beau et tragique Requiem de Dresde

    Ici dans Es ist vollbracht de la Passion selon saint Matthieu.


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    Il est rarissime qu’un enfant très doué devienne un grand chanteur après la mue. Peter Schreier est l’exception. Il va devenir le grand évangéliste et le grand ténor des oratorios et cantates de Bach. Et aussi le grand ténor des opéras de Mozart.

    Et aussi… on n’en finirait pas, car il a tout interprété du répertoire pour ténor, et toujours de façon exceptionnelle.

    Le plus exceptionnel de ses enregistrements demeure peut-être ce chef-d’œuvre absolu de l’histoire du disque qu’est son interprétation du Voyage d’hiver de Schubert, avec au piano un Sviatoslav Richter lui aussi particulièrement inspiré, le 17 février 1985… à Dresde.


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  • Regina cæli

    Une interprétation véritablement… allegro du Regina Cæli KV 276 (récemment renuméroté 321b) de Mozart, par le « chœur civique » Marino Boni de Viadana et l’orchestre philharmonique de Mantoue, sous la direction de Marino Cavalca, en l’église Saint-Pierre de Viadana, le 9 janvier 2011.

  • James MacMillan

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    James MacMillan est sans doute le plus grand compositeur de sa génération. Il est écossais, catholique pratiquant et même tertiaire dominicain (ainsi que sa femme), il dénonce la « honte de l’Ecosse » qui est son anti-catholicisme (il souligne que 57% des délits motivés par la haine sont dirigés contre les catholiques), et il peut se vanter d’être très mal vu des évêques de tout le Royaume-Uni (par exemple, il va à la messe de Paul VI chez les dominicains mais il a applaudi Summorum Pontificum).

    Sir James Loy McMillan, commandeur de l’ordre de l’empire britannique, aura 60 ans cette année (le 16 juillet). Ce qui donne lieu à de nombreuses célébrations. Il y a même un site internet spécial « Sir James MacMillan at 60 ».

    Cela a commencé dès février avec un double concert du Scottish chamber orchestra et de son chœur les 21 et 22 février (Edimbourg et Glasgow). Les jours prochains il y aura les concerts de la semaine sainte à l’église (salle de concert depuis 1969) Saint-Jean de Smith Square à Londres, avec le jeudi saint une suite chorale extraite de sa Passion selon saint Jean, ses Répons des Ténèbres et une sélection de ses Motets de Strathclyde, le vendredi saint ses Sept dernières paroles du Christ en Croix. Il y aura aussi son Miserere, et d’autres pièces chorales.

    L’hommage culminera cet été avec cinq concerts du Festival international d’Edimbourg, où sera créée sa 5e symphonie, « Le Grand Inconnu ». Il s’agit d’une symphonie chorale célébrant explicitement le Saint-Esprit, mais je m’adresse ici à mes innombrables lecteurs érudits : le sous-titre de la symphonie est en français, et je n’arrive pas à trouver pourquoi. Qui est donc le Français (ou francophone) qui le premier a parlé du Saint-Esprit comme du « Grand Inconnu » ?

  • Claude Duboscq

    Demain dimanche 17 mai, à 16h, aura lieu à la chapelle Notre Dame des Armées de Versailles un concert en l’honneur des 80 ans de la disparition de Claude Duboscq. Avec Damien Top et Florent Nagel. Il y a déjà eu un concert à Paris hier soir, mais centré sur des œuvres instrumentales. Celui de demain est plus représentatif de la personnalité de Claude Duboscq, étant entièrement composé d’œuvres spirituelles. On y entendra notamment les Prières du matin et du soir, les Monodies d’après saint Jean de la Croix et les Cantiques aux saints de l’hiver (sur des poèmes du compositeur. Voici sainte Cécile, par Odile Thomas et Dominique Joubert (CD “Petites heures mystiques”) :


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    J’ai écrit dans L’Homme Nouveau, dans Reconquête et dans La Nef que l’abbé Gilles Duboscq a écrit un grand et beau livre, alerte et vivant, sur son père :

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  • A Fatima

    Vendredi, pour la clôture du centenaire des apparitions de Fatima, sera donné en la basilique un concert, par le chœur et l’orchestre Gulbenkian de Lisbonne, sous la direction de Joana Carneiro.

    Au programme, notamment, la création de The sun danced (le soleil a dansé) de James MacMillan, qui est le plus grand compositeur de sa génération, et authentiquement catholique.

    Il décrit ainsi cette œuvre (qui dure 15 minutes) :

    « La première de The sun danced aura lieu à la basilique de Fatima exactement 100 ans après le miracle du soleil. Les événements miraculeux ont rendu célèbre dans le monde entier cette petite ville portugaise anonyme, et ont donné lieu à un incroyable phénomène spirituel qui se poursuit. Les textes sont pris des apparitions de l’Ange et de la Vierge ainsi que de propos avérés de personnes de la foule présente au Miracle du soleil. L’œuvre est écrite en trois langues – latin, anglais et portugais – et comprend également des textes d’hymnes associées à Fatima – Sanctissimae Trinitatis et Ave Theotokos. »

  • A Barcelone

    En juillet dernier, lors des répétitions du Voyage à Reims de Rossini qui allait être représenté en septembre au Liceu de Barcelone, il fut annoncé aux artistes que l’expression « la croce splenderà » (la croix resplendira) serait changée en « l’amore splenderà » (l’amour resplendira).

    La soprano Irina Lungu, qui est actuellement l’une des plus demandées sur les plus grandes scènes du monde, s’en est émue sur sa page Facebook :

    « L’expression “la croix resplendira” a été enlevée de mon air pour des raisons de “religieusement correct”. A ce stade, lors mes prochains débuts dans Les Pêcheurs [de perles, de Bizet], je m’attends à chanter, au lieu de “O Dieu Brahma”, quelque chose comme “la paix et la joie soient avec vous”. “O Brahma” ne dérange personne pour le moment ? »

    Du religieusement correct, c’est-à-dire de la dhimmitude. Car l’air de Corinne dans le Voyage à Reims évoque « le combat du croissant de lune contre les fidèles », et la victoire qui reviendra de nouveau aux chrétiens : « symbole de la paix et de la gloire, la croix resplendira ». Et l’on reprend en chœur : « Symbole de la paix et de la gloire, la croix resplendira ».

    La réaction d’Irina Lungu n’étant pas passée inaperçue, la direction du Liceu a fait volte face et assuré que le texte serait celui de la partition. Et Irina Lungu a retiré son mot de Facebook.

    La croix est donc sauvée. Mais manifestement en sursis, dans une Barcelone où l’islam s’installe. Et si c’était seulement à Barcelone…

  • Arvo Pärt prix Ratzinger

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    Le prix Ratzinger 2017 a été attribué à Theodor Dieter, Karl-Heinz Menke, et Arvo Pärt.

    Le premier est un théologien luthérien très impliqué dans le dialogue œcuménique. Le deuxième est un théologien catholique, grand connaisseur de la pensée de Joseph Ratzinger et membre de la Commission théologique internationale. Le troisième est le compositeur vivant le plus joué dans le monde alors que sa musique est quasiment uniquement religieuse.

    Le cardinal Ruini, premier président du comité scientifique de la Fondation Ratzinger, avait dit que ce prix serait le « Prix Nobel de la théologie ».

    On fait remarquer qu’avec Arvo Pärt, pour la première fois le prix est attribué à quelqu’un qui n’est pas un théologien. En fait c’est une erreur de perspective, ou une myopie intellectuelle. Car Arvo Pärt est bien évidemment un théologien, l’un des plus importants théologiens de notre temps. Qui s’exprime par la musique, et non par les mots. Quoiqu’il utilise aussi des mots. Ceux de la liturgie. Et il est très remarquable que ce très pieux orthodoxe, qui ne se déplace jamais sans son impressionnant confesseur (sorte de moine sorti d’une Russie mythique), a composé la grande majorité de ses œuvres sur des textes de la liturgie catholique latine…

    La photo montre Arvo Pärt avec Benoît XVI en 2011, lors du 60e anniversaire de sacerdoce du pape. A cette occasion avait été interprétée la version révisée du Vater unser (Notre Père en allemand) d’Arvo Pärt dédiée à Benoît XVI. Quelques mois plus tard Benoît XVI le nommait membre du Conseil pontifical de la culture.

    Le prix Ratzinger attribué à Arvo Pärt est aussi un hommage de la Fondation Ratzinger à l’amour du pape émérite pour la musique. En 2010, l’interprétation de Cecilia vergine romana d’Arvo Pärt lui avait inspiré un beau commentaire sur le… silence (ce qui en effet convient à cette musique).

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  • Si bémol

    Je voudrais juste signaler, pour ceux que cela intéresse, dans le dernier numéro d’Una Voce, le très remarquable article de Dominique Crochu (de Gregofacsimil et du Réseau de musicologie médiévale de Dominique Gatté, qui met en ligne de nombreux enregistrements) sur la question du si bémol dans le plain chant.

    C’est la mode depuis un certain temps de supprimer les si bémol (d’en faire des si bécarre), une mode qui un temps a même atteint Solesmes.

    Dominique Crochu démontre dans ce premier article que nombre de si bémol sont parfaitement authentiques. Il le fait à partir du développement des cellules mélodiques, et des mélodies analogues notées un ton plus haut (si-do prouve le la-si bémol).

    Il montre aussi que ce n'est pas parce que le bémol n'est pas indiqué sur un manuscrit qu'il n'était pas chanté. Et c'est un principe que tout historien devrait garder à l'esprit: ce n'est pas parce que ce n'est pas écrit que ça n'a pas existé.

  • + Pierre Boulez +

    Il est toujours amusant de lire les hommages des politiques aux écrivains ou artistes, quand il est patent ou vraisemblable qu’ils n’en connaissent rien. Fleur Pellerin avait donné un exemple spectaculaire en saluant le prix Nobel de Patrick Modiano, dont elle n’a jamais lu une ligne.

    Pour Pierre Boulez, on se passera de l’« Hommage de Fleur Pellerin », anonyme résumé de Wikipedia laborieusement réalisé par un nègre de son ministère. On préférera le tweet de Manuel Valls et le communiqué de François Hollande qui affirment, l’un que Pierre Boulez « a fait rayonner partout dans le monde » la musique française, l’autre que Pierre Boulez « a fait briller la musique française dans le monde » (ils ont un nègre unique pour les hommages ?).

    C’est complètement idiot. On ne sait même pas si l’on parle de ses œuvres ou de sa direction d’orchestre. Si l’on parle de ses œuvres, elles ne sont pas spécifiquement françaises puisqu'elles sont par principe sans racines, et elles sont très rarement interprétées, parce qu’elles n’ont jamais intéressé qu’une élite intello et qu’elles n’intéressent plus personne, aujourd’hui que sa génération s’en va. Si l’on parle de sa direction d’orchestre, elle n’a pas fait briller la musique française davantage que beaucoup d’autres chefs d’orchestre, et la musique française ne se limite pas à quelques pages orchestrales de Debussy et Ravel.

    En outre Pierre Boulez haïssait la France, il vivait depuis plus d’un demi-siècle en Allemagne. Il fut l’un des principaux responsables de la dictature qui a sévi dans la musique en France pendant plusieurs décennies (impossible pour un compositeur d’être interprété par une phalange prestigieuse si l’on ne faisait pas partie du cénacle post-sériel), mais il aurait voulu être le dictateur absolu et comme on le lui refusa il s’exila…

    Boulez compositeur est mon pire souvenir de concert. C’était après 5e concerto pour piano de Beethoven, sublimement interprété par Arrau, une œuvre de Boulez, dont je ne sais plus le titre, mais qui était constituée d’infernales stridences de cuivres. Véritablement insupportable quand on est fatigué après une longue journée de travail. Ce dont se moquent ces gens-là.

    Boulez chef d’orchestre, je l’ai vu deux fois en répétition. Une fois pour Pelléas et Mélisande, toute une après-midi, et j’ai fini par m’endormir, tant il ne se passait rien. L’autre fois c’était pour des œuvres de Messiaen, et finalement c’est Messiaen lui-même qui expliqua ce qu’il voulait…