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Saint Gaétan de Thiène

Lettre de Pie XII au R. P. Giovanni Llabrès, préposé général des Théatins, le 7 août 1947, à l’occasion du IVe centenaire de la mort de saint Gaétan de Thiène.

Se confier à la divine Providence et s'abandonner soi-même et tout entièrement à elle non seulement donne aux âmes des humains le repos et la paix la plus complète, mais aussi les excite avec force et les porte avec suavité à espérer les secours opportuns dont ils ont besoin. Telles sont les pensées rappelées à Notre esprit en ce quatrième centenaire du jour où saint Gaétan de Thiène qui a traduit si ardemment et si attentivement cette pensée de l'Evangile dans sa vie, s'est envolé après une mort très pieuse vers les chœurs des citoyens du ciel.

Il vécut à une époque très troublée, où la société humaine courait les plus grands dangers par suite des agitations désordonnées et des conflagrations guerrières et où l'Eglise catholique elle-même, affaiblie par la corruption des mœurs privées et publiques, ébranlée d'une manière effrayante par les furieuses tempêtes des erreurs croissantes et déchirée par de cruelles divisions, semblait devoir être bientôt entraînée à sa ruine, si la force surnaturelle qui ne peut jamais lui manquer en vertu des divines promesses de Jésus-Christ ne l'avait préservée du grave danger de mort et ne l'avait rendue à son ancienne splendeur.

Il Nous plaît certes de rappeler à Notre esprit le rôle de Gaétan de Thiène dans la restauration de la foi et le renouvellement des mœurs et de le proposer brièvement par cette lettre non seulement à votre admiration et à votre exemple, mais à l'admiration et l'exemple de tous.

Né à Vicence de noble extraction, il brilla dès son plus jeune âge par un caractère très doux, une piété rare et une grande libéralité envers les malheureux ; ayant parcouru avec les plus brillants succès le cycle des études et grandi par le sacerdoce, il n'eut rien de plus à cœur, rien de plus agréable que de se consacrer au service de Dieu et de se donner tout entier aux œuvres d'apostolat et de charité. A Rome d'abord, puis à Vicence, à Vérone et à Venise, il s'occupa avec ardeur à développer et organiser des associations laïques d'hommes qui se donnaient pour but de professer ouvertement et en actes la religion catholique, d'aider les pauvres selon leurs ressources, de soigner, réconforter et consoler de tout leur pouvoir les malades de toutes sortes et spécialement les incurables ; leurs membres prenaient particulièrement soin d'aviver la foi et de ranimer les sentiments chrétiens de telle sorte que les préceptes évangéliques s'enracinent plus profondément dans les âmes et revivent et refleurissent en fruits de salut dans la vie privée et publique.

Comme Gaétan constatait cependant que rien ne pouvait davantage contribuer à assurer le renouveau des mœurs qu'il recherchait que la parfaite formation et instruction du clergé, il mit son attention et son cœur à trouver la manière la plus convenable de les procurer. Après avoir imploré par d'ardentes prières la lumière du ciel et le secours de Dieu, après avoir pris conseil d'hommes éminents par leur prudence et leur sainteté, il se décida à fonder un nouvel Institut religieux d'hommes. C'est pourquoi, de concert avec un autre fondateur Jean-Pierre Caraffa, évêque de Theate [Chieti], élevé ensuite au souverain pontificat sous le nom de Paul IV, il institua sous d'heureux auspices l'Ordre des Clercs réguliers qui, à la vérité, dès ses débuts produisit des fruits abondants et salutaires. Mener la vie commune sans posséder aucun revenu fixe ni solliciter d'aumône, vivre des seuls dons offerts spontanément, se confier avec toutes ses entreprises à la Providence divine qui procure au lis des champs le plus beau vêtement et prodigue aux oiseaux du ciel la nourriture nécessaire (cf. Matth. 6,26) ; rester très étroitement uni au Siège apostolique et être toujours à ses ordres ; prêcher la religion moins par la parole et les discours que par l'éclat de l'exemple ; nourrir et accroître sans arrêt cette vie intérieure qui se fortifie par la piété, la méditation des réalités surnaturelles et la divine eucharistie ; réfuter les erreurs qui s'insinuaient partout ; placer dans sa lumière la vérité catholique, animer et pousser le plus grand nombre d'âmes à l'acquisition de la vertu ; tels furent les caractères originaux et les mérites singuliers du nouvel Institut.

Aussi Notre prédécesseur d'heureuse mémoire Clément VII, par la lettre apostolique Exponi Nobis, du 24 juin 1524, après « avoir loué dans le Seigneur » ce dessein et « ce louable désir » approuva de grand cœur de son autorité apostolique l'Ordre des Clercs réguliers. Et de même que cet Ordre a déjà bien mérité au cours des quatre derniers siècles de la religion catholique et surtout de la bonne formation du clergé, Nous espérons et avons confiance qu'avec l'aide de Dieu il continuera de même à l'avenir. Que ses membres s'appliquent avec soin et zèle surtout à cette bonne instruction et formation du clergé qui a été certes le principal objectif et but de ses fondateurs. Qu'ils apprennent d'eux à se comporter tant dans la prédication sacrée que dans l'administration du sacrement de pénitence, de telle sorte que l'enseignement de la parole de Dieu soit réellement la semence salutaire d'où germent les plus abondantes vertus, et que le plus grand nombre possible d'hommes pleurent leurs fautes et rentrent heureusement grâce à eux dans la bonne voie. Dans la lamentable ignorance et négligence des choses divines de notre temps, alors que les mœurs ne s'écartent pas moins peut-être de la voie droite qu'il y a quatre siècles, cet apostolat paraît plus opportun que jamais.

Que saint Gaétan de Thiène y aide du haut du ciel par sa puissante intercession et son secours très actuel, lui qui « à l'exemple de la vie apostolique a nourri les vertus, dompté les vices, broyé les hérésies et propagé admirablement la splendeur du culte divin ». Méditez avec un esprit très attentif les beautés de son âme, et suivez d'une volonté agissante ses éclatants exemples ; car vous répondrez de la sorte non seulement aux devoirs de la vie religieuse à laquelle vous avez été appelés par une inspiration surnaturelle, mais vous pourrez aussi, aidés de la grâce céleste, veiller au salut surnaturel des autres, particulièrement de ceux qui sont confiés à vos soins. Quant à Nous, confiant dans cet espoir très doux, tandis que Nous augurons d'heureux fruits de salut de cette prochaine célébration centenaire, Nous vous accordons de très grand cœur tant à vous, chers fils, et à tous les membres de votre Ordre qu'à tous les participants de quelque manière à ces mêmes fêtes, en gage des grâces célestes et en témoignage de Notre paternelle bienveillance, la Bénédiction apostolique.

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