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Liturgie - Page 197

  • Saint Clément Ier

    Sarment de la vigne de vie, Père et Pontife, tu portas en esprit les grappes splendides de tes enseignements d'où s'écoule en tout temps le vin salutaire de la connaissance de Dieu pour réjouir le cœur de tous ceux qui te vénèrent sincèrement, bienheureux Père théophore Clément.

    Disciple de Pierre le Coryphée, tu t'es bâti toi-même sur cette pierre comme pierre de grand prix, illustre Père, et, te servant / de tes paroles comme levier, tu renversas toute construction des dieux multiples, puis édifias des temples divins en l'honneur de la sainte Trinité, pour laquelle tu as lutté, bienheureux Père, et tu reçus en récompense ta couronne de martyr.

    Comme un soleil rayonnant tu t'es levé de l'Occident, Père trois fois heureux, et la terre fut éclairée brillamment de tes splendides enseignements ainsi que de tes blessures; ayant gagné les régions de l'Orient, tu t'es couché dans la mort, puis t'es levé de nouveau, bienheureux Clément, près du Christ, sans cesse, par divine communion, illuminé de la splendeur qui abonde en l'au-delà.

    *

    Ayant détourné ton esprit de l'importunité des passions, tu t'adonnas à la connaissance des êtres, saint pontife Clément; c'est pourquoi celui qui est l'Etre au premier chef t'y mena grâce à Pierre, le prince des Apôtres, qui t'initia aux choses divines et te laissa comme digne successeur; ayant guidé sagement l'Eglise après lui, par ta fin de martyr tu es parti vers lui, divinement uni en toute pureté à l'Etre divin auprès duquel nous te prions d'intercéder sans cesse, pour que nous puissions obtenir la divinisation, nous aussi, Pontife apostolique et Martyr.

    Liturgie byzantine, vêpres

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    Le monastère Saint-Clément d’Inkerman, en Crimée, construit sur la grotte où vivait l’exilé selon la tradition et où furent conservées ses reliques avant qu’elles soient apportées à Rome par saint Cyrille et saint Méthode. Un monastère fut aménagé dans les grottes dès le VIIIe siècle. La « falaise du monastère » était indiquée sur les cartes marines génoises aux XIVe-XVe siècles. Un nouveau monastère fut construit vers 1850. Il fut démoli par les bolcheviques. Il a été reconstruit depuis lors et de nouveau peuplé de moines.

    Le site vers 1900-1910 :

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  • Sainte Cécile

    Les antiennes des vêpres au Magnificat, par les moniales d’Argentan sous la direction de dom Gajard.


    podcast

    Est secrétum, Valeriáne, quod tibi volo dícere: Angelum Dei hábeo amatórem, qui nímio zelo custódit corpus meum.

    Il est un secret, Valérien, que je veux te confier: j’ai pour amant un Ange de Dieu, qui garde mon corps avec une très grande jalousie.


    podcast

    Virgo gloriósa semper Evangélium Christi gerébat in péctore suo, et non diébus neque nóctibus a collóquiis divínis et oratióne cessábat.

    La vierge glorieuse conservait toujours l’Évangile du Christ en son cœur et ne cessait ni jour, ni nuit, sa prière et ses colloques divins.

  • Saint Félix de Valois

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    Deus, qui beátum Felicem Confessórem tuum ex eremo ad munus rediméndi captívos cǽlitus vocáre dignátus es : præsta, quǽsumus ; ut per grátiam tuam ex peccatórum nostrórum captivitáte, eius intercessióne, liberáti, ad cæléstem pátriam perducámur. Per Dóminum.

    O Dieu, qui, par une inspiration céleste, avez daigné appeler votre bienheureux confesseur Félix de la solitude du désert à l’œuvre du rachat des captifs ; faites, s’il vous plaît, que son intercession nous obtienne de vous la grâce d’être délivrés de l’esclavage de nos péchés, et de parvenir à la patrie céleste.

  • Sainte Elisabeth de Hongrie

    Jésus lui-même apparaissait en croix dans le lépreux qu’elle recueillait en ses appartements pour le soigner plus à l’aise. S’il arrivait que d’illustres hôtes survenant à l’improviste, la duchesse dont les bijoux passaient comme le reste en aumônes se trouvât dépourvue de la parure qui eût convenu pour leur faire honneur, les Anges y suppléaient si bien qu’aux yeux émerveillés des visiteurs, selon le dire des chroniqueurs allemands de l’époque, la reine de France n’eût pas été plus admirablement belle, plus richement parée.

    C’est qu’en effet Élisabeth entendait ne se dérober à aucune des obligations ni convenances de sa situation de princesse souveraine ou d’épouse. Aussi gracieusement simple en ses vertus qu’affable pour tous, elle s’étonnait de l’attitude sombre et morose que plusieurs affectaient dans leurs prières ou leurs austérités : « Ils ont l’air de vouloir épouvanter le Bon Dieu, disait-elle, tandis qu’il aime celui qui donne joyeusement. »

    Le temps, hélas ! vint vite pour elle de donner sans compter. Ce fut d’abord le départ en croisade du duc Louis, son époux, dont il sembla qu’elle ne se pourrait jamais séparer ; puis la scène déchirante où lui fut annoncée sa mort, au moment où pour la quatrième fois elle venait d’être mère ; enfin l’acte d’odieuse félonie par lequel Henri Raspon, l’indigne frère du landgrave, trouvant l’occasion bonne pour s’emparer des états du défunt, chassa ses enfants et sa veuve, avec défense à qui que ce fût de les recevoir. Dans ce pays où toute misère avait éprouvé ses bontés, Élisabeth dut mendier, en butte à mille rebuts, le pain des pauvres enfants, réduits comme elle à se contenter pour gîte d’une étable à pourceaux.

    L’heure des réparations devait sonner avec le retour des chevaliers partis en la compagnie du duc Louis. Mais Élisabeth, devenue l’amante passionnée de la sainte pauvreté, resta parmi les pauvres. Première professe du Tiers-Ordre séraphique, le manteau que saint François lui avait envoyé comme à sa très chère fille demeura son unique trésor. Bientôt les sentiers du renoncement absolu l’eurent conduite au terme. Celle que, vingt ans auparavant, on apportait dans un berceau d’argent à son fiancé vêtue de soie et d’or, s’envolait à Dieu d’une masure de terre glaise, n’ayant pour vêtement qu’une robe rapiécetée ; les ménestrels dont les assauts de gai savoir avaient rendu fameuse l’année de sa naissance n’étaient plus là, mais on entendit les Anges qui chantaient, montant vers les cieux : Regnum mundi contempsi, propter amorem Domini mei Jesu Christi, quem vidi, quem amavi, in quem credidi,quem dilexi.

    Quatre ans après, Élisabeth, déclarée Sainte par le Vicaire de Jésus-Christ, voyait tous les peuples du Saint-Empire, empereur en tête, affluer à Marbourg où elle reposait au milieu de ces pauvres dont elle avait ambitionné la vie. Son corps sacré fut remis à la garde des chevaliers Teutoniques, qui reconnurent l’honneur en faisant de Marbourg un chef-lieu de l’Ordre, et en élevant à la Sainte la première église ogivale que l’Allemagne ait possédée. De nombreux miracles y attirèrent longtemps l’univers chrétien.

    Et maintenant, bien que toujours debout, toujours belle en son deuil, Sainte-Élisabeth de Marbourg (photo 1) ne connaît plus que de nom celle qui fut sa gloire. A la Wartbourg (photo 2) embaumée des grâces de la chère Sainte, où s’écoula au milieu des plus suaves épisodes sa vie d’enfant et d’épouse, le grand souvenir qu’on montre au voyageur est la chaire d’un moine en rupture de ban, et la tache d’encre dont, en un jour de démence ou d’ivresse, il salit les murs, comme il devait de sa plume tenter de tout profaner et souiller dans l’Église de Dieu.

    L’Année liturgique (pas du tout œcuméniquement correcte)

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  • Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul

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    Parmi les sanctuaires vénérés autrefois des Chrétiens, les plus célèbres et les plus fréquentés étaient ceux dans lesquels des corps de Saints avaient été ensevelis, ou bien dans lesquels se trouvait quelque vestige ou quelque souvenir des Martyrs. Au nombre de ces lieux saints et au premier rang, l’on distingua toujours cette partie du Vatican appelée Confession de saint Pierre. Les Chrétiens, en effet, y accouraient de tous les points de l’univers, comme à la pierre ferme de la foi et au fondement de l’Église, et vénéraient avec une religion et une piété souveraines, l’emplacement consacré par le sépulcre du prince des Apôtres.

    L’empereur Constantin le Grand vint là huit jours après avoir reçu le baptême ; il déposa le diadème, et, prosterné à terre, versa des larmes abondantes. Après quelques instants, ayant pris une houe et un hoyau, il se mit à creuser le sol. Il en tira douze corbeilles de terre, en l’honneur des douze Apôtres, désigna l’emplacement destiné à la basilique du prince des Apôtres et y fit commencer la construction d’une église. Le Pape saint Sylvestre la dédia le quatorze des calendes de décembre, en y observant les mêmes rites que pour la consécration de l’église de Latran, qui avait eu lieu le cinq des ides de novembre. Il y érigea un autel de pierre, qu’il oignit du saint chrême, et ordonna que dès lors on ne construirait plus que des autels en pierre. Saint Sylvestre dédia encore la basilique de l’Apôtre saint Paul, élevée à grands frais sur la route d’Ostie, par le même empereur Constantin. Cet empereur donna de grandes richesses à ces basiliques et les orna de splendides présents.

    La basilique vaticane menaçant ruine par l’effet du temps, elle a été, grâce à la dévotion de beaucoup de Pontifes, totalement reconstruite sur un plan plus vaste et plus magnifique. Urbain VIII l’a solennellement consacrée l’an mil six cent vingt-six, en la date même où elle l’avait été lors de sa première érection. Quant à la basilique de la voie d’Ostie, un terrible incendie la consuma presque entièrement, en mil huit cent vingt-trois. Par les soins infatigables de quatre Papes, elle a été plus splendidement réédifiée, et comme vengée de son désastre. Pour la consacrer, une occasion très favorable s’offrit à Pie IX : la proclamation récente du dogme de l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie avait attiré à Rome, des régions les plus éloignées de l’univers catholique, un grand nombre de Cardinaux et d’Évêques. Il la dédia donc solennellement, entouré de cette magnifique couronne de membres du Sacré Collège et de Pontifes, le dix décembre mil huit cent cinquante-quatre, et fixa à ce jour la mémoire de cette solennelle Dédicace.

    (bréviaire)

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  • 23e dimanche après la Pentecôte

    Allelúia, alléluia. De profúndis clamávi ad te, Dómine : Dómine, exáudi oratiónem meam. Allelúia.

    Alléluia. Du fond des abîmes je crie vers vous, ô Seigneur ; Seigneur, exaucez ma prière. Alléluia.

    Le verset de l’Alléluia de ce dimanche est… De profundis. A priori le cri de détresse de ce psaume, inséparable de la liturgie des défunts, est incompatible avec le chant de jubilation. En outre, le « jubilus » de cet alléluia est le plus long qui soit : c’est une allégresse sans fin…

    On peut lire dans un commentaire de cette pièce, qui est en outre en mode 7, celui de l’« enthousiasme » :

    Ici, ce mode peut étonner par rapport au texte qui est plutôt suppliant. Alors on est bien obligé de constater, une fois de plus, combien la mélodie a son mot à dire, combien elle interprète le texte et lui donne, dans l'esprit du compositeur, son inspiration définitive. Pourquoi le compositeur a-t-il choisi d'orner ce texte d'une mélodie on ne peut plus joyeuse ? Sans doute parce que les profondeurs qu'il chante ont déjà été visitées par le Sauveur. Un chrétien ne peut jamais être triste. Même quand il souffre, il sait que son Sauveur est proche, que son salut a même été déjà opéré en Jésus. Cet alléluia est joyeux aussi parce qu'il arrive à l'extrême fin de l'année liturgique et que la perspective de la fin des temps réjouit le cœur du croyant qui aspire à rencontrer Dieu. Il y a une foi vive, un amour intense dans ce choix d'une mélodie joyeuse sur un texte douloureux.

    Le voici par la Schola Cantorum d'Achel :


    podcast

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  • Sainte Gertrude

    Le Héraut de l’Amour divin, livre II, chapitre 21.

    Puisque je rappelle les bienfaits gratuits de la divine clémence envers une pauvre créature, il me semblerait injuste et même ingrat de passer sous silence la grâce que votre amoureuse condescendance daigna m'accorder pendant un Carême. Le second dimanche de ce Carême, comme à la procession qui précède la messe on chantait ce répons : Vide Dominum facie ad faciem, etc., mon âme se trouva illuminée par l’ineffable et merveilleux éclat de la lumière divine, et je vis devant ma face comme une autre face qui lui était appliquée. C'est d'elle que saint Bernard a dit : « Elle ne reçoit pas la lumière, mais la donne à tout; elle ne frappe pas les yeux du corps, mais réjouit le cœur; elle est agréable non par l'éclat du teint, mais par les dons de son amour. » En cette vision où vos yeux, brillants comme le soleil, semblaient placés directement devant mes yeux, vous seul connaissez, ô Douceur de ma vie, à quel point votre suavité pénétra non seulement mon âme, mais mon cœur et tous mes membres. Aussi je vous demande la grâce de vous témoigner ma reconnaissance en vous servant fidèlement le reste de ma vie.

    Quoique la rose soit plus agréable au printemps quand elle est dans la vigueur de son éclat et de son parfum, en hiver elle ne laisse cependant pas, quoique desséchée, de rappeler par ses douces senteurs le souvenir de sa beauté printanière. De même l'âme trouve une source de joies profondes dans le souvenir des faveurs qu'elle a reçues.

    C'est pourquoi, autant que je le puis, je désire exprimer par une comparaison ce que ma petitesse a ressenti dans cette vision délicieuse ; et si quelqu'un de mes lecteurs reçoit de semblables et même de plus grandes faveurs, il sera par ce souvenir excité à la reconnaissance. Peut-être aussi qu'en rappelant plus souvent à ma mémoire les dons reçus, je dissiperai quelque peu le nuage de mes négligences, et je témoignerai ma gratitude à ce divin Soleil, miroir de justice, qui a fait darder sur moi ses rayons.

    Lors donc que vous avez appliqué contre mon indigne visage votre face très désirable où se révèle l'abondance de toute Béatitude, je sentis que de vos yeux divins sortait une incomparable et suave lumière. Cette lumière passant par mes yeux et pénétrant l'intime de mon être, semblait agir en tous mes membres avec une vertu merveilleuse que je ne puis exprimer c'était d'abord comme si elle eût enlevé la moelle de mes os, puis anéantissant mes os eux-mêmes avec ma chair, on eût dit que toute ma substance n'était plus autre chose que cette splendeur divine, qui, se jouant en elle-même avec un charme incomparable, remplissait en même temps mon âme d'une grande douceur et sérénité.

    Que dirai-je encore de cette très douce vision? et, puis-je l'appeler, vision, car il me semble que toute l'éloquence du monde se serait épuisée vainement pour me décrire pendant tous les jours de ma vie cette manière sublime de vous contempler, même dans la gloire céleste, si votre condescendance, ô mon Dieu, unique salut de mon âme, ne m'eût donné cette heureuse expérience. Cependant, j’ajoute volontiers que s'il en est des choses divines comme des choses humaines, que si la vertu de votre baiser divin surpasse, et je le crois, la douceur de cette vision, en vérité la force d'en haut est nécessaire pour contenir alors la créature humaine, car il serait impossible à une âme de jouir d'une telle faveur, même un seul instant, et de demeurer unie à son corps. Je n'ignore pas que votre toute-puissance s'unit à votre sagesse infinie, pour ménager graduellement les visions, les baisers, les étreintes divines et les autres démonstrations de l'amour, d'après les circonstances, les lieux, les temps et les personnes.

    O Seigneur, je vous rends grâces, en m’unissant à ce mutuel amour qui règne dans la très adorable Trinité, pour la douce expérience que vous m'avez souvent donnée de votre baiser divin : parfois lorsque j'étais assise au chœur pensant à vous dans l'intime de mon âme, ou lorsque je récitais les heures canoniales ou l'office des défunts, il arrivait que vous déposiez sur mes lèvres, dix fois et plus, durant un seul psaume, le baiser de l'amour, baiser sacré dont la suavité l'emporte sur les parfums les plus exquis et le miel le plus doux. Souvent aussi, j'ai remarqué l'amour du regard que vous arrêtez sur moi, et mon âme a senti la puissante étreinte de vos embrassements. Je le confesse cependant, malgré l'incomparable douceur de ces caresses, aucune ne produisit en moi l'action profonde qu'opéra le regard sublime dont j'ai parlé plus haut. En reconnaissance de cette faveur et de toutes les autres, dont seul vous connaissez, les effets, je souhaite pour vous, ô mon Dieu, l'éternelle jouissance que les personnes divines se communiquent entre elles dans l'ineffable suavité qui surpasse tout sentiment.

  • Saint Albert le Grand

    Lorsque enfin, libéré de sa charge de provincial, il put regagner sa cellule conventuelle à Cologne, ce furent les bourgeois de cette ville qui le firent pénétrer dans la vie politique. En 1252, déjà, il avait servi de médiateur entre les bourgeois et le belliqueux archevêque Conrad de Hochstaden : il s’agissait surtout alors de droit de douane. Lors de ce second arbitrage, en 1257, on en était arrivé à une véritable petite guerre entre la ville et l’archevêque, guerre que celui-ci prolongeait en imposant aux bourgeois des restrictions pour leur commerce et en exigeant d’eux des modifications de leur administration. Il fallut à Albert et aux autres arbitres des semaines d’étude pour voir clair dans ces tractations malaisées, car il n’y avait guère alors de droit écrit et l’on invoquait toujours le droit coutumier. Lorsque enfin on put préciser les limites des droits tant de la ville que de l’archevêque, on estima avoir fait le maximum de ce qui était possible. Les bourgeois furent visiblement très satisfaits du rôle d’arbitre qu’avait joué Albert: au cours des années suivantes, ils lui demandèrent de jouer ce rôle assez souvent, simplement à cause de sa personnalité (car il n’était nullement juriste) et de sa réputation de ” savant universel “. Ces braves bourgeois ne devaient guère, pourtant, avoir lu ses œuvres.

    Il était plongé dans ces questions lorsque le pape le nomma évêque de Ratisbonne (ville libre impériale de Bavière). Son activité n’y fut pas de longue durée, mais les circonstances de cette nomination nous éclairent également sur sa personnalité. Le maître de l’ordre, Humbert de Romans, était depuis quelque temps au fait des intentions du pape et n’approuvait pas cette élection: il écrivit à Albert pour le conjurer de refuser, se fondant sur les décisions de plusieurs chapitres généraux qui n’autorisaient l’acceptation d’une telle charge que dans des cas exceptionnels. ” Qui de nous, qui des mendiants résistera à l’attrait de dignités ecclésiastiques, lui écrivait-il, si vous y succombez aujourd’hui – Ne citera-t-on pas votre exemple comme excuse - Qui, parmi les laïcs, ne se sentira scandalisé, qui ne dira que, loin d’aimer la pauvreté, nous ne la subissons que jusqu’au moment où nous pouvons nous en défaire ? ” Et la conclusion était pathétique: ” Plutôt que de voir mon fils bien-aimé dans la chaire épiscopale, je préférerais le voir au cercueil. “

    Le zèle inquiet d’Humbert de Romans était justifié: qu’un moine mendiant fût évêque de Ratisbonne – et par là même prince d’Empire – il y avait là une contradiction. Mais par ailleurs on peut assurer qu’était justifiée aussi l’inquiétude du pape devant l’état affligeant du diocèse, dont l’évêque n’avait échappé qu’en se démettant de sa charge à un procès imminent pour dissipation des biens d’Église et autres graves abus.

    Albert se décida à accepter ce siège épiscopal avec l’intention d’y renoncer dès qu’il ne serait plus nécessaire. En un an il réussit à remettre en ordre la situation financière et, avec l’aide de quelques abbés bénédictins et grâce à des tournées pastorales, à revivifier le service des âmes ~ qui avait été négligé. Pour la population, il était si inhabituel de voir un évêque arriver non en prince d’Empire, à cheval et en cuirasse, mais à pied, en vêtements de laine écrue, chaussé de simples sandales, qu’ils donnèrent à Albert un surnom: le ” porteur de sandales “. Quand Albert pensa avoir trouvé, en la personne du doyen de la cathédrale, un successeur possible, il alla trouver à Anagni le pape Urbain IV, le pria d’accepter sa démission et lui suggéra de désigner comme évêque de Ratisbonne le doyen Léon. Le pape fut d’accord sur tout cela. Mais au lieu de laisser Albert retourner à Cologne et reprendre ses commentaires d’Aristote, il le retint dans sa cour d’Anagni, puis l’envoya comme légat pontifical prêcher en Allemagne la croisade qu’on préparait. Pendant trois ans (1261-1264) ce septuagénaire parcourut les régions de langue allemande faisant alors partie de l’Empire. Il n’est rien resté de ces prédications. Mais nous sommes renseignés sur diverses négociations au sujet de fonctions épiscopales, ainsi que sur ses interventions comme arbitre entre évêques et bourgeois, entre religieux et seigneurs féodaux, entre évêques et religieux, et aussi entre couvents.

    Dominique et les dominicains. Cerf, 1987.

  • Saint Josaphat

    Extrait de l’encyclique Ecclesiam Dei de Pie XI, le 12 novembre 1923, pour le troisième centenaire du martyre de saint Josaphat.

    Né de parents séparés de l'unité catholique, Josaphat, qui reçut au saint baptême le nom de Jean, se consacra à la piété dès sa plus tendre enfance. Tout en suivant la splendide liturgie slave, il recherchait avant toutes choses la vérité et la gloire de Dieu ; à cette fin, et en dehors de toute considération humaine, il se tourna tout enfant vers la communion de l'unique Eglise œcuménique ou catholique, se considérant comme appelé à la communion de cette Eglise par le baptême même qu'il avait validement reçu. Bien plus, se sentant poussé par une inspiration du ciel à travailler au rétablissement de la sainte unité dans le monde entier, il comprit qu'il pouvait y contribuer dans une très large mesure s'il conservait dans le cadre de l'unité de l'Eglise universelle le rite slave oriental et l'Ordre des moines basiliens.

    C'est pourquoi, reçu en 1604 parmi les Basiliens et ayant échangé le nom de Jean pour celui de Josaphat, il s'adonna tout entier à l'exercice de toutes les vertus, particulièrement de la piété et de la mortification. La vue de Jésus crucifié avait fait naître en lui, dès son enfance, l'amour de la croix, qu'il ne cessa ensuite de pratiquer à un degré éminent. D'après Joseph Velamin Russky, métropolite de Kiev, qui avait été archimandrite de ce monastère, il fit en peu de temps de tels progrès dans la vie monastique qu'il put servir de maître aux autres. Aussi, à peine ordonné prêtre, Josaphat est lui-même nommé archimandrite et placé à la tête du monastère. Pour accomplir sa charge, il ne se contenta point de maintenir en bon état le monastère et l'église attenante et de les fortifier contre les attaques des ennemis ; mais, constatant qu'ils étaient presque abandonnés par le peuple chrétien, il résolut de s'employer à l'y ramener.

    Entre temps, préoccupé avant tout de l'union de ses compatriotes avec la chaire de Pierre, il s'enquérait de tous côtés des moyens soit de la promouvoir, soit de la consolider ; surtout, il étudiait sans répit les livres liturgiques dont les Orientaux, y compris les schismatiques eux-mêmes, avaient accoutumé de se servir en accord avec les prescriptions des saints Pères.

    Après cette si active préparation, Josaphat se mit à l'œuvre de restauration de l'unité avec tant de force tout ensemble et de douceur, et il y réussit à tel point que ses adversaires eux-mêmes l'appelaient ravisseur d'âmes. Le nombre, en effet, est étonnant de ceux qu'il ramena à l'unique bercail de Jésus-Christ, convertis de toutes condition et origine, gens du peuple, commerçants, nobles, préfets même et administrateurs de provinces, comme nous savons que ce fut le cas pour Sokolinski de Polotsk, pour Tyszkievicz de Novgrodensk, pour Mieleczko de Smolensk.

    Mais il étendit bien plus encore son action apostolique du jour où il fut nommé évêque de l'Eglise de Polotsk. Cet apostolat a dû avoir une influence incroyable ; car on vit Josaphat donner l'exemple d'une extrême chasteté, pauvreté et austérité ; il se montrait envers les pauvres d'une telle générosité qu'il alla jusqu'à mettre en gage son omophorion pour secourir leur indigence ; se renfermant strictement dans le domaine religieux, il ne s'ingérait en rien dans les affaires politiques, encore que par des instance vives et réitérées on le pressât de se charger d'intérêts et à prendre parti dans des conflits d'ordre temporel ; enfin, il apportait à son œuvre le dévouement accompli d'un très saint évêque, travaillant sans relâche par sa parole et ses écrits à faire pénétrer la vérité. Il a publié en effet nombre d'ouvrages merveilleusement mis à la portée du peuple, entre autres sur la Primauté de saint Pierre et le baptême de saint Vladimir, et encore une apologie de l'unité catholique, un catéchisme selon la méthode du bienheureux Pierre Canisius, et d'autres travaux du même genre.

    Se multipliant pour rappeler l'un et l'autre clergé à l'accomplissement attentif de ses devoirs, il obtint peu à peu, en réveillant le zèle pour le ministère sacerdotal, que le peuple, régulièrement instruit de la doctrine chrétienne et nourri de la parole divine par une prédication appropriée, se reprît à fréquenter les sacrements et les cérémonies liturgiques, et fût ramené à une vie toujours plus chrétienne.

    C'est ainsi que, par une large et abondante diffusion de l'esprit de Dieu, Josaphat consolida merveilleusement l'œuvre d'unité à laquelle il s'était voué. Cet affermissement, on peut même dire cette consécration, il la donna surtout le jour où il tomba martyr de cette cause, par un acte de sa pleine volonté et avec une admirable grandeur d'âme. La pensée du martyre était toujours dans son esprit, fréquemment sur ses lèvres ; le martyre, il l'appela de ses vœux au cours d'une prédication solennelle ; le martyre, enfin, il le sollicitait comme une faveur particulière de Dieu. C'est ainsi que, peu de jours avant sa mort, averti des embûches qui se tramaient contre lui, il dit : Seigneur, faites-moi la grâce de pouvoir répandre mon sang pour l'unité, ainsi que pour l'obéissance au Siège Apostolique.

    Son désir fut exaucé le dimanche 12 novembre 1623 ; avec un visage où éclate la joie et qui respire la bonté, il va au-devant de ses ennemis qui l'entourent, cherchant l'apôtre de l'Unité ; il leur demande, à l'exemple de son Maître et Seigneur, de ne faire aucun mal aux siens, et se livre entre leurs mains ; frappé avec une extrême cruauté et tombé sous leurs coups, il ne cesse jusqu'au dernier soupir d'implorer de Dieu le pardon pour ses meurtriers. Ce martyre si glorieux fut fécond en résultats ; notamment, il inspira une grande énergie et fermeté aux évêques ruthènes, qui faisaient deux mois plus tard, dans une lettre à la Sacrée Congrégation de la Propagande, la déclaration suivante : Nous nous affirmons absolument prêts à donner notre vie jusqu'au sang, comme vient de le faire l'un des nôtres, pour la foi catholique. Un nombre considérable de schismatiques, parmi lesquels les meurtriers mêmes du martyr, rentrèrent bientôt après dans la seule véritable Eglise.

  • Saint Didace

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