Le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, a participé lundi à un séminaire à Amman organisé par l’Institut royal jordanien d’études interconfessionnelles, présidé par le prince Hassan bin Talal, oncle du roi de Jordanie, sur le thème « religion et violence ». « Mgr Tauran a souligné l’importance du rôle joué par les religions pour exhorter les peuples à la paix, au nom de la dignité de chaque homme et de la solidarité. »
Puis il a participé mardi à une réunion sur le thème « Relever les défis du monde actuel par l’éducation », organisée conjointement par l’Institut royal d’études interconfessionnelles et le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux. Lors de cette rencontre, les participants ont publié « un décalogue de la coopération culturelle » basé sur des convictions communes qui doivent être enseignées à l’école et à l’Université. Le document a été solennellement signé par le cardinal Tauran et le prince Hassan bin Talal.
Le cardinal Tauran est euphorique : « Ces trois jours se sont passés dans une atmosphère d’exceptionnelle ouverture et d’amitié, et ceci confirme que le dialogue interreligieux commence toujours par l’amitié, pour se connaître, pour se vouloir du bien. » Etc.
Il oublie seulement de rappeler que ce genre de réunions sont assez fréquentes à Amman, toujours organisées par le prince Bin Talal, « descendant direct du Prophète à la 42e génération ». Le prince est un homme estimable et qui croit vraiment à ce qu’il dit quand il fait l’éloge des chrétiens et prône l’amitié entre les musulmans et les chrétiens : il y croit manifestement plus qu’au Coran. Quand on lui demande de parler de sa vision de l’islam, il répond en parlant des Lumières, et de la Renaissance arabe (Nahda) truffée de chrétiens et qui a conduit notamment aux partis Baas… On ne peut pas dire qu’il soit vraiment représentatif des élites musulmanes. Et il n’est pas dupe. Quand on lui demande s’il est optimiste, il répond : « Je ne peux pas me permettre de ne pas l'être. Je continue à l'être et ce faisant je soulage ma conscience, au moins… »
Il se trouve que ces réunions sont totalement passées sous silence dans les pays musulmans, et que le prince Bin Talal – c’est le côté désagréable de la chose – ressemble, malgré lui, à un simple alibi du « dialogue interreligieux » vaticanesque, permettant de faire prendre les vessies jordaniennes pour des phares éclairant un avenir serein...
Le bon côté est que le pape est toujours très chaleureusement reçu en Jordanie et que les chrétiens y vivent en paix…