« En Newman, la force motrice qui le poussait sur le chemin de la conversion était la conscience. Mais qu’entend-on par cela ? Dans la pensée moderne, la parole « conscience » signifie qu’en matière de morale et de religion, la dimension subjective, l’individu, constitue l’ultime instance de la décision. Le monde est divisé dans les domaines de l’objectif et du subjectif. A l’objectif appartiennent les choses qui peuvent se calculer et se vérifier par l’expérience. La religion et la morale sont soustraites à ces méthodes et par conséquent sont considérées comme appartenant au domaine du subjectif. Ici, n’existeraient pas, en dernière analyse, des critères objectifs. L’ultime instance qui ici peut décider serait par conséquent seulement le sujet, et avec le mot « conscience » on exprime justement ceci : dans ce domaine peut seulement décider un chacun, l’individu avec ses intuitions et ses expériences. La conception que Newman a de la conscience est diamétralement opposée. Pour lui « conscience » signifie la capacité de vérité de l’homme : la capacité de reconnaître justement dans les domaines décisifs de son existence – religion et morale – une vérité, la vérité. La conscience, la capacité de l’homme de reconnaître la vérité lui impose avec cela, en même temps, le devoir de se mettre en route vers la vérité, de la chercher et de se soumettre à elle là où il la rencontre. La conscience est capacité de vérité et obéissance à l’égard de la vérité, qui se montre à l’homme qui cherche avec le cœur ouvert. Le chemin des conversions de Newman est un chemin de la conscience – un chemin non de la subjectivité qui s’affirme, mais, justement au contraire, de l’obéissance envers la vérité qui, pas à pas, s’ouvre à lui. »
Benoît XVI - Page 29
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Les vœux de Benoît XVI à la Curie : la conscience selon Newman
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Les vœux de Benoît XVI à la Curie : la conversion de Newman
« Jusqu’à ce moment, Newman pensait comme la moyenne des hommes de son temps et comme aussi la moyenne des hommes d’aujourd’hui, qui n’excluent pas simplement l’existence de Dieu, mais la considèrent de toutes façons comme quelque chose d’incertain, qui n’a aucun rôle essentiel dans leur propre vie. Ce qui lui apparaissait vraiment réel, comme aux hommes de son temps et de notre temps, c’était l’empirique, ce qui est matériellement saisissable. Voilà la « réalité » selon laquelle on s’oriente. Le « réel » est ce qui est saisissable, ce sont les choses qui peuvent se calculer et se prendre en main. Dans sa conversion, Newman reconnaît que les choses sont justement à l’inverse : que Dieu et l’âme, l’être lui-même de l’homme au niveau spirituel, constituent ce qui est vraiment réel, ce qui compte. Ils sont bien plus réels que les objets saisissables. Cette conversion signifie un tournant copernicien. Ce qui, jusqu’alors, était apparu irréel et secondaire se révèle maintenant comme la chose vraiment décisive. Là où arrive une telle conversion, ce n’est pas simplement une théorie qui change, mais c’est la forme fondamentale de la vie qui change. Nous avons tous besoin toujours de nouveau d’une telle conversion : nous sommes alors sur le droit chemin. »
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Les vœux de Benoît XVI à la Curie : arrêter la christianophobie
« Les paroles et les pensées du Synode doivent être un cri fort adressé à toutes les personnes qui ont une responsabilité politique ou religieuse pour qu’ils arrêtent la christianophobie. »
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Les vœux de Benoît XVI à la Curie : « Dans les années 70… »
« Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l’homme et aussi à l’enfant. Cependant, cela faisait partie d’une perversion de fond du concept d’ethos. On affirmait – jusque dans le cadre de la théologie catholique – que n’existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un « mieux que » et un « pire que ». Rien ne serait en soi-même bien ou mal. Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal. La morale est substituée par un calcul des conséquences et avec cela cesse d’exister. Les effets de ces théories sont aujourd’hui évidentes. Contre elles le Pape Jean-Paul II, dans son Encyclique Veritatis splendor de 1993, a indiqué avec une force prophétique, dans la grande tradition rationnelle de l’ethos chrétien, les bases essentielles et permanentes de l’agir moral. Ce texte doit aujourd’hui être mis de nouveau au centre comme parcours dans la formation de la conscience. C’est notre responsabilité de rendre de nouveau audibles et compréhensibles parmi les hommes ces critères comme chemins de la véritable humanité, dans le contexte de la préoccupation pour l’homme, où nous sommes plongés. »
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Les vœux de Benoît XVI à la Curie : la vision de sainte Hildgarde
Au centre du discours du pape, cette vision de sainte Hildegarde, lue intégralement :
« En 1170 après la naissance du Christ, j’étais pendant un long temps malade au lit. Alors, physiquement et mentalement éveillée, je vis une femme d’une beauté telle que l’esprit humain n’est pas capable de comprendre. Sa figure se dressait de la terre jusqu’au ciel. Son visage brillait d’une splendeur sublime. Son regard était dirigé vers le ciel. Elle était vêtue d’un vêtement lumineux et resplendissant de soie blanche et d’un manteau garni de pierres précieuses. Aux pieds elle portait des souliers d’onyx. Mais son visage était couvert de poussière, son vêtement était déchiré du côté droit. Le manteau aussi avait perdu sa beauté singulière et ses chaussures étaient souillées sur le dessus. D’une voix haute et plaintive, la femme cria vers le ciel : ‘Écoute, ô ciel : mon visage est sali ! Afflige-toi, ô terre : mon vêtement est déchiré ! Tremble, ô abîme : mes chaussures sont souillées !’
« Et elle poursuivit : ‘J’étais cachée dans le cœur du Père, jusqu’à ce que le Fils de l’homme, conçu et engendré dans la virginité, répandit son sang. Avec ce sang, comme sa dot, il m’a prise comme son épouse.
« Les stigmates de mon époux demeurent frais et ouverts, tant que sont ouvertes les blessures des péchés des hommes. Justement le fait que les blessures du Christ restent ouvertes est la faute des prêtres. Ils déchirent mon vêtement puisqu’ils sont transgresseurs de la Loi, de l’Évangile et de leur devoir sacerdotal. Ils enlèvent la splendeur à mon manteau, parce qu’ils négligent totalement les règles qui leur sont imposées. Ils souillent mes chaussures, parce qu’ils ne marchent pas sur les droits chemins, c’est-à-dire sur les durs et exigeants chemins de la justice, et ils ne donnent pas aussi un bon exemple à ceux qui leur sont soumis. Toutefois je trouve en certains la splendeur de la vérité’.
« Et j’entendis une voix du ciel qui disait : ‘Cette image représente l’Église. C’est pourquoi, ô être humain qui vois tout cela et qui écoutes les paroles de plainte, annonce-le aux prêtres qui sont destinés à la conduite et à l’instruction du peuple de Dieu et auxquels, comme aux Apôtres, il a été dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création". »
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A Bethléem
Benoît XVI aux étudiants de Rome :
"A Bethléem se croisent l'aujourd'hui de l'homme et l'éternité de Dieu pour entreprendre ensemble un dialogue et une intense communion."
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Benoît XVI et les crucifix en Italie
En recevant les lettres de créances du nouvel ambassadeur d’Italie près le Saint-Siège, Benoît XVI a ouvertement apporté son soutien au gouvernement italien contre la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire des crucifix dans les salles de classe :
"L'exercice adéquat et la reconnaissance correspondante de ce droit [à la liberté religieuse] permettent à la société d'approuver les ressources morales et l'activité généreuse des croyants. On ne peut donc pas imaginer poursuivre un authentique progrès social en perpétrant une mise à l'écart voire un refus explicite du facteur religieux comme on a tendance à le faire aujourd'hui de différentes façons. L'une d'elles est par exemple la tentative d'éliminer des lieux publics l'exposition de symboles religieux, le crucifix en premier, qui est sans doute le symbole, par excellence, de la foi chrétienne, mais qui, en même temps, parle à tous les hommes de bonne volonté et, en tant que tel, n'est pas un facteur de discrimination". A ce propos, Benoît XVI a remercié le gouvernement italien d'avoir agi "conformément à une vision correcte de la laïcité et à la lumière de son histoire, sa culture et sa tradition, trouvant de plus le soutien d'autres nations européennes."
Il a également remercié le gouvernement italien qui est souvent le seul, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Franco Frattini, à dénoncer les persécutions anticatholiques dans le monde :
"Alors que certaines sociétés tentent de mettre à l'écart la dimension religieuse, de récentes informations témoignent de ce qu'aujourd'hui sont commises des violations ouvertes à la liberté religieuse. Face à cette douloureuse réalité, la société italienne et ses autorités ont fait preuve d'un intérêt particulier pour le sort de ces minorités chrétiennes qui, en raison de leur foi, subissent des violences et sont discriminées ou contraintes à une émigration forcée vers leur patrie."
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"Liberté religieuse, chemin de la paix"
Tel est le titre du message de Benoît XVI pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier prochain. Il s’agit quasiment d’une mini-encyclique sur la liberté religieuse. Voilà qui ne va pas arranger les discussions avec la Fraternité Saint Pie X…
Ce texte est à lire avec attention. S’il est d’abord destiné à demander la liberté religieuse pour les chrétiens persécutés en Orient et en Afrique, et pour les chrétiens soumis au laïcisme en Europe, il explique, tout au long, en filigrane (ce n’est pas une première, d’ailleurs) en quoi l’islam est un attentat permanent à la liberté religieuse (car ce que le pape dit du « fanatisme » et du « fondamentalisme », c’est ce qu’il y a dans le Coran et dans la charia).
(NB. Au n. 8, dans la version française, on lit : « On ne peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes spéculaires et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité. » En français, « spéculaire » est un terme technique de minéralogie. Ici il traduit l’allemand “spiegelbildlich”, littéralement « en image de miroir », qui se traduit par “inversé” : « des formes inversées (ou : en miroir) et extrêmes ».)
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Sainte Véronique Giuliani
Benoît XVI fait un bond dans le temps en évoquant une religieuse de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. « Il s'agit de sainte Véronique Giuliani, une moniale clarisse capucine. La raison en est que le 27 décembre prochain nous fêterons le 350e anniversaire de sa naissance. » En changeant d’époque on change aussi de spiritualité. Le noyau mystique reste le même, forcément, mais il est voilé par une sorte de culte de la souffrance. La conclusion de la catéchèse est un résumé de celle-ci :
"Sainte Véronique Giuliani nous invite à faire croître, dans notre vie chrétienne, l'union avec le Seigneur dans notre proximité avec les autres, en nous abandonnant à sa volonté avec une confiance complète et totale, et l'union avec l'Eglise, Epouse du Christ ; elle nous invite à participer à l'amour souffrant de Jésus Crucifié pour le salut de tous les pécheurs ; elle nous invite à garder le regard fixé vers le Paradis, but de notre chemin terrestre où nous vivrons avec un grand nombre de nos frères et sœurs la joie de la pleine communion avec Dieu ; elle nous invite à nous nourrir quotidiennement de la Parole de Dieu pour réchauffer notre cœur et orienter notre vie. Les dernières paroles de la sainte peuvent être considérées comme la synthèse de son expérience mystique passionnée : « J'ai trouvé l'Amour, l'Amour s'est laissé voir ! »."
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La patience
Extrait de l’allocution de Benoît XVI à l’Angélus d’hier.
« Voyez le laboureur, écrit saint Jacques : il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu'aux pluies de la première et de l'arrière-saison. Soyez donc patients, vous aussi ; affermissez vos coeurs, car l'Avènement du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-8).
La comparaison avec le paysan est très expressive : qui a semé dans le champ a devant lui des mois d'attente patiente et constante, mais il sait que la semence pendant ce temps-là accomplit son cycle, grâce aux pluies d'automne et de printemps.
L'agriculteur n'est pas fataliste, mais il est le modèle d'une mentalité qui unit de façon équilibrée foi et raison, parce que d'une part il connaît les lois de la nature et il accomplit bien son travail, et de l'autre, il se confie dans la Providence, parce que certaines choses fondamentales ne sont pas entre ses mains, mais dans les mains de Dieu. La constance et la patience sont justement la synthèse entre l'engagement humain et la confiance en Dieu.