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  • Saint Philippe Béniti

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    Cosimo Rosselli, 1475, cloître des vœux, basilique de l'Annonciation, Florence.

    Approche, Philippe, et monte sur ce char… Vous l’entendîtes, cette parole, dans les jours où le monde souriait à votre jeunesse et vous offrait sa renommée ou ses plaisirs ; c’était l’invitation que vous faisait Marie, alors qu’assise sur le char d’or figurant la vie religieuse à laquelle vous étiez convié, elle était vers vous descendue : un manteau de deuil enveloppait de ses plis la souveraine des cieux ; une colombe voltigeait autour de sa tête ; un lion et une brebis traînaient son char, entre des précipices d’où montaient les sifflements de l’abîme. C’était l’avenir qui se dévoilait : vous deviez parcourir la terre en la compagnie de la Mère des douleurs, et ce monde que déjà l’enfer avait miné de toutes parts n’aurait pour vous nul péril ; car la douceur et la force y seraient vos guides, la simplicité votre inspiratrice. Heureux les doux, car ils posséderont la terre !

    Mais c’est contre le ciel surtout que devait vous servir l’aimable vertu qui a cette promesse d’empire ; contre le ciel qui lutte lui-même avec les forts, et vous réservait l’épreuve du suprême abandon devant lequel avait tremblé l’Homme-Dieu : après des années de prières, de travaux, d’héroïque dévouement, pour récompense vous connûtes le rejet apparent du Seigneur, le désaveu de son Église, l’imminence d’une ruine menaçant par-delà votre tête tous ceux que Marie vous avait confiés. Contre l’existence de vos fils les Servites, nonobstant les paroles de la Mère de Dieu, ne se dressait rien moins que l’autorité de deux conciles généraux, dont le Vicaire du Christ avait arrêté de laisser les résolutions suivre leur cours. Notre-Dame vous donnait de puiser au calice de ses souffrances. Vous ne vîtes point le triomphe d’une cause qui était la sienne autant que la vôtre ; mais comme les patriarches saluant de loin l’accomplissement des promesses, la mort ne put ébranler votre confiance sereine et soumise : vous laissiez à votre fille Julienne Falconieri le soin d’obtenir, par ses prières devant la face du Seigneur, ce que n’avaient pu gagner vos démarches auprès des puissants.

    La puissance suprême ici-bas, un jour l’Esprit-Saint parut la mettre à vos pieds : comme le demande l’Église au souvenir de l’humilité qui vous fit redouter la tiare, obtenez-nous de mépriser les faveurs du temps pour ne rechercher que le ciel. Les fidèles cependant n’ont point oublié que vous fûtes le médecin des corps, avant d’être celui des âmes ; leur confiance est grande dans l’eau et les pains que vos fils bénissent en cette fête, et qui rappellent les faveurs miraculeuses dont fut illustrée la vie de leur père : ayez égard toujours à la foi des peuples ; répondez au culte spécial dont les médecins chrétiens vous honorent. Aujourd’hui enfin que le char mystérieux de la première heure est devenu le char de triomphe où Notre-Dame vous associe à la félicité de son entrée dans les cieux, apprenez-nous à compatir comme vous de telle sorte à ses douleurs, que nous méritions d’être avec vous dans l’éternité participants de sa gloire.

    L’Année liturgique

  • Marioupol

    Quand elle était en Ukraine:

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    Aujourd'hui comme hier en Russie, la ville de Marie.

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  • Darya Douguine

    En 2015.

    A partir de 13’, elle explique ce qu’est le Katekhon. Et au moment où elle dit : « Si l’Europe veut être avec la Russie à dire non au libéralisme, au globalisme et à l’hégémonie libérale, elle peut devenir Katekhon », un oiseau blanc s’envole derrière elle, alors qu'il ne s'est rien passé dans le "décor" depuis le début (et qu'il ne se passera rien d'autre jusqu'à la fin).

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    Merci à Véronique Lévy.

  • Résumé

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  • "Myrotvorets"

    logo.jpgCe nom est celui d’un organisme ukrainien fondé en 2014 et dirigé par un membre des services secrets ukrainiens. Le "Centre Myrotvorets" recense tous les « ennemis de l’Ukraine », donnant toutes les informations qu’il peut trouver sur chaque « ennemi » (parmi les derniers il y a Viktor Orban, Zoran Milanovic (le président croate) et… Henry Kissinger accusé de répandre la « propagande russe fasciste » et d’agir comme un « complice des crimes des autorités russes contre l’Ukraine et ses citoyens ». Sic.

    L’importance de Myrotvorets (le Pacificateur, sic) est telle que tous les renseignements donnés dans ses fiches sont considérés comme des preuves par la « justice » ukrainienne si « l'ennemi » a le malheur de se retrouver devant elle.

    En dehors du délire propre des services ukrainiens, les informations données sur les « ennemis » proviennent (ouvertement) de la CIA, du MI5 et de l'OTAN.

    Ces informations vont jusqu’à donner l’adresse personnelle des « ennemis » : certains ont été tués dans les jours qui ont suivi la publication.

    Quand un ennemi est tué, un tampon « Eliminé » est imprimé sur sa photo, et son nom danse dans des flammes.

    La dernière en date est Darya Douguine :

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    On voit que sa fiche ne date que du 6 juillet, la source donnée est l’OTAN. Elle commence ainsi : « Propagande du fascisme russe et du nazisme. » Sic. « Complice des crimes des autorités russes contre l'Ukraine et ses citoyens », elle a été « liquidée par les services spéciaux de la Russie fasciste en raison de désaccords interspécifiques le 20/08/2022 ». Sic. Et bien sûr cette absurdité est reprise en boucle, au moins comme hypothèse, par les grands médias occidentaux. Puisque les Ukrainiens ont toujours raison et que les Russes sont, dans le meilleur des cas, des sauvages.

  • Le Cœur immaculé de Marie

    Le fardeau et le joug que le Seigneur imposa à saint Jean, en lui confiant le soin de la Vierge Mère, furent vraiment un joug suave et un fardeau léger. Qui donc ne partagerait très volontiers la demeure de cette Mère, qui porta neuf mois dans son sein le Verbe incarné et vécut avec lui, très doucement et dévotement, pendant trente années ? Qui ne porterait envie au disciple bien-aimé du Seigneur qui, en l’absence du Fils de Dieu, obtint la présence de la Mère de Dieu ? Mais, si je ne m’abuse, nous pouvons, nous aussi, obtenir par nos prières de la bonté du Verbe, incarné à cause de nous et crucifié à cause de son grand amour pour nous, qu’il nous dise à nous aussi : « Voici ta Mère. » Et qu’il dise de nous à sa Mère : « Voici ton fils. »

    Le doux Seigneur n’est pas avare de ses dons, pourvu que « nous approchions du trône de sa grâce avec » foi et « confiance », avec un cœur non pas hypocrite, mais véritable et sincère. Celui qui a voulu nous faire cohéritiers du royaume de son Père ne dédaignera certes pas de nous avoir pour cohéritiers de l’amour de sa Mère. Quant à cette Vierge très bonne, elle ne sera pas accablée par la multitude de ses enfants, car elle a un cœur immense, et elle désire vivement éviter la perte d’aucun de ceux que son Fils a rachetés par un sang si précieux et une mort d’un si grand prix. « Approchons donc avec confiance du trône de la grâce » du Christ ; humblement et avec larmes, demandons-lui qu’il dise à sa Mère, de chacun de nous : « Voici ton fils. » Et qu’il dise de sa Mère, à chacun de nous : « Voici ta Mère. »

    Quel bonheur ce sera pour nous de vivre sous l’égide d’une pareille Mère ! Qui osera nous arracher de son sein ? Quelle tentation pourra nous vaincre, si nous mettons notre confiance dans le patronage de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre ? Et nous ne serons pas les premiers à avoir reçu un tel bienfait. Beaucoup nous ont précédés ; oui, beaucoup ont accédé à ce patronage unique et tout maternel de cette Vierge, et aucun n’en est revenu déçu ou triste : tous, soutenus par le patronage d’une telle Mère, tout joyeux et contents. Car c’est d’elle qu’il est écrit : « Elle broiera ta tête ». Ils ont donc confiance, grâce à elle, qu’eux aussi marcheront hardiment « sur l’aspic et le basilic, fouleront aux pieds le lion et le dragon ». Car il semble impossible qu’il se perde, celui dont le Christ a dit à la Vierge : « Voici ton fils », pourvu que lui-même ne fasse pas la sourde oreille à ce que le Christ lui dit : « Voici ta mère. »

    Homélie de saint Robert Bellarmin, lecture des matines (commentaire de l’évangile du jour).

  • Tiens...

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  • Darya Douguine

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    Hier soir, la voiture que conduisait Darya Douguine a explosé. La fille d’Alexandre Douguine est morte sur le coup. Elle revenait du festival "Tradition" au manoir-musée de Pouchkine.

    Darya Douguine, 29 ans, était une spécialiste de l’histoire de la philosophie. Elle avait passé un doctorat avec sa thèse intitulée « Interprétation de la philosophie politique de Platon dans les commentaires de Proclus Diadochus ». Elle avait fait un stage à l’université Michel de Montaigne à Bordeaux et parlait français. Sa chaîne Telegram, très suivie, était intitulée Darya Platonova (fille de Platon), et elle était journaliste, correspondante de la chaîne de télévision Tsargrad. Le 19 juillet dernier, dans le cadre du forum international « Armée 2022 », elle avait donné une conférence sur « les fondements des guerres psychologiques et les cas récents les plus marquants », notamment Boutcha. En mai dernier j’avais signalé son interview sur Breizh Info.

    En fait c’est son père qui était visé par l’attentat. Car Alexandre Douguine, après sa conférence sur le thème « Tradition et histoire », était rentré par ses propres moyens, laissant sa voiture à sa fille. Or la bombe se trouvait sous le siège du conducteur. (Dans la mythologie médiatique occidentale, Douguine est "l'idéologue de Poutine".)

    Je suppose que les ukromaniaques et poutinophobes sont déçus de ce contre-temps, mais qu’ils se consolent en pensant à la douleur du père qui a perdu sa fille dans de telles conditions.

    Les terroristes ukrainiens n’en sont pas à leur premier exploit. Leur première victime fut Dmytro Savlouchenko, ministre de la jeunesse et des sports de Kherson, tué de même par une bombe posée sous le siège de sa voiture, le 24 juin.

    Le 4 août, le gouverneur de l’oblast de Kherson, Volodymyr Saldo, ancien député puis maire de Kherson, était victime d’un empoisonnement, et transféré dans le coma à Moscou. Son assistant avait été assassiné dès le 20 mars.

    Le 6 août, le chef-adjoint de l’administration de Nova Kakhovka (au nord de Kherson), Vitlay Goura, est mort des suites d’un coup de feu.

    Samedi dernier, le maire de Marioupol, Konstantin Ivaschenko (du parti russe Plateforme pour la Vie) a échappé de justesse à un attentat : une bombe a explosé au moment où il arrivait au zoo.

    La tête du gouverneur de l’oblast de Kherson, Kirill Stremousov, est mise à prix 500.000 hryvnias (13.500 €…), selon ce que disent les affiches placardées dans la ville.

    Mais c’est la première fois que les terroristes ukrainiens (pardon : les « partisans », comme ils s’intitulent), ou leurs parrains occidentaux, frappent près de Moscou.

  • 11e dimanche après la Pentecôte

    In Deo sperávit cor meum, et adjútus sum : et reflóruit caro mea, et ex voluntáte mea confitébor illi. ℣. Ad te, Dómine, clamávi : Deus meus, ne síleas, ne discédas a me.

    C’est en Dieu que mon cœur a espéré, et j’ai été secouru, et ma chair a refleuri, et de toute ma volonté je le confesserai. ℣. Vers toi, Seigneur, j’ai crié ; mon Dieu, ne garde pas le silence, ne t’éloigne pas de moi.

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    Les mélodies des graduels sont plus ou moins des centons, c’est-à-dire composées de formules qu’on retrouve éparses dans d’autres graduels. Dans celui-ci, la première partie est entièrement originale (en dehors des cadences, naturellement), et le verset est entièrement centonisé, composé de six formules qu’on retrouve ailleurs, en dehors d’une « soudure » sur ne discedas.

    La mélodie de la première moitié de la première partie est une prière sereine et intime, distillant discrètement le bonheur d’avoir été exaucé. La deuxième partie s’exalte sur l’action de grâce : je louerai le Seigneur de toute ma volonté.

    La mélodie du verset commence par une longue formule bien connue, mais qui n’est jamais aussi bien servie ailleurs par son texte, car elle n’exprime nulle part ailleurs ce « clamavi », j’ai crié, qui lui convient si parfaitement.

    Les formules suivantes poursuivent dans le même sens et s’enchaînent naturellement, la seule invention de la phrase étant le « ne discedas » qui à partir de la tonique relance efficacement l’élan pour la formule finale.

     

  • Saint Bernard

    Extraits du chapitre 6 de la Vie de saint Bernard par Ernald, abbé de Bonneval au pays chartrain.

    A cette époque, toute l'Église de Bordeaux était déchirée par le schisme, et il ne se trouvait, dans l'Aquitaine entière, personne qui osât résister au prince de cette contrée, dont Dieu avait endurci le cœur. A l’instigation de Gérard, évêque d’Angoulême, qui fomentait dans son cœur les germes de la discorde, il se fit l'auteur et le soutien d'un schisme. Quiconque ne souscrivait point à l'élection de Pierre de Léon [comme pape] était exposé à la persécution.

    (…)

    En apprenant ces nouvelles et plusieurs autres de même nature, le vénérable Geoffroy, évêque de Chartres, que le pape Innocent avait chargé des fonctions de légat en Aquitaine, en ressentit une vive douleur, et résolut de venir, sans aucun retard et toute autre chose cessant, au secours de cette Église en péril. Il demande donc, avec instances, à l'abbé de Clairvaux de lui prêter son concours pour faire cesser de si grands maux. L'homme de Dieu se rend à ses vœux, et lui annonce qu'il a l'intention de conduire une colonie de religieux en Bretagne à l'endroit, près de Nantes, que la comtesse Ermengarde leur avait préparé, et lui promet de partir avec lui pour l'Aquitaine, dès qu'il aura installé cette maison, selon son genre et son espèce.

    (…)

    Cependant, le comte fut informé par quelques hommes illustres qui osaient s'approcher de sa personne, que l'abbé de Clairvaux, l'évêque de Chartres, d'autres évêques et des religieux lui demandaient une audience, dans l'intention de traiter avec lui de la paix de l'Église et de s’entendre sur les moyens de mettre un terme au mal. On lui fit comprendre qu'il ne pouvait se dispenser de recevoir des hommes de cette importance ; il pouvait se faire en effet qu’en les écoutant ce qui avait semblé difficile fût facile, et que ce qui avait paru impossible devint possible par un soudain retour. On se donne donc rendez-vous de part et d'autre à Parthenay. Les serviteurs de Dieu commencèrent par remontrer au comte, de plusieurs manières et à plusieurs titres, que la division de l'Église et l'obstination du schisme s'étaient abattues de ce côté-ci des Alpes sur la seule Aquitaine, comme un nuage qui portait la peste dans ses flancs ; que l’Église est une, et que tout ce qui est en dehors d’elle ne peut que sombrer et périr au jugement de Dieu, comme il est arrivé à tout ce qui était placé hors de l'arche de Noé. On rappela aussi l'exemple de Dathân et d'Abiron, que la terre a dévorés tout vivants en punition de leur schisme (Num. XXVI), et que jamais Dieu n'a manqué de punir un péché comme celui-là. En entendant cela, le comte obéissant en partie à de sage conseils, répondit qu'il pourrait consentir à reconnaître Innocent pour pape, mais que pour ce qui était de rétablir sur leurs sièges les évêques qu'il en avait chassés, il n'y avait point de considération qui pût le décider à le faire, attendu qu’ils l'avaient offensé de manière à ce qu'il ne l’oubliât jamais, et que lui-même avait fait le serment de ne point recevoir leur paix. On parlementa encore longtemps par messagers ; mais, pendant que de part et d'autre on en était aux paroles, l'homme de Dieu avait recours de son côté à des armes plus efficaces, et se rendait à l'autel pour y prier et y offrir le saint sacrifice. Tous ceux à qui il était permis d’assister aux saints mystères étaient entrés dans l'église, le comte se tenait à la porte.

    La consécration terminée, la paix donnée et portée au peuple, l'homme de Dieu, ne se conduisant plus en simple mortel, dépose le corps du Seigneur sur la patène et le prend avec lui, et, la face en feu, les yeux en flamme, il sort de l'église, non plus la prière, mais la menace aux lèvres, et adresse ces terribles paroles au duc : « Nous vous avons adressé des prières, et vous nous avez méprisé. Dans une autre rencontre que nous avons eue avec vous, les serviteurs de Dieu rassemblés en grand nombre devant vous, vous ont fait entendre leurs supplications, et vous n'en avez point tenu compte. Voici maintenant le fils même de la Vierge, Notre-Seigneur, le chef de l'Église que vous persécutez, qui vient à vous. Voici dans mes mains votre juge, celui au nom de qui tout genou fléchit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ; voici votre juge, dis-je, celui dans les mains de qui votre âme tombera un jour. N'aurez-vous pour lui aussi que du mépris, et ne tiendrez-vous pas plus de compte de lui que de ses serviteurs ? » Tous les assistants fondaient en larmes, et attendaient en priant l'issue de cette démarche. Tout le monde était en suspens et je ne sais quelle espérance on avait de quelque coup du ciel. Le comte en voyant venir à lui l'abbé dans un esprit de force, et porter dans les mains le très-saint corps de Notre-Seigneur, se sentit vivement impressionné ; un froid glacial le paralyse, il tremble de tous ses membres, la crainte l'anéantit, il tombe presque fou à terre. Ses gens le relèvent, mais il tombe de nouveau la face coutre terre, sans pouvoir proférer une seule parole, ni lever les yeux sur personne ; la salive lui coule sur la barbe, il pousse de profonds soupirs, il suffoque, on aurait dit un épileptique. Alors, l'homme de Dieu s'approchant de lui davantage et le touchant du pied pendant qu'il était étendu à terre, lui ordonne de se lever et de se tenir debout, afin d’entendre la sentence de Dieu. « L’évêque de Poitiers que vous avez chassé de son siège est là présent, allez faire votre réconciliation avec lui, scellez-la par le baiser de paix, et reconduisez-le sur son siège. Vous satisferez à Dieu, en lui rendant autant d'honneur que vous l'avez abreuvé d'humiliations ; enfin, rappelez à l’union de la charité tous les peuples soumis à votre domination et qui maintenant sont déchirés par les divisions et les discordes. Soumettez-vous au pape Innocent comme le fait l'Église entière, et obéissez comme les autres à ce pontife élu de Dieu même. » En entendant le saint parler ainsi, le comte se sentait vaincu par l'autorité du Saint-Esprit et par la présente des saints sacrements, et il n'osait ni ne pouvait répondre aussitôt il se rendit, reçut l'évêque de Poitiers au baiser de paix et le rétablit sur son siège à la joie de toute la ville, de la même main qu'il l'en avait fait descendre. Dans la suite, le saint abbé s'entretenant doucement et familièrement avec le comte, lui recommanda d’un ton paternel de ne plus se laisser aller désormais à ces excès impies et téméraires, de ne point rendre nulle par de si grands forfaits la patience de Dieu, et de ne plus violer en quoi que ce fût la paix qui venait de se faire.

    Saint Bernard et le duc (Guillaume X) d’Aquitaine

    Par Marten Pepyn

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    Par Jean de Saint-Igny (tous deux de la première moitié du XVIIe siècle)

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