Jésus va à la fête des Encænia et nous enseigne ainsi la régularité avec laquelle il convient d’accourir aux solennités ecclésiastiques, pour qu’elles soient vraiment l’expression sociale et collective de l’unité mystique qui joint tous les fidèles au Rédempteur, dans un seul sentiment de foi, d’espérance et d’amour.
La demande que lui font les Juifs et la perplexité dont ils se disent tourmentés ne sont pas sincères mais feintes ; ils veulent arracher au Seigneur une parole qui puisse le compromettre près du Sanhédrin ; or Jésus n’accorde ni sa confiance ni son intimité à celui qui n’agit pas loyalement avec lui et ne le cherche pas avec une intention droite. Si ses interlocuteurs avaient voulu sincèrement s’instruire du rôle messianique et de la divinité du Rédempteur, ils en auraient trouvé mille preuves dans sa doctrine et dans ses miracles. Mais ce n’est point cela qu’ils cherchaient : ils voulaient une parole qui pût servir de prétexte au Sanhédrin en vue d’un procès religieux contre le divin Maître, et cette parole, Il ne la prononce pas pour le moment, mais Il en appelle à ses œuvres. (…)
Jésus a opéré devant les Juifs un grand nombre de prodiges en confirmation de sa mission messianique et de sa divinité ; néanmoins, ils trouvent que tout cela n’est pas concluant et ils se lamentent de ce que Jésus les tient dans la perplexité. Ainsi en arrive-t-il toujours avec les incrédules : les vérités divines le plus vigoureusement affirmées dans les Écritures et enseignées par l’Église seront toujours obscurcies par mille nuées d’incertitude, uniquement parce qu’ils se servent de leur intelligence non pour croire mais pour subtiliser et combattre la vérité. Il est inutile de prétendre à pénétrer le dogme ; il faut commencer par croire Dieu qui parle et l’Église qui enseigne, selon la parole d’Isaïe tant répétée par saint Anselme d’Aoste : Nisi credideritis non intelligetis.
Bienheureux cardinal Schuster
Ce « saint Anselme d’Aoste » est celui qu’on appelle simplement « saint Anselme », ou « saint Anselme de Cantorbéry » si l’on veut préciser, bien qu’il fût né en effet à Aoste. Je n’ai pas trouvé de références précises de l’emploi de cette citation par saint Anselme. Mais elle correspond tellement à sa célèbre maxime « fides quaerens intellectum » qu’il l’a forcément utilisée. Cela dit, il l’a trouvée dans saint Augustin, qui l’a utilisée… 31 fois.
Il s’agit d’Isaïe 7,9 (juste avant le « signe » de la vierge qui enfantera) dans la traduction des Septante : ἐὰν μὴ πιστεύσητε, οὐδὲ μὴ συνῆτε. Si vous ne croyez pas vous ne comprendrez pas (avec la double négation et la particule qui oppose à ce qui précède : il n’y a aucune chance que vous compreniez). Credo ut intelligam, disait saint Anselme : je crois pour comprendre. Saint Augustin l’avait encore devancé et il en donnait l’ordre : Crede ut intelligas. Crois pour comprendre.