Saint Remi convertit à Jésus-Christ le roi et la nation des Francs. En effet ce roi avait épousé une femme très chrétienne nommée Clotilde qui employait inutilement tous les moyens pour convertir son mari à la foi: Ayant mis au monde un fils, elle voulut qu'il fût baptisé; le roi s'y opposa formellement: or, comme elle n'avait pas de plus pressant désir, elle finit par obtenir le consentement de Clovis; et l’enfant fut baptisé; mais peu de temps après, il mourut subitement. Le roi dit à Clotilde : « On voit maintenant que le Christ est un dieu de maigre valeur, puisqu'il n'a pu conserver à la vie celui par lequel sa croyance pouvait être accrue. » Clotilde lui dit : « Bien au contraire, c'est en cela que je me sens singulièrement aimée de mon Dieu, puisque je sais qu'il a repris le premier fruit de mon sein ; il a donné à mon fils un royaume infiniment meilleur que le tien. » Or, elle conçut de nouveau et mit au monde un second fils qu'elle fit baptiser au plus tôt ainsi que le premier; quand tout à coup, il tomba si gravement malade qu'on désespéra de sa vie. Alors le roi dit à son épouse : « Vraiment ton dieu est bien faible pour ne pouvoir conserver à la vie quelqu'un baptisé en son nom : quand tu en engendrerais un mille et que tu les ferais baptiser, tous ils périront de même. Cependant l’enfant entra en convalescence et recouvra la santé ; il régna même après son père. Or, cette femme fidèle s'efforçait d'amener son mari à la foi, mais celui-ci résistait d'une manière absolue. (Dans une autre fête de saint Remi qui se trouve après l’Epiphanie, on a dit comment il fut converti.) (…)
Il faut noter que la fête de saint Remi qui se célèbre au mois de janvier est le jour de son bienheureux trépas tandis que ce jour est la fête de sa translation. Après son décès, son corps était porté dans un cercueil en l’église des saints Timothée et Apollinaire; mais arrivé à l’église de saint Christophe, il devint tellement pesant qu'il n'y eut plus possibilité de le mouvoir. On fut donc forcé de prier le Seigneur de daigner indiquer si, par hasard, il ne voulait pas que Remi fût inhumé dans cette église où il n'y avait encore aucune autre relique de saint: et à l’instant, on souleva le corps avec grande facilité, tant il était devenu léger, et on l'y déposa avec beaucoup de pompe. Or, comme il s'y opérait une infinité de miracles, on agrandit l’église et on construisit une crypte derrière l’autel; mais quand il fallut lever le corps pour l’y placer, on ne put le remuer. On passa la nuit en prières et à minuit, tout le monde s'étant endormi, le lendemain, c'est-à-dire, le jour des calendes d'octobre, on trouva que le cercueil avait été porté dans cette crypte par les anges avec le corps de saint Remi.
Ce fut longtemps après qu'on en fit, à pareil jour, la translation, avec une châsse d'argent, dans la crypte qui avait reçu de riches décorations.
(Légende dorée)
[On voit qu’il y avait au moyen âge une fête de saint Remi "après l'Epiphanie": le 14 janvier. Le nouveau calendrier a supprimé la fête du 1er octobre, et a renvoyé saint Remi au… 15 janvier. Mais ce n’est pas une fête, c’est seulement une « mémoire facultative ». En clair, saint Remi, qui « convertit à Jésus-Christ le roi et la nation des Francs », a été éjecté du calendrier liturgique.]
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Un point d’histoire
Le premier octobre 1049, le pape Léon IX fait la translation du corps de saint Remi dans l’église des Bénédictins de Reims qui reçoit son nom. Chaque année, le premier octobre, le saint roi Louis IX allait assister à l’office solennel chanté par les aveugles à l’hôpital des Quinze-Vingts, fondé en 1260, dont la chapelle était sous le patronage de saint Remi.