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Sarkozy - Page 4

  • Sus au « mini-traité »

    Le chef du gouvernement italien Romano Prodi, visant à l’évidence Nicolas Sarkozy, s’en prend à ceux qui veulent « déconstitutionnaliser » le traité constitutionnel européen et « réduire ses textes à l’essentiel ». « Nous ne sommes pas disposés à souscrire à n’importe quel compromis, à courir à tout prix derrière le plus petit dénominateur commun ». Et de souligner que le traité a été ratifié par 18 Etats membres.

    Le Premier ministre finlandais Matti Vanhanen dit de même : « L’UE a besoin d’une nouvelle base légale, mais pas à n’importe quel prix » : « Le traité constitutionnel est un compromis, fruit de longues négociations, et chaque pays membre attache de l’importance à des éléments différents. Un traité ne contenant que des dispositions institutionnelles pourrait affecter ce prudent équilibre. »

    Le président de la commission constitutionnelle du Parlement européen avait déjà déclaré que « le mini-traité proposé par Nicolas Sarkozy est inacceptable ».

    Dans une interview à l’AFP, Alain Lamassoure donne des précisions inédites sur le « mini-traité » et la façon de l’écrire : « On compare la Constitution au traité de Nice, on prend des ciseaux et on enlève de la Constitution tout ce qui n’est pas une innovation juridique. Quand on fait cet exercice, il reste environ 130 articles sur les 448 du texte. » Et d’ajouter : « Tout ce qui peut laisser penser à un traité constitutionnel (drapeau, hymne, devise, etc.), nous pouvons y renoncer. Ce qui nous importe est la substance, pas les apparences. »

    Cela ne correspond pas aux déclarations de Nicolas Sarkozy. Sauf « la substance » : généraliser les votes à la majorité qualifiée, en se gardant bien de traduire ce que cela veut dire : supprimer ce qui reste des souverainetés nationales.

     Si 18 Etats ont ratifié la Constitution , il n’y a pas que deux pays qui lui soient opposés. Dans une interview au Figaro, le président polonais Kaczynski souligne une nouvelle fois qu’il s’oppose au système de vote qui désavantage la Pologne, et surtout il déclare que la création d’un ministère des Affaires étrangères va « beaucoup trop loin » : « Si le poste de ministre des Affaires étrangères devait être créé, les Etats les plus puissants de l’Union continueraient à mener une politique étrangère indépendante, alors que les Etats plus faibles verraient leur liberté d’action retomber à zéro. »

    Nicolas Sarkozy irrite les milieux européens avec son mini-traité, mais aussi avec sa volonté affichée d’arrêter les négociations d’adhésion de la Turquie.

    Dès le résultat du second tour de la présidentielle, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a rappelé que l’UE « négocie avec la Turquie sur la base d’un mandat qui avait été décidé à l’unanimité avec les Etats membres ».

    Si un Etat veut « remettre en cause ou changer ce mandat », il doit en « assumer l’initiative et les conséquences », a répété lundi et mardi le commissaire à l’élargissement Olli Rehn.

    « Ce serait un grand malheur, et au final très difficile pour nous, si nous revenions sur nos promesses à la Turquie  », disait Tony Blair avant même le second tour.

    Tout cela est à suivre de près. Pour l’heure, on voit que quiconque s’écarte un tant soit peu de la stricte orthodoxie européiste, fût-il un Président élu, est aussitôt la cible des gardiens du dogme.

  • A la soupe chez Sarko

    Dans une tribune publiée par Le Figaro à la veille du conseil national de l'UDF qui doit voir la création du Mouvement démocrate, 22 députés UDF sortants (sur 29) affirment leur volonté « d'inscrire sans hésitation leur démarche dans la majorité présidentielle qui se dessine » autour de Nicolas Sarkozy, « tout en conservant leur autonomie au Parlement, et sans intégrer l’UMP ».

    Ces députés ont tous obtenu l’engagement (certains ont même exigé un engagement écrit !) qu’il n’y aura pas de candidat UMP dans leur circonscription...

  • Quel Sarkozy demain ?

    Nicolas Sarkozy avait dit dans une interview que s’il était élu il ne participerait pas aux cérémonies du 8 mai, afin de ne « pas donner l'impression d'une République à deux têtes » jusqu'à la passation de pouvoirs prévue le 16 mai.

    Pourtant il participera demain, aux côtés de Jacques Chirac, à la cérémonie de commémoration de l'abolition de l'esclavage et de la traite négrière…

    En mai 2006, Sarkozy avait exprimé sa « satisfaction de voir enfin s'organiser » une journée de commémoration de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions. Il avait salué une initiative permettant de « rompre le silence » sur cette « partie douloureuse de notre histoire », et « d'honorer la mémoire des millions de victimes de ce système particulièrement inhumain ».

    Mais pendant la campagne présidentielle il n’a pas cessé de dire, et avec force, qu’il fallait en finir avec la repentance perpétuelle. Il est curieux que sa première cérémonie officielle soit celle de la commémoration de l’esclavage. On attend avec intérêt les propos de la République à deux têtes…

  • Le « mini-traité » déjà contesté

    Lors d’une rencontre avec la présidence allemande de l’Union européenne à Berlin (la circonstance n’est pas sans importance), le président de la commission constitutionnelle du Parlement européen, le social-démocrate allemand Jo Leinen, a déclaré que « le mini-traité proposé par Nicolas Sarkozy est inacceptable », et que la présidence de l’UE ne doit pas autoriser ce « pinaillage ».

    C’est un spectaculaire tir de barrage, alors que Sarkozy n’est même pas encore président de la République.

    Pour Jo Leinen, la proposition de Sarkozy est un « manque de respect » envers les 18 Etats membres qui ont ratifié le texte. Selon lui il faut garder le texte de la Constitution (ce qui n’est donc pas un manque de respect envers les peuples français et néerlandais), en lui adjoignant des déclarations politiques et des protocoles...

    Sarkozy a affirmé pendant la campagne qu’il avait le soutien de Zapatero, Blair et Merkel pour son « traité simplifié ».

  • Le parvenu

    Après sa nuit au Fouquet’s, Nicolas Sarkozy a donc pris un jet de Vincent Bolloré pour se rendre sur le yacht de Vincent Bolloré au large de Malte.

    En soi ce n’est pas scandaleux. Mais le message envoyé à « la France qui souffre » est pour le moins curieux. Surtout quand on a d’abord laissé courir la rumeur selon laquelle on allait faire une retraite dans un monastère...

    Ce qui est significatif est qu’on imagine très bien l’attitude de Sarkozy face aux critiques sur cette mini-croisière de grand luxe. Elle fait d’ailleurs partie intégrante de la chose. C’est un « bras d’honneur », ou tout autre geste obscène.

    Sarkozy donne là une première image de son arrogance de parvenu. De premier parvenu de France.

  • L’AJC salue l’élection de Sarkozy

    Le Comité juif américain (AJC) a salué l’élection de Nicolas Sarkozy en ces termes :

    « Nous admirons depuis longtemps Nicolas Sarkozy en tant que dirigeant politique pour son profond attachement aux valeurs démocratiques de la France, sa promptitude à affronter les menaces qui pèsent sur ces principes et son implication dans le renforcement des liens transatlantiques. L'AJC apprécie par ailleurs l'empathie exprimée par M. Sarkozy lorsqu'Israël a reçu des menaces, et attend de discuter avec le nouveau président pour savoir par quels moyens la France, en collaboration avec l'UE, pourra contribuer efficacement à la recherche de la paix et de la sécurité en Israël et dans ses pays voisins. »

    Depuis sa prise de fonction au ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy entretient des contacts réguliers à Paris, New York ou Washington avec l'AJC qui lui avait décerné en 2003 le prix Simon Wiesenthal pour son action contre le racisme et l'antisémitisme.

  • Entre Cecilia et Fillon

    Les journalistes ont remarqué que Cécilia n’a été aperçue nulle part aux côtés de son mari tout au long de la journée du second tour. Elle n’était ni au bureau de vote, ni dans la voiture lors des traversées de Paris, ni à la salle Gaveau. Elle n’est apparue qu’en fin de soirée, place de la Concorde.

    Il est amusant de constater que Sarkozy est arrivé sur la scène de la place de la Concorde à la fin de la chanson qu’interprétait Faudel. Est-ce que cela avait été minuté ? En tout cas Sarkozy pouvait ainsi arriver en donnant l’accolade à un plus petit que lui...

    Sarkozy avait sa femme à sa droite, et Fillon à sa gauche. Ce qui semble confirmer que François Fillon sera Premier ministre. Compte tenu de la personnalité du personnage, et de son absence de charisme, cela confirmerait que Sarkozy entend mener une présidence à l’américaine, comme le pense Jean-Marie Le Pen. A savoir que c’est le Président, et non le gouvernement, qui décide des affaires politiques. Ce qui est contraire à l’article 20 de la Constitution  : « Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. »

    Il est vrai que tous les candidats, en dehors de Jean-Marie Le Pen, ont mené une campagne de chef de gouvernement et non de chef d’Etat. Comme si la Constitution de la Ve République n’était plus qu’un document du passé dans une Europe qui ravale les chefs d’Etat au rang de gouverneurs.

  • L’illusionniste

    Lors de son point de presse au siège du Front national, dimanche soir, Jean-Marie Le Pen a décrit par le menu la façon dont Nicolas Sarkozy a su se fabriquer son image, comme un produit de grande consommation qu’on lance à la télévision après une enquête approfondie sur ce que souhaite le consommateur, et comme une vedette « people » qui, dans des « opérations de type show-biz », a su « exploiter les événements de sa vie personnelle de façon positive ». Dans un public aujourd’hui « largement décérébré », qui a perdu les structures que construisaient naguère la famille, l’école, la religion, l’armée, il y a « une vacuité qui rend les gens extrêmement sensibles aux opérations de ce type ». C’est une « américanisation » de la vie politique, a-t-il conclu sur ce sujet.

    Les citoyens ont donc élu un emballage, une image, une illusion de Président. « Bravo l’illusionniste ! » a lancé Marine Le Pen à la télévision, expliquant que Nicolas Sarkozy avait réussi trois grandes illusions : « avoir fait croire qu’il incarnait la rupture alors qu’il était le candidat sortant, avoir fait croire qu’il avait un bon bilan alors que celui-ci est extrêmement ambigu, avoir porté en quelque sorte les solutions du Front national, mais seulement hélas dans le verbe ». « Nous attendons de voir ses actes, mais nous pensons que ces actes ne suivront pas son verbe pour une raison très simple, c’est qu’en réalité il a accepté les menottes européennes », a-t-elle ajouté.

    « Plaise au ciel que le vainqueur de cette joute se souvienne de ses envolées patriotiques et de son programme réformateur », disait de son côté Jean-Marie Le Pen, ajoutant aussitôt qu’il ne lui accordait aucune confiance. Et de préciser devant les journalistes : « Je ne lui fais pas de procès d’intention, je ne lui fais pas confiance. La confiance, on l’a ou on ne l’a pas. S’il apporte la démonstration que je me suis trompé, je le confesserai devant les Français, et je serai ravi de m’être trompé. Mais, même s’il pensait ce qu’il dit, il n’en a pas les moyens, d’abord à cause de l’Europe, qui empêche toute liberté de manœuvre : il est comme un cul de jatte qui veut gagner le 100 mètres... » Et de rappeler qu’en cinq ans Jacques Chirac n’a même pas pu modifier le taux de TVA sur la restauration, et que plus des trois quarts des lois votées par notre Parlement ne sont que des transpositions de directives européennes.

  • Nucléaire : étonnante ignorance

    Royal : « Savez-vous quelle est la part du nucléaire dans notre électricité ? »

    Sarkozy : « Nous avons la moitié de notre électricité qui est d’origine nucléaire. »

    Royal : « Non, 17% seulement. »

    Sarkozy : « Ce n’est pas exact. »

    Royal : « Mais si, c’est ça. »

    Il n’y a pas si longtemps, pourtant, EDF martelait une publicité sur tous les médias (audiovisuels et imprimés) vantant le fait que 80% de l’électricité française était d’origine nucléaire.

    (Le taux exact est aujourd’hui de 78%. Le taux de 17% est celui de l’électricité d’origine nucléaire dans l’ensemble de la consommation d’énergie. Celui de 50% ne correspond à rien.)

  • Enfants handicapés : la colère feinte

    Le ministre de la Santé Philippe Bas publie un communiqué pour réfuter les propos de Ségolène Royal sur les enfants handicapés, et les chiffres qu’il donne, s’ils sont véridiques, réduisent à néant le motif de la « juste colère » de la candidate socialiste envers Nicolas Sarkozy.

    Selon Philippe Bas, il y a eu 160.000 enfants handicapés scolarisés à la rentrée 2006, contre moins de 90.000 en 2002. « De plus, 20.000 enfants handicapés bénéficient d’un accompagnement individualisé, contre 4.000 en 2003. »

    Le ministre rappelle que la loi du 11 février 2005 oblige les établissements scolaires à inscrire les enfants handicapés qui le demandent, et que Ségolène Royal a voté contre cette loi.