Patrick Kamenka, de l’AFP, est allé faire un reportage dans « l’ultime village kurde avant les lignes turques ». En fait de village kurde, il s’agit d’un village chaldéen, Dashtetakh. A deux kilomètres, en surplomb, on voit les redoutes turques. Un grand drapeau turc a été dessiné sur la montagne. Entre le village et les redoutes, c’est un no man’s land. « La situation est insoutenable, dit le maire adjoint, Mikhail Gouriel, sous une photo de Benoît XVI. Tous les jours les militaires turcs tirent des obus de mortier. Ils disent qu’ils visent le PKK, mais les hommes du PKK ne sont pas venus ici depuis au moins un an. » Le village est presque désert : « Les femmes et les enfants sont partis se réfugier à Zakho car ils avaient peur des bombardements. Il ne reste que 10 à 15 hommes et quelques très rares femmes. » « Cette année la récolte a été perdue car nos prairies ont été incendiées par les tirs de l’armée turque », dit un paysan.
Les maisons dans lesquelles se terrent les habitants sont des casemates mises à leur disposition par le gouvernement du Kurdistan. « Nous sommes tous des réfugiés chrétiens venus de Bagdad ou de Bassorah, explique l’un d’eux. Nous avons fui le terrorisme et maintenant ce sont les Ottomans qui nous attaquent. »
« Nous avons peur des Turcs, mais où aller ? C’est le village de nos ancêtres, nous sommes revenus pour le meilleur ou pour le pire », dit une des trois femmes qui sont restées, pour « nourrir les hommes ». Le village de nos ancêtres : car en effet ces chaldéens habitaient là, autrefois, avant d’en être chassés par les Kurdes et de se réfugier à Bagdad ou ailleurs...