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L’Irak pas simple

Le « président irakien » Jalal Talabani a déclaré qu’il ne signerait pas l’ordre d’exécution de Sultan Hashim al-Tai, condamné à mort pour son implication dans les bombardements de villages kurdes à la frontière avec l’Iran, qui ont fait des milliers de morts à la fin de la guerre Iran-Irak.

« Je connais Sultan Hashim al-Tai, a-t-il déclaré, nous étions en contact sous le régime de Saddam Hussein. Nous l’incitions à l’époque à se révolter contre Saddam. Comment pourrais-je signer aujourd’hui l’ordre d’exécution ? Non, non, non, je ne le peux pas. »

Sultan Hashim al-Tai est présenté comme l’ancien ministre de la Défense de Saddam Hussein. A l’époque des faits, il était général, et c’est lui qui organisa les bombardements des villages kurdes, opération qui se termina par la prise du QG de Talabani.

Ensuite, lorsqu’il fut ministre de la Défense , et que Barzani (l’autre chef kurde) avait fait alliance avec Saddam, c’est lui qui fit bombarder les milices de Talabani...

Pour Talabani, il y aurait donc de quoi le faire condamner mille fois à mort, comme il avait dit à propos de Saddam... avant de refuser également de signer l’ordre d’exécution.

Mais « nous étions en contact ». Les uns et les autres ont toujours été en « contact », soit pour nouer des alliances contre l’un ou l’autre, soit en se faisant la guerre. Et les victimes civiles n’ont jamais eu plus d’importance pour les uns que pour les autres (Talabani a fait ses études en Chine et en URSS, et lorsqu’il dut s’exiler au Liban et en Syrie, quand Saddam et Barzani avaient conclu un accord sur l’autonomie du Kurdistan, il s’allia avec Georges Habbache du FPLP...) On a même vu, d’un côté Barzani s’allier avec les Turcs contre le PKK, de l’autre côté Talabani s’allier avec les Iraniens contre les séparatistes kurdes d’Iran en échange de bombes pour faire la guerre à Barzani...

Aujourd’hui Talabani est président d’Irak, Barzani est président du gouvernement autonome du Kurdistan, et tout va bien de ce côté-là, tant qu’il y a les Américains...

On sera peut-être surpris aussi, qu’après la chute de Saddam Hussein, non seulement Sultan Hashim al-Tai, qui s’était rendu de lui-même, fut libéré, mais que l’administrateur US Paul Bremer proposa de le nommer président de l’Irak en raison de son grand prestige dans l’armée (il avait été un héros de la guerre Iran-Irak et c’est lui qui avait négocié le cessez-le-feu avec les Américains à la fin de la première guerre du Golfe)...

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