Le tribunal administratif du Caire a suspendu la décision du Conseil suprême d'Al-Azhar d'interdire le port du niqab dans les cours fréquentés par les femmes et où n'enseignent que des femmes.
La semaine dernière, la justice égyptienne avait déjà rejeté une décision du ministère de l'Education interdisant le niqab dans les résidences universitaires et les salles d'examens.
La justice égyptienne est donc plus musulmane que le gouvernement et même qu'Al-Azhar.
Cela donne une idée de ce à quoi peuvent s'attendre les coptes quand ils vont devant la justice de leur pays...
Egypte - Page 10
-
La justice égyptienne
-
Une fatwa menace de mort un prêtre copte
Parce qu'il a demandé l'autorisation de convertir une partie de sa maison familiale en salle de prière pour les services funéraires et les cérémonies de mariage.
-
Le combat de Bichoï Higazi
La Haute cour administrative d'Egypte a débouté Mohamed Ahmed Higazi, le premier Egyptien converti au christianisme à avoir osé demander à être reconnu comme chrétien sur ses papiers d’identité.
Le tribunal a statué que Higazi n'avait pas suivi les procédures légales nécessaires, et a jugé sur le fond que « les religions monothéistes ont été envoyées par Dieu selon un ordre chronologique » et que « le fait de revenir de la religion la plus nouvelle à une plus ancienne est inhabituel » : quiconque fait un tel choix « s'éloigne du droit chemin et menace les principes, les valeurs et les préceptes de l'islam ainsi que les traditions égyptiennes ».
Mohamed Ahmed Higazi, qui s’appelle désormais Bichoï, avait fait sa demande en août dernier. Sa femme Christine (ex-Zeinab), elle-même convertie, étant enceinte, il voulait notamment que son enfant à naître puisse être enregistré comme chrétien. L’enfant est né le 10 janvier. C’est une fille, qui s’appelle Marie. Bien que ses parents se fussent mariés à l’église, elle a été enregistrée comme musulmane, puisque son père est musulman...
Lorsque Higazi a entrepris ses démarches, il a été l’objet d’une fatwa de l’université Al Azhar le condamnant à mort. Depuis, il vit dans la clandestinité.
La partie du jugement sur les « procédures légales » fait allusion au fait que Higazi doit présenter un certificat de l’Eglise copte attestant de sa conversion. Mais l’Eglise refuse systématiquement de donner ce certificat. Une association égyptienne de défense des droits de l’homme avait commencé à défendre Higazi dans son combat judiciaire et a abandonné la partie à cause de ce défaut de certificat... Son premier avocat avait également jeté l’éponge, sur pression de l’Eglise copte qui ne veut pas de vagues. Telle est la réalité de la dhimmitude égyptienne : tout « prosélytisme » est strictement interdit à l’Eglise copte.
(Higazi a choisi le prénom de Bichoï, en référence au père du désert saint Bichoï, disciple de saint Macaire. Le célèbre monastère Saint-Bichoï est une résidence du pape copte.)
-
Dhimmitude égyptienne
Mohamed Ahmed Higazi, le jeune Egyptien qui demande à être reconnu comme chrétien sur ses papiers d’identité, vit désormais dans la clandestinité. « Je reçois des menaces de mort sur mon téléphone portable, chaque fois que je change de numéro, des fanatiques l’obtiennent et m’appellent en menaçant de me liquider », a-t-il confié à l’AFP. Et d’ajouter ce propos que devraient méditer les naïfs : « Le danger ne vient pas seulement des extrémistes, un citoyen ordinaire pourrait me tuer de son propre chef, convaincu d’avoir ainsi servi l’islam. »
Intéressant propos, également, de son beau-père, qui va intenter un procès pour que sa fille Zeinab, également convertie (elle se fait appeler Catherine) divorce d’avec l’apostat : « Je veux que les juges la fasse divorcer et qu’elle retourne chez moi, même morte. »
Un quotidien a publié un sondage où les oulémas se déclarent unanimes sur « la nécessité de tuer l’apostat ».
C’est en quelque sorte une réponse au mufti de la république, qui affirmait le mois dernier qu’un musulman pouvait choisir une autre religion.
Interrogé sur ce problème, cheikh Tantaoui, l’imam d’Al Azhar, a déclaré que « l’islam peut se passer de ceux qui optent pour l’apostasie », mais a refusé de dire si la mort était le châtiment adéquat.
Mohamed Higazi n’a pas le soutien de l’Eglise copte. « Il n’existe aucun lien entre l’Eglise et l’affaire Higazi », qui n’est « qu’un coup médiatique », affirme le P. Morcos, un proche du pape Chenouda III. Le même P. Morcos révèle que l’Eglise a fait pression pour que le premier avocat d’Higazi jette l’éponge...
Il est arrivé que la hiérarchie copte se montre plus courageuse. En l’occurrence, cette attitude montre que la situation est très mauvaise et que l’Eglise copte doit jouer profil bas, très bas.
Le P. Morcos ajoute : « L’Eglise ne se livre pas au prosélytisme. » L’explication est là. Le prosélytisme lui est strictement interdit, et soutenir Higazi serait un casus belli aux conséquences imprévisibles.
Telle est la situation de nos frères coptes.
Tel est l’islam, « modéré », en Egypte.
-
Les coptes mettent l’islam à l’épreuve
Une ONG égyptienne, le Centre Al-Kalima (la parole) pour les droits de l'homme s'est retirée de la défense d'un jeune musulman qui veut obtenir de l'Etat égyptien la reconnaissance de sa conversion au christianisme.
Al Kalima avait déposé une plainte, au nom de Mohammed Ahmed Higazi, 25 ans, réclamant que celui-ci, qui affirme s’être converti à l’âge de 16 ans, soit reconnu comme chrétien copte dans ses papiers d'identité.
Le directeur du Centre al-Kalima, Mamdouh Nakhla, justifie son retrait de l'affaire en affirmant ne pas vouloir casser les liens familiaux du jeune homme et faute d'un certificat de l'Eglise certifiant sa conversion. Mais un autre responsable de ce centre, Roumani Gad el-Rabb, a affirmé à l'AFP que l'ONG avait « reçu des menaces par téléphone avertissant ses membres qu'ils seront liquidés s'ils ne retiraient pas la plainte ». Quant à « Mohammed Ahmed » Higazi, il a reçu des menaces de mort sur son téléphone portable. Il a qualifié de « farce » l'annonce du retrait de l'ONG, se déclarant aussi très déçu de l'absence de soutien d'autres ONG égyptiennes dans une affaire qu'il considère un « test de la liberté de religion ».
C’est bien ce que comprennent les médias, qui évoquent largement l’affaire. Dans le cadre du réveil copte, l’Egypte est confrontée à d’autres affaires de ce genre. Début septembre, la justice égyptienne doit examiner l'appel de douze coptes « convertis à l'islam » qui veulent redevenir officiellement chrétiens. En avril, leur demande a été rejetée. Mais la Cour suprême a demandé que la mention « chrétien » soit de nouveau portée sur leurs cartes d’identité, appelant toutefois à ce qu’une loi interdise de « jouer » avec la religion.
Selon la charia, l’« apostasie » est punie de mort. Mais en Egypte, ce n’est pas officiellement un crime : on punit les coupables pour outrage à la religion, ou subversion. Le 24 juillet dernier, le grand mufti d’Egypte (qui est de fait l’adjoint du ministre de la Justice pour les affaires religieuses) a fait sensation en déclarant clairement qu’un musulman pouvait choisir une autre religion. « L'acte d'abandonner sa religion est un péché punissable par Dieu le jour du Jugement dernier. Dans le cas où quelqu'un rejette simplement sa foi, aucun châtiment n'est prévu en ce bas monde », a-t-il ajouté, tout en mettant en garde contre des conversions qui saperaient les fondements de la société…