Je voudrais juste signaler, pour ceux que cela intéresse, dans le dernier numéro d’Una Voce, le très remarquable article de Dominique Crochu (de Gregofacsimil et du Réseau de musicologie médiévale de Dominique Gatté, qui met en ligne de nombreux enregistrements) sur la question du si bémol dans le plain chant.
C’est la mode depuis un certain temps de supprimer les si bémol (d’en faire des si bécarre), une mode qui un temps a même atteint Solesmes.
Dominique Crochu démontre dans ce premier article que nombre de si bémol sont parfaitement authentiques. Il le fait à partir du développement des cellules mélodiques, et des mélodies analogues notées un ton plus haut (si-do prouve le la-si bémol).
Il montre aussi que ce n'est pas parce que le bémol n'est pas indiqué sur un manuscrit qu'il n'était pas chanté. Et c'est un principe que tout historien devrait garder à l'esprit: ce n'est pas parce que ce n'est pas écrit que ça n'a pas existé.
Commentaires
Précisément, c'est Dom Gajard qui a supprimé les si bémol dans son antiphonaire de 1934. Ce qui est bien dommage, car les restitutions mélodiques et les modes sont infiniment supérieurs à ceux de l'antiphonaire romain, qui n'a jamais été mis à jour.
Cela dit, quand on connait le fonctionnement du premier mode, on ajoute naturellement les bémols là où ils manquent.
Il faut savoir quelle a été l'intention originelle de celui qui a écrit les notes : a-t-il voulu un si bémol ? Il faut donc émettre un si bémol. Un si naturel (bécarre) ? Alors il faut émettre un si naturel.
Revenir à ce qui a été écrit à l'origine.
Enfin tout de même... Qui oserait jamais, dans l'exécution de la Cinquième Symphonie, hausser au Mi bécarre le Mi bémol dans le fameux motif : Sol/Sol/Sol/Mi bémol...