Dans son encyclique “Deus caritas est”, le Pape Benoît XVI a mentionné Camille de Lellis parmi les “modèles éminents de charité sociale”, en le montrant en exemple pour tous les hommes de bonne volonté. A juste titre Camille mérite d’être pris comme modèle, en particulier pour la contribution qu’il a apportée, dans le domaine humain, au développement de l’assistance aux malades, au point d’être défini comme l’“initiateur d’une nouvelle école de charité” par Benoît XIV dans le décret de canonisation.
Touché par les conditions misérables dans lesquels versaient les malades hébergés dans les hôpitaux, Camille décide de donner vie “à une compagnie d’hommes honnêtes ”, qui prennent soin des malades, simplement motivés par l’ardeur apostolique. Son zèle fut tel qu’il contribua au développement initial des sciences infirmières, en codifiant un code déontologique pour ses disciples qui des siècles plus tard, sera repris par les sciences infirmières modernes.
La profonde spiritualité qui fit agir Camille le rendit capable de percevoir les besoins de l’homme malade et de stimuler ses disciples à en prendre soin, avec une attention définie aujourd’hui d’“assistance globale”. Ce faisant, Camille anticipa de plusieurs siècles ceux qui sont considérés comme fondateurs de la théorie de l’assistance infirmière, une activité qui au XVIe siècle était imposée à ceux qui devaient purger une peine. Camille n’est donc pas le continuateur de la tradition millénaire de l’Eglise dans le domaine de la charité : il en réalise le contenu spirituel avec l’attention et la priorité donnée à la personne humaine. Avec l’invitation à prendre soin des malades “avec la même affection qu’une mère envers son unique fils infirme”, Camille indique non seulement la façon de servir mais aussi à mettre la personne du malade au centre de la pratique de ses disciples.
Cette attention le porte à des propositions innovantes dans le domaine de l’assistance telles d’entrer à bon droit dans le code professionnel de celui qui exerce l’art de l’assistance. Effectivement, en lisant les “Règles qui doivent être tenues dans les hôpitaux pour bien servir les infirmes” - écrites par Camille pour ses disciples qui opèrent à l’Hôpital Ca’ Granda de Milan - on doit reconnaître qu’il se réfère à ce que l’on appelle aujourd’hui “les besoins d’assistance infirmiers” (comment alimenter une personne, comment la déplacer, comment l’aider à se reposer, comment l’aider dans l’élimination urinaire et intestinale). Pour répondre à ces besoins saint Camille propose des techniques nouvelles. Par exemple, il invente la technique de l’hygiène du creux oral : dans la situation de limitation physique, elle fut “une charité particulièrement chère tant inusitée”, jamais vue auparavant.
Saint Camille inventa la réfection du “lit occupé”, de même que la modalité pour refaire le lit - une technique qui requiert des précautions particulières - quand la personne ne pouvait pas être levée et nécessitait un plus grand confort. Il inventa aussi des aides pour éviter que ses malades soient contraints à aller “aux cabinets qui sont sales, puent et sont encore couvert de boue”. Ces petits exemples simples servent à montrer la puissance de la Grâce transformante. Camille, un homme de peu d’étude, savait comprendre l’unité et l’unicité de la personne humaine, en offrant des réponses personnelles aux besoins individuels, avec créativité et compétence.
Frère Luca Perletti, Secrétaire Général des Missionnaires Camilliens
(Fides)
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