1. Trois images figuratives.
a) L’Église nous ramène au berceau de l’humanité. Caïn et Abel offrent chacun un sacrifice. Le sacrifice d’Abel est agréable à Dieu, mais pas celui de Caïn. Ce fut l’origine du péché de jalousie et finalement du fratricide. La terre altérée but le sang d’Abel. Mais le sang cria vengeance contre le meurtrier. C’est une figure du sang du Christ qui, sur le Calvaire, crie non pas vengeance mais rédemption.
b) Quelques millénaires plus tard. Le peuple d’Israël est opprimé par les Égyptiens. Dieu ordonne au peuple d’immoler un agneau pascal et d’enduire de son sang les montants des portes. L’ange de la mort passera devant ces maisons sans entrer. Mais, là où les portes ne seront pas marquées de sang, tous les premiers-nés masculins seront tués, depuis le premier-né du roi jusqu’à celui de la servante. Ce sang sur les montants des portes est une figure du sang du Christ. « Le sang d’un agneau peut-il sauver un homme ? Non ; mais il a de la puissance comme figure du sang rédempteur ». Quand le meurtrier voit le seuil de notre âme marqué du sang du Christ, il passe sans s’arrêter ; notre âme est sauvée.
c) Le Prophète Isaïe voit, dans sa vision, un homme qui écrase des raisins dans le pressoir (C’était la coutume en Orient de piétiner les raisins rouges dans le pressoir). Le Prophète interroge cet homme : « Pourquoi ton vêtement est-il si rouge ? » « J’ai dû fouler seul le pressoir, et parmi les peuples personne n’est avec moi ». Celui qui foule le pressoir est le Christ dont l’habit est rougi par le sang rédempteur.
2. Images historiques. — L’Église nous montre les premières gouttes de sang qui brillèrent sur le couteau le jour de la circoncision de Jésus. Sur le mont des Oliviers, nous voyons, dans la nuit, au clair de lune, le visage divin couvert du sang de l’agonie. L’infortuné Judas, désespéré, jette dans le temple l’argent du sang ; « J’ai trahi le sang innocent ». L’Église nous conduit ensuite à la colonne de la flagellation et nous montre le Seigneur dans sa plus profonde humiliation. Sous les coups cruels, le sang divin jaillit de tous côtés sur le sol. Le Christ est conduit devant Pilate. Celui-ci montre à la foule le corps ensanglanté : Ecce homo. Nous marchons à travers les rues de Jérusalem et nous suivons les traces sanglantes qui nous conduisent jusqu’au Golgotha. Du bois de la Croix ruisselle le sang. Un soldat ouvre le côté du Seigneur, et il en coule du sang et de l’eau.
3. Deux images symboliques.
a) Adam dort d’un sommeil extatique. Dieu ouvre son côté, prend une côte et en forme Ève, la mère des vivants. Nous considérons en esprit le second Adam, l’Adam divin, le Christ. Il dort du sommeil de la mort. De son côté ouvert coulent du sang et de l’eau. C’est le symbole du baptême et de l’Eucharistie, le symbole de la seconde Ève, la mère de tous les vivants. Par le sang et l’eau le Christ voulait sauver tous les nombreux enfants de Dieu et les mener à la fin éternelle.
b) Nous voyons une cérémonie du culte juif au jour de la Fête de l’Expiation. Le grand-prêtre pénètre une fois par an dans le Saint des Saints, et asperge l’arche d’alliance avec le sang des taureaux et des boucs en signe d’expiation pour les péchés du peuple. L’Église nous présente cette image en lui donnant une signification plus élevée : le grand-prêtre divin, le Christ, entre une fois pour toutes, le Vendredi Saint, dans le Saint des Saints du ciel, qui n’est pas fait de main d’homme ni aspergé avec le sang des taureaux et des boucs ; il procure au peuple avec son propre sang une éternelle rédemption. Cette image est mise sous nos yeux par l’Épître du jour
Une image finale : L’Église nous conduit au dernier acte du sacrifice. Nous voyons un office célébré au ciel : au centre, sur l’autel, l’Agneau, immolé mais vivant, empourpré de son sang ; autour de lui, la foule innombrable des élus, en vêtements blancs, lavés dans le sang de l’Agneau. La foule des saints chante l’hymne de la Rédemption : « Vous nous avez rachetés par votre sang, nous qui venons de toute tribu, de tout peuple, de toute nation ! » — Maintenant, de la méditation passons aux actes. Nous sommes assez heureux pour posséder réellement parmi nous ce Divin Sang, pour l’offrir au Père céleste en faveur des âmes du monde entier ; oui, nous pouvons le faire fructifier.
Dom Pius Parsch