Le Premier ministre polonais Donald Tusk a confirmé le 6 novembre (oui, le 6, je ne le découvre qu'aujourd'hui) que la Pologne n'achètera pas de vaccin contre la grippe H1N1 tant que les laboratoires ne prendront pas leurs responsabilités sur les éventuels effets secondaires.
La veille, le ministre polonais de la Santé, le Dr Ewa Kopacz avait exposé sa position devant le Parlement :
Je voudrais dire que ma priorité pendant mes 20 ans de pratique de médecine générale a été « d'abord ne pas nuire » J'ai toujours à l'esprit ce principe en tant que ministre de la Santé.
Dans ma pratique, quand je recommandais un médicament à qui que ce soit, je crois comme chaque praticien le ferait, je me posais simplement la question : est-ce que je préconiserais cela pour ma vieille maman, pour mon enfant ?
Ce type de pensée exprime toute la prudence que je dois avoir, des vérifications et des garanties dont je dois m'assurer en tant que ministre de la Santé avant de préconiser un médicament à chaque citoyen polonais. A des millions de Polonais qui n'ont pas la formation médicale qu'un ministre ou un expert peut avoir, comme le professeur Brydack par exemple qui a, en tant qu'expert, travaillé pendant plus de 40 ans sur la grippe. Il travaille dans un des 189 centres de recherche sur la grippe dans le monde, un de ces centres se trouvant en Pologne. Pouvons-nous aujourd'hui être accusés d'un manque de connaissances sur la grippe ? Pouvons-nous remettre en question l'opinion d'un professeur qui travaille sur la grippe depuis plus de 40 ans et pas seulement sur un seul type de grippe ? Quelqu'un qui a publié des centaines d'articles sur le sujet ?
Je me pose seulement une question fondamentale : est-ce que nous voulons combattre la grippe pandémique ?
Aujourd'hui, nous connaissons la teneur de différentes clauses des contrats que d'autres, beaucoup de gouvernements de pays riches, ont signés avec les fabricants de vaccins.
Nous savons aussi ce qui a été proposé à l'Etat polonais. Suite aux négociations en cours, je ne peux pas tout dire aujourd'hui mais je peux dire une chose :
Notre département juridique a trouvé au moins 20 points douteux dans le contrat.
Or, quel est le devoir du ministre de la Santé ? Signer des contrats qui sont dans le meilleur intérêt des Polonais ou bien signer des contrats qui sont dans le meilleur intérêt des compagnies pharmaceutiques ?
Je sais qu'il y a 3 vaccins disponibles sur le marché aujourd'hui, de 3 producteurs différents. Chacun a une quantité de substance active différente et, étrangement, ils sont tous jugés équivalents ?
N'est-ce pas suffisamment étrange pour que le ministre de la Santé et les experts aient au minimum de légers doutes à ce sujet ? Peut-être, si ça se trouve, le produit avec très peu de substance active n'est juste qu'une « eau miraculeuse » que nous supposons pouvoir agir sur la grippe ? Sommes-nous supposés payer pour cela ?
Nous avons l'exemple de l'Allemagne qui a acheté 50 millions de doses, seulement 10% ont été utilisées jusqu'ici. 13% des Allemands sont disposés à accepter ce « remède miracle » aujourd'hui. Mais c'est vraiment peu, parce qu'en Allemagne, il y a un grand pourcentage de gens favorables à la vaccination.
Ainsi, en Pologne, sur 1000 personnes, 52 personnes feront le vaccin antigrippal (classique) alors qu'en Allemagne, ils sont 238 pour 1000 (23%). Donc, qu'est-ce qui fait que seulement 10% des Allemands veulent se faire vacciner contre la grippe porcine et pas 23% de la population comme pour la grippe saisonnière ? Leur gouvernement achète ces vaccins et les leur propose gratuitement et les gens ne les veulent pas ? Comment cela se fait-il ?
Est-ce que ces faits peuvent nous donner des arrière-pensées concernant le fait d'acheter ou non ces vaccins ? Des arrière-pensées concernant le fait d'introduire un médicament qui serait une sorte de médicament secret ? Il y a des sites internet sur lesquels les fabricants de vaccins ont l'obligation de publier les effets secondaires inattendus des vaccins. La vaccination en Europe a commencé le 1er octobre 2009. Je voudrais que vous visitiez n'importe lequel de ces sites et que vous me trouviez un seul de ces effets secondaires inattendus, ne serait-ce qu'une réaction dermatologique généralisée, ce qui peut arriver même avec des médicaments sûrs.
Il n'y en a aucun sur ces sites internet.
Un médicament « parfait »...
Et puisque c'est si miraculeux, pourquoi la firme productrice ne veut-elle pas introduire son produit sur le marché en acceptant d'assumer la responsabilité de celui-ci ? Pourquoi ne disent-ils pas : c'est un produit merveilleusement sûr c'est pourquoi nous prenons la responsabilité de celui-ci, nous allons le mettre sur le marché et tout est clair et transparent, plutôt que de mettre la pression sur nous, les acheteurs ?
Nous n'avons pas les résultats de tests cliniques, pas de détails sur les composants et pas d'informations sur les effets secondaires. Les vaccins en sont maintenant à une phase 4 de tests, des tests vraiment très courts, et nous ne disposons toujours pas de ces informations. De plus, l'échantillon (de testeurs) était vraiment petit : un type de vaccin a été testé sur seulement 160 volontaires âgés de 20 à 60 ans, tous sains, pas infectés. Un autre type de vaccin a été testé sur 600 volontaires âgés de 18 à 60 ans, tous bien portants. Est-ce que c'est suffisamment consistant pour nous les médecins présents dans cette salle ? Ce n'est pas suffisant à mes yeux.
Je veux être suffisamment sûre avant de recommander cette vaccination.
Nous ne sommes pas définitivement hors jeu pour l'achat de vaccins. Pendant le temps des négociations (en cours), nous voulons prendre le temps et l'utiliser à bon escient pour obtenir autant d'informations que possible sur le vaccin. Ensuite, si le comité de lutte anti-pandémique finit par approuver le vaccin, alors nous l'achèterons.
En outre, il y a 1 milliard de gens qui font la grippe saisonnière chaque année, 1 million en meurent chaque année. Et c'est le cas non pas depuis un an ou deux mais depuis des années. Est-ce que quelqu'un a déjà annoncé une pandémie de grippe saisonnière quelque part dans le monde ? Et pourtant la grippe saisonnière est bien plus dangereuse que la grippe porcine. Il y a même des décès et de graves complications.
Y a-t-il eu la moindre pandémie (de grippe saisonnière) qui ait été annoncée ?
Dès lors, à celui qui me pousse à acheter des vaccins, je vous demande : Pourquoi n'avez-vous pas crié ou pleuré pour qu'on en achète l'année dernière, il y a deux ans et en 2003 ? En 2003, il y a eu 1, 2 million de Polonais qui ont fait la grippe saisonnière ! Est-ce que quiconque dans cette salle a alors crié « achetons des vaccins pour tout le monde ! » ? Je n'en ai pas le souvenir...
Et, en conclusion, je voudrais dire seulement une chose : la nation polonaise a beaucoup de sagesse. Les Polonais savent distinguer la vérité du mensonge très précisément. Ils peuvent aussi déterminer ce qui constitue une situation objective et ce qui n'est qu'un jeu.
(Via Vérité Politique)