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  • Justice d’en-haut (autre cas)

    L’avocat vedette Francis Terquem, fondateur de SOS Racisme, avocat du MRAP, etc., a été condamné à 2.000 euros d’amende pour violences sur sa femme.

    « Il s’agit d’un dossier de violence conjugale tout à fait classique, tout à fait banal, qui démontre que ce genre de faits touche tous les milieux », avait dit le procureur, en réclamant six mois de prison avec sursis.

    La violence conjugale touche tous les milieux mais tous les milieux ne sont pas touchés de la même façon par la justice.

    L’article 222-13 du code pénal stipule que l’acte de violence conjugale « classique et banal » (qui n’entraîne pas d’incapacité de travail) est puni de trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Depuis 2006, la violence exercée par un conjoint est une circonstance aggravante.

  • Justice d’en haut

    Il y a des circonstances où l’on voit qu’il peut vraiment y avoir une justice à deux vitesses. Une justice d’en haut, pour les VIP médiatiques, et une justice d’en bas.

    L’acteur vedette Samy Naceri devait être de nouveau jugé hier en correctionnelle, cette fois pour « violence avec usage ou menace d’une arme suivie d’une incapacité supérieure à huit jours et récidive ». Mais à l’ouverture de l’audience, son avocat a fait savoir que son client, qui est en prison depuis le 4 janvier, bénéficiait d’une « mesure de suspension de peine » pour être hospitalisé pendant quatre mois. « Il s’agit d’une pathologie extrêmement lourde qui ne pouvait plus attendre. » Le jour du procès, c’était devenu terriblement urgent. La pathologie extrêmement lourde en question est du domaine de la « vie privée ». Donc on n’en saura rien. Mais l’avocate évoque ensuite son « addiction à l’alcool ». Et nous rassure : « Ses jours ne sont absolument pas en danger. » Ce n’est donc pas une pathologie extrêmement lourde. Il s’agit uniquement de renvoyer le procès...

  • L’affaire Geremek

    Bronislaw Geremek est le seul des 51 députés polonais au Parlement européen qui n’ait pas déposé sa déclaration sur son éventuelle collaboration avec la police secrète communiste. La date limite était le 15 avril. Geremek, menacé d’être déchu de son mandat, dénonce avec vigueur la loi de décommunisation, et appelle à la rescousse tous les « démocrates » européens, qui défendent comme un seul homme ce personnage que l’AFP n’hésite pas à qualifier de « figure légendaire de l’ancienne opposition anticommuniste ».

    Le président du Parlement européen, Hans Gerd Pöttering, déclare : « Bronislaw Geremek est une personnalité politique hautement estimée qui s’est toujours engagée pour la démocratie dans son pays et l’unification de l’Europe. Nous examinerons tous les moyens juridiques pour qu’il puisse continuer son travail. »

    Naturellement la France s’en mêle. Catherine Colonna fait savoir qu’elle a téléphoné à cette « grande figure de la démocratie polonaise » pour « l’assurer de son amical soutien et de sa solidarité », et qu’elle a saisi le Parlement européen. Elle ajoute : « Pays fondateur de l’Union européenne et lieu du siège du Parlement européen, la France est particulièrement vigilante sur le respect des valeurs fondamentales sur lesquelles repose la construction européenne ».

    Quant à François Bayrou, il défend bec et ongle son « ami » Geremek et s’en prend avec une violence ahurissante au gouvernement polonais...

    En réalité, Bronislaw Geremek est le type même du personnage qui devrait déclarer ce qu’ont été exactement ses relations avec le parti communiste polonais.

    Il le doit déjà en tant qu’historien. Car voilà un curieux historien qui refuse de témoigner de sa propre histoire...

    Mais surtout, avant d’être un européiste libéral, Bronislaw Geremek a été un militant communiste. Ayant été convaincu de la vérité du marxisme au cours de ses études, il a adhéré en 1950 au parti communiste polonais, dont il a été un militant actif pendant 18 ans. C’est ainsi qu’il était engagé pour la démocratie dans son pays, comme dit Pöttering. Il a quitté le parti en 1968, quand les chars soviétiques sont entrés à Prague.

    En 1956-57, il a étudié à Paris, à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, ayant donc signé des papiers de collaboration avec la police secrète de l’Etat dirigé par le parti dont il était un membre actif. Fin 1962, il prend la direction du Centre de civilisation polonaise qui vient d’être créé à la Sorbonne. Dans ces années-là il rejoint le courant dit révisionniste du Parti communiste français. Entre 1965 et 1980, il est enseignant à l’université de Varsovie. Il va ensuite faire partie des intellectuels communistes antistaliniens autogestionnaires (qu’on dit souvent « trotskistes »), qui vont participer à la création de Solidarité, et il va devenir « conseiller personnel » de Walesa.

    Si l’on va au-delà de la mythologie de Solidarité (dont les effets ont été bien réels) pour se reporter aux textes de revendications du syndicat, on constatera qu’ils sont empreints de l’idéologie socialiste révolutionnaire que leur insufflaient ces intellectuels. Geremek n’était certainement pas une figure anti-communiste, il était alors un dissident du communisme officiel au pouvoir, après avoir été un militant de ce communisme officiel. En 1989, il sera l’un des principaux médiateurs entre le gouvernement et Solidarité...

    Après la chute du communisme, il va devenir libéral et européiste, tout en restant ancré à gauche. Il est membre du comité d'orientation scientifique de l'association À gauche en Europe, fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn, et depuis l’an dernier il préside la Fondation Jean-Monnet pour l'Europe.

    On remarquera que face à l’agitation vertueusement « démocratique » de ceux qui cherchent tous les prétextes pour s’en prendre à la Pologne, la Commission européenne fait savoir qu’elle n’a pas à se prononcer sur une loi polonaise.

    Selon cette loi, Geremek doit être déchu de son mandat de député européen. Ce qui serait tout simplement normal. Non seulement la notoriété internationale du personnage ne le met pas au-dessus de la loi, mais cette notoriété, et ses qualités universellement reconnues d’historien, devraient au contraire l’inciter à donner l’exemple.

    Cela dit, la loi en question n’est pas encore définitive. Elle sera examinée entre le 9 et le 11 mai par la Cour constitutionnelle polonaise, qui a été saisie par l’opposition et par le médiateur. La décision de déchoir Geremek de son mandat appartient au président de la Diète , qui pour l’heure est toujours Marek Jurek. Celui-ci a indiqué qu’il demanderait des « expertises juridiques complémentaires »...

  • Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, bien sûr

    Philippe de Villiers, dimanche 22 avril :

    « Je ne suis pas propriétaire de mes voix, les Français sont libres et je m'en tiendrai à cette déclaration. »

    Philippe de Villiers, mercredi 25 avril :

    « J'invite les Français à faire le choix de la droite et de Nicolas Sarkozy. »

  • Sarkozy à Rouen

    Le discours de Nicolas Sarkozy à Rouen, mardi soir, était stupéfiant. Le candidat de la droite libérale euromondialiste n’était jamais allé aussi loin dans le racolage nationaliste. On aurait dit un discours de Jean-Marie Le Pen rédigé par un récent transfuge de l’UMP.

    Il y eut un long couplet sur Jeanne d’Arc, et sur ce que Michelet et Barrès disaient d’elle. En résumé, « Jeanne, c’est la France.  »

    Mais là, comme dans tout le reste du discours, il y a le détail qui cloche et qui ramène au vrai Sarkozy. Reprochant à la droite et au centre d’avoir « laissé Jeanne d’Arc confisquée par l’extrême droite », il ajoute : « Comment pendant si longtemps avons-nous pu laisser confondre le patriotisme qui est l’amour de la patrie avec le nationalisme qui est la haine des autres ? »

    Et ça cloche doublement. D’une part, ce distinguo est absurde. « La haine des autres », ce n’est pas une description du nationalisme, c’est une diabolisation du mouvement national. Le nationalisme à la française n’a jamais été caractérisé par la haine des autres. Il est résumé dans la formule de Le Pen : « Nous ne sommes pas xénophobes, nous sommes francophiles. » D’autre part, Sarkozy fait semblant d’exalter le patriotisme, mais dans tout son discours il évoque à jet continu la nation, très rarement la patrie... Et cela pour une raison simple, c’est que s’il peut facilement relier la nation à la République (et il le fait abondamment), il ne sait pas trop ce qu’est la patrie, la terre des pères, l’héritage des ancêtres.

    Ensuite il y avait le grand couplet sur la France, laïque et religieuse, humaniste et chrétienne, avec une insistance particulière sur les « 2.000 ans de christianisme, 2.000 ans de civilisation chrétienne »... Car « la France c’est Saint-Denis, c’est Reims, c’est Domrémy, c’est le Mont Saint-Michel », etc.

    Il s’agit bien du même Sarkozy qui rejette absolument toute idée de reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe dans un traité européen.

    Puis il y a eu le couplet sur l’autorité, la morale, l’effort, le mérite, l’ordre, etc.

    Et la phrase superbe : « Je n’accepte pas cette mode de la repentance. » Car la France « n’a pas à rougir de son histoire. » Et il va « plus loin » encore. Plus loin, c’est carrément une exaltation de la colonisation : « Tous les colons n’étaient pas des exploiteurs, il y avait parmi eux beaucoup de gens courageux qui avaient travaillé dur toute leur vie, qui n’avaient jamais exploité personne, qui avaient construit des routes, des hôpitaux, des écoles, qui avaient enseigné, qui avaient soigné, qui avaient planté des vignes et des vergers sur un sole aride, qui ne devaient rien qu’à eux-mêmes, qui avaient beaucoup donné à une terre où ils étaient nés et qui un jour n’ont eu le choix qu’entre la valise et le cercueil. »

    Il s’agit bien du même Sarkozy qui s’incline en Algérie devant le « Monument aux martyrs », à savoir aux égorgeurs du FLN, lors d’une visite « amicale » à Bouteflika qui exige la repentance de la France...

    C’est ensuite la longue litanie « J’ai voulu remettre la France au cœur de la politique parce que... », suivie d’un discours sur la nation qui est « de retour », la nation qui « protège ». Et il faut protéger notre industrie, notre artisanat, notre agriculture... « Le mot protection ne me fait pas peur ».

    Et il dit aussi qu’il veut moraliser le capitalisme financier, qu’il veut favoriser le capitalisme familial...

    Et l’on termine sur une nouvelle exaltation de la France.. .

    Dès le début du discours, le ton était donné, et le mensonge était énorme : « Le peuple français est un grand peuple qui veut continuer à écrire lui-même son histoire. »

    Nicolas Sarkozy est l’homme qui veut faire voter par le Parlement, sans demander l’avis du peuple français, une mini-Constitution européenne qui reprenne la première partie de la défunte Constitution, à savoir les articles qui nient la souveraineté nationale, qui interdisent par conséquent au peuple français de continuer à écrire lui-même son histoire.

    Mais Nicolas Sarkozy n’a pas parlé de son mini-traité.

    Et l’on peut constater que dans son tableau des destructions économiques et sociales dont souffre la France, il n’a pas mis en cause une seule seconde la politique européenne, sinon pour dire seulement que l’euro ne jouait pas le rôle qu’il devrait jouer...

    Lui qui est si disert sur l’identité nationale et sur la protection de la France, il n’a pas parlé non plus de l’immigration. Il n’a pas rappelé ses discours sur l’immigration choisie, repris mot pour mot du Livre vert de la Commission européenne appelant les Etats à accueillir une immigration massive. Il n’a pas rappelé non plus qu’il était favorable au droit de vote des immigrés. Il n’a pas rappelé non plus, lui qui se pique d’être contre les communautarismes, qu’il est le créateur du CFCM, et qu’il a donc fait de l’islam une religion d’Etat.

    Enfin, en entendant ce discours, on ne pouvait s’empêcher d’entendre en contrepoint ce qu’il avait dit à Philippe de Villiers : « Toi, Philippe, tu as de la chance, tu aimes la France, son histoire, ses paysages. Moi, tout cela me laisse froid, je ne m’intéresse qu’à l’avenir. »

    Et l’on ne pouvait manquer de se souvenir de Sarkozy, qui représentait officiellement notre pays, dénonçant aux Etats-Unis « l’arrogance » de la France...

  • National Hebdo N° 1188

    « Présidentielle : Voici venu le temps des cocus... »

    Mon éditorial est la version définitive et augmentée du texte que j’ai publié lundi matin sur ce blog.

    On lira aussi les réflexions très perspicaces de Topoline. Dans sa Semaine, où elle évoque le réflexe pavlovien des électeurs devant les couleurs, et la façon dont les candidats et les médias utilisent les couleurs. Et dans sa Revue de presse, où elle cite quelques vérités, glanées dans la presse étrangère, qu’on ne pourrait pas lire dans la presse française. Elle commence par ce que disait dans le Los Angeles Times une journaliste venue voir ce qui se passait en France (elle écrivait avant le 22 avril) : « Les Français veulent le changement. Ils ont besoin de changement. Enfin, juste un peu. Et, tout compte fait, peut-être même pas du tout. »

    Béatrice Pereire se penche sur les sondages qui sont trompeurs même quand ils ne se trompent pas...

    Michel Limier brosse le portrait d’André Santini, le joker centriste de Sarkozy, dont il montre qu’il a toujours, jusqu’ici, « choisi le mauvais cheval ».

    A noter aussi l’article de Marie-Claire Roy sur l’exposition du Quai Branly intitulée « Jardin d’amour », qui sous couvert de variations africaines sur Fragonard est l’occasion d’en remettre une couche sur le méchant colonialisme et la nécessaire repentance...

  • Saint Clet

    Quand j’étais enfant j’étais surpris de voir tant d’hommes dans le Cap Sizun porter le prénom de Clet, qui me paraissait insolite, et qu’on ne voyait nulle part ailleurs.

    L’explication est fort simple : l’église de Cleden-Cap-Sizun est placée sous le patronage de saint Clet. Mais cela ne fait que déplacer la question : comment se fait-il que saint Clet, pontife inconnu, même de la plupart des catholiques, soit le saint patron de cette église ? Si quelqu’un a des lumières...

    Saint Clet était un disciple de saint Pierre, et il succéda à saint Lin qui avait succédé à Pierre sur le Siège apostolique. Voici ce qu’en dit l’Eglise :

    « Clet, fils d'Emilien, était de Rome, de la cinquième Région, et de la rue Patricienne. Il gouverna l'Eglise sous les empereurs Vespasien et Titus. Conformément à l'ordre qu'il en avait reçu du Prince des Apôtres, il établit à Rome vingt-cinq prêtres. Il est le premier qui dans ses lettres s'est servi de ces expressions: Salut et bénédiction apostolique. Ayant mis l'Eglise en bon ordre, et l'ayant administrée douze ans. sept mois et deux jours, il fut couronné du martyre sous l'empereur Domitien, dans la seconde persécution après celle de Néron, et il fut enseveli au Vatican près du corps de saint Pierre. »