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L’affaire Geremek

Bronislaw Geremek est le seul des 51 députés polonais au Parlement européen qui n’ait pas déposé sa déclaration sur son éventuelle collaboration avec la police secrète communiste. La date limite était le 15 avril. Geremek, menacé d’être déchu de son mandat, dénonce avec vigueur la loi de décommunisation, et appelle à la rescousse tous les « démocrates » européens, qui défendent comme un seul homme ce personnage que l’AFP n’hésite pas à qualifier de « figure légendaire de l’ancienne opposition anticommuniste ».

Le président du Parlement européen, Hans Gerd Pöttering, déclare : « Bronislaw Geremek est une personnalité politique hautement estimée qui s’est toujours engagée pour la démocratie dans son pays et l’unification de l’Europe. Nous examinerons tous les moyens juridiques pour qu’il puisse continuer son travail. »

Naturellement la France s’en mêle. Catherine Colonna fait savoir qu’elle a téléphoné à cette « grande figure de la démocratie polonaise » pour « l’assurer de son amical soutien et de sa solidarité », et qu’elle a saisi le Parlement européen. Elle ajoute : « Pays fondateur de l’Union européenne et lieu du siège du Parlement européen, la France est particulièrement vigilante sur le respect des valeurs fondamentales sur lesquelles repose la construction européenne ».

Quant à François Bayrou, il défend bec et ongle son « ami » Geremek et s’en prend avec une violence ahurissante au gouvernement polonais...

En réalité, Bronislaw Geremek est le type même du personnage qui devrait déclarer ce qu’ont été exactement ses relations avec le parti communiste polonais.

Il le doit déjà en tant qu’historien. Car voilà un curieux historien qui refuse de témoigner de sa propre histoire...

Mais surtout, avant d’être un européiste libéral, Bronislaw Geremek a été un militant communiste. Ayant été convaincu de la vérité du marxisme au cours de ses études, il a adhéré en 1950 au parti communiste polonais, dont il a été un militant actif pendant 18 ans. C’est ainsi qu’il était engagé pour la démocratie dans son pays, comme dit Pöttering. Il a quitté le parti en 1968, quand les chars soviétiques sont entrés à Prague.

En 1956-57, il a étudié à Paris, à l’Ecole pratique des Hautes Etudes, ayant donc signé des papiers de collaboration avec la police secrète de l’Etat dirigé par le parti dont il était un membre actif. Fin 1962, il prend la direction du Centre de civilisation polonaise qui vient d’être créé à la Sorbonne. Dans ces années-là il rejoint le courant dit révisionniste du Parti communiste français. Entre 1965 et 1980, il est enseignant à l’université de Varsovie. Il va ensuite faire partie des intellectuels communistes antistaliniens autogestionnaires (qu’on dit souvent « trotskistes »), qui vont participer à la création de Solidarité, et il va devenir « conseiller personnel » de Walesa.

Si l’on va au-delà de la mythologie de Solidarité (dont les effets ont été bien réels) pour se reporter aux textes de revendications du syndicat, on constatera qu’ils sont empreints de l’idéologie socialiste révolutionnaire que leur insufflaient ces intellectuels. Geremek n’était certainement pas une figure anti-communiste, il était alors un dissident du communisme officiel au pouvoir, après avoir été un militant de ce communisme officiel. En 1989, il sera l’un des principaux médiateurs entre le gouvernement et Solidarité...

Après la chute du communisme, il va devenir libéral et européiste, tout en restant ancré à gauche. Il est membre du comité d'orientation scientifique de l'association À gauche en Europe, fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn, et depuis l’an dernier il préside la Fondation Jean-Monnet pour l'Europe.

On remarquera que face à l’agitation vertueusement « démocratique » de ceux qui cherchent tous les prétextes pour s’en prendre à la Pologne, la Commission européenne fait savoir qu’elle n’a pas à se prononcer sur une loi polonaise.

Selon cette loi, Geremek doit être déchu de son mandat de député européen. Ce qui serait tout simplement normal. Non seulement la notoriété internationale du personnage ne le met pas au-dessus de la loi, mais cette notoriété, et ses qualités universellement reconnues d’historien, devraient au contraire l’inciter à donner l’exemple.

Cela dit, la loi en question n’est pas encore définitive. Elle sera examinée entre le 9 et le 11 mai par la Cour constitutionnelle polonaise, qui a été saisie par l’opposition et par le médiateur. La décision de déchoir Geremek de son mandat appartient au président de la Diète , qui pour l’heure est toujours Marek Jurek. Celui-ci a indiqué qu’il demanderait des « expertises juridiques complémentaires »...

Commentaires

  • pour une fois qu'un pays dé-communise on ne va pas s'en plaindre

  • Cette loi n'est pas une idée du gouvernement polonais actuel comme Sarkoran le dit si mal (en écorchant les noms).
    Elle a été voté le 11 avril 1997 sous le gouvernement de Wlodzimierz Cimoszewicz et sous la présidence d'Aleksander Kwasniewski. Autrement dit, les anciens communistes !

    Et qui a fait la loi ?
    Une commission spéciale de 3 partis, présidée par Bogdan Pek (SLD, ex-communistes). Les partis étaient donc le SLD, Unia Pracy (centre-gauche) et l'UW (Union des libertés) de notre ami Geremek qui à l'époque était député et membre de la commission des affaires étrangères.
    Geremek a d'ailleurs signé sa déclaration en 2002.

    Il s'agit donc bien d'une manipulation.

  • Lecteur fidèle de
    RECONQUETE,je
    me doutais que
    l'affaire GEREMEK
    cachait encore une
    manipulation de
    l'opinion.Merci de
    nous éclairer.
    Amitiés

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