Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : "Il y a 50 ans ("

  • Le Pr Dallapiccola et le Pr Lejeune

    Lors de la conférence de presse de présentation du congrès organisé par l'Académie pontificale pour la Vie sur les nouvelles frontières de la génétique et le risque de l'eugénisme, l'agence Zenit a posé au Pr Dallapiccola une question sur le rapport entre progrès scientifique et « progrès éthique », en partant de l'exemple de la découverte de la trisomie 21 par le Pr Jérôme Lejeune il y a 50 ans : la possibilité de diagnostic a entraîné la suppression des enfants trisomiques avant leur naissance.

    Mgr Carrasco, qui est un ami du prof. Lejeune, comme il l'a souligné, a confié : « Il ne s'est jamais repenti de sa découverte ! » Et d'ajouter : « L'éthique est possible ! ». Il a cité en exemple l'hôpital catholique Gemelli de Rome où « l'on vit l'éthique » !

    Il a précisé : « Des enfants trisomiques y viennent au monde. Et grâce à l'amélioration de leurs conditions de vie, on réussit à résoudre les problèmes qu'ils doivent affronter ».

    Le Pr Dallapiccola a également rappelé avec enthousiasme qu'avant la découverte du Pr Lejeune, on appelait les enfants souffrant de trisomie 21, en italien, des enfants frappés d'« idiotie mongoloïde », ce qui signifiait la pire maladie de l'intelligence.

    Or, a-t-il fait observer, en cinquante ans, les enfants trisomiques ont réussi à atteindre « une autonomie » jamais envisagée auparavant, grâce aux soins de « psychomotricité » et ils « s'intègrent discrètement » dans la société. Ils réussissent à accéder à des « diplômes ». Il considère donc que la découverte du Pr Lejeune a apporté cette « victoire »

    Cependant, le Pr Dallapiccola ne minimise pas la « sélection pré-natale ». Mais il se réjouit d'autant plus du fait que, malgré le diagnostic, il rencontre chaque année entre 10 et 20 familles qui décident de poursuivre la grossesse et d'accueillir un enfant porteur de trisomie 21.

    En 1963, le Pr Dallapiccola était venu rendre visite au Pr Lejeune à Paris. Il constate que depuis lors, « quelque chose d'important a changé dans l'histoire » et dans la société, vis-à-vis de ces enfants, et qu'il n'y a pas à s'en « repentir ».

  • L’Union européenne et la Serbie

    Intervention de Carl Lang au Parlement européen

    Au sein des instances européennes et dans le rapport de monsieur Kalcin, la Serbie est généralement traitée, non pas comme un Etat souverain mais comme un mauvais élève, un mauvais sujet auquel l'Union européenne s'attribue le droit de distribuer des bons et des mauvais points. Des bons points lorsque la Serbie se dote d'un gouvernement qualifié de "pro-européen", pro-européen signifiant assujetti et soumis aux dogmes en vigueur à Bruxelles et des mauvais points lorsque les Serbes ne mettent pas beaucoup de zèle à collaborer avec le Tribunal pénal international.

    Il est ici utile de rappeler que ce tribunal bafoue deux principes qui sont à la base du droit : la souveraineté juridique des Etats et la liberté d'opinion. Ainsi, Vojislav Seselj président du parti radical serbe qui représente 28 % des électeurs, est emprisonné à la Haye depuis février 2003 et toujours dans l'attente d'un jugement, alors qu'il s'était présenté lui-même volontairement devant le tribunal. Ce tribunal viole ainsi allègrement les principes affichés par l'Union européenne de respect des droits fondamentaux et des droits de l'homme.

    A la vérité, le seul crime de M.Seselj est d'être un patriote serbe.

    En fait, les dirigeants de l'Union européenne qui veulent désintégrer les nations d'Europe ne pardonnent pas aux Serbes d'avoir résisté au démantèlement de leur Etat et notamment à la sécession  du Kosovo qui constitue pourtant le coeur historique de la Serbie.

    Le traitement infligé aux Serbes au Kosovo constitue un avertissement à tous les peuples d'Europe. Si aujourd'hui les Albanais exigent la création d'un Etat Kosovar c'est parce que l'immigration en provenance de l'Albanie et la dénatalité serbe leur ont donné la majorité dans une province où, il y a 50 ans, ils étaient minoritaires.

    L'exemple du Kosovo doit nous amener à réaffirmer le droit des peuples européens à rester eux-mêmes et à disposer d'eux-mêmes, c'est-à-dire à préserver leur identité et leur souveraineté.
    Et dans cette grande Europe européenne des nations et des patries, le peuple serbe devra légitimement trouver toute sa place.

  • Notules sur un concile (1)

    Il y a 50 ans, le 11 octobre 1962, s’ouvrait le deuxième concile du Vatican. Pour la première fois, un concile œcuménique se voulait « pastoral » plus que doctrinal. Le pape Jean XXIII l’expliquait dans son discours inaugural :

    « Ce qui est très important pour le Concile œcuménique, c'est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d'une façon plus efficace. (…) Il faut que, répondant au vif désir de tous ceux qui sont sincèrement attachés à tout ce qui est chrétien, catholique et apostolique, cette doctrine soit plus largement et hautement connue, que les âmes soient plus profondément imprégnées d'elle, transformées par elle. Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque. En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. Il faudra attacher beaucoup d'importance à cette forme et travailler patiemment, s'il le faut, à son élaboration; et on devra recourir à une façon de présenter qui correspond mieux à un enseignement de caractère surtout pastoral. »

    Dès lors, les textes de ce concile ne pouvaient qu’être différents des textes des conciles antérieurs. Il ne pouvait plus s’agir de sèches affirmations assorties d’implacables anathèmes. L’Eglise, soulignait Jean XXIII, « estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa doctrine ».

    L’Eglise voulait être entendue des hommes du XXe siècle. Or il est évident que tant les arguments d’autorité non étayés que les anathèmes subséquents étaient devenus incompréhensibles pour les hommes du XXe siècle. Le concile Vatican II a donc entrepris de rédiger des textes qui exposent la doctrine de façon compréhensible non seulement pour les chrétiens du XXe siècle, mais même pour toutes les personnes de bonne volonté.

    Il ne s’agissait plus de préciser un ou deux points de doctrine, mais de présenter, ou tenter de présenter, l’ensemble de la doctrine d’une façon qui soit attrayante pour les contemporains.

    Le résultat est mitigé.

    D’une part, on ne peut que se féliciter de voir le magistère extraordinaire de l’Eglise catholique avoir recours, et plus d’une fois superbement, au style des pères de l’Eglise pour exposer la doctrine chrétienne, par d’amples exposés tout émaillés de citations de l’Ecriture.

    D’autre part, il est difficile de ne pas voir que la plupart de ces textes sont trop longs. Souvent beaucoup trop longs. Avec beaucoup de redites, et aussi un certain nombre de banalités. Le catholique de bonne volonté doit plus d’une fois se forcer pour continuer à lire un texte qui paraît tourner en rond. Que dire alors de l’agnostique ?

    Voici donc quatre « constitutions » dont deux « dogmatiques », neuf « décrets », trois « déclarations » (ce qui est aussi une première, et l’on ne nous dit pas le degré d’autorité de cette nouveauté), et divers « messages ».

    Allons y voir de plus près.

    (A suivre)

  • La « laïcité positive »

    Dans l’entretien qu'il a accordé aux médias du Vatican, Nicolas Sarkozy parle de nouveau de la « laïcité positive ». Il parle habilement des « grandes religions » ou des « religions révélées », sans distinction. Tout en mettant le christianisme à l’honneur, mais en montrant que son souci est de valoriser l’islam et de construire des mosquées. Et il montre une fois de plus qu’il ne connaît rien à l’islam, dont il parle comme s’il s’agissait d’une variante du christianisme :

    « La place des religions, la laïcité positive, c'est-à-dire une laïcité qui reconnaît à chacun le droit de vivre sa foi et de la transmettre à ses enfants. Les besoins immenses qui sont ceux des religions révélées pour s'adapter à la nouvelle réalité française. La France profonde, c'était la France des campagnes il y a 50 ans. Aujourd'hui, la France profonde c'est la France des banlieues. Or les lieux de culte sont dans les campagnes où il y a moins de monde et les banlieues sont devenues des déserts cultuels. Ce n'est pas positif et donc j'avais imaginé des adaptations nécessaires pour la Loi de 1905. Mais j'ai dit : on peut ne faire ces adaptations que dans le cadre d'un consensus et c'est autour de ce consensus que l'on pourra construire d'éventuelles évolutions. Partant du principe également que je ne souhaite pas un islam en France mais un islam de France. C'est donc la question d'un islam européanisé, compatible avec les valeurs de la civilisation européenne et donc c'est pour ça que j'ai créé le C.F.C.M. : voilà les débats que je souhaite voir prospérer en France. Et nous verrons ensuite s'il y a lieu de faire telle ou telle modification. (…)

    « La laïcité, c'est le droit à chacun de vivre sa religion, ses croyances, et d'espérer. Donc, justement dans la république laïque, des voix religieuses doivent s'exprimer. Justement parce qu'elle ne sont pas l'État, qu'elles sont séparées de l'État. C'est justement pour ça qu'elles doivent s'exprimer. Parce que si elles étaient l'État, elles n'auraient pas besoin d'être garanties dans leur droit d'expression. C'est justement parce que l'État est laïque, qu'il est indépendant des religions, que le temporel et le spirituel sont séparés, qu'il est important que, dans le débat, des voix indépendantes, spirituelles s'expriment. (…) Et je souhaite que les grandes religions, y compris la religion de l'Islam de France, puissent avoir des voix qui s'expriment tranquillement, avec un message d'amour, un message de paix. Et ça compte pour moi qu’ils puissent s'exprimer. Ça manque les intellectuels chrétiens, ça manque les grandes voix qui portent dans les débats pour faire avancer une société et lui donner du sens et montrer que la vie n'est pas un bien de consommation comme les autres. »

    Ça manque les intellectuels chrétiens… c’est la signature de l’hypocrisie. Si je ne veux pas les entendre, s’ils n’ont pas accès aux grands médias, c’est qu’ils n’existent pas…

  • Une violence inouïe

    Réaction de Philippe de Lachapelle, directeur de l'Office chrétien des personnes handicapées (OCH) à l’acquittement de Lydie Debaine. (via zenit)

    L'acquittement de Lydie Debaine, cette maman qui a tué sa fille Anne-Marie atteinte d'un grave handicap, est dramatique. Certes, chacun a pu être touché par la souffrance de cette maman, qui s'est peu à peu laissé enfermer dans une relation exclusive avec sa fille, ne trouvant aucun soutien ajusté, et craignant que sa fille soit mal traitée dans le seul établissement qu'elle ait pu trouver.

    Sans doute est-ce cette émotion qui a conduit le public à applaudir le verdict au moment de son énoncé ? Les commentaires de nombreux médias ont manifesté une forte approbation, épousant la justification de la maman lorsqu'elle exprime le sentiment d'avoir posé un acte juste. « Acte de compassion », « une mort donnée par amour » ...

    Quelle que soit la compréhension dont on peut entourer cette maman, son acquittement, les applaudissements, les nombreux commentaires qui ont accompagné cette annonce, sont infiniment choquants. Cette décision renforce une idée qui chemine de plus en plus dans les esprits : « le permis de tuer par amour » la personne malade ou handicapée. Après le non-lieu dont a bénéficié Marie Humbert, un pas dramatique vient d'être franchi par cette décision qui fera jurisprudence : le meurtre par amour devient un acte juste.

    Après Nicolas Perruche, Vincent Humbert, Chantal Sébire, le message continue d'être martelé : la vie d'une personne gravement malade ou handicapée est un non sens. Il vaudrait mieux qu'elle ne soit pas née. Il vaudrait mieux qu'elle ne vive pas. L'aimer vraiment, c'est mettre fin à sa vie. Par compassion ! Quelle violence !

    Violence de laisser entendre aussi explicitement à toutes les Anne-Marie que leur vie est sa!  ns valeur, et que leurs proches pourraient leur donner la mort par amour.

    Violence de laisser entendre aux parents qui, jour après jour, accompagnent leur enfant handicapé que leur combat est sans issue, que le véritable amour, la vraie compassion, seraient de mettre fin aux jours de leur enfant.

    Violence de laisser entendre à tous les aidants, médecins, éducateurs, qui agissent auprès de personnes gravement malades ou handicapées que leur élimination est aussi une alternative juste.

    Violence faite à tout un chacun, car au fond, ne sommes-nous pas, vous et moi, un jour ou l'autre en risque de devenir radicalement dépendants ? Devrons-nous nous méfier de l'amour de nos proches ? Et réciproquement, le cas échéant, nos proches devront-ils se méfier de notre amour ?

    Oui, par cette décision de justice, la société a fait plus que justifier un acte coupable, indépendamment de la compréhension que l'on peut avoir de son auteur. Elle risque d'ouvrir la porte à toutes les dérives à venir, puisqu'elle a justifié que la personne gravement malade ou handicapée soit éliminée, alors que le seul devoir est de l'accompagner. C'est ce que souligne le procureur général de la Cour d'appel de Versailles en décidant d'interjeter appel de cette décision : « ce verdict d'acquittement pourrait en effet être compris comme un encouragement à l'atteinte volontaire à la vie des handicapés, qui méritent notre protection et notre soutien » a-t-il déclaré.

    Il y a presque 50 ans, il y eut en Belgique ce qu'on a appelé « le procès de Liège ». Là aussi, l'acquittement de parents qui avaient tué leur fille gravement handicapée. Des scènes de liesse dans la rue avaient accompagné ce verdict. La violence de cet événement provoqua un grand sursaut des sociétés belge et française, manifestant un mouvement de solidarité à l'égard des personnes gravement atteintes et de leurs parents. Très concrètement alors, Marie-Hélène Mathieu fonda l'Office chrétien des personnes handicapées (OCH) pour soutenir les familles, susciter des réponses à leurs besoins, apporter un éclairage sur la valeur sacrée de la personne handicapée et sa place dans la société.

    Aujourd'hui comme il y a 50 ans, d'un mal peut sortir un bien : le « oui » à la vie de toute personne, quelles que soient ses limites, l'appel à l'engagement de chacun et de tout!  e la société pour son accompagnement, en particulier par la création de lieux de vie.

  • La suppression de la pénitence

    Dans l’évangile il y a 25 fois le mot « pénitence ». Dans l’évangile de la néo-liturgie ce mot n’existe pas. Tout au plus, trois fois sur les 25, est utilisé le verbe « se repentir ». Jamais « faire pénitence ».

    La pénitence a donc disparu, alors que c’est un thème essentiel de l’évangile, et de la vie chrétienne. Pourtant « il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui fait pénitence… »

    Les nouveaux livres sont « l’unique expression de la lex orandi du rite romain », a décrété François. L’évangile des nouveaux livres n’est pas l’expression de la lex credendi de l’Eglise catholique.

    On remarquera que François rend obligatoire, dans les rares messes traditionnelles qu’il tolère provisoirement, la lecture de l’épître et de l’évangile selon les nouveaux livres. Ainsi s’insinue même dans la messe traditionnelle le poison de la néo-liturgie qui a supprimé le mot même de pénitence.

    La première des pénitences c’est le jeûne, et le mot de jeûne, qui est omniprésent dans la liturgie traditionnelle du carême (puisque « carême » veut dire quarante jours de jeûne), a été supprimé des oraisons de ce qu’on appelle encore le carême.

    Et dans tout le néo-missel il n’y a aucune oraison où l’on reconnaisse être affligé par le péché ou s’affliger par la pénitence.

    On a supprimé la pénitence, et même le sacrement de pénitence a changé de nom (et de langage). On a logiquement supprimé le jeûne, puisque s’il n’y a plus de pénitence il n’y a pas de raison de garder la pratique qui en était l’emblème.

    Pourtant le Seigneur a dit : « Si vous ne faites pas pénitence vous périrez tous ». Et « cette sorte de démon ne se chasse que par la prière et le jeûne », et : « Quand l’époux leur aura été enlevé ils jeûneront. »

    Cela n’est qu’un aspect de la subversion complète de la liturgie opérée dans les livres de 1970. Les psaumes ont été soigneusement expurgés de ce qui ne correspondait pas à la « mentalité moderne » (de ce qui attaquait le démon de façon « trop » vigoureuse). Les collectes de l’Avent « ne contiennent aucune référence au péché ni à ses dangers ; aux ténèbres ou à l'impureté de l'esprit ; à la faiblesse humaine ou au besoin de miséricorde, de pardon, de protection, de délivrance, de purification » (Pristas). C’est une constante de la néo-liturgie, de même qu’a été gommée la nécessité de se détacher des choses du monde (qui sont au contraire valorisées), etc.

    On rappellera le propos de l’un des artisans des nouveaux livres : « C’est destiné, à long terme mais inévitablement, à changer la mentalité théologique et la spiritualité même du peuple catholique. » Et le cardinal Roche, préfet du dicastère du Culte divin, affirme lui-même que « la théologie a changé ».

    C’est ce que ne comprennent pas ceux qui disent avoir « de bons prêtres » qui permettent d’avoir une liturgie « correcte ». La nouvelle lex orandi n’est pas catholique. C’est la lex orandi d’une nouvelle « religion ». Elle peut être célébrée par des prêtres encore catholiques. Mais elle forme la lex credendi du clergé et du peuple, qui inexorablement, à terme, ne sera plus catholique.

    • Voir La “réforme” liturgique, Il y a 50 ans (cliquer sur le titre en haut de la colonne de droite).
  • Deuxième dimanche de l’Avent

    Postcommunion :

    Repléti cibo spirituális alimóniæ, súpplices te, Dómine, deprecámur: ut, hujus participatióne mystérii, dóceas nos terréna despícere et amáre cæléstia.

    Rassasiés de cet aliment de nourriture spirituelle, suppliants, Seigneur, nous te prions de nous apprendre, par la participation à ce mystère, à mépriser les choses de la terre et à aimer les choses du ciel.

    Il paraît que l’événement liturgique du moment est la parution de la « nouvelle traduction » du « missel » de Paul VI. On nous dit qu’elle est « meilleure » que la précédente et qu’il faut donc s’en réjouir. Mais une bonne traduction d’un mauvais texte est pire que la mauvaise traduction d’un mauvais texte. Avec celle-ci on sait que c’est mauvais, avec celle-là on fait croire que c’est bon, alors que le texte est toujours aussi mauvais.

    Cela ne sert à rien d’autre qu’à abuser les fidèles que de donner une nouvelle traduction de ces collectes Frankenstein fabriquées par petits bouts pris çà et là hors contexte et imprégnées d’idéologie dominante, ou ces psaumes défigurés et censurés, ou ces péricopes de la Sainte Ecriture modifiées et soigneusement expurgées.

    La postcommunion de ce jour en est un exemple topique (qui sert pour toute l’année). La fin a été ainsi modifiée :

    …terrena sapienter perpendere, et caelestibus inhaerere.

    Le fabricant en chef des nouvelles oraisons, le bénédictin (hélas) Antoine Dumas, a expliqué :

    « Le besoin d’adaptation s’est révélé nécessaire dans le cas de nombreuses oraisons, par souci de vérité. Par exemple, plusieurs textes, depuis longtemps trop connus, mettaient en opposition radicale la terre et le ciel ; d’où le couple antithétique, souvent répété dans l’ancien Missel : terrrena despicere et amare caelestia qu’il est possible de bien comprendre mais très facile de mal traduire. Une adaptation s’imposait donc qui, sans nuire à la vérité, tenait compte de la mentalité moderne et des directives de Vatican II. Ainsi, la prière après la communion du 2me dimanche de l’Avent dit très justement : sapienter perpendere, au lieu du mot : despicere, si souvent mal compris. »

    Pour une exégèse de ce propos, on se reportera au chapitre 5 de ma série « Il y a 50 ans » (sur ce blog, cliquer en haut de la colonne de droite).

    En bref, on a supprimé une expression qui parcourait toute l’année liturgique et qui était ancrée dans toute la tradition patristique et dans l’évangile et les épîtres, pour faire correspondre les oraisons à la « mentalité moderne ».

    La nouvelle expression montre d’emblée qu’elle est nouvelle par le mot « perpendere », qui ne se trouve nulle part dans la Vulgate ni dans la liturgie traditionnelle. (C’est ce qu’ils osent appeler « restaurer la liturgie »). Dom Dumas proposait comme traduction française :

    … évaluer sagement les choses terrestres et adhérer aux choses célestes.

    La traduction officielle jusqu’à maintenant disait :

    … (apprends-nous) le vrai sens des choses de ce monde et l’amour des biens éternels.

    La nouvelle traduction officielle est en effet « meilleure », c’est-à-dire plus proche du texte fabriqué par dom Dumas :

    … (apprends-nous à évaluer avec sagesse les réalités de ce monde et à nous attacher aux biens du ciel.

    On a donc fini par prendre le mot « évaluer » de dom Dumas. On ne sait pas si le fidèle est censé chercher un bureau d’évaluation des réalités de ce monde, pour obtenir un audit. Toujours est-il que le mot latin inconnu de la liturgie n’avait pas ce sens chez les pères de l’Eglise, qui l’utilisent très peu. Le seul qui l’utilise vraiment est saint Grégoire le Grand, surtout dans sa Règle, et essentiellement pour dire qu’on doit considérer avec soin, avec attention, nos actions (et non les choses). Et surtout considérer attentivement à quel point telle action ou telle attitude est répréhensible. Et non pas « évaluer avec sagesse les réalités ».

    Enfin, voici de brefs extraits de la comparaison entre les oraisons des dimanches de l’Avent selon l’ancien missel et le nouveau, sous la plume de Loren Pristas (« The collects of the Roman Missals », avec imprimatur) :

    Les verbes de mouvement des deux ensembles décrivent des mouvements exactement opposés : dans les collectes de 1962, le Christ vient à notre rencontre ; dans celles de 1970, nous allons à la rencontre du Christ, nous arrivons, nous sommes amenés à, etc.

    Les prières de 1970 ne contiennent aucune référence au péché ni à ses dangers ; aux ténèbres ou à l'impureté de l'esprit; à la faiblesse humaine ou au besoin de miséricorde, de pardon, de protection, de délivrance, de purification. En outre, l’idée que nous devons subir une transformation pour entrer au ciel n’est évoquée que par le mot eruditio, instruction ou formation, dans la collecte du deuxième dimanche. (…)

    Ceux qui prient les collectes de 1970 ne cherchent pas l’assistance divine pour survivre aux périls ou pour commencer à faire du bien. En effet, ils n'expriment aucun besoin de telles aides. Ils demandent plutôt à entrer au paradis à la fin. En revanche, ceux qui prient les collectes de 1962 ne cherchent pas explicitement le ciel, mais exigent - les verbes à l’impératif - une aide quotidienne immédiate et personnelle sur le chemin. (…)

    Par ces trois différences, nous arrivons à un constat très délicat. En termes simples, la foi catholique considère que toute bonne action qui nous fait progresser vers le salut dépend de la grâce divine. Cette doctrine est formellement définie et elle ne peut être modifiée de façon à en inverser la portée. Chaque nuance des collectes de l'Avent de 1962 exprime sans ambiguïté cette doctrine catholique de la grâce, à la manière assez subtile et non didactique propre aux oraisons. Bien que les collectes de l'Avent de 1970 ne contredisent pas explicitement l'enseignement catholique sur la grâce, elles ne l’expriment pas et, plus inquiétant, elles ne semblent pas l'assumer.

  • Le livre de l’abbé Cekada

    la-messe-de-paul-vi-en-question.jpg

    Les éditions Via Romana publient opportunément (ou non) une traduction du livre de l’abbé Anthony Cekada sur la messe, qui avait fait forte impression dans le monde tradi anglophone lorsqu’il était paru, en 2010. J’en avais entendu parler comme de la critique de référence de la nouvelle messe, le fait que l’auteur soit sédévacantiste n’ayant aucune influence sur sa démonstration.

    Honnêtement, ce n’est pas vrai. Le propos n’est pas ouvertement sédévacantiste, mais il l’est en profondeur. Car, au terme de son étude, l’abbé Cekada conclut que la messe de Paul VI est sacrilège et invalide. On ne voit pas bien comment elle peut être sacrilège si elle est invalide (« Ni Corps, ni Sang, ni Messe »), mais surtout, il est impossible de considérer que depuis 50 ans les papes célèbrent à Rome une parodie de messe. Sinon à en conclure que ces papes ne sont pas des papes…

    Or l’argument de l’abbé Cekada ne tient pas. Selon lui la messe de Paul VI est invalide parce que les paroles de la consécration ont été modifiées et qu’on les appelle « Récit de l’institution » et non plus « Consécration ». Mais on ne voit pas comment les paroles « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », pourraient être invalides, et chaque liturgie a ses propres formules d’introduction de ces paroles. En outre, l’ensemble s’appelle « Prière eucharistique » (et non plus canon, puisqu’il y en a plusieurs dans le nouveau rite), ce qui est par exemple aussi le cas dans la liturgie byzantine.

    Ce qui est irrecevable aussi est sa façon de présenter les 11 étapes qu’il voit dans la révolution liturgique (la 11e étant la nouvelle messe), comme s’il s’agissait d’une ligne continue, alors qu’il y a évidemment une différence essentielle entre les réformes très partielles qui laissent intact l’ordo missae (et l'essentiel de tout le reste), et la révolution proprement dite qui impose un nouvel ordo missae et démolit une bonne partie de tout le reste). D'ailleurs, quand il en arrive à son exposé sur la nouvelle messe, il le montre bien.

    L’abbé Cekada compare méticuleusement les deux ordos et montre pas à pas comment le nouveau a été fabriqué selon les présupposés idéologiques des novateurs. Le plus impressionnant est sans doute son analyse du début des deux ordos. Il montre que tout est déjà là : l’orientation vers le peuple et non vers Dieu, le primat de l’assemblée et non du prêtre, et donc la fin de la préparation du prêtre à monter à l’autel (du reste il n’y monte pas avant l’offertoire… qui est supprimé en tant que tel, remplacé par une cérémonie indigente entièrement nouvelle).

    La démonstration, sur toute la messe, est remarquable, magistrale. Cela ne va pas toutefois sans quelques crispations. Il dénonce « la notion fausse que le peuple offre le sacrifice », ce qui d’une certaine façon est juste, mais il omet de citer la prière du canon qui dit précisément que les fidèles présents « offrent eux-mêmes ce sacrifice de louange pour eux et pour tous les leurs, pour la rédemption de leurs âmes… ». Il ne supporte pas qu’on compare la vie sur terre à un pèlerinage, alors que saint Augustin, pour ne citer que lui, le souligne vingt fois… Et la haine du sédévacantiste se manifeste quand il prétend que pour Joseph Ratzinger, et il cite L’esprit de la liturgie, l’orientation traditionnelle n’est rien d’autre qu’un symbole cosmique, à la Teilhard de Chardin. Ceci est un mensonge caractérisé. Dans L’esprit de la liturgie, Joseph Ratzinger écrit notamment : « Dieu s’est manifesté à nous, (…) c’est pour cela qu’il est toujours raisonnable dans la prière d’exprimer que l’on se tourne vers ce Dieu qui s’est révélé à nous. Et comme Dieu lui-même a pris un corps, qu’il est entré dans l’espace et le temps de notre terre, ainsi convient-il – au moins dans le culte communautaire – que nous parlions à Dieu de façon incarnée, que notre prière s’accomplisse de manière christologique et que, par la médiation de celui qui est devenu homme, elle se tourne vers le Dieu trinitaire. Le symbole cosmique du soleil levant exprime l’universalité qui transcende tout lieu et affirme que Dieu s’est révélé de manière concrète. Notre prière s’insère dans la procession des peuples vers Dieu. »

    L’abbé Cekalda définit très bien l’idéologie des novateurs : il faut modifier la liturgie dans le sens de l’œcuménisme (avec les protestants) ; il faut restaurer la liturgie qui a été corrompue au cours du moyen âge, et l’adapter aux besoins et à la mentalité de l’homme contemporain. Ces deux desseins sont a priori contradictoires : les plus anciens textes liturgiques sont aux antipodes de la mentalité contemporaine. En fait, la « restauration » est un mensonge : on fait du nouveau en tripatouillant et défigurant de l’ancien. Et d’abord à grands coups de ciseaux. L’abbé Cekalda a dressé la liste de toutes les expressions qui ont été supprimées des oraisons parce qu’elles ne correspondaient pas à la mentalité contemporaine. C’est un travail impressionnant. Et très utile.

    Il semble qu’il n’ait pas connu les textes de dom Antoine Dumas sur la façon dont ont été fabriquées les nouvelles oraisons. Il le cite pour les préfaces : « Les meilleurs textes, s’ils avaient été reproduits sous leur forme originale, auraient été insupportables, pour ne pas dire défectueux. » Pour les oraisons, Antoine Dumas a décrit plus en détail la charcuterie des textes et la confection des oraisons Frankenstein qui n’ont plus rien de ce qui faisait la valeur des textes antiques. Cela fait l’essentiel du livre indispensable de Lauren Pristas sur Les oraisons du missel romain, publié trois ans après la parution du livre de l’abbé Cekalda. (Voir mes petites études "Il y a 50 ans", en haut de la colonne de droite de ce blog.)

    L’auteur se penche aussi sur le lectionnaire, et il dresse une liste de passages du Nouveau Testament censurés dans la néo-liturgie parce qu’ils sont trop déplaisants pour les hommes de notre temps. Le comble (ou l’incroyable aveu) étant cette phrase supprimée au beau milieu d’une lecture de l’Apocalypse : « Si quelqu’un retranche quelque parole du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du livre de vie et de sa cité sainte. »

    Le problème est que, dans le contexte actuel, il est impossible de citer ce livre dans le cadre de négociations avec des évêques ou avec Rome, puisque toute la démonstration est orientée vers la conclusion que la messe de Paul VI est invalide.

    Il convient même d’avertir au préalable le lecteur potentiel que cette trajectoire en droite ligne que prétend tracer l’abbé Cekalda en 11 étapes depuis la première réforme jusqu’au nouvel ordo est fausse : elle résulte du présupposé sédévacantiste de l’auteur. Elle n’est d’ailleurs pas sans provoquer un certain amusement. Car 4 des 11 étapes ont eu lieu sous Pie XII (le dernier pape…). L’auteur doit donc ramer pour expliquer que Pie XII était « trop crédule », « trop impressionné par les grands intellects » et « trop rêveur » (sic !), et surtout qu’il a été abusé par les novateurs quand il était malade (sic, en 1951, en 1954, en 1955, en 1958), alors que (l’antipape) Paul VI a voulu absolument et personnellement toutes les étapes après Vatican II…