Tout le monde se pose à juste titre la question de l’authenticité de la vidéo montrant l’égorgement et la décapitation d’un musulman converti au christianisme. Voici la traduction d’un article du P. Samir Khalil Samir, pour AsiaNews. (Inutile de souligner que je ne partage pas toutes les positions du P. Samir, ou du moins leur formulation.)
Ces derniers jours, AsiaNews a reçu une effrayante vidéo qui montre la décapitation d'un jeune Tunisien accusé d'apostasie parce qu'il était un musulman converti au christianisme.
Dans la vidéo postée sur Youtube, des personnes masquées brandissent un couteau, prêtes à tuer un jeune homme allongé sur le sol, son visage tenu immobile. Après le cri de quelques prières rituelles, et le murmure de quelques mots du jeune homme au sol (une prière), l'un des hommes au visage caché coupe sa gorge, et le sang coule et coule, dans une scène longue et horrible. Enfin sa tête est présentée comme un trophée.
A l'origine, la vidéo a été montrée à la télévision de "Aujourd'hui, l'Égypte” (Misr al-Yaoum) [les Egyptiens disent al-Masri al-Youm], qui est un journal connu et respecté, et qui a une édition en ligne en arabe [et une en anglais].*
La personne qui a mis en ligne et commenté cette vidéo, Taoufik Okacha, est un journaliste connu et sérieux. Ces temps-ci il est l'objet d'attaques et de condamnations de divers groupes islamiques (Frères musulmans et salafistes) parce qu'il critique publiquement l'islam fanatique.
La vidéo de la décapitation est précédée d’un avertissement d’Okacha, qui déconseille aux gens sensibles, en particulier aux enfants, aux filles, aux femmes, de la regarder.
Finalement, Okacha dit : « Mes frères, vous pensez que c'est cela l'islam ? Vous donnez une mauvaise publicité à notre religion. Ce film est vu en Europe et en Amérique, en Allemagne, en France, en Angleterre et ailleurs. C'est l'image que nous donnons de nous-mêmes. »
La vidéo est-elle authentique ?
On se pose des questions quant à l'authenticité des images.
Les prières que l’on entend en arrière-plan pendant que l'acte est commis sont authentiques, ce sont des formules bien connues d'insultes contre quiconque quitte l'islam, de serments à Dieu contre les apostats, contre les infidèles, et tous ceux qui sont tenus pour des ennemis de l'islam.
Taoufik Ochaka est certainement de bonne foi et confirme sa ligne de défense de l'islam contre les extrémistes. C'est précisément pour cette raison qu’il est pris pour cible par des extrémistes. Okacha croit en la véracité de la vidéo et il l’a donc publiée.
Je n'ai pas les compétences nécessaires pour vérifier l'authenticité avec précision. La séquence dans laquelle le jeune apostat est tué et décapité, jusqu’au moment où sa tête est brandie en triomphe, ne paraît pas avoir de coupures. Mais ce qui est frappant est de voir que l'homme qui va être tué reste si calme, sans aucune réaction, chuchotant quelques mots, sans bouger.
La cruauté est inhérente au terrorisme
Ce qui est surprenant, cependant, est qu’un simple couteau soit utilisé pour la décapitation, qui dure depuis près de deux bonnes minutes, augmentant l'horreur des spectateurs. Habituellement, l'exécution des apostats est effectuée par des bourreaux spécialisés avec une épée tranchante, en un seul coup, proprement.
A coup sûr, la vidéo a été faite pour terroriser tous ceux qui veulent devenir chrétien.
Il est important de noter que la vidéo a été diffusée non pas par des groupes et des individus anti-musulmans, mais par des gens qui veulent défendre l'islam, en accusant les intégristes.
Le commentaire d’Okacha est : « Ce que vous voyez n'est pas l'islam et n'est pas acceptable. » Son commentaire est donc pro-islam et anti-terroriste.
La brutalité sauvage des terroristes islamiques montrés dans la vidéo n'est pas surprenante : nous avons parfois vu des exécutions similaires dans des vidéos en provenance d'Irak. Même les prières que l’on entend récitées par l'imam sont réelles, ils les savent par cœur, ce n’est pas une déclamation littéraire ou théâtrale.
L'attribution surprenante à la Tunisie
Il n'y a pas de données qui permettent de déterminer avec précision que la vidéo vienne de Tunisie. Surtout depuis que ce pays est l'un des plus libéraux en termes d’islam et que Ennhada, le parti des Frères musulmans actuellement au pouvoir, veut promouvoir une image très tolérante.
D'autre part, les islamistes sont devenus un groupe international capable de s’infiltrer n'importe où. Ils sont aussi en Syrie, mêlés à l'opposition qui a déclaré une « guerre sainte » contre Assad. Tout comme nous les avons vus en Libye, mêlés à l'opposition contre Kadhafi. Le radicalisme islamique et le terrorisme sont devenus un mouvement international.
L’islam radical et fanatique a toujours fait ces choses. En Algérie, dans les années 90, ils ont fait des choses terribles, tuant plus de 100.000 personnes. Ils ont ouvert des femmes enceintes pour tuer les enfants !
Une minorité musulmane qui abîme l'image de l'islam
Nous avons décidé de donner le lien vers la vidéo – faisant l’expérience de la cruauté des séquences - parce que ces actes donnent l'image d'une minorité musulmane qui abîme l'ensemble de la communauté islamique. L’islamophobie, dont les musulmans se plaignent souvent, est causée par de telles choses. Tant que les musulmans modérés n’arriveront pas à protester contre ces actes, l'islam sera toujours associé à la violence.
Bien sûr, il y a beaucoup de musulmans qui rejettent ces actes inhumains, et très probablement la majorité les rejette. Mais les paroles de protestation sont insuffisantes ! Il faut des mesures visibles pour contrer ces épisodes spectaculaires et dramatiques. Des manifestations de masse, bien organisées, sont nécessaires. L’islam et les humanistes authentiques doivent clairement montrer à tout le monde que l'islam n'a rien à voir avec cette violence gratuite et inouïe !
Mais nous devons aussi réfléchir sur la relation entre l'islam et la violence
Cette violence ne représente pas la majorité de l'islam. Loin de là ! Mais il est également vrai que la violence a son germe dans le Coran, et prend vie de Mahomet et de ses déprédations... qui sont parfois très violentes.
Les musulmans doivent condamner cette violence, pas seulement en disant « mais ce n'est pas l'islam ». Malheureusement, cela aussi c'est l'islam et on le trouve dans le Coran. Il y a réellement un germe de violence à l’intérieur de l'islam et du Coran, qui est aujourd'hui repris par les tendances radicales. Chaque groupe radical a son imam, lançant des fatwas autorisant une telle violence, des fatwas fondées sur la tradition islamique. Et les terroristes agissent en croyant qu'ils rendent un culte à Dieu !
L'islam a besoin, comme toutes les religions, d'être repensé !
Peut-être, au VIIe siècle, une telle violence était-elle compréhensible, parmi les peuples qui vivaient dans le désert. Mais maintenant, elle doit être condamnée, et le cœur religieux de l'islam sauvé.
Même la Bible comporte des passages violents dans l'Ancien Testament. Et je me souviens que le grand bibliste, l’actuel cardinal Gianfranco Ravasi, avait dénoncé la violence faite au nom de Dieu et la Bible.
Mais aucun d'entre nous, chrétiens, bien que nous reconnaissions l'Ancien Testament comme un texte révélé, ne songerait à appliquer à la lettre ce qui est écrit dans certains de ces livres. Ce serait inacceptable.
Si personne ne dit rien, et les musulmans encore moins, le germe de la violence va croître. Le rejet de la violence doit être absolu et radical, pour tous ceux qui croient en Dieu, pour tous ceux qui croient en l'homme, au nom de Dieu et au nom de l'humanisme !
* Après vérifications, le P. Samir se trompe. Il s'agit d'une émission, intitulée "L'Egypte aujourd'hui", sur une chaîne de télévision qui s'appelle Faraeen et qui appartient à Taoufik Okacha. D'autre part, selon de nombreux commentateurs sur Youtube, la scène se passerait en Irak.