Mgr Raymond Burke a été le premier chef de dicastère (et le seul à ce jour) à célébrer la messe de saint Pie V (pontificalement, qui plus est) à Saint-Pierre de Rome, il y a un an. Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, il venait d’être nommé membre de la Congrégation pour les évêques. Il est aussi membre de la congrégation pour le clergé et membre du conseil pontifical pour les textes législatifs. Il y a deux ans et demi, il était simplement évêque de Saint-Louis aux Etats-Unis. Dès le motu proprio Summorum Pontificum, la messe a été célébrée dans la forme extraordinaire une fois par semaine dans son séminaire. Il a procédé plusieurs fois à des ordinations sacerdotales selon la forme extraordinaire. Ce n'est pas sans raisons que certains le voient comme le "dauphin" de Benoît XVI.
Mgr Mauro Piacenza vient d’être nommé président de la Congrégation pour le clergé, dont il était le secrétaire. Fils spirituel du cardinal Siri, il a joué un rôle important dans l’orientation de l’année sacerdotale.
Mgr Albert Malcolm Ranjith, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin jusqu’à l’année dernière et aujourd’hui archevêque de Colombo, n’a jamais ménagé ses critiques de la façon dont la réforme liturgique a été menée.
Ces trois nouveaux cardinaux sont clairement dans la ligne de la restauration liturgique et plus généralement de la restauration de la doctrine traditionnelle. (On peut y ajouter Mgr Bartolucci, naturellement, mais ici il s’agit d’une nomination de caractère symbolique – ce qui n’est pas rien.)
A l’inverse, Mgr Gianfranco Ravasi (dont j’ai signalé plusieurs fois des propos aberrants), est un adversaire résolu de la messe de saint Pie V.
Mgr Donald Wuerl devient cardinal parce qu’il est archevêque de Washington. On notera aussi qu’il est l’évêque chargé de l’application de la constitution Anglicanorum coetibus aux Etats-Unis.
La nomination de Mgr Reinhard Marx, archevêque de Munich, met en lumière qu’est absent de la liste le plus connu des évêques allemands, Mgr Robert Zollitsch, archevêque de Fribourg et président de la conférence épiscopale allemande. (En avril 2009, à la télévision, il expliquait que la mort du Christ sur la croix n’était pas un sacrifice mais un acte de solidarité.)
Mgr Robert Sarah, ancien archevêque de Conakry, président du conseil pontifical Cor unum, avait fait une intervention remarquée sur l’« idéologie meurtrière » du genre au synode sur l’Afrique, il y a un an (il était alors secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples) :
La théorie du genre est une idéologie sociologisante occidentale des relations hommes-femmes, qui s'attaque à l'identité sponsale de la personne humaine, à la complémentarité anthropologique entre l'homme et la femme, au mariage, à la maternité et à la paternité, à la famille et à la procréation. Elle est contraire à la culture africaine et aux vérités humaines éclairées par la Révélation divine en Jésus Christ.
L'idéologie du genre sépare le sexe biologique de l'identité masculine ou féminine en affirmant que celle-ci n'est pas intrinsèque à la personne mais qu’elle est une construction sociale. Cette identité peut - et doit - être déconstruite pour permettre à la femme d'accéder à une égalité de pouvoir social avec l'homme et à l'individu de "choisir" son orientation sexuelle. Les relations hommes-femmes seraient gouvernées par une lutte de pouvoir.
Au nom de cette idéologie irréaliste et désincarnée, qui dénie le dessein de Dieu, il est affirmé qu'au départ nous serions indéterminés : c'est la société qui façonne le genre masculin et féminin au gré des choix changeants de l'individu. Le droit de choisir étant la valeur suprême de cette nouvelle éthique, l'homosexualité devient un choix culturellement acceptable, et l'accès à ce choix doit être promu.
La nouvelle idéologie est dynamique et s'impose à la fois aux cultures et aux politiques. Elle exerce pression sur le législateur pour qu'il prescrive des lois favorables à l'accès universel aux informations et aux services contraceptifs et abortifs (concept de “santé reproductive") ainsi qu'à l'homosexualité.Dans la culture africaine, l'homme n'est rien sans la femme et la femme n'est rien sans l'homme. L'un et l'autre ne sont rien si l'enfant n'est pas au centre de la famille, constituée par un homme et une femme et cellule de base de la société. L'idéologie du genre déstabilise le sens de la vie conjugale et familiale que l'Afrique a su préserver jusqu'à présent.
La société a besoin de vérité dans les relations. Pas de paix, pas de justice, pas de stabilité dans la société sans famille, sans coopération entre l'homme et la femme, sans père et sans mère. Au nom de la non-discrimination, cette idéologie crée de graves injustices et compromet la paix.
L'Afrique doit se protéger de la contamination du cynisme intellectuel de l'Occident. Il est de notre responsabilité pastorale d'éclairer la conscience des africains quant aux dangers de cette idéologie meurtrière.