Excédé de la résistance britannique aux diktats de la Cour européenne des droits de l’homme, assortie de menaces de quitter l’institution, le nouveau président de la Cour, le Luxembourgeois Dean Spielmann, fait savoir aux Anglais que s’ils quittent la Cour européenne des droits de l’homme, donc le Conseil de l’Europe, ils doivent également quitter l’Union européenne.
On a rarement vu une affirmation aussi débile. A la limite, cela pourrait provoquer un clash entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, suivi d’un limogeage fracassant de Dean Spielmann… si ces institutions ne s’entendaient comme larrons en foire.
Le Conseil de l’Europe et l’Union européenne sont deux institutions totalement différentes. Un chef de l’une ne peut absolument pas s’engager pour l’autre. Le retrait d’un pays de l’une est sans rapport avec son retrait ou non de l’autre.
Le pire est que Dean Spielmann prétend argumenter son affirmation. Son argument, c’est qu’aucun membre de l’UE ne l’est devenu sans avoir été d’abord membre du Conseil de l’Europe.
Ce qui n’a aucun sens. Evidemment, tous les membres de l’UE ont été d’abord membres du Conseil de l’Europe, qui existait longtemps avant l’UE. Et aussi les anciens pays du bloc communiste, puisqu’il est beaucoup plus facile de faire partie du Conseil de l’Europe que de l’UE. Mais cela n’empêche en rien qu’un pays puisse faire partie d’une institution sans faire partie de l’autre. De même que plusieurs pays européens font partie du Conseil de l’Europe mais pas de l’UE, de même un pays peut, a priori, faire partie de l’UE sans faire partie du Conseil de l’Europe.
Dean Spielmann a ajouté : « Tout Etat membre qui quitterait le Conseil de l’Europe, qui dénoncerait la Convention (des droits de l’homme), perdrait sa crédibilité quand il en viendrait à promouvoir les droits de l’homme dans divers endroits du monde. »
Un député conservateur, Dominic Raab, a commenté : « S’il y a une chose qui sape la crédibilité de la Cour de Strasbourg, ce sont les jugements à la Mickey Mouse qu’elle crache. Lui et les autres juges devraient se regarder longuement dans le miroir avant de se plaindre de la démocratie britannique… Si M. Spielmann croit que sa menace de nous expulser de l’UE va persuader quiconque en Grande-Bretagne de faire des courbettes devant les décisions perverses de la Cour de Strasbourg, il se met le doigt dans l’œil. »
D’autant qu’il n’y a vraiment pas besoin de pousser les Britanniques pour qu’ils partent d’eux-mêmes de l’UE…
(Daily Mail)