On l’attendait depuis des semaines, le fameux discours de David Cameron sur l’Europe, et les spéculations allaient bon train sur ce qu’il allait dire, les rumeurs les plus contradictoires circulaient. Programmé pour vendredi dernier, Il avait été reporté à ce mercredi à cause de l’affaire malienne.
Si l’on en croit les titres des dépêches et des articles qui ont aussitôt fleuri sur internet, David Cameron aurait promis aux Britanniques un référendum sur le maintien ou non du Royaume Uni au sein de l’Union européenne.
Ce n’est pas si simple.
En fait, David Cameron a annoncé que s’il conservait le pouvoir après les prochaines élections il renégocierait avec l’UE les termes de l’appartenance du Royaume Uni, et après cette négociation il demanderait aux Britanniques s’ils acceptent la nouvelle donne ou s’ils veulent sortir de l’UE. Il met donc dans le même référendum les deux options dont on pensait qu’elles faisaient partie de deux alternatives : soit un référendum pour ou contre une nouvelle relation entre le Royaume Uni et l’UE, soit un référendum pour ou contre la sortie de l’UE. Ces deux possibilités avaient un sens. Celle que choisit Cameron n’en a pas.
Mais David Cameron est un politicien.
C’est un politicien qui, comme la plupart des politiciens européens, ne souhaite pas voir son pays sortir de l’UE (d’autant que le grand frère américain y est clairement et explicitement opposé, et vient encore de le redire).
Mais c’est un politicien qui doit tenir compte du fait que la base de son parti est en grande majorité pour la sortie de l’UE (selon les derniers sondages, c’est désormais une petite majorité de Britanniques, toutes opinions confondues, qui est pour la sortie de l’UE), et que l’UKIP, parti uniquement anti-européen, lui taille des croupières.
Il a donc inventé ce processus censé contenter tout le monde. Le seul problème (mais les Britanniques s’en rendront compte plus tard) est que ça ne peut pas fonctionner, et Cameron le sait très bien. Il est tout simplement impossible, surtout en dehors de tout nouveau traité, que le Royaume Uni puisse négocier des « rapatriements de compétences », des bouts de souveraineté, même en faisant le chantage de la sortie de l’UE.
La Commission européenne ne s’y est pas trompée, qui a aussitôt « salué le fait que David Cameron veuille rester dans l'Union européenne »…
Il reste que David Cameron, pour la première fois, a publiquement évoqué, explicitement, la possibilité que les Britanniques se prononcent pour la sortie de l’UE (après avoir dit aux Communes, le 17 décembre, que « tous les avenirs sont imaginables pour la Grande-Bretagne », ce qui avait déjà été considéré comme un propos historique).
Comme le dit Nigel Farage, de l'UKIP, David Cameron a laissé « le génie sortir de sa boîte ». Et c’est évidemment important.