Mgr Wielgus, qui a démissionné de l’archevêché de Varsovie le jour-même de son intronisation à cause des révélations sur ses relations avec la police secrète communiste, a saisi la justice pour se faire disculper des accusations qui ont été portées contre lui. « La collaboration de mon client n’a jamais été effective, et une partie des documents le concernant a été falsifiée », a déclaré son avocat. Le tribunal spécial décidera la semaine prochaine s’il est compétent. C’est la première fois qu’il examinera le cas d’un évêque.
Eglise
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Mgr Wielgus saisit la justice
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Entre héroïsme et compromis
Joaquin Navarro-Valls, qui était le directeur de la salle de presse du Saint-Siège sous Jean-Paul II, a livré son témoignage sur l’affaire Wielgus au quotidien La Repubblica. « Comme je l’ai appris moi-même lors de mes séjours en Pologne au début des années 80, il faut bien connaître la situation pour mettre les faits en perspective. Dans cette optique, les motivations données par le nouvel archevêque polonais, c’est-à-dire la possibilité d’étudier à l’étranger et garantir sa propre sécurité, décrivent une situation, une logique, qui étaient très répandues à cette époque dans les pays de l’Est. Wielgus n’aurait jamais pu avoir les autorisations pour étudier à l’étranger s’il n’avait pas accepté le compromis offert par le régime. Et cette situation était commune à beaucoup de ses concitoyens, prêtres ou pas. Dans ces pays, la situation pour beaucoup de prêtres et d’évêques était très difficile à vivre : ils vivaient dans une tension permanente ente héroïsme et compromis. » Et d’ajouter à propos de Jean-Paul II : « La perception de cette réalité était très claire pour celui qui allait devenir le prêtre le plus célèbre de Pologne : Karol Wojtyla. Lui pourtant n’avait jamais accepté le moindre compromis avec le régime communiste. » Mais Jean-Paul II lui disait, en faisant référence à de tels faits, que non seulement il faut apprendre à pardonner, mais qu’il n’y a besoin d’aucun pardon pour les « fautes » de tant de personnes commises pendant ces années.
Cette affaire me fait penser à une anecdote qui a priori n’a rien à voir (sinon que c’est un peu l’inverse) mais indique bien les préjugés de ceux qui prétendent trancher sans savoir, sans connaître la complexité des choses. Un sociologue s’était rendu en Pologne pour évaluer les progrès de l’athéisme dans ce pays soumis au communisme depuis une bonne génération. Il avait choisi un village, dont il interrogeait systématiquement les habitants. Il avait exclu d’emblée de son champ de recherche, évidemment, la petite nomenklatura locale, évidemment athée. Mais il ne trouvait que des catholiques pratiquants. Pas un seul athée. En désespoir de cause, il alla chez le maire, responsable local et cadre provincial du parti communiste. Lequel lui répondit que naturellement il était catholique et allait à la messe tous les dimanches…
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Le cardinal Pompedda
Le cardinal Mario Francesco Pompedda est mort, à l’âge de 77 ans. On dit qu’il faisait partie de « l’aile libérale », et certains lui avaient attribué la paternité du « journal du conclave » racontant ce qui s’était passé pour l’élection de Benoît XVI. Peu importe. Pour nous, le nom du cardinal Pompedda est lié à un grand souvenir : il avait été l’envoyé spécial de Jean-Paul II aux cérémonies du septième centenaire de la mort de saint Yves, en mai 2003, à Tréguier. Pour honorer le saint patron des hommes de loi, le pape avait tenu à se faire représenter par le plus haut magistrat de l’Eglise, puisque le cardinal Pompedda était préfet du tribunal suprême de la signature apostolique et président de la Cour de cassation de l’Etat du Vatican. Le gouvernement français, quant à lui, avait délégué le… secrétaire d’Etat aux personnes handicapées… A cette occasion, Jean-Paul II avait envoyé un superbe message à l’évêque de Tréguier, rappelant notamment que la loi civile doit se conformer à la loi morale naturelle si l’on veut que les droits de l’homme aient un sens. Tout le message, soulignant « l’étonnante actualité » des valeurs vécues par saint Yves, était une réfutation du « Non à une loi morale qui primerait la loi civile », expression par laquelle Jacques Chirac avait rejeté l’encyclique Evangelium vitæ.
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Cultures et religions
Dans un entretien au Corriere della Sera, le cardinal Poupard a démenti la « rumeur » selon laquelle sa nomination comme président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, alors qu’il est aussi président du conseil pontifical pour la Culture, montrerait l’intention du pape de supprimer le conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Il n’y a aucune « subordination » de ce dicastère par rapport à l’autre, insiste-t-il, « un seul cardinal préside les deux conseils mais ceux-ci restent intactes et autonomes ».
Dans un entretien à Radio Vatican, le même cardinal Poupard a déclaré que le dialogue des religions et le dialogue des cultures sont inséparables (comme ils le sont en effet dans tous les propos du pape sur la question), car, explique-t-il, il faut porter « une attention nouvelle à la dimension “incarnée“ des religions, parce que les religions ne dialoguent pas, ceux qui dialoguent, ce sont des femmes et des hommes qui ont chacun leur croyance incarnée et vécue, pour certains de façon millénaire. Notre tâche consiste à intensifier ces rencontres avec des représentants des grandes régions dans lesquelles les religions sont vécues entre croyants, dans leurs propres cultures, de façon pacifique ».
Telle est en effet la bonne (et profonde) explication de l’attitude du pape. Mais cela relativise quelque peu (euphémisme) les propos du cardinal sur l’autonomie des deux conseils qu’il préside…
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Nouvelle bombe contre le pape
La BBC révèle un document secret prouvant que pendant vingt ans le cardinal Ratzinger a demandé aux évêques de cacher les cas d’abus sexuel. Un document « accablant », etc.
Naturellement, tout est faux. On se reportera à ce qu’en disent Le Salon Beige et le Forum catholique.
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Mgr Cattenoz et l’école catholique
Dans une interview à Famille chrétienne (à paraître samedi), Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, annonce qu’il prépare une charte de l’enseignement catholique qui « replace le Christ au centre » de l’enseignement catholique dans son diocèse. Car aujourd’hui « beaucoup d’établissements catholiques n’ont plus de catholiques que le nom », et « pour un certain nombre d’établissements, être chrétien se limite à faire de l’humanitaire ». Trop peu de projets éducatifs sont centrés sur « la découverte de la personne de Jésus-Christ ». La priorité, ajoute-t-il, est de « remettre des heures de transmission de la foi dans toutes les classes chaque semaine, et pas entre midi et deux heures ». Car la découverte du Christ « doit faire partie du cursus normal de l’école ». Il faut que l’enseignement catholique « garde vraiment un caractère propre », insiste-t-il, car « à force de faire un catholicisme mou on n’aura bientôt plus de catholicisme du tout ». Voilà de vraies paroles d’archevêque. Je les cite d’après une dépêche d’agence. Il sera bon d’aller voir l’intégralité de l’interview.