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Liturgie - Page 287

  • Sainte Noyale

    Noyale (ou Nolwenn) était au VIe siècle la fille d’un roi du pays de Galles. Elle voulait vouer sa vie à Dieu mais son père voulait la marier. Comme tant d’autres saints et saintes originaires des îles britanniques, elle décida de traverser la mer pour se réfugier en Bretagne. Elle partit avec sa servante sur… une branche d’arbre, et elle arriva à l’embouchure du Blavet, près de Lorient, sur la côte sud… Les deux femmes remontèrent le fleuve à la recherche d’un lieu d’ermitage. Elles arrivèrent à Bezo, près de Bignan. Le seigneur local, Nizan, tomba amoureux de Noyale et voulut l’épouser. Mais Noyale refusa. Et Nizan la décapita. Noyale prit sa tête dans ses mains et poursuivit son voyage, toujours accompagnée de sa fidèle servante, à la recherche d’un lieu où elle pourrait reposer en paix. Elles arrivent à un village où elles entendent une femme blasphémer. Alors elles continuent. Elles arrivent au bourg actuel de Noyal-Pontivy, et assistent à une dispute. Elles continuent donc leur chemin. Peu après elles s’arrêtent pour se reposer. Alors tombent de la tête coupée trois gouttes de sang, qui font jaillir trois fontaines. Sainte Noyale plante son bâton qui devient une aubépine, et la quenouille de la servante devient un hêtre. Après avoir prié et dormi, les deux femmes font encore quelques kilomètres et s’arrêtent dans un vallon et sainte Noyale décide que c’est là le lieu de sa sépulture. Elle s’allonge et rend son âme à Dieu. Alors

    Guelet oé er spern é krenein
    Get er huerhiéz é tremenein.

    L'on vit trembler l'aubépine,
    pendant que la vierge trépassait.

    En ce lieu fut érigée la chapelle Sainte-Noyale de Noyal-Pontivy :

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    Les lambris où est peinte la vie de sainte Noyale à la fin du XVIIe siècle.

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    Les trois fontaines.

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    On peut remarquer que sainte Noyale est une martyre de la virginité, comme sainte Maria Goretti qui est fêtée ce même jour dans le diocèse d’Albano.

  • Saint Antoine Marie Zaccaria

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    L‘homme éprouve une difficulté naturelle à se recueillir et encore plus à vivre uni à Dieu, parce que son esprit est de nature vagabonde et ne peut se fixer sur une seule et même chose. Mais c'est surtout pour celui qui a la mauvaise habitude de la dissipation que cette union est particulièrement difficile.

    C‘est spécialement difficile quand nous sommes obligés de nous occuper de choses qui, du moins à mon avis, par elles-mêmes nous entraînent à la dissipation, sans pourtant nous y laisser entraîner. Qui donc jugerait possible de rester dans l'eau sans se mouiller ? C‘est vraiment une chose impossible, mais ce qui de soi paraît impossible peut devenir très facile avec l‘aide de Dieu, si nous ne Lui refusons pas notre collaboration avec la diligence et l'engagement spirituel que Dieu a bien voulu nous accorder.

    Si donc nous voulons poursuivre ce double objectif : vivre unis à Dieu tout en travaillant, en parlant, en lisant, en réfléchissant, en traitant les affaires qui se présentent, élevons souvent vers Lui notre pensée, longuement ou ne fût-ce qu‘un instant, comme ferait quelqu'un avec son ami. Ne pouvant pas interrompre son travail pour parler avec lui, à causes d'affaires importantes à expédier, par exemple l'enregistrement des comptes d'un envoi de marchandises à faire sur le champ, il lui dirait d'abord : « Pardonnez-moi si je puis pas vous tenir compagnie, j‘ai des travaux urgents à terminer. À peine libre, je serai tout à vous, si vous pouvez attendre. »

    Puis, tout en écrivant, il tournerait parfois les yeux vers lui, lui dirait de temps en temps un mot de son travail en cours. Il lui dirait parfois : « J‘ai fini dans un instant. » En agissant ainsi, tout en n'ayant pas le temps de consacrer beaucoup de temps à son ami, il ne le négligerait pas et, d‘autre part, cette gentille manière d‘agir ne le dérangerait guère et même pas du tout dans ses occupations.

    Voilà, cher ami, comment il faut faire ; vos études et vos affaires n'en souffriront presque pas.

    Avant de commencer votre travail, dites-en un mot au Christ ; puis, pendant votre travail, élevez souvent votre esprit vers Dieu. Vous en retirerez un grand profit sans que votre travail en pâtisse. Ainsi donc, accordez un soin particulier au commencement de vos affaires ou de celles d‘autrui, qu'il s‘agisse d'actions ordinaires ou imprévues, d'entretiens avec le prochain ou de travail personnel. Tout d‘abord, orientez-les vers Dieu par une petite prière, selon ce qu‘il vous inspirera, qui pourra rester intérieure ou exprimer par des paroles, vos désirs et vos préférences ou de toute autre manière.

    Puis, pendant votre travail - qu‘il s'agisse d'actes, de réflexion ou d'organisation de vos activités, peu importe - élevez souvent votre esprit vers Dieu ; si votre travail se prolonge, interrompez-le, par exemple le temps de dire un Ave Maria ou comme bon vous semblera, et dites à Dieu la prière qu'il vous inspirera. Pareille interruption peut se renouveler une ou plusieurs fois selon la durée plus ou moins longue de votre travail.

    Si vous adoptez cette méthode, vous vous habituerez à prier facilement, sans préjudice pour vos occupations ni pour votre santé. Vous arriverez ainsi à prier si continuellement que vous prierez même en mangeant, en buvant, en travaillant, durant vos entretiens, vos études, vos écritures, etc. Votre activité extérieure n'empêchera pas votre prière intérieure et vice versa. Si vous agissez autrement, vous pourrez, bien sûr, être un honnête homme mais vous ne serez pas le bon chrétien que le Christ désire que vous soyez et qu'il vous a appelé à devenir : vous le comprendrez facilement si vous examinez le moyen qu‘il a employé pour vous ramener à Lui. Je vous mets en garde et je vous donne des indications suffisantes pour devenir réellement ce que je pense que vous voudriez être - si vous le voulez, mais j'en suis convaincu - et pour que vous n'ayez pas un jour de tardifs regrets, ce qui me peinerait beaucoup.

    Extrait d’une lettre à Carlo Magni, avocat et notaire de Crémone.

  • David et Goliath

    La lecture biblique de ce jour est le récit de la victoire du petit David contre le géant philistin Goliath. Voici le commentaire qu’en fait saint Augustin dans son sermon 197, qui était la lecture du deuxième nocturne des matines dans le bréviaire romain avant le saccage de 1960 (et l’est toujours dans le bréviaire monastique).

    Les enfants d’Israël se trouvaient depuis quarante jours devant l’ennemi. Les quarante jours, à cause des quatre saisons et des quatre parties du monde, signifient la vie présente durant laquelle le peuple chrétien ne cesse d’avoir à combattre Goliath et son armée, c’est-à-dire le diable et ses anges. Et toutefois ce peuple ne pourrait vaincre si le véritable David, le Christ, n’était pas descendu avec son bâton, je veux dire avec le mystère de sa croix. Car, mes très chers frères, avant l’arrivée du Christ, le diable était sans entraves ; mais le Christ, en venant, a fait de lui ce qui est dit dans l’Évangile : « Nul ne peut entrer dans la maison du fort et ravir ce qu’il possède, s’il ne l’a lié auparavant ».

    Le Christ est donc venu et il a enchaîné le démon. Mais, dira quelqu’un, s’il a été enchaîné, pourquoi a-t-il encore tant de puissance ? Il est vrai, mes très chers frères, qu’il en a beaucoup, mais sur les tièdes, les négligents, ceux qui ne craignent pas Dieu véritablement. Retenu comme un chien qui est à la chaîne, il ne peut mordre personne, excepté l’imprudent qui se lie avec lui par une funeste confiance. Jugez alors, mes frères, de la folie de l’homme qui se fait mordre par ce chien enchaîné ! Toi, évite de te lier avec lui par les désirs et les cupidités, du siècle, et lui, n’osera point s’approcher. Il peut aboyer, il peut provoquer, il ne peut mordre que si on le veut bien. Car il fait du mal, non par la violence, mais par la persuasion : il n’extorque point notre consentement, il le sollicite.

    David survint donc et trouva le peuple des Hébreux en face de l’ennemi ; et comme il n’y avait personne qui osât engager un combat singulier, lui, qui était la figure du Christ, il sortit des rangs, prit en main son bâton et marcha contre le géant ; on vit alors figuré dans sa personne ce qui plus tard s’accomplit en notre Seigneur Jésus-Christ. Le Christ, en effet, le vrai David, venu combattre le Goliath spirituel, c’est-à-dire le diable, a lui-même porté sa croix. Remarquez, mes frères, à quel endroit David a frappé Goliath : c’est juste au front, où il n’avait pas le signe de la croix. C’est que, de même que le bâton représentait la croix, de même aussi la pierre qui frappa Goliath figurait le Christ, notre Seigneur.

  • Saint Irénée

    Le Fils a aussi accompli la promesse faite à David. En effet, Dieu avait promis à David de lui donner un fruit, un enfant venant de lui. Il serait roi, un roi qui serait roi depuis toujours et pour toujours. Ce roi, c'est le Christ, le Fils de Dieu devenu Fils de l'homme : il est venu, comme un fruit, de la Vierge qui elle-même descend de David.

    Le Fils nous a donc donné magnifiquement le salut et il a accompli la promesse faite aux ancêtres. Ainsi il a détruit l'ancienne désobéissance. Oui, le Fils de Dieu devenu fils de David et fils d'Abraham a fait tout cela. Car, le Fils a tout récapitulé en lui-même pour nous donner la vie. La Parole s'est faite homme en naissant de la Vierge pour détruire la mort et rendre la vie aux êtres humains. En effet, nous étions prisonniers du péché parce que nous avions été séduits par le péché et ainsi nous étions tombés dans la mort.

    Riche en miséricorde (Éphésiens 2, 4), Dieu le Père nous a donc envoyé sa Parole, le Fils habile en toutes choses. Venant pour nous sauver, ce Fils est descendu parmi nous dans les endroits et les lieux mêmes où nous étions. Nous avions perdu la vie parce que nous étions tombés dans ces lieux par notre faute. Alors le Fils de Dieu a brisé les chaînes de notre prison, il a rendu sainte, notre naissance. Il a détruit notre mort en brisant les chaînes qui nous retenaient. Il a fait connaître lui-même la résurrection en lui, car il est le Premier-Né du milieu des morts. Il a lui-même relevé l'homme tombé. Puis, il l'a élevé au-dessus des cieux à la droite de la gloire du Père. Cela, Dieu l'avait promis par le prophète, il avait dit : Plus tard, je reviendrai, je reconstruirai la maison de David qui est tombée (Amos 9, 11), c'est-à-dire la descendance de David. Voilà ce que notre Seigneur Jésus Christ a accompli véritablement en nous donnant le salut magnifiquement, en nous ressuscitant véritablement, en nous sauvant pour le Père.

    Exposé de la prédication des apôtres, 36-38

  • 4e dimanche après la Pentecôte

    Offertoire

    Illúmina óculos meos, ne umquam obdórmiam in morte : ne quando dicat inimícus meus : Præválui advérsus eum.

    Éclairez mes yeux, en sorte que jamais je ne m’endorme dans la mort, et que mon ennemi ne dise pas : J’ai prévalu contre lui. (Psaume 12.)

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    Graduel de Notker

    Par les moines d’En Calcat :

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    *

    Il est regrettable que depuis 1960 (ou 1955 selon le site Divinum Officium ?) le dimanche prime la fête de la Visitation. Car c’était une occasion pour les fidèles du dimanche de célébrer cette fête, qui est un événement de l’histoire du salut contrairement à toutes celles que le temporal a célébrées depuis la Pentecôte. En outre, en notre temps, la fête de la Visitation vient rappeler chaque année quel est le statut de l’embryon et du fœtus. Car le fœtus de saint Jean Baptiste (6 mois) bondit de joie en présence de l’embryon de Jésus qui vient d’être conçu.

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  • Fête du Très Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ

    Cette fête s’est répandue au XIXe siècle, semble-t-il. Elle était le plus souvent célébrée le vendredi après le 4e dimanche de carême, et on la trouve même dans un propre de Rome de 1843. En 1849, Pie IX en faisait une fête de première classe célébrée le premier dimanche de juillet (en mémoire de son retour à Rome – je ne vois toujours pas le rapport), et saint Pie X la fixa au 1er juillet.

    Voici l’hymne des matines, d’un auteur anonyme et d’une date inconnue. Mais on trouve déjà l’office dans un bréviaire de 1735, et les hymnes seraient du XVIIe siècle, si l’on en croit la New Catholic Encyclopedia. (Traduction de l’Année liturgique.)

    Ira justa Conditóris,
    Imbre aquárum víndice,
    Criminósum mersit orbem
    Noë in arca sóspite :
    Mira tandem vis amóris
    Lavit orbem sánguine.

    La juste colère du Créateur
    dans les eaux vengeresses du déluge
    submergea le monde coupable
    Noé seul était sauvé dans l’arche :
    puis l’admirable puissance de l’amour
    a lavé l’univers dans le sang.

    Tam salúbri terra felix
    Irrigáta plúvia,
    Ante spinas quæ scatébat,
    Germinávit flósculos ;
    Inque néctaris sapórem
    Transiére absynthia.

    Par cette pluie si salutaire,
    l’heureuse terre arrosée,
    jadis couverte d’épines,
    fait germer des fleurs ;
    et l’absinthe a pris
    la saveur du nectar.

    Triste prótinus venénum
    Dirus anguis pósuit,
    Et cruénta belluárum
    Désiit ferócia :
    Mitis Agni vulneráti
    Hæc fuit victória.

    Soudain le serpent redoutable
    a perdu son funeste venin,
    et des bêtes féroces
    est tombée la fureur :
    telle fut la victoire
    du doux Agneau blessé.

    O sciéntiæ supérnæ
    Altitúdo impérvia !
    O suávitas benígni
    Prædicánda péctoris !
    Servus erat morte dignus,
    Rex luit pœnam óptimus.

    O profondeur insondable
    de la science divine !
    O suavité jamais assez louée
    d’un cœur plein d’amour !
    L’esclave était digne de mort,
    le Roi infiniment bon subit sa peine.

    Quando culpis provocámus
    Ultiónem Júdicis,
    Tunc loquéntis protegámur
    Sánguinis præséntia ;
    Ingruéntium malórum
    Tunc recédant ágmina.

    Lorsque nous provoquons
    par nos fautes la vengeance du Juge,
    alors un sang est là
    dont la voix nous protège,
    l’armée des maux qui se ruait
    sur nos têtes alors se dissipera.

    Te redémptus laudet orbis
    Grata servans múnera,
    O salútis sempitérnæ
    Dux et Auctor ínclyte,
    Qui tenes beáta regna
    Cum Parénte et Spíritu.
    Amen.

    Que l’univers racheté vous loue,
    conservant les précieux bienfaits,
    ô Chef, ô illustre auteur
    du salut éternel,
    qui possédez les royaumes bienheureux,
    avec le Père et l’Esprit.
    Amen.

  • Commémoraison de saint Paul

    Doctor egrégie, Paule, mores ínstrue
    et mente polum nos transférre sátage,
    donec perféctum largiátur plénius,
    evacuáto quod ex parte gérimus.

    Glorieux docteur, Paul, enseigne-nous à vivre
    transporte-nous en esprit dans le ciel
    en attendant le jour de la vraie plénitude
    où s’évanouira tout ce qui est imparfait.

    Sit Trinitáti sempitérna glória,
    honor, potéstas atque jubilátio,
    in unitáte, cui manet impérium
    ex tunc et modo per ætérna sæcula. Amen.

    A la Trinité, gloire éternelle,
    honneur, puissance et jubilation
    qui, dans son unité, gouverne toutes choses,
    pendant tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

    Par les moniales d'Argentan :
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  • Saints Pierre et Paul

    A priori l’introït de la messe est très surprenant. Il n’évoque ni le martyre de saint Pierre, ni aucun fait majeur de la vie de saint Pierre dans les Evangiles, notamment ceux qui sont en rapport avec la fondation de l’Eglise. Car si cette fête est la plus ancienne du sanctoral, c’est bien pour célébrer les fondements de l’Eglise…

    Au lieu de cela nous avons la fin d’une anecdote des Actes des apôtres : un ange libère miraculeusement saint Pierre que Hérode a mis en prison avec le dessein de le mettre à mort :

    Nunc scio vere, quia misit Dóminus Angelum suum : et erípuit me de manu Heródis et de omni exspectatióne plebis Judæórum.

    Maintenant, je reconnais d’une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange : qu’il m’a arraché de la main d’Hérode et à toute l’attente du peuple juif.

    La messe insiste sur cette anecdote, puisque c’est elle aussi que raconte la première lecture, dont la dernière phrase est le texte de l’introït.

    Ce n’est d’ailleurs pas la fin de l’anecdote. C’est ce que se dit saint Pierre qui se retrouve seul dans la rue. La suite est savoureuse : Pierre arrive à la maison où de nombreux disciples sont rassemblés, et il frappe à la porte. Une servante, que saint Luc dénonce nommément (elle s’appelle Rose) reconnaît la voix de Pierre et au lieu de lui ouvrir court annoncer la nouvelle aux disciples. Lesquels la traitent de folle. Mais comme Pierre continue de frapper et d’appeler, on finit par lui ouvrir… Pierre raconte brièvement ce qui s’est passé et dit de le faire savoir aux autres apôtres. Puis il s’en va « en un autre lieu ».

    Le cardinal Schuster commente :

    La première lecture (Act., XII, 1-11) nous redit l’emprisonnement de Pierre et sa miraculeuse délivrance par l’ange. Les détails de cette scène sont émouvants, tels que saint Luc nous les donne. Pierre est en prison, et toute l’Église prie pour lui, mais Dieu attend jusqu’au dernier moment pour opérer le miracle.

    Quand, du côté des hommes, il ne demeure plus d’autre voie de salut, c’est alors que sonne l’heure de Dieu, l’heure de la foi et du prodige. En attendant, la confiance et l’abandon de Pierre s’élèvent à un degré héroïque. Le lendemain matin il doit être mis à mort, et néanmoins, gardé par un piquet de soldats, il s’abandonne paisiblement au sommeil dans sa prison ; pour se reposer plus aisément, il a même délacé ses sandales, dénoué sa ceinture et déposé ses vêtements extérieurs. L’Apôtre dormait donc ; mais ce sommeil lui-même était comme son acte de foi dans la divine Providence qui n’abandonne pas celui qui se confie en Elle.

    Cette scène des Actes des Apôtres, souvent reproduite sur maints sarcophages romains, acquiert dans la Ville éternelle une signification spéciale. L’Apôtre délivré de la prison de Jérusalem s’en alla in alium locum comme l’écrit saint Luc avec une prudente réserve : c’est-à-dire qu’il alla fonder l’Église de Rome. Aussi la lecture faite aujourd’hui à la messe est-elle comme l’acte de naissance de l’Église mère et maîtresse de toutes les autres.

     L'introït par l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre:

  • Vigile des saints Pierre et Paul

    L’introït chante déjà ce qui sera la fin de l’évangile du jour, soulignant donc l’annonce de la mort de saint Pierre.

    Dicit Dóminus Petro : Cum esses júnior, cingébas te et ambulábas, ubi volébas : cum autem senúeris, exténdes manus tuas, et álius te cinget et ducet, quo tu non vis : hoc autem dixit, signíficans, qua morte clarificatúrus esset Deum.
    Cæli enárrant glóriam Dei : et ópera mánuum eius annúntiat firmaméntum.

    Le Seigneur dit à Pierre : lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais : mais lorsque tu seras vieux, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas : or il dit cela pour marquer par quelle mort il devait glorifier Dieu.
    Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament publie les œuvres de ses mains. (Psaume 18)

    Voici la lettrine du Dicit dans le Graduel de Notker, attestant de l’antiquité de cette messe puisque c’est le premier graduel noté que nous ayons (Xe siècle).

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    Et le voici chanté, dans la seule version que j’ai trouvée sur internet après une longue recherche. C’est sur le site du diocèse de La Crosse, aux Etats-Unis (qui fut le diocèse du cardinal Burke). On peut regretter le mélange de voix masculines et féminines, et surtout l’outrance des répercussions, qui casse le phrasé. Mais on ne peut que remercier les chanteurs et le site.


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  • Notre Dame du perpétuel secours

    Selon les rubriques de 1960, les messes « in aliquibus locis », qui étaient autrefois réservées aux lieux où les autorités les permettaient, peuvent être célébrées partout. Or le 27 juin la fête « en certains lieux » de Notre Dame du perpétuel secours ne vient en occurrence avec aucune fête du calendrier.

    Notre Dame du perpétuel secours, c’est d’abord une icône, dont on trouvera le résumé de l’histoire ici.

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    Cette icône crétoise de la fin du XVe siècle est peut-être la première des icônes dites Notre Dame de la Passion. Elle est fondée sur celle de la Vierge hodigitria, « qui montre le chemin » : elle tient Jésus sur son bras gauche, et en regardant le spectateur elle montre Jésus de son bras droit : c’est lui le chemin. (C'est l'icône traditionnellement attribuée à saint Luc.)

    Ici, Jésus tient la main de sa mère, et au lieu d’être de face il regarde en arrière. Ce qu’il voit lui a fait peur et il a couru vers sa mère, si vite qu’il en perd une sandale (ce qui fait partie du canon de l’icône). Cela nous parle en fait de Gethsémani. Jésus est confronté à sa Passion. Car les archanges, qui sont simplement en gloire dans les icônes Hogiditria, présentent ici à Jésus les instruments de sa Passion. Michel, à gauche, tient l’urne de vinaigre, le roseau et la lance. Gabriel, à droite, porte la croix et les clous.

    Marie regarde le spectateur, comme toujours, pour lui dire que ce que montre l’icône le concerne. Ici, nous sommes appelés à entrer dans la contemplation de la Passion. Et la sandale n’est pas anecdotique : on enlevait sa sandale pour exercer son droit de rachat (voir Ruth 4). Et c’est bien ce que Jésus est venu faire : racheter les hommes. Le droit de rachat s’exerçait sur le plus proche : nous sommes tous les plus proches du Verbe qui s’est fait homme.

    La main de Marie reste ouverte : nous aussi nous pouvons accourir vers elle, car chez elle est le perpétuel secours.

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