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  • Le cardinal Sarah et la Vendée

    Pour ceux qui ne l’auraient pas déjà lu ici ou là, voici le sermon véritablement extraordinaire, pour nous, que le cardinal Robert Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, a prononcé au Puy du Fou, samedi dernier. J’avais l’intention d’en souligner des passages, mais presque tout serait à souligner. Dans ce monde en décomposition, c’est une grâce immense que d’avoir un tel prélat.

    Mes Frères,

    Nous offrons ce soir le sacrifice de la messe pour le repos de l’âme de tous les bénévoles du Puy du Fou décédés depuis le début de cette belle œuvre, il y a quarante ans. Par votre travail, vous tous qui êtes ici rassemblés, vous réveillez chaque soir la mémoire de ce lieu. Le château du Puy du Fou, une ruine douloureuse, abandonnée des hommes, s’élève comme un cri vers le Ciel. Entrailles ouvertes, il rappelle au monde que, face à la haine de la foi, un peuple s’est levé : le peuple de Vendée !

    Mes chers amis, en donnant vie à cette ruine, tous les soirs, vous rendez vie aux morts ! Vous rendez la vie à tous ces Vendéens, morts pour leur foi, pour leurs églises et pour leurs prêtres. Votre œuvre s’élève sur cette terre comme un chant portant le souvenir des martyrs de la Vendée ! Vous faites vivre ces trois cent mille hommes, femmes et enfants, victimes de la Terreur ! Vous donnez une voix à tous ceux que l’on a voulu faire taire, parce qu’ils refusaient le mensonge et l’idéologie athée ! Vous rendez honneur à ceux que l’on a voulu noyer dans l’oubli, parce qu’ils refusaient de se laisser arracher la liberté de croire et de célébrer la messe ! Je vous le dis solennellement : votre œuvre est juste et nécessaire !

    Par votre art, par vos chants, par vos prouesses techniques, vous offrez enfin une digne sépulture à tous ces martyrs que la haine révolutionnaire avait voulu laisser sans tombeau, abandonnés aux chiens et aux corbeaux ! Votre œuvre est donc bien plus qu’une œuvre simplement humaine. Elle est comme une œuvre d’Église. Votre œuvre est nécessaire ! Car nos temps semblent assoupis. Face à la dictature du relativisme, face au terrorisme de la pensée qui, à nouveau, veut arracher Dieu du cœur des enfants, nous avons besoin de retrouver la fraîcheur de l’esprit, la simplicité joyeuse et ardente de ces saintes et de ces martyrs.

    Quand la Révolution voulut priver les Vendéens et leurs prêtres, tout un peuple s’est levé. Face aux canons, ces pauvres n’avaient que leurs bâtons ! Face à la haine des colonnes terroristes, ils n’avaient que leur chapelet, leur prière et le Sacré-Cœur cousu sur leur poitrine !

    Mes frères, les Vendéens ont tout simplement mis en pratique ce que nous enseignent les lectures de ce jour. Dieu n’est pas dans le tonnerre et les éclairs, il n’est pas dans la puissance et le bruit des armes. Il se cache dans la brise légère. Face au déferlement planifié et méthodique de la Terreur, les Vendéens savaient bien qu’ils seraient écrasés. Ils ont pourtant offert leur sacrifice au Seigneur en chantant. Ils ont été cette brise légère, brise en apparence balayée par la puissante tempête des Colonnes infernales. Mais Dieu était là. Sa puissance s’est révélée dans leur faiblesse !

    Par leur sacrifice, ils ont empêché que le mensonge de l’idéologie ne règne en maître. Grâce aux Vendéens, la Révolution a dû jeter son masque et révéler son visage de haine de Dieu et de la foi. Grâce aux Vendéens, les prêtres ne sont pas devenus les esclaves serviles d’un État totalitaire, ils ont pu demeurer les libres serviteurs du Christ et de l’Église.

    Les Vendéens ont entendu l’appel que le Christ nous lance dans l’Évangile de ce jour : « Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur ! » Alors que grondait la tempête, alors que la barque prenait l’eau de toute part, ils n’ont pas eu peur, tant ils étaient certains que, par-delà la mort, le Cœur de Jésus serait leur unique patrie !

    Mes frères, nous chrétiens, nous avons besoin de cet esprit des Vendéens ! Nous avons besoin de cet exemple ! Comme eux, il nous faut quitter nos semailles et nos moissons, laisser là nos sillons, pour combattre, non pour des intérêts humains, mais pour Dieu !

    Qui donc se lèvera aujourd’hui pour Dieu ? Qui osera affronter les persécuteurs modernes de l’Église ? Qui aura le courage de se lever sans autres armes que le chapelet et le Sacré-Cœur, pour affronter les colonnes de la mort de notre temps que sont le relativisme, l’indifférentisme et le mépris de Dieu ? Qui dira au monde que la seule liberté qui vaille la peine qu’on meure pour elle est la liberté de croire ?

    Mes frères, comme nos frères Vendéens d’autrefois, nous sommes aujourd’hui appelés au témoignage, c’est-à-dire au martyre ! Aujourd’hui en Orient, au Pakistan, en Afrique, nos frères chrétiens meurent pour leur foi, écrasés par les colonnes de l’islamisme persécuteur.

    Et toi, Peuple de France, toi, Peuple de Vendée, quand donc te lèveras-tu avec les armes pacifiques de la prière et de la charité pour défendre la foi ? Mes amis, le sang des martyrs coule dans vos veines, soyez-y fidèles ! Nous sommes tous spirituellement des fils de la Vendée martyre ! Même nous, Africains, qui avons reçu tant de missionnaires vendéens venus mourir chez nous pour annoncer le Christ ! Nous vous devons d’être fidèles à leur héritage !

    L’âme de ces martyrs nous entoure en ce lieu. Que nous disent-ils ? Que veulent-ils nous transmettre ?

    D’abord leur courage ! Quand il s’agit de Dieu, aucune compromission n’est possible ! L’honneur de Dieu ne se discute pas ! Et cela doit commencer par notre vie personnelle, de prière et d’adoration. Il est temps, mes frères, de nous révolter contre l’athéisme pratique qui asphyxie nos vies ! Prions en famille, laissons à Dieu la première place ! Une famille qui prie est une famille qui vit ! Un chrétien qui ne prie pas, qui ne sait pas laisser de place à Dieu par le silence et l’adoration, finit par mourir !

    De l’exemple des Vendéens, nous devons aussi apprendre l’amour du sacerdoce. C’est parce que leurs « bons prêtres » étaient menacés qu’ils se sont révoltés. Vous, les plus jeunes, si vous voulez être fidèles à l’exemple de nos aînés, aimez vos prêtres, aimez le sacerdoce ! Vous devez vous poser la question : et moi, suis-je appelé aussi à être prêtre à la suite de tous ces bons prêtres martyrisés par la Révolution ? Aurai-je moi aussi le courage de donner toute ma vie pour le Christ et mes frères ?

    Les martyrs de Vendée nous apprennent encore le sens du pardon et de la miséricorde. Face à la persécution, face à la haine, ils ont gardé au cœur le souci de la paix et du pardon. Souvenez-vous comment le chef Bonchamps fit relâcher cinq mille prisonniers quelques minutes avant de mourir. Sachons affronter la haine sans ressentiment et sans aigreur. Nous sommes l’armée du Cœur de Jésus, comme lui nous voulons être plein de douceur.

    Enfin, des martyrs vendéens, il nous faut apprendre le sens de la générosité et du don gratuit. Vos ancêtres ne se sont pas battus pour leurs intérêts. Ils n’avaient rien à gagner. Ils nous donnent aujourd’hui une leçon d’humanité.

    Nous vivons dans un monde marqué par la dictature de l’argent, de l’intérêt, de la richesse. La joie du don gratuit est partout méprisée et bafouée. Or, seul l’amour généreux, le don désintéressé de sa vie peut vaincre la haine de Dieu et des hommes, qui est la matrice de toute révolution.

    Les Vendéens nous ont appris à résister à toutes ces révolutions. Ils nous ont montré que face aux Colonnes infernales, comme face aux camps de concentration nazis, face aux goulags communistes, comme face à la barbarie islamiste, il n’est qu’une réponse : le don de soi, de toute sa vie. Seul l’amour est vainqueur des puissances de mort !

    Aujourd’hui encore, plus que jamais peut-être, les idéologues de la révolution veulent anéantir le lieu naturel du don de soi, de la générosité joyeuse et de l’amour. Je veux parler de la famille ! L’idéologie du genre, le mépris de la fécondité et de la fidélité sont les nouveaux slogans de cette révolution. Les familles sont devenues comme autant de Vendée à exterminer. On planifie méthodiquement leur disparition, comme autrefois celle de la Vendée. Ces nouveaux révolutionnaires s’inquiètent devant la générosité des familles nombreuses. Ils raillent les familles chrétiennes, car elles incarnent tout ce qu’ils haïssent. Ils sont prêts à lancer sur l’Afrique de nouvelles Colonnes infernales pour faire pression sur les familles et imposer stérilisation, avortement et contraception. L’Afrique, comme la Vendée, résistera ! Partout les familles chrétiennes doivent être les joyeux fers de lance d’une révolte contre cette nouvelle dictature de l’égoïsme !

    C’est désormais dans le cœur de chaque famille, de chaque chrétien, de tout homme de bonne volonté, que doit se lever une Vendée intérieure ! Tout chrétien est spirituellement un Vendéen ! Ne laissons pas étouffer en nous le don généreux et gratuit. Sachons comme les martyrs de Vendée puiser ce don à sa source : dans le Cœur de Jésus. Prions pour qu’une puissante et joyeuse Vendée intérieure se lève dans l’Église et dans le Monde ! Amen !

  • Du cardinal Robert Sarah

    L’homme doit faire un choix : Dieu ou rien, le silence ou le bruit.

    *

    Sans le silence, Dieu disparaît dans le bruit. Et ce bruit devient d’autant plus obsédant que Dieu est absent.

    *

    La postmodernité est une offense et une agression permanentes contre le silence divin.

    Cette époque déteste ce à quoi nous porte le silence : la rencontre, l’émerveillement et l’agenouillement devant Dieu.

    *

    Un cœur dans le silence, c’est une mélodie pour le cœur de Dieu. La lampe se consume sans bruit devant le tabernacle, et l’encens monte en silence jusqu’au trône de Dieu : tel est le son du silence de l’amour.

    *

    Plus l’homme avance dans le mystère de Dieu, plus il perd la parole. L’homme est enveloppé dans une puissance d’amour, et il devient muet de stupeur et d’émerveillement. Devant Dieu, nous disparaissons, happés par le plus grand silence.

    De La Force du Silence, Fayard, chapitre 1.

  • Le cardinal Sarah interdit de parole

    L’organisateur de la Conférence internationale liturgique de Cologne annonce que le cardinal Sarah « doit malheureusement annuler sa participation » à l’édition de 2017. Il ne donnera pas de conférence le 31 mars, et il ne donnera pas l’homélie à la messe du lendemain.

    Le titre de sa conférence : « La signification du motu proprio Summorum Pontificum pour le renouveau de la liturgie dans l’Eglise latine ».

    Le cardinal Sarah avait confirmé trois fois sa participation. Dans ce genre de manifestation, quand pour une raison impérative un participant de très haut rang ne peut être présent, il fait lire son texte. Mais ici il n’y aura pas de texte.

    Car la Conférence de Cologne est ouvertement dans le droit fil de la pensée de Benoît XVI : libéralisation de l’ancienne liturgie, « réforme de la réforme ». Or François vient de dire clairement, une fois de plus, et après avoir limogé tous les membres de la congrégation que dirige (?) le cardinal Sarah, qu’il n’en était pas question.

     

    NB. Comme le remarque un commentaire, et contrairement à ce que j'avais cru sur la foi de plusieurs "spécialistes", le pape n'a pas limogé tous les membres de la congrégation, il en a remplacé 27 sur 40. Le cardinal Ranjith en fait toujours partie.

  • Oui, le cardinal Sarah a parlé

    On a vaguement entendu parler de l’intervention du cardinal Sarah au début du synode, et puis plus rien. Le texte de son intervention ne figurait nulle part, et surtout pas sur les sites du Vatican, alors qu’il est le « numéro 4 » de l’Eglise selon la comptabilité journalistique. Seul un blog de Toronto soulignait que Mgr Gadecki, sur son blog personnel, disait combien Mgr Hoser avait été impressionné…

    Voici qu’a été publié aujourd’hui, aujourd’hui 13 octobre, une traduction anglaise de l’intervention du cardinal Sarah (faite en italien) sur le site Aleteia en anglais.

    Voici une rapide traduction de ce texte qui, une fois de plus, me fait prier que cet homme devienne pape… subito. Et quand on voit où en est le chaos, c’est de plus en plus urgent.

    N.B. - Je suis honteusement conscient de donner une traduction de traduction pleine de défauts et de passages maladroits, alors que le cardinal Sarah parle un français parfait et très clair. Il va de soi que je remplacerai aussitôt mon texte par le texte officiel français de cette intervention, s'il paraît un jour. En attendant, je suis évidemment prêt à toute correction qui s'imposerait.

     

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    Votre Sainteté, Eminences, participants du Synode,

    Je propose ces trois pensées :

    1. Plus de transparence et de respect entre nous.

    Je ressens un profond besoin d’invoquer l’Esprit de Vérité et d’Amour, la source de la parrhésia dans la parole et de l’humilité dans l’écoute, qui seul est capable de créer une véritable harmonie dans la pluralité.

    Je dirai franchement que dans le précédent Synode, sur diverses questions, on a ressenti la tentation de céder à la mentalité du monde sécularisé et individualiste de l’Occident. Reconnaître ce qu’on appelle les « réalités de la vie » comme un locus theologicus signifie abandonner tout espoir dans le pouvoir transformant de la foi et de l’Evangile. L’Evangile qui a autrefois transformé les cultures est maintenant en danger d’être transformé par elles.

    En outre, certaines des procédures utilisées ne paraissaient pas destinées à enrichir la discussion et la communion autant qu’elles faisaient la promotion d’une façon de voir typique d’une certaine frange des Eglises les plus riches. Ceci est contraire à une Eglise pauvre, un signe de contradiction joyeusement évangélique et prophétique pour la mondanité. On ne comprend pas non plus pourquoi certaines déclarations qui ne sont pas partagées par la majorité qualifiée du dernier Synode se sont retrouvées dans la Relatio puis dans les Lineamenta et l’Instrumentum laboris alors que d’autres questions pressantes et très actuelles (comme l’idéologie du genre) sont ignorées.

    Mon premier espoir est donc que, dans notre travail, il y ait davantage de liberté, de transparence et d’objectivité. Pour cela, il serait bénéfique de publier les résumés des interventions, afin de faciliter la discussion et éviter tout préjudice ou discrimination dans la réception des déclarations des pères du synode. (1)

     

    2. Le discernement de l’histoire et des esprits

    Un deuxième espoir : que le Synode honore sa mission historique et ne se limite pas lui-même à parler de certaines questions pastorales (comme la possible communion pour les divorcés et remariés) mais aide le Saint-Père à énoncer clairement des vérités et une réelle direction au niveau mondial. Car il y a de nouveaux défis par rapport au synode de 1980. Un discernement théologique nous permet de voir à notre époque deux menaces inattendues (presque comme deux « bêtes de l’apocalypse ») situées sur des pôles opposés : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique : laïcisme athée contre fanatisme religieux. Pour utiliser un slogan, nous nous trouvons entre « l’idéologie du genre et l'Etat islamique ». Les massacres islamiques et les exigences libertaires se disputent régulièrement la première page des journaux. (Souvenons-nous de ce qui s’est passé le 26 juin ! (2)) De ces deux radicalisations se lèvent les deux grandes menaces contre la famille : sa désintégration subjectiviste dans l’Occident sécularisé, par le divorce rapide et facile, l’avortement, les unions homosexuelles, l’euthanasie, etc. (cf. la gender theory, les Femen, le lobby LGBT, le Planning familial…). D’autre part, la pseudo-famille de l’islam idéologisé qui légitime la polygamie, l’asservissement des femmes, l’esclavage sexuel, le mariage des enfants, etc. (cf. al-Qaida, Etat islamique, Boko Haram…).

    Plusieurs indices nous permettent de percevoir la même origine démoniaque de ces deux mouvements. Contrairement à l’Esprit de Vérité qui favorise la communion dans la distinction (périchorèse), ils encouragent la confusion (homo-gamie) ou la subordination (poly-gamie). En outre, ils postulent une loi universelle et totalitaire, sont violemment intolérants, destructeurs des familles, de la société et de l’Eglise, et sont ouvertement christianophobes.

    « Nous ne nous battons pas contre des créatures de chair et de sang… » Nous devons être inclusifs et accueillants à tout ce qui est humain ; mais ce qui vient de l’Ennemi ne peut pas et ne doit pas être assimilé. On ne peut pas unir le Christ et Belial ! Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui.

     

    3. Proclamer et servir la beauté de la monogamie et de la famille

    Face à ces deux défis mortels et sans précédent (homo-gamie et poly-gamie), l’Eglise doit promouvoir une véritable « épiphanie de la famille » (3). Aux deux le Pape (comme porte-parole de l’Eglise) peut contribuer, ainsi que chacun des évêques et pasteurs du troupeau chrétien : c’est-à-dire « l’Eglise de Dieu, qu’il a acquise par son sang » (Actes 20, 28).

    Nous devons proclamer la vérité sans peur, c’est-à-dire le Plan de Dieu, qui est la monogamie dans l’amour conjugal ouvert à la vie. Gardant à l’esprit la situation historique que je viens de rappeler, il est urgent que l’Eglise, à son sommet, déclare de façon définitive la volonté du Créateur en ce qui concerne le mariage. Combien de gens de bonne volonté et de bon sens se joindraient à cet acte lumineux de courage effectué par l’Eglise !

    Avec une Parole forte et claire du Magistère Suprême, les pasteurs ont la mission d’aider nos contemporains à découvrir la beauté de la famille chrétienne. Pour cela, il faut d’abord promouvoir tout ce que représente une véritable initiation des adultes, car la crise du mariage est essentiellement une crise de Dieu, mais aussi une crise de la foi, et là c’est l’initiation des enfants. Alors nous devons discerner ces réalités que le Saint-Esprit est déjà en train de faire monter pour révéler la vérité de la famille comme une intime communion dans la diversité (homme et femme), et qui est généreuse dans le don de la vie. Nous, évêques, avons le devoir urgent de reconnaître et promouvoir les charismes, les mouvements, et les réalités ecclésiales dans lesquels la famille se révèle vraiment, ce prodige d’harmonie, d’amour de la vie et d’espérance en l’Eternité, ce berceau de la foi et cette école de charité. Et il y a tant de réalités offertes par la Providence, avec le concile Vatican II, dans lesquelles ce miracle est offert.

    (1) Le pape l’a interdit (note YD).

    (2) Attentat de Sousse en Tunisie, 39 morts. Arrêt de la Cour suprême américaine légalisant le soi-disant mariage homosexuel sur tout le territoire des Etats-Unis (note YD).

    (3) Benoît XVI, le 6 juin 2012 (note YD).

  • Le cardinal Sarah prône la révolution...

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    Dans son discours à la troisième conférence internationale Sacra Liturgia, hier, le cardinal Sarah, préfet de la congrégation pour le culte divin, a évoqué une éventuelle « réforme de la réforme » liturgique, a déclaré que « la célébration pleine et riche de la forme ancienne du rite romain, l’usus antiquior, devrait être une part importante de la formation liturgique du clergé », et a lancé un appel pressant pour que la messe soit célébrée ad orientem. Voici l’extrait de son discours sur ce dernier sujet, qui a été salué par des applaudissements.

    Je veux lancer un appel à tous les prêtres. Peut-être avez-vous lu mon article dans L’Osservatore Romano il y a un an, ou mon entretien donné au journal Famille chrétienne au mois de mai de cette année. A chaque fois, j’ai dit qu’il est de première importance de retourner aussi vite que possible à une orientation commune des prêtres et des fidèles, tournés ensemble dans la même direction – vers l’est ou du moins vers l’abside – vers le Seigneur qui vient, dans toutes les parties du rite où l’on s’adresse au Seigneur. Cette pratique est permise par les règles liturgiques actuelles. Cela est parfaitement légitime dans le nouveau rite. En effet, je pense qu’une étape cruciale est de faire en sorte que le Seigneur soit au centre des célébrations.

    Aussi, chers frères dans le sacerdoce, je vous demande de mettre en œuvre cette pratique partout où cela sera possible, avec la prudence et la pédagogie nécessaire, mais aussi avec la confiance, en tant que prêtres, que c’est une bonne chose pour l’Eglise et pour les fidèles. Votre appréciation pastorale déterminera comment et quand cela sera possible, mais pourquoi ne pas commencer le premier dimanche de l’Avent de cette année, quand nous attendons le « Seigneur [qui] va venir sans tarder » (cf l’introït du mercredi de la première semaine de l’Avent) ? Chers frères dans le sacerdoce, prêtons l’oreille aux lamentations de Dieu proclamées par le prophète Jérémie : « Car ils m’ont tourné le dos » (Jr 2,27). Tournons-nous à nouveau vers le Seigneur !

    Je voudrais aussi lancer un appel à mes frères évêques : conduisez vos prêtres et vos fidèles vers le Seigneur de cette façon, particulièrement lors des grandes célébrations de votre diocèse et dans votre cathédrale. Formez vos séminaristes à cette réalité : nous ne sommes pas appelés à la prêtrise pour être au centre du culte nous-mêmes, mais pour conduire les fidèles au Christ comme de fidèles compagnons. Encouragez cette simple, mais profonde réforme dans vos diocèses, vos cathédrales, vos paroisses et vos séminaires. En tant qu’évêques, nous avons une grande responsabilité, et un jour nous devrons en rendre compte au Seigneur.

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    Ce à quoi Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a aussitôt répondu :

    C’est avec une grande joie que nous avons appris aujourd’hui que le Saint-Père vous a demandé d’initier une étude de la « réforme » de la réforme liturgique qui suivit le Concile, et d’étudier les possibilités d’un enrichissement mutuel entre l’ancienne et la nouvelle forme du rit romain, ce que le pape Benoît XVI avait évoqué le premier.

    Eminence, votre appel à ce que nous « retournions dès que possible à une orientation commune » dans nos célébrations liturgiques « vers l’Orient ou au moins vers l’abside, là où vient le Seigneur », est une invitation à redécouvrir radicalement quelque chose qui est à la racine même de la liturgie chrétienne. Cela exige de nous de réaliser une fois encore, dans toutes nos célébrations, que la liturgie chrétienne est essentiellement orientée vers le Christ dont nous attendons la venue avec une espérance joyeuse.

    Monsieur le Cardinal, je suis seulement un évêque et ne représente qu’un diocèse du sud de la France. Mais afin de répondre à votre appel, je souhaite dire dès à présent que j’aurai l’occasion de célébrer la sainte messe ad orientem, vers le Seigneur qui vient, dans la cathédrale de Toulon lors du dernier dimanche de l’Avent, et chaque fois que l’occasion opportune se présentera. Avant l’Avent, j’adresserai un message à mes prêtres et aux fidèles à ce sujet pour expliquer ma décision. Je les encouragerai à suivre cet exemple. En tant que chef et pasteur de mon diocèse, je leur demanderai de recevoir mon témoignage personnel, dans l’idée de faire leur faire redécouvrir, par la pratique de la messe orientée, la primauté de la grâce au cours des célébrations. J’expliquerai que ce changement est utile pour se rappeler la nature essentiel du culte chrétien : tout doit être toujours tourné vers le Seigneur.

    On lira ci-après l’intégralité du discours du cardinal Sarah (du moins tel qu’on le trouve en petits morceaux sur la page Facebook de Sacra Liturgia).

    Je souhaite tout d’abord exprimer mes sincères remerciements à Son Eminence le cardinal Vincent Nichols pour son accueil dans l’archidiocèse de Westminster et pour ses aimables mots de salutation. Je souhaite également remercier Son Excellence Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, pour son invitation à être présent avec vous pour cette troisième conférence internationale Sacra Liturgia, et à prononcer le discours d’ouverture ce soir. Excellence, je vous félicite de cette initiative internationale pour promouvoir l’étude de l’importance de la formation et de la célébration liturgique dans la vie et la mission de l’Eglise.

    Dans ce discours, je souhaite vous présenter quelques considérations sur la manière dont l’Eglise occidentale peut avancer vers une mise en œuvre plus fidèle de Sacrosanctum Concilium. Ce faisant, je me propose de répondre à cette question : « Quelle était l’intention des pères du concile Vatican II en faisant la réforme liturgique ? » Ensuite, je souhaite examiner comment leurs intentions ont été mises en œuvre à la suite du concile. Enfin, j’aimerais vous présenter quelques suggestions actuelles pour la vie liturgique de l’Eglise, de telle sorte que notre pratique de la liturgie puisse refléter plus fidèlement les intentions des pères du concile.

    A mon sens, il est très clair que l’Eglise enseigne que la liturgie catholique est le lieu privilégié et singulier de l’action salvifique de Dieu dans le monde actuel, au moyen d’une participation réelle au travers de laquelle nous recevons la grâce et la force qui nous sont si nécessaires pour persévérer et croître dans la vie chrétienne. C’est un lieu d’institution divine où nous venons accomplir l’offrande du sacrifice dû à Dieu, le seul vrai sacrifice. C’est l’endroit où nous prenons conscience de notre profond besoin d’adorer le Dieu tout-puissant. La liturgie catholique est une chose sacrée, une chose sainte dans sa nature même. La liturgie catholique n’est pas une assemblée humaine ordinaire.

    Je souhaite souligner un fait très important : c’est Dieu et non l’homme qui est au centre de la liturgie catholique. Nous venons pour l’adorer. La liturgie ne s’occupe pas de vous ou de moi. Ce n’est pas le lieu où nous célébrons notre propre identité, nos accomplissements, où nous exaltons ou promouvons notre propre culture et nos coutumes religieuses locales. La liturgie appartient d’abord et avant tout à Dieu et rend compte de ce qu’il a fait pour nous. Le Tout-Puissant, dans sa divine Providence, a fondé une Eglise et institué la sainte liturgie. A travers elle, il nous est possible de rendre un authentique culte à Dieu, en accord avec la Nouvelle Alliance établie par le Christ. En faisant cela, en entrant dans l’exigence des rites sacrés développés dans la tradition de l’Eglise, nous trouvons notre véritable identité et le sens de notre existence en tant que fils de Dieu.

    Il est essentiel que nous comprenions cette spécificité du culte catholique parce que dans les dernières décennies nous avons vu beaucoup de célébrations liturgiques au cours desquelles des personnes et des réalisations humaines ont été trop prééminentes, excluant quasiment Dieu. Le cardinal Ratzinger a écrit que « si la liturgie constitue d’abord un lieu d’expérimentation pour réaliser nos activités, alors l’essentiel est oublié, c’est-à-dire Dieu. Nous ne sommes pas le sujet de la liturgie, c’est Dieu. Oublier Dieu est le plus grave danger de notre époque. »

    Nous devons être complètement clairs quant à la nature du culte catholique si nous voulons lire correctement la constitution sur la sainte liturgie du concile Vatican II, et si nous voulons la mettre en œuvre fidèlement.

    Permettez-moi de donner un exemple. Pendant de nombreuses années, avant le concile, dans les pays de mission aussi bien qu’en Occident, on a beaucoup discuté de l’opportunité d’un usage plus large des langues vernaculaires dans la liturgie, principalement pour les lectures de l’Ecriture sainte, et également pour tel ou tel autre élément de la première partie de la messe (que nous appelons désormais « liturgie de la parole ») et pour les chants liturgiques. Le Saint-Siège avait déjà donné beaucoup de permissions pour l’usage de la langue vernaculaire dans l’administration des sacrements. Voilà le contexte dans lequel les pères du concile parlaient des éventuels effets positifs de la réforme liturgique pour l’œcuménisme et la mission. Il est vrai que la langue vernaculaire a un effet positif dans la liturgie. Les pères recherchaient cela, et non à autoriser une protestantisation de la sainte liturgie ou à en faire l’objet d’une mauvaise inculturation.

    Je suis Africain. Permettez-moi de le dire clairement : la liturgie n’est pas le lieu pour promouvoir ma culture. Bien plutôt, c’est le lieu où ma culture est baptisée, où ma culture s’élève au rang du divin. Au travers de la liturgie de l’Eglise (que les missionnaires ont apportée partout dans le monde) Dieu nous parle, nous change, et nous permet de prendre part à sa vie divine. Quand quelqu’un devient chrétien, quand quelqu’un entre dans la pleine communion de l’Eglise catholique, il reçoit quelque chose de plus, quelque chose qui le change. Certes, les cultures et les nouveaux chrétiens apportent des richesses dans l’Eglise : la liturgie des ordinariats pour les anglicans désormais en pleine communion avec l’Eglise en est un bel exemple. Mais ils apportent ces richesses avec humilité, et l’Eglise, dans sa sagesse maternelle, les utilise si elle le juge approprié.

    L’une des plus claires et des plus belles expressions des intentions des pères du concile se lit au début du deuxième chapitre de la constitution qui traite du mystère de la très sainte communion. On peut ainsi lire dans l’article 48 :

    « Aussi l’Église se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent de façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous. »

    Mes frères, voilà quelle était l’intention des pères du concile. Certes, ils discutèrent et votèrent sur des manières spécifiques de réaliser leurs objectifs. Mais soyons clairs : les réformes des rites proposée dans la Constitution telles que la restauration de la prière des fidèles à la messe (n. 53), l’extension de la concélébration (n. 57), la simplification demandée dans les articles 34 et 50, sont toutes subordonnées aux intentions fondamentales des pères du concile que je viens de mettre en lumière. Ce sont des moyens dirigés vers une fin, et c’est la fin qu’il importe de réaliser.

    Si nous voulons avancer vers une mise en œuvre authentique de Sacrosanctum Concilium, ce sont les buts, les fins que nous devons garder à l’esprit d’abord et avant tout. Il se peut que si nous les étudions avec des yeux neufs et le bénéfice de l’expérience procurée par cinq décennies, nous verrons certaines réformes des rites et certaines règles liturgiques sous un jour différent. Si, aujourd’hui, pour « faire progresser de jour en jour la vie chrétienne chez les fidèles » et pour « appeler tous les hommes dans le sein de l’Église », certaines réformes doivent être reconsidérées, demandons alors au Seigneur de nous donner l’amour, l’humilité et la sagesse de le faire.

    Je soulève la nécessité de comparer encore la constitution et la réforme qui suivit sa promulgation parce que je ne pense pas que nous pouvons honnêtement lire aujourd’hui, ne serait-ce que le premier article de Sacrosanctum Concilium, et se satisfaire de ce qui a été fait. Mes frères, où sont les fidèles dont parlaient les pères du concile ? Beaucoup des fidèles de naguère sont aujourd’hui « infidèles ». Ils ne viennent plus du tout à la messe. Pour reprendre les mots de saint Jean-Paul II, beaucoup de chrétiens vivent dans un état « d’apostasie silencieuse », ils « vivent comme si Dieu n’existait pas » (Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, 28 juin 2003, 9). Qu’est-il advenu de l’unité que le concile espérait réaliser ? Nous n’y sommes pas encore parvenus. Avons-nous fait des progrès substantiels dans l’appel lancé à toute l’humanité à rejoindre le giron de l’Eglise ? Je ne le pense pas. Et pourtant, nous avons beaucoup fait dans le domaine de la liturgie.

    Au cours des 47 années de ma vie de prêtre, et après plus de 36 ans de ministère épiscopal, je peux attester que beaucoup de communautés catholiques et d’individus vivent et prient avec ferveur et joie la liturgie telle qu’elle a été réformée après le concile, puisant en son sein beaucoup, sinon la totalité des biens qu’envisageaient les pères du concile. C’est un fruit magnifique du concile. Mais, par ma propre expérience, et à présent en tant que préfet de la congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements, je sais aussi qu’il y existe actuellement maintes altérations de la liturgie en de nombreux lieux de l’Eglise. Beaucoup de situations pourraient être améliorées de sorte que les objectifs du concile soient réalisés. Avant de méditer sur de possibles améliorations, examinons ce qui se passa après la promulgation de la constitution sur la sainte liturgie.

    Cependant que le travail officiel de réforme suivait son cours, des mauvaises interprétations significatives de la liturgie apparurent et s’enracinèrent en de multiples lieux de par le monde. Ces abus dans la sainte liturgie augmentèrent à cause d’une compréhension erronée du concile. Cela donna lieu à des célébrations liturgiques subjectives et qui étaient davantage centrées sur les souhaits de communautés singulières que sur le culte sacrificiel dû à Dieu tout-puissant. Mon prédécesseur à la tête de la congrégation, le cardinal Francis Arinze, appelait cette sorte de célébration, la « do-it-yourself Mass ». Saint Jean-Paul II jugea même utile d’écrire ce qui suit dans sa lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia du 17 avril 2003 :

    « Une croissance intérieure de la communauté chrétienne a répondu à ce souci d'annonce de la part du Magistère. Il n'y a pas de doute que la réforme liturgique du Concile a produit de grands bénéfices de participation plus consciente, plus active et plus fructueuse des fidèles au saint Sacrifice de l'autel. Par ailleurs, dans beaucoup d'endroits, l'adoration du Saint-Sacrement a une large place chaque jour et devient source inépuisable de sainteté. La pieuse participation des fidèles à la procession du Saint-Sacrement lors de la solennité du Corps et du Sang du Christ est une grâce du Seigneur qui remplit de joie chaque année ceux qui y participent. On pourrait mentionner ici d'autres signes positifs de foi et d'amour eucharistiques.

    « Malheureusement, à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas. Il y a en effet des lieux où l'on note un abandon presque complet du culte de l'adoration eucharistique. À cela s'ajoutent, dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s'il n'allait pas au-delà du sens et de la valeur d'une rencontre conviviale et fraternelle. De plus, la nécessité du sacerdoce ministériel, qui s'appuie sur la succession apostolique, est parfois obscurcie, et le caractère sacramentel de l'Eucharistie est réduit à la seule efficacité de l'annonce. D'où, ici ou là, des initiatives œcuméniques qui, bien que suscitées par une intention généreuse, se laissent aller à des pratiques eucharistiques contraires à la discipline dans laquelle l'Église exprime sa foi. Comment ne pas manifester une profonde souffrance face à tout cela? L'Eucharistie est un don trop grand pour pouvoir supporter des ambiguïtés et des réductions.

    « J'espère que la présente encyclique pourra contribuer efficacement à dissiper les ombres sur le plan doctrinal et les manières de faire inacceptables, afin que l'Eucharistie continue à resplendir dans toute la magnificence de son mystère. » (n. 10)

    Mais il y avait aussi une réalité pastorale : que ce soit pour de bonnes raisons ou non, des personnes ne pourraient ou ne voudraient pas participer aux rites réformés. Ils demeurèrent à l’extérieur, ou participèrent seulement à la liturgie non réformée là où ils pouvaient la trouver, y compris lorsque ces célébrations n’étaient pas autorisées. De cette manière, la liturgie devint l’expression de divisions au sein de l’Eglise, plutôt que de l’unité de l’Eglise catholique. Le concile n’avait pas voulu que la liturgie divise les uns et les autres ! Saint Jean-Paul II œuvra pour guérir cette division, avec l’aide du cardinal Ratzinger, qui, devenu Benoît XVI, chercha à faciliter la nécessaire réconciliation au sein de l’Eglise. Par le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, il déclara que les individus ou les groupes qui souhaitent puiser dans la forme ancienne du rite romain les richesses qu’elle contient, peuvent la pratiquer librement. Grâce à la Providence divine, il est désormais possible de célébrer notre unité catholique tout en respectant, et même en se réjouissant, de la légitime diversité des pratiques rituelles.

    Peut-être avons-nous bâti une liturgie nouvelle et moderne en langue vernaculaire, mais si nous ne l’avons pas faite sur de solides fondations – si les séminaristes et le clergé ne sont pas « imprégnés de l’esprit et de la vertu de la liturgie » comme le concile l’exigeait – alors le peuple qui leur est confié ne peut pas être formé. Il faut faire attention aux mots des pères du concile : il serait « futile » d’espérer un renouveau liturgique sans une formation liturgique approfondie. Sans une formation essentielle, le clergé pourrait même altérer la foi des fidèles dans le mystère eucharistique.

    Je ne souhaite pas paraît être indûment pessimiste. Je le répète : il y a beaucoup de laïques, de membres du clergé et de religieux pour qui la liturgie issue de la réforme post-conciliaire est la source d’un magnifique zèle apostolique et spirituel. Pour cela, je remercie Dieu tout-puissant. Mais, y compris à partir de la brève analyse que je viens de vous livrer, je pense que vous vous accorderez sur le fait que nous pouvons mieux faire. La sainte liturgie doit vraiment devenir la source et le sommet de la vie et de la mission de l’Eglise aujourd’hui, à l’orée du XXIe siècle, comme les pères du concile l’ont ardemment désiré.

    A la lumière des souhaits fondamentaux des pères du concile et des différentes situations que nous avons vu apparaître après le concile, j’aimerais présenter quelques considérations pratiques quant à la façon de mettre en œuvre Sacrosanctum Concilium plus fidèlement dans le contexte actuel. Quand bien même je suis à la tête de la congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements, je fais cela en toute humilité, comme prêtre et comme évêque, dans l’espoir qu’elles susciteront des études et des réflexions mûres ainsi que de bonnes pratiques partout dans l’Eglise.

    Vous ne serez pas surpris si j’affirme avant tout que nous devons nous arrêter sur la qualité et la profondeur de la formation liturgique, sur le degré auquel le clergé, les religieux et les laïques sont imprégnés de l’esprit et de la vertu de la liturgie. Trop souvent, nous supposons que les candidats à la prêtrise ou au diaconat en « savent » assez au sujet de la liturgie. Mais le concile n’insistait pas ici sur les savoirs académiques, quoique, naturellement, la constitution souligne l’importance des études liturgiques (cf n. 15-17). La formation liturgique est avant tout et essentiellement une immersion dans la liturgie, dans le profond mystère de Dieu. Il s’agit de vivre la liturgie dans toutes ses dimensions, de s’enivrer en buvant à une source qui n’éteint jamais notre soif de richesse, d’ordre et de beauté, de silence contemplatif, d’exultation et d’adoration, de ce pouvoir qui nous fait rejoindre intimement celui qui est à l’œuvre dans et par les rites sacrés de l’Eglise.

    C’est pourquoi ceux qui sont en « formation » pour le ministère pastoral devraient vivre la liturgie aussi pleinement que possible dans les séminaires et les maisons de formation. Les candidats au diaconat permanent devraient être immergés dans une intense vie liturgique pour une période prolongée. J’ajoute que la célébration pleine et riche de la forme ancienne du rite romain, l’usus antiquior, devrait être une part importante de la formation liturgique du clergé. Sans cela, comment commencer à comprendre et à célébrer les rites réformés dans l’herméneutique de la cont

  • Du cardinal Robert Sarah (2)

    « Mais Jésus ne répondit rien » (Luc 23,9). Jésus ne voulut pas répondre à Hérode parce qu’il le voyait comme un homme vicieux, dissolu, cruel et ayant horreur de la vérité, au point de faire couper la tête à Jean-Baptiste, qui était la voix de Jésus-Christ, parce qu’il lui avait fait connaître la vérité. Comment donc le Seigneur n’aurait-il pas gardé le silence devant celui qui avait enlevé la vie de sa voix ?

    *

    Pour l’humanité, le recueillement silencieux du Christ est une grande leçon. De la crèche à la Croix, le silence est constamment présent, car le problème du silence est un problème d’amour. L’Amour ne s’exprime pas en paroles. Il s’incarne et devient un seul et même Etre avec celui qui aime en vérité. Sa force est telle qu’il nous entraîne pour nous donner jusqu’à la mort, jusqu’au don humble, silencieux et pur de notre vie.

    *

    Aujourd’hui, certains prêtres traitent l’Eucharistie avec un parfait mépris. Ils voient la messe comme un banquet bavard où les chrétiens fidèles à l’enseignement de Jésus, les divorcés remariés, les hommes et les femmes en situation d’adultère, les touristes non baptisés qui participent aux célébrations eucharistiques des grandes foules anonymes peuvent avoir accès au corps et au sang du Christ, sans distinction. L’Eglise doit examiner avec urgence l’opportunité ecclésiale et pastorale de ces immenses célébrations eucharistiques composées de milliers et de milliers de participants. Il y a un grand danger à transformer l’Eucharistie, « le grand mystère de la foi », en une vulgaire kermesse et à profaner le corps et le précieux sang du Christ. Les prêtres qui partagent les saintes espèces en ne connaissant personne et donnent le Corps de Jésus à tous, sans discernement entre les chrétiens et les non-chrétiens, participent à la profanation du Saint Sacrifice eucharistique. Ceux qui exercent l’autorité dans l’Eglise deviennent coupables, par une forme de complicité volontaire, en laissant opérer le sacrilège et la profanation du corps du Christ dans ces gigantesques et ridicules autocélébrations, où si peu perçoivent que « vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu’il vienne » (1 Co. 11,26).

    *

    Des chrétiens se coalisent aujourd’hui pour éloigner Jésus et sa doctrine de ceux qui cherchent honnêtement la vérité. Il est de plus en plus seul parmi des hommes qui le haïssent ou ne savent pas comment l’aimer, car ils sont incapables de le connaître tel qu’il est.

    *

    Pâques marque le triomphe de la vie sur la mort, la victoire du silence du Christ sur le grand fracas de la haine et du mensonge.

    *

    Dans un monde où les cris et les excitations de toute sorte ne cessent d’étendre leurs empires, nous aurons toujours plus besoin de contempler et d’apprendre à entrer dans le silence du Christ.

    Le refus du silence est un refus de l’Amour et de la vie qui nous viennent de Jésus.

    De La force du silence, Fayard, chapitre 2.

  • Du cardinal Robert Sarah (3)

    Sans une humilité radicale qui s’exprime en gestes d’adoration et en rites sacrés, il n’y a pas d’amitié possible avec Dieu.
    Le silence manifeste ce lien de façon évidente. Le vrai silence chrétien pour devenir silence de communion se fait d’abord silence sacré.

    *

    Sous prétexte de chercher à rendre l’accès à Dieu facile et abordable, certains ont voulu que tout, dans la liturgie, soit immédiatement intelligible. Cette intention égalitaire peut sembler louable. Mais en réduisant ainsi le mystère sacré à de bons sentiments, nous interdisons aux fidèles de s’approcher du vrai Dieu.

    *

    Beaucoup de chrétiens fervents touchés par la Passion et la mort du Christ sur la Croix n’ont plus la force de pleurer ou de lancer un cri douloureux en direction des prêtres et des évêques qui se présentent en animateurs de spectacles et s’érigent en protagonistes principaux de l’Eucharistie. Ces fidèles nous disent pourtant : « Nous ne voulons pas nous réunir avec des hommes autour d’un homme ! Nous voulons voir Jésus ! Montrez-Le nous dans le silence et l’humilité de votre prière ! »

    *

    Souvent, les mots portent avec eux l’illusion de la transparence, comme s’ils nous permettaient de tout comprendre, de tout maîtriser, de tout ordonner. La modernité est bavarde car elle est orgueilleuse, à moins que ce ne soit l’inverse. Peut-être est-ce notre incessant bavardage qui nous rend orgueilleux ?

     *

    Souvent je me demande si la tristesse des sociétés urbaines occidentales, emplies de tant de dépressions, de suicides et de détresses morales, ne vient pas de la perte du sens du mystère. En perdant la capacité du silence devant le mystère, les hommes se coupent des sources de la joie. En effet, ils se retrouvent seuls au monde, sans rien qui les dépasse et les soutienne. Je ne connais rien de plus effrayant !

    De La force du silence, chapitre 3.

  • Du cardinal Robert Sarah (4)

    L’Eglise est une mère fidèle et aimante. Elle est une mère avant d’être une structure hospitalière.

    La mission sociale est fondamentale mais le salut des âmes est plus important que tout autre travail. Sauver ne consiste pas seulement à soigner, mais surtout à entraîner vers Dieu, convertir, pour faire revenir les enfants prodigues vers la maison du Père des miséricordes. Le rôle premier et fondamental de l’Eglise reste aujourd’hui le salut des âmes.

    *

    Comment ne pas être scandalisé et horrifié par l’action des gouvernements américains et occidentaux en Irak, en Libye, en Afghanistan et en Syrie ? Des pays et des peuples sont détruits, des chefs d’Etat sont assassinés, pour des intérêts purement économiques. Au nom de la déesse Démocratie, d’une volonté d’hégémonie géopolitique ou militaire, on n’hésite pas à engager la guerre pour désorganiser et créer le chaos, surtout dans les régions les plus faibles, lançant ainsi sur les routes des cohortes interminables de réfugiés sans ressources ni avenir. Combien de familles disloquées, détruites, réduites à une misère inhumaine, contraintes à l’exil et au déracinement culturel ? Combien de souffrance dans ces vies d’errance et de fuite continuelles, combien de morts atroces au nom de la Liberté, l’autre déesse occidentale ? Que de sang versé pour une hypothétique libération des peuples de ces chaînes supposées les maintenir dans le carcan de l’oppression ? Combien de familles décimées pour imposer une conception occidentale de la société ?

    *

    Les criminels peuvent tout détruire avec fureur, il est impossible d’entrer par effraction dans le silence, le cœur et la conscience d’un homme. Les battements d’un cœur silencieux, l’espoir, la foi et la confiance en Dieu demeurent insubmersibles. A l’extérieur, le monde devient un champ de ruines ; mais à l’intérieur de notre âme, dans le plus grand silence, Dieu veille. La guerre, la barbarie et les cortèges d’horreurs n’auront jamais raison de Dieu, présent en nous.

    Le poison de la guerre trouve sa fin dans le silence de la prière, dans le silence de la confiance, dans le silence de l’espérance. Au cœur de toutes les barbaries, il faut planter le mystère de la Croix.

    De La force du silence, Fayard, chapitre 4.

  • Du cardinal Robert Sarah (5)

    Comment pourrions-nous vivre sans Dieu ? Sa Présence en nous est terrifiante, déstabilisante, mais vivifiante, douce et pacifiante en même temps. Elle est lointaine, à cause de nos péchés, et proche par miséricorde infinie de Dieu. Elle est effrayante, car elle nous brûle et nous incendie comme un feu qui calcine, mais elle nous embrasse tendrement comme un Père.

    *

    Qui peut comprendre Dieu ? Qui peut entrer dans le silence pour saisir son mystère et sa fécondité ? Nous pouvons réfléchir au silence afin de nous rapprocher de Dieu, mais il y a un moment où notre pensée ne pourra plus progresser. Comme toutes les questions liées à Dieu, il y a un stade où la recherche ne peut plus avancer. L’unique chose à faire est de lever les yeux, de tendre les mains vers Dieu, de prier en silence dans l’attente de l’aurore.

    *

    Pourquoi résistons-nous toujours aux volontés et aux manières de Dieu pour nous attacher à nos coutumes ? L’inculturation de la liturgie ou du message évangélique ne peut pas être une revendication pour mieux imposer une culture africaine ou asiatique contre des formes trop occidentales du christianisme. L’inculturation n’est pas non plus une canonisation de la culture, au risque de l’absolutiser. L’inculturation est une irruption, une épiphanie de Dieu dans une culture, qui provoque une déstabilisation, un arrachement, et un cheminement selon des références nouvelles. Quand l’Evangile entre dans une vie, il ne la laisse pas intacte : il la déstabilise, il la chamboule et la transforme de fond en comble. Il tourne silencieusement le visage et le cœur de l’homme vers Dieu. Quand Jésus entre dans une vie, il la désarçonne, il la transfigure et la divinise par la lumière fulgurante de son Visage, comme saint Paul sur la route de Damas.

    De La force du silence, Fayard, chapitre 5.

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    La reproduction de quelques bribes de ce livre du cardinal Robert Sarah ne vise pas à en donner une quelconque substantifique moelle, mais seulement à donner l’envie de lire le livre en entier, car c’est un livre important, et au cœur du christianisme, comme l’indique le paradoxe même consistant à parler du silence sur plus de 350 pages. Il convient d’ajouter que la réflexion du cardinal Sarah s’appuie sur de nombreuses citations qui sont en elles-mêmes capitales et qui embrassent un large spectre, des pères de l’Eglise à des auteurs contemporains (dont Jean-Paul II et Benoît XVI), de la Sainte Ecriture à… Kierkegaard en passant par… Plotin.

    Surtout, ce livre a une immédiate influence bienfaisante sur l’âme du lecteur. Il apporte la paix, la sérénité, il porte naturellement et doucement à la prière, et à la vraie prière : contemplative. Enfin, il porte aussi à l’humilité. Car on se sent tout petit face à une telle carrure spirituelle.