Comment pourrions-nous vivre sans Dieu ? Sa Présence en nous est terrifiante, déstabilisante, mais vivifiante, douce et pacifiante en même temps. Elle est lointaine, à cause de nos péchés, et proche par miséricorde infinie de Dieu. Elle est effrayante, car elle nous brûle et nous incendie comme un feu qui calcine, mais elle nous embrasse tendrement comme un Père.
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Qui peut comprendre Dieu ? Qui peut entrer dans le silence pour saisir son mystère et sa fécondité ? Nous pouvons réfléchir au silence afin de nous rapprocher de Dieu, mais il y a un moment où notre pensée ne pourra plus progresser. Comme toutes les questions liées à Dieu, il y a un stade où la recherche ne peut plus avancer. L’unique chose à faire est de lever les yeux, de tendre les mains vers Dieu, de prier en silence dans l’attente de l’aurore.
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Pourquoi résistons-nous toujours aux volontés et aux manières de Dieu pour nous attacher à nos coutumes ? L’inculturation de la liturgie ou du message évangélique ne peut pas être une revendication pour mieux imposer une culture africaine ou asiatique contre des formes trop occidentales du christianisme. L’inculturation n’est pas non plus une canonisation de la culture, au risque de l’absolutiser. L’inculturation est une irruption, une épiphanie de Dieu dans une culture, qui provoque une déstabilisation, un arrachement, et un cheminement selon des références nouvelles. Quand l’Evangile entre dans une vie, il ne la laisse pas intacte : il la déstabilise, il la chamboule et la transforme de fond en comble. Il tourne silencieusement le visage et le cœur de l’homme vers Dieu. Quand Jésus entre dans une vie, il la désarçonne, il la transfigure et la divinise par la lumière fulgurante de son Visage, comme saint Paul sur la route de Damas.
De La force du silence, Fayard, chapitre 5.
La reproduction de quelques bribes de ce livre du cardinal Robert Sarah ne vise pas à en donner une quelconque substantifique moelle, mais seulement à donner l’envie de lire le livre en entier, car c’est un livre important, et au cœur du christianisme, comme l’indique le paradoxe même consistant à parler du silence sur plus de 350 pages. Il convient d’ajouter que la réflexion du cardinal Sarah s’appuie sur de nombreuses citations qui sont en elles-mêmes capitales et qui embrassent un large spectre, des pères de l’Eglise à des auteurs contemporains (dont Jean-Paul II et Benoît XVI), de la Sainte Ecriture à… Kierkegaard en passant par… Plotin.
Surtout, ce livre a une immédiate influence bienfaisante sur l’âme du lecteur. Il apporte la paix, la sérénité, il porte naturellement et doucement à la prière, et à la vraie prière : contemplative. Enfin, il porte aussi à l’humilité. Car on se sent tout petit face à une telle carrure spirituelle.
Commentaires
Le Cardinal Sarah a le langage d'un mystique.
Écoutons la voix du cardinal nous parler du silence (sur ce lien) :
http://fr.radiovaticana.va/news/2016/10/08/le_cardinal_sarah__%C3%A9couter_dieu_dans_le_silence/1263824
Je confirme : les quelques citations n'enlèvent rien à l'intérêt d'acheter le livre et de méditer l'oeuvre qui n'est pas que d'un écrivain.