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pêcheurs

  • Michel Barnier s’écrase, naturellement

    « Je veux obliger la Commission européenne à s’expliquer », disait Michel Barnier.

    A son arrivée au sommet des ministres de la pêche, à Luxembourg, Michel Barnier a déclaré : « Malheureusement, il n’y a aura plus de pêche cette année puisqu’elle a pris cette décision. »

    Il ne demande donc rien du tout. Il prend acte de la décision des maîtres de l’Europe, après avoir fait semblant de regimber.

    Comme d’habitude.

    Michel Barnier savait que la France et l’Italie allaient se retrouver isolées. L’Espagne s’est rangée au diktat de la Commission. C ’est pourquoi il n’avait même pas répondu à la question du JDD sur un vote.

    La politique de la pêche est communautaire. La France est forcément minoritaire face aux pays du Nord fanatiques de la protection des espèces (surtout du thon rouge qu’ils n’ont pas...) et aux pays qui n’ont pas de pêcheurs et se moquent du problème.

    Il serait plus que temps de se demander à quoi sert un ministre de la pêche. Et de l’agriculture. Etc.

  • Les pêcheurs de thon se révoltent

    Quelque 300 pêcheurs italiens et français manifestaient aujourd’hui devant la représentation de l’Union européenne à Malte, tandis qu’en Italie une vingtaine de thoniers ralentissaient les entrées et sorties du port de Salerne, pour protester contre la décision de la Commission européenne, vendredi dernier, d’arrêter la pêche au thon rouge en Méditerranée à compter d’hier 16 juin parce que les quotas, selon elle, sont sur le point d’être atteints.

    A Bruxelles, en début de soirée, le commissaire Borg a rejeté, avec toute l’arrogance qu’on connaît à ces gens-là, la demande formulée par la France, l’Italie et l’Espagne de proroger la pêche : « On ne peut attendre sérieusement de la Commission qu’elle examine les demandes très mal fondées de suspendre la décision entièrement justifiée qu’elle a prise. La décision de fermer la pêche pour les thoniers senneurs n’est pas seulement nécessaire à la protection du stock et au respect par la Communauté européenne de ses obligations internationales. Elle est aussi vitale pour garantir l’équité » entre les diverses catégories de pêcheurs.

    L’équité dans la faillite des pêcheurs de l’Union européenne. Car bien entendu les pêcheurs des autres pays (Croatie, Libye, Tunisie...) vont tranquillement continuer de pêcher le thon rouge, et vont nous le vendre... C’est le même processus pour le cabillaud, que les pêcheurs de l’Union européenne n’ont plus le droit de pêcher pour les mêmes raisons : mais tous les poissonniers de l’Union européenne ont du cabillaud norvégien...

    C’est cela, l’Union européenne.

    Ce soir, les pêcheurs, qui contestent avoir atteint les quotas, menacent de bloquer le port de Salerne et les accès à La Valette.

    A Marseille, le syndicat des thoniers méditerranéen appelle ses adhérents à pêcher le thon rouge dès minuit. Le président du syndicat, Mourad Kahoul, déclare qu’il a fait un constat d’huissier des log-books des bateaux montrant que les quotas ne sont pas atteints. « Nous sommes dans notre légitimité », dit-il, et il se dit prêt au « clash » avec l’UE, y compris en mer, si des navires de contrôle tentent de les aborder : « Le premier qui les accoste, c’est la guerre... »

     

    Addendum. A propos des « demandes très mal fondées », il convient de souligner que notre ministre Michel Barnier faisait valoir que nombre de bateaux n'ont pas atteint 50% de leurs quotas, voire 30% pour certains. Pauvre Barnier, européiste en diable, et ancien commissaire européen...

  • Les « avancées » des pêcheurs

    Les présidents des comités de pêche bretons ont salué des « avancées » après leur rencontre à Rennes avec Michel Barnier. André Le Berre, le président du comité régional, est intarissable, pour expliquer par le menu ce qu’il a obtenu : « Le gazole à 0,40 euro le litre, on réussit à l’avoir », claironne-t-il. Bien sûr, ce ne sera pas à la pompe, car « c’est formellement interdit par Bruxelles », mais il va y avoir « des aides à tous les marins pour un gazole à 40 centimes quel que soit son prix et de façon définitive » : « On demande à chaque marin d’amener sa fiche de paie avec les carburants consommés par son navire. Il sera remboursé de la différence. »

    Et cela est tout autant formellement interdit par Bruxelles, surtout quand on insiste bien, et de façon aussi précise, qu’il s’agit d’une aide destinée à compenser la hausse du gazole...

    La réplique de Bruxelles ne va pas tarder, et c’est François Fillon qui va la prendre en pleine tronche, lui qui vient tout juste d’annoncer qu’il avait « l'accord des autorités européennes sur les dispositions qui ont été proposées pour aider les pêcheurs français à surmonter la crise » Il s’agit des honteuses mesures annoncées par Michel Barnier le 21...

  • Pêche : le gendarme veille

    La Commission européenne, selon son habitude, a immédiatement réagi aux mesures annoncées par Michel Barnier pour les pêcheurs.

    Si l’« aide sociale » de 40 millions d’euros devait être une compensation directe pour atténuer la hausse du prix du gazole, « il faudrait examiner si cela respecte les lois de la concurrence et dans ce cas la Commission examinerait le dossier ». « S’il s’agit d’une aide d’Etat, il faudrait que la France notifie cette mesure à la Commission.  »

    Toutefois, il semble que les 40 millions « viendraient d’un fonds social français et seraient donnés directement aux familles des marins et non comme compensation financière pour la flambée du gazole », et dans ce cas on pourrait fermer les yeux.

    Michel Barnier, quant à lui, a publié un communiqué pour préciser qu’il s’engageait à ce que la mise en œuvre des mesures soit « extrêmement rapide », que l’aide de 40 millions « prend effet à compter de ce jour et sera mise en paiement avant le 15 juin sur la base des demandes déposées », et pour saluer « les décisions prises par les marins pêcheurs sur un très grand nombre de ports de mettre un terme au blocage et de reprendre le travail ». Une « attitude responsable qui témoigne de ce que l’engagement du gouvernement et l’importance des financements modifiés en faveur de la pêche ont été compris ».

    La situation sur le terrain est exactement l’inverse. Le mouvement se poursuit un peu partout, et la colère monte. A Dieppe, les marins pêcheurs ont repris le blocage du port transmanche. Commentaire du président du comité local des pêches : « C’est leur décision et je la respecte, mais il faut savoir que nous, les représentants des pêcheurs, nous ne maîtrisons plus rien du tout. Les pêcheurs veulent le gazole à 40 centimes à la pompe mais pas d’un mécanisme d’aide qui les apparente à des cas sociaux. »

    La situation dans la Manche est aggravée par le fait que beaucoup de bateaux ont atteint (en mai !) leurs quotas annuels de prises (imposés par la Commission européenne), tant en maquereaux qu’en cabillaud ou merlan. « Même avec un gazole à zéro centime ils ne pourraient pas reprendre la mer faute de quotas », dit le président du comité régional des pêches de Haute-Normandie.

    Pendant ce temps-là, tout va bien pour les pêcheurs norvégiens...

  • Le plan Barnier

    Face à la colère des pêcheurs, Michel Barnier organise demain un « comité de suivi » du « plan pour une pêche durable et responsable » de 310 millions d’euros sur trois ans, qu’il avait annoncé le 16 janvier. Hier soir, il se disait prêt à envisager une mise en place « plus rapide » et des « compléments » à ce plan.

    Tous ces mots sont des mensonges.

    Il y a déjà eu un « comité de suivi » le 31 mars. Il ne suivait rien du tout, car il n’y a rien à suivre. Michel Barnier s’était contenté de répéter ce qu’il avait déjà dit le 29 février. Ce jour-là, il avait osé annoncer que « depuis le 1er février, la majeure partie des quinze mesures du plan ont été enclenchées », que « 100 millions d’euros sont déjà mis à disposition et pour une partie déjà engagés pour permettre à la filière pêche de retrouver des perspectives solides de développement durable ». Parmi les mesures déjà en application, il y avait le salaire minimum garanti de 1.500 euros par mois. Aujourd’hui, nombre de marins ont une paye négative...

    Le 16 mai, vendredi dernier, Michel Barnier annonçait que 53 millions d’euros avaient été « engagés », dont 30 millions réellement versés (nous voilà loin, tout à coup, des 100 millions...). A qui et pourquoi ? Pour l’essentiel, ce n’est pas aux marins pêcheurs, c’est dans des études de l’IFREMER sur la ressource halieutique, et des études pour améliorer la performance des bateaux ou envoyer à la casse les plus vétustes. Car les mots ont un sens : ce qui importe, c’est la « pêche durable et responsable », pas le niveau de vie, ni la survie, des marins pêcheurs.

    Ce n’est pas par haine des pêcheurs que Michel Barnier se comporte ainsi. C’est que les mesures qui pourraient être prise en faveur des pêcheurs ne peuvent pas l’être, puisque Bruxelles ne le veut pas. Michel Barnier l’a avoué, hier, et encore ce matin, car il venait de participer à une réunion des ministres de la pêche, et il espère un assouplissement de la position de la Commission européenne dans les prochains jours...

    En fait, dès le 8 novembre, à peine Michel Barnier avait-il mis en forme les promesses de Nicolas Sarkozy faites le 6 au Guilvinec, la Commission européenne avait prévenu que les mesures d’aide liées au prix du gazole étaient incompatibles avec les règles communautaires.

    On rappellera aussi l’autre promesse de Nicolas Sarkozy, qui a un rapport direct avec les problèmes de nombreux pêcheurs (et avec le plan Barnier puisque cela concerne l’Ifremer), sur les quotas de pêche. Le 18 janvier dernier, le président annonçait à Boulogne-sur-Mer qu’il fallait « sortir des quotas » de pêche imposés par la Commission européenne, puisque « tout le monde sait que la ressource est revenue ». Et qu’il règlerait la question lors de la présidence française de l’Union européenne. Le soir même, Michel Barnier, fidèle voix de son maître, disait qu’en effet il fallait « remettre à plat » les quotas. Le 19, la Commission européenne rappelait que la pêche est du domaine communautaire, et que Nicolas Sarkozy n’aurait pas même la possibilité de mettre la question à l’ordre du jour de la présidence européenne sans l’accord de tous ses partenaires. Le 20, Michel Barnier concédait que la France désirait seulement « engager une réflexion »... Le 22, il y avait une réunion des ministres de la pêche, et le ministre slovène rappelait que les quotas sont intouchables...