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Le plan Barnier

Face à la colère des pêcheurs, Michel Barnier organise demain un « comité de suivi » du « plan pour une pêche durable et responsable » de 310 millions d’euros sur trois ans, qu’il avait annoncé le 16 janvier. Hier soir, il se disait prêt à envisager une mise en place « plus rapide » et des « compléments » à ce plan.

Tous ces mots sont des mensonges.

Il y a déjà eu un « comité de suivi » le 31 mars. Il ne suivait rien du tout, car il n’y a rien à suivre. Michel Barnier s’était contenté de répéter ce qu’il avait déjà dit le 29 février. Ce jour-là, il avait osé annoncer que « depuis le 1er février, la majeure partie des quinze mesures du plan ont été enclenchées », que « 100 millions d’euros sont déjà mis à disposition et pour une partie déjà engagés pour permettre à la filière pêche de retrouver des perspectives solides de développement durable ». Parmi les mesures déjà en application, il y avait le salaire minimum garanti de 1.500 euros par mois. Aujourd’hui, nombre de marins ont une paye négative...

Le 16 mai, vendredi dernier, Michel Barnier annonçait que 53 millions d’euros avaient été « engagés », dont 30 millions réellement versés (nous voilà loin, tout à coup, des 100 millions...). A qui et pourquoi ? Pour l’essentiel, ce n’est pas aux marins pêcheurs, c’est dans des études de l’IFREMER sur la ressource halieutique, et des études pour améliorer la performance des bateaux ou envoyer à la casse les plus vétustes. Car les mots ont un sens : ce qui importe, c’est la « pêche durable et responsable », pas le niveau de vie, ni la survie, des marins pêcheurs.

Ce n’est pas par haine des pêcheurs que Michel Barnier se comporte ainsi. C’est que les mesures qui pourraient être prise en faveur des pêcheurs ne peuvent pas l’être, puisque Bruxelles ne le veut pas. Michel Barnier l’a avoué, hier, et encore ce matin, car il venait de participer à une réunion des ministres de la pêche, et il espère un assouplissement de la position de la Commission européenne dans les prochains jours...

En fait, dès le 8 novembre, à peine Michel Barnier avait-il mis en forme les promesses de Nicolas Sarkozy faites le 6 au Guilvinec, la Commission européenne avait prévenu que les mesures d’aide liées au prix du gazole étaient incompatibles avec les règles communautaires.

On rappellera aussi l’autre promesse de Nicolas Sarkozy, qui a un rapport direct avec les problèmes de nombreux pêcheurs (et avec le plan Barnier puisque cela concerne l’Ifremer), sur les quotas de pêche. Le 18 janvier dernier, le président annonçait à Boulogne-sur-Mer qu’il fallait « sortir des quotas » de pêche imposés par la Commission européenne, puisque « tout le monde sait que la ressource est revenue ». Et qu’il règlerait la question lors de la présidence française de l’Union européenne. Le soir même, Michel Barnier, fidèle voix de son maître, disait qu’en effet il fallait « remettre à plat » les quotas. Le 19, la Commission européenne rappelait que la pêche est du domaine communautaire, et que Nicolas Sarkozy n’aurait pas même la possibilité de mettre la question à l’ordre du jour de la présidence européenne sans l’accord de tous ses partenaires. Le 20, Michel Barnier concédait que la France désirait seulement « engager une réflexion »... Le 22, il y avait une réunion des ministres de la pêche, et le ministre slovène rappelait que les quotas sont intouchables...

Commentaires

  • La France tourne le dos à ses façades maritimes.

    L'enjeu n'est pas de choisir entre la préservation des ressources et la défense du niveau de vie des marins, l'enjeu est de concilier les deux.

    Or une collection de mesurettes ne fera jamais une bonne Politique : il faut une vision d'ensemble sans les tabous bruxellois.
    La Marine de pêche française est une variable d'ajustement utilisée par les dirigeants français dans les négociations intra-communautaire depuis des décennies.

    Sur la question de la pêche comme sur d'autres, on touche aux limites et échecs de la construction communautaire : l'UE n'a rien d'autre à proposer que des échanges perdants-perdants.

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